Une agriculture en crise : l’exemple de l’élevage

 Une agriculture en crise : l’exemple de l’élevage

On observe de nos jours une déprise agricole due au déclin du nombre d’agriculteurs que l’on explique à la fois par le progrès technique (machines agricoles, engrais…), et à la concurrence économique (marché intérieur et surtout Européen et mondial). Cette déprise agricole est importante mais inégale d’une part selon les régions et d’autre part selon les activités; l’élevage est le premier à souffrir de cette évolution.

Une désertification des territoires d’élevage

Il apparaît en effet que les exploitations d’élevage sont les premières à pâtir du désintéressement de la population pour le monde agricole.

la désertification : définition et constat

La désertification représente la dévitalisation des territoires avec à la fois l’abandon d’exploitations et le « dépeuplement » des zones rurales. C’est ce phénomène de désertification qui conduit à la déprise. La déprise est un phénomène multiforme qui peut concerner aussi bien les exploitations agricoles déstabilisées par le mitage agricole à proximité des villes que les zones défavorisées, qu’elles soient de montagne et de piémont ou des zones défavorisées simples .

On observe sans conteste une diminution numérique du nombre de producteurs. La diminution du nombre des éleveurs n’est pas un phénomène récent puisqu’elle s’est manifestée, à compter de 1992, par la multiplication des reconversions d’éleveurs  vers les productions céréalières. Ce processus de reconversion est désormais impossible puisque la réforme de la politique agricole commune survenue voici dix ans a « figé » les espaces. Désormais, la diminution du nombre de producteurs et d’exploitations d’élevage se poursuit avec des conséquences d’autant plus graves qu’elles menacent l’équilibre humain de certaines zones rurales.

Le cas de la Corrèze est emblématique de ce phénomène. Au cours de la décennie 1970-1980, le rythme de disparition des exploitations y était inférieur à la moyenne nationale (2,1 contre 2,5 %). Au cours des années 1980, ce rythme s’est accéléré, pour atteindre la moyenne nationale (3 %). Ce mouvement se double désormais d’un accroissement de l’âge moyen des chefs d’exploitation qui, selon une étude de la Chambre d’agriculture du département, donne à penser qu’« à terme, c’est le maintien d’une densité minimale de population qui est en cause dans certaines zones où l’activité agricole constitue le moteur de l’économie locale. » .

La désertification agricole, un phénomène de plus en plus répandu qui dépasse le seul cadre de l’agriculture

La désertification des territoires agricoles est donc un phénomène réel qui a, depuis quelques décennies, tendance à toucher de plus en plus de régions ayant pourtant depuis toujours une large vocation agricole. Mais au-delà de la diminution du nombre d’exploitations, la désertification agricole a des conséquences importantes à d’autres niveaux.

Si le cas de la Corrèze, que nous avons évoqué précédemment, est caractéristique du phénomène, ce dernier est visible dans de nombreuses autres régions françaises.

En Lozère, le maintien de l’activité agricole est la condition sine qua non de la préservation de l’activité économique: la part de la population active agricole dans la population active totale du département représente 15 %, soit le quintuple de la moyenne nationale. En outre, du fait de la diminution de la population enregistrée au cours du XXème siècle (-et malgré une stabilisation autour de 73.500 habitants au dernier recensement-), 71 % des communes comptent moins de 100 actifs dans la population : la valeur relative d’un emploi agricole est, dans ce contexte, très élevée. En Aveyron, une politique très volontariste a permis d’installer 180 jeunes agriculteurs par an. Elle ne suffit cependant pas à compenser les 250 départs enregistrés en moyenne. Même si deux agriculteurs sur huit ont moins de cinquante ans (contre un sur deux en moyenne pour l’ensemble de la France), les craintes suscitées par la baisse du nombre d’exploitants et l’agrandissement des surfaces demeurent vives. Le phénomène observé dans le grand bassin allaitant du centre de la France est bien loin de constituer une exception. Dans le Bas-Rhin, en douze ans, trois éleveurs bovins sur cinq ont mis un terme à leur activité. Les éleveurs laitiers se sont reconvertis dans l’élevage allaitant, tandis que les autres cheptels diminuaient, à l’exception des porcins, dont le nombre se stabilisait et des volailles, qui connaissaient une vive croissance.

Ainsi, malgré des politiques incitatives le dépeuplement des territoires agricoles se développe de façon considérable. Cette désertification ayant pour première conséquence la diminution du nombre d’exploitations, entraîne la déprise agricole, déprise qui a des répercutions allant au-delà du monde agricole. Le développement, à grande échelle, de cette déprise agricole que connaissent diverses parties du territoire constitue un événement majeur dans l’histoire écologique de la France, dont nos concitoyens n’ont pas encore pris la mesure. L’extension progressive des surfaces qui retournent à la friche puis à la forêt aboutit à une transformation des paysages et des écosystèmes sans équivalent depuis le mouvement de déforestation qu’a connu la France au Moyen-Âge. En silence, certaines parties du territoire retrouvent l’apparence qu’elles avaient avant l’intervention des moines de Cluny. Si d’aucuns étaient tentés de se réjouir de ce qui leur apparaîtrait comme un juste retour à la nature, il est urgent, tout au contraire, de souligner les dangers d’un mouvement difficilement réversible qui constitue un véritable retour en arrière aux conséquences incalculables. Dans plusieurs départements, les paysages se ferment progressivement, du fait de la réduction de la surface agricole utilisée (SAU) et de l’extension des forêts.

Une cohabitation difficile entre éleveurs et activités

Malgré certaines politiques d’incitations venant de l’Etat ou de la Communauté Européenne, les exploitants semblent se heurter à de nouveaux intérêts allant à l’encontre des leurs. En effet, entre les politiques d’aménagement rural et les idées reçues de l’écologie sur l’agriculture, les éleveurs se sentent comme « importuns » sur leurs propres territoires.

Agriculture et nouvelles occupations du territoire agricole et rural

La gestion quotidienne de l’espace rural pose des problèmes récurrents aux éleveurs qui ont parfois le sentiment d’être « dépossédés » d’un territoire dont ils demeurent pourtant les derniers occupants.

De nombreux conflits d’usage résultent, en effet, de l’utilisation concomitante de l’espace rural par les exploitations agricoles et par d’autres activités, II n’est pas rare de constater que des activités aussi paisibles que la pêche à la ligne ou d’autres, aussi aventurées que la réintroduction de certains fauves dans des espaces reculés, aboutissent à menacer la pérennité de l’élevage. Selon des observations faites sur le terrain, notamment dans le département du Jura, le maintien ou la création de points d’eau sur les plateaux constituent une nécessité pour le maintien de l’élevage. On constate périodiquement des confrontations entre des agriculteurs et des pêcheurs à la ligne au sujet de l’accès des animaux aux cours d’eau. Les pêcheurs considèrent que les animaux souillent les rivières lorsqu’ils s’y abreuvent directement. Il en résulte que les éleveurs sont contraints soit de transporter de l’eau sur de grandes distances jusqu’à des abreuvoirs, ce qui est économiquement irréaliste, soit de créer des abreuvoirs artificiels, ce qui les oblige à des travaux de terrassement pour atteindre les cours d’eau. La question de la maîtrise et du partage de la ressource en eau est donc une priorité dans l’espace rural.

En outre, la disparition des animaux d’élevage qu’elle accélère a pour effet d’interdire l’entretien de vastes surfaces herbagères situées en zone de montagne, d’où résulte un appauvrissement des écosystèmes.

Tout cela aboutit à une réelle crise de confiance des agriculteurs qui se sentent de plus en plus mal venus sur les territoires et trouvent ainsi de moins en moins de repreneurs lors de leur départ à la retraite. Les conflits d’usage et les dégâts occasionnés par les animaux sauvages ajoutent un motif supplémentaire de découragement aux éleveurs. Ils sont révélateurs des contradictions et des incohérences qui perdurent dans l’esprit de citadins qui considèrent que les espaces naturels et ruraux ne sont qu’un « paysage », les services du ministère de l’environnement diraient une « aménité récréative » Oubliant qu’ils sont aussi un instrument de travail et de production, au bénéfice de la collectivité nationale.

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Table des matières

Introduction
Partie I: Etat des lieux et concepts
A. Une agriculture en crise : l’exemple de l’élevage
(a) Une désertification des territoires d’élevage
1. la désertification : définition et constat
2. La désertification agricole, un phénomène de plus en plus répandu qui dépasse le seul cadre de l’agriculture
(b) Une cohabitation difficile entre éleveurs et activités
1. Agriculture et nouvelles occupations du territoire agricole et rural
2. Agriculture et préoccupation d’environnement
(c) Les solutions envisageables pour lutter contre la désertification des territoires d’élevage
1. Les diverses propositions visant au maintien dans de bonnes conditions de l’élevage en France
2. Amélioration du revenu des exploitations de polyculture élevage grâce à la mise en place d’une filière courte de biocarburants
B. Les biocarburants
a. Définition et biocarburants possibles en Europe
1. Définition du biocarburant
2. Les biocarburants possibles en Europe
3. Le choix de notre étude : le biodiesel
b. Contexte et intérêts
1. Le contexte du biodiesel
2. Les intérêts divers de la production du biodiesel
3. Les contraintes soulevées par ce type de production
c. Le potentiel du biodiesel résultats et production
1. Bilan environnemental du biodiesel
2. La production de biocarburants aujourd’hui en France : quelques chiffres
3. Les objectifs de production le plan biocarburants 2005-2007 du gouvernement et les directives européennes
C. Agriculture La production d’énergie dans le filière élevage
o. La désertification, les possibilités d’action
b. Actions des biocarburants sur le phénomène de désertification
1. Une valorisation des jachères et de nouveaux débouchés
2. la création et le maintien d’emplois, quelles échelles, quels territoires ?
c. Définition de la problématique
Partie II: Hypothèses, bémarche et recherche
A. Hypothèses de travail
(o) Hypothèse générale
(b) Sous – hypothèses
1. sous hypothèse Le développement d’une filière courte de production de biodiesel va permettre de revitaliser les territoires agricoles d’élevage
2. 2enie sous – hypothèse : les incitations financières et la réglementation vont permettre un développement important de la production de biodiesel et ainsi lutter contre la désertification agricole.
3 3ème sous —hypothèse : la production de biodiesel va permettre la création d’emplois directs et indirects et une amélioration du revenu des agriculteurs, limitant ainsi la désertification.
4ème sous – hypothèse : les externalités découlant de la production de biocarburants dont fa traçabilité, vont conduire à améliorer l’image de l’agriculture et ainsi devenir un outil de lutte contre la désertification.
B. Démarche et choix de la matière de recherche
o. Choix de la matière
1. Le choix du territoire
2. Le choix des exploitants et système d’exploitation
3. Le choix de la culture énergétique
(b) Démarche
(c) Désertification agricole et carburants verts
1. Le développement d’une filière courte de production de biodiesel va permettre de revitaliser les territoires agricoles d’élevage
• L’éligibilité des filières longues à étendre)
• Trois exemples de développement de filières courtes aidant à lutter contre la désertification agricole
2. L’impact des incitations financières et de la réglementation sur la désertification agricole en France
• Le contexte réglementaire
• Le r6le des pouvoirs publics dans la production de biocarburants en réponse à une désertification agricole croissante
• Les directives européennes
• Les incitations financières: le Crédit Carbone
3. La production de biodiesel va permettre la création d’emplois directs et indirects et une amélioration du revenu des agriculteurs, limitant ainsi la désertification due à la baisse de ce dernier.
• Le coût des biocarburants: le modèle OSCAR
• Le biodiesel, une source de richesse
• L’apport en terme d’emplois : soutien aux exploitations et création d’emplois induits
4. Les externalités découlant de la production de biocarburants telle que la traçabilité par exemple vont conduire à améliorer l’image de l’agriculture et ainsi limiter sa désertification.
• Les tourteaux, complément alimentaire protéinique source de traçabilité et opportunité de débouché non alimentaire
• La production de biodiesel’: le développement d’une agriculture durable
Partie III: Cas concrets et limites du modèle
A. Le département de recherche : l’Eure et Loir Localisation eure et loir
B. Analyse comparée des régions naturelles de l’Eure-et-Loir
a. L’évolution des exploitations agricoles depuis 1988
b. Les systèmes d’exploitation : de nouvelles spécialisations
1. Les spécialisations dans les cultures
2. Les spécialisations dans l’élevage
c. Le devenir des exploitations une question essentielle dans ce département à vocation agricole
d. Les opportunités de la création de filières biodiesel dans la lutte contre la désertification agricole
C. Les limitations de la filière biocarburants
a. La politique agricole
b. Des coûts de production élevés
c. Des contraintes de spécifications et de logistique
Conclusion

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