Un système englobant les AP

L’île de Madagascar est reconnue au niveau mondial comme étant un sanctuaire de la biodiversité. Le niveau d’endémisme y est très élevé que ce soit au niveau écosystémique, générique ou bien spécifique (Primack et Ratsirarson, 2005). Cependant, malgré cette richesse naturelle, la Grande Île fait aussi partie des pays les plus pauvres du monde. Cette pauvreté grandissante contraint la population locale à se contenter des ressources existantes. Il en résulte un déséquilibre écologique, la perte en potentiel de production et la destruction des milieux biotiques, comme traits caractéristiques de la dégradation des ressources naturelles malgaches (Ratsirarson et Goodman, 2005). Ainsi, les pressions anthropiques figurent parmi les premières causes de la dégradation des ressources naturelles, en particulier forestières, à Madagascar. La surexploitation des produits forestiers (résultant notamment des exploitations illicites), la culture sur brûlis (tavy) et les incendies comptent parmi les causes de cette déforestation (Buttoud, 1995). Conservation International (CI) rapporte que le taux global de déforestation dans la Grande Île est de 0,82 % par an durant la période de 1990 à 2000 (CI et al, données non publiées).

Un système englobant les AP déjà existant et intégrant les nouvelles est nécessaire pour concrétiser la Vision Durban (2003). D’où la création d’un Système des Aires Protégées de Madagascar (SAPM, Décret nº2005/848 du 13 décembre 2005, appliquant l’article2 alinéa2 de la Loi n°2001-005), suivant les recommandations de la Convention sur la Diversité Biologique (article 8a) et celles de l’UICN : définition des aires protégées, catégorisation… (RESOLVE Conseil, 2009). Depuis la création du SAPM, vingt-trois Nouvelles Aires Protégées (NAP) totalisant 2 590 357,16 ha ont été créées entre 2005 et 2007, ce qui porte la superficie totale ajoutée en 2007 à environ 3 millions d’ha. Quatre de ces NAP font partie (partiellement ou en entier) de la Région Analanjirofo dont celle de Tampolo (Direction du SAPM et DGEF, 2008).

Toutefois, le SAPM ne s’attelle pas uniquement à étendre la surface des AP de Madagascar (la surface des AP créées en 2007 étant encore à la moitié de l’objectif fixé par la Vision Durban et entériné par le MAP dans son engagement n°7, défi n°1). Il s’affaire également à l’extension du domaine des AP existant vers des écosystèmes plus spécifiques (écosystèmes marins, mangroves, zones humides), et à la limitation de la dégradation des formations particulières, telles que les raphières et la forêt de Tapia (Uapaca bojeri).

Par sa superficie de 675 ha environ, la forêt de Tampolo figure parmi l’un des plus grands fragments subsistant de la forêt littorale de basse altitude. Elle fait face à des pressions qui affectent les ressources naturelles, à savoir les aléas climatiques, notamment les cyclones, l’invasion biologique par des espèces autochtones ou exotiques et les pressions liées aux activités de l’homme (Ratsirarson et Goodman, 2005). Les activités humaines préjudiciables aux ressources naturelles se manifestent le plus souvent sous forme de coupe illicite de bois pour la construction de case, de pirogue ; pour la vente ou bien pour en faire des bois de chauffe. Des prélèvements des feuilles de palmier se font également pour la vannerie (Ratsirarson et Goodman, 1997, 2005). La pratique du tavy est très caractéristique de cette partie Est de Madagascar. Toutefois, la NAP Tampolo n’est pas sujette à ce genre de pratique du fait de la pauvreté naturelle de son sol en termes de fertilité (Ratsirarson et al, 2005). Cependant si le tavy ne constitue pas une menace directe pour cette forêt, le départ de feu incontrôlé l’est. Le plus souvent le feu laisse derrière lui des trouées et des clairières forestières, propices à l’installation rapide d’espèces exotiques (Rafilipoarijaona, 2005).

Conscient de ces menaces pesant sur « Tampolo », notamment celles d’origine anthropique, l’ESSA a cherché, depuis la date où elle a commencé à en être le gestionnaire, le meilleur moyen de préserver cet espace forestier. C’est dans ce cadre, qu’elle a lancé depuis 2006 une demande d’Arrêté de mise en protection temporaire de cette AP en création [Ranaivonasy, 2009, Comm. Pers.]. Cette étude s’inscrit dans la réalisation de ce projet de création de la NAP Tampolo, en apportant sa contribution dans l’établissement de son Plan d’Aménagement et de Gestion (PAG), un des éléments requis pour sa création définitive.

Selon Buttoud (1998), la gestion des ressources naturelles, en particulier forestières, doit être durable, pour pouvoir fournir des biens et des services à la fois pour la génération présente et les générations futures. Ainsi, il s’agit d’exploiter et de conserver, deux actions qui sont généralement difficile à concilier.

En projetant cette dualité « production-conservation » à la forêt de Tampolo, le conflit existant entre les acteurs concernés se présente de la manière suivante. D’un côté, on a l’Administration Malgache et la communauté scientifique, entre autre l’ESSA, qui considèrent Tampolo comme étant l’une des précieuses reliques de la forêt littorale. C’est une forêt riche en biodiversité, unique en son genre, mais menacée par l’homme et les cyclones (Ratsirarson et Goodman, 2005). De l’autre côté, la population riveraine et celle des autres localités aux environs de Fenoarivo Atsinanana qui y exercent des pressions par nécessité de survie et de besoins pécuniaires. Toutes actions menées au sein de la NAP devraient donc tenir compte de cette situation [Ranaivonasy, 2009, Comm. Pers.]. Pour y répondre, l’ESSA propose pour cette NAP la catégorie V, Paysage terrestre ou marin, qui se définit comme « une aire protégée où l’interaction des hommes et de la nature a produit, au fil du temps, une aire qui possède un caractère distinct, avec des valeurs écologiques, biologiques, culturelles et panoramiques considérables, et où la sauvegarde de l’intégrité de cette interaction est vitale pour protéger et maintenir l’aire, la conservation de la nature associée ainsi que d’autres valeurs » (Dudley, 2008).

Pour cette catégorie, les objectifs qui pourront être assignés à la NAP Tampolo sont :
• « Maintenir l’interaction harmonieuse de la nature et de la culture, en protégeant le paysage terrestre et/ou marin et en garantissant le maintien des formes traditionnelles d’occupation du sol et de construction, ainsi que l’expression des faits socioculturels ;
• Encourager les modes de vie et les activités économiques en harmonie avec la nature, ainsi que la préservation du tissu socioculturel des communautés concernées;
• Maintenir la diversité du paysage et de l’habitat, ainsi que des espèces et écosystèmes associés ;
• Éliminer si nécessaire, et ultérieurement, prévenir toute forme d’occupation du sol et activité incompatibles avec les objectifs visés, du fait de leur ampleur ou nature ;
• Offrir au public toute une gamme de loisirs de plein air respectant les qualités essentielles de l’aire ;
• Encourager les activités scientifiques et pédagogiques contribuant au bien-être à long terme des communautés résidentes tout en sensibilisant le public à la protection de tels paysages ;
• Offrir des avantages à la communauté locale et contribuer à son bien-être, sous forme de produits naturels (par exemple forestiers ou de la pêche) et de services (eau potable ou revenus tirés de formes durables de tourisme) » (UICN, 1994).

Concernant les procédures à suivre lors de la création d’une AP, les dispositions du décret d’application de la loi portant Code des Aires protégées (2005) et des textes réglementaires subséquents permettent de répartir les actions à mettre en œuvre en deux étapes : l’initiative préliminaire et la création définitive (Commission SAPM, 2009). L’aboutissement de la première étape est la mise en protection temporaire de l’AP en question tandis que la seconde étape conduit à la promulgation de son décret de création définitive. Toutefois, des études menées en 2007 dans les localités de Toamasina, de Fenoarivo-Atsinanana, d’Ambatondrazaka, de Taolagnaro et de Morondava sur des « sites à classer en AP » ayant acquis « le statut de mise en protection temporaire », ont montré que la procédure effectivement suivie jusqu’à ce stade, par rapport aux dispositions législatives et réglementaires existantes et aux guides élaborés à l’époque par le Ministère de l’Environnement, diffère d’une Circonscription de l’Environnement, des Eaux et Forêts (CIREEF) à une autre (SPROGES, 2008). À cet effet, c’est-à-dire dans le souci d’uniformiser les procédures réellement appliquées par les parties prenantes notamment les promoteurs, le SAPM à travers la commission SAPM a établi de nouveaux guides et manuels de procédure dont le guide de création des aires protégées du systèmed’aires protégées de Madagascar (2009) et le manuel de procédure de création des aires protégées terrestres du système d’aires protégées de Madagascar (2008).

Dans ces deux documents de références, les actions à entreprendre sont pour la première étape l’élaboration du schéma global d’aménagement et la soumission du dossier d’initiative de création au Ministère de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme. L’élaboration du schéma global d’aménagement passe par :
• L’inventaire rapide et/ou la synthèse des connaissances disponibles sur l’AP : ces connaissances portent sur les aspects biologiques, les types de pressions actuelles et potentielles, le niveau de dégradation des ressource naturelles, l’occupation du sol, les études socio-économiques des activités existantes et des opportunités de valorisation, etc.) ;
• La définition des parties prenantes et des différents secteurs engagés dans l’initiative de création des nouvelles aires protégées : il s’agit de l’identification participative des critères locaux pour la population affectée par le projet – PAP, des populations vulnérables et communautés éligibles pour les projets communautaires, recensement social des PAP, populations vulnérables et communautés éligibles ;
• L’édition d’un atelier sur la planification de la conservation : Durant cet atelier tous les scientifiques au niveau national et régional et les autres parties prenantes vont se regrouper pour identifier les cibles de conservation, leurs attributs et leur intégrité ;
• Le début des consultations publiques ; et
• La réalisation d’une étude d’Impact Environnemental : il s’agit de prendre en compte les enjeux environnementaux, sociaux et économiques et impacts possibles au plus haut niveau du processus décisionnel de la création de l’aire protégée (Commission SAPM, 2009).

Pour la seconde étape (phase de création définitive), elle comporte la signature du contrat de délégation de gestion entre la DGEF et les promoteurs (ce contrat devra être préparé avec le Ministère chargé des Aires Protégées et signé avant d’entamer l’étape de création définitive) ; la poursuite des consultations publiques (elles portent sur la définition des objectifs de gestion, du mode de gestion potentiel, des droits, des responsabilités, des relations entre les parties prenantes et des limites de la nouvelle aire protégées, etc.) ; et l’élaboration du Plan d’Aménagement et de gestion ou PAG [« le PAG définitif doit préciser le zonage, les règles et objectifs de gestion, les types de gouvernance, les responsabilités des futurs gestionnaires et éventuellement les mesures de compensation et de développement local »] (Commission SAPM, 2009).

Dans le cas de la NAP Tampolo, le statut de mise en protection temporaire est déjà acquis (depuis 2006, puis prolongé en 2008 ) ; il lui reste donc à entreprendre la deuxième grande étape (celle de la création définitive) notamment l’établissement du plan d’aménagement et de gestion (PAG) qui devra répondre aux enjeux et objectifs de conservation – développement intégrant le contexte du développement local et régional. Cependant, afin de se conformer aux nouvelles dispositions et directives des deux documents précités (étant donné que l’arrêté de mise en protection temporaire de Tampolo date de deux ans d’avant leur édition), l’ESSA en tant que promoteur du projet a décidé d’entamer des nouvelles études et/ou de poursuivre celles déjà encours afin d’étoffer les connaissances disponibles sur l’AP, et ce, avec un accent particulier sur celles portant sur les aspects biologiques, les types de pressions actuelles et potentielles, le niveau de dégradation des ressource naturelles, l’occupation du sol, les études socio-économiques des activités existantes et des opportunités de valorisation.

Dans cette optique, l’élément principal de ce travail consiste donc à contribuer dans l’élaboration du PAG pour la NAP Tampolo en apportant des compléments d’information sur les différents types d’utilisations des ressources naturelles (notamment le bois) au niveau local (espèces utilisées, quantités employées…) et ceux se présentant comme des menaces potentielles pour la NAP. En outre, il apporte également un aperçu quant au schéma d’aménagement à proposer du point de vue des riverains faisant partie de la PAP.

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Table des matières

I)INTRODUCTION
II) GENERALITES
III) METHODOLOGIE
IV) RESULTATS
V) COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VI) CONCLUSION  
VII) REFERENCES
ANNEXES
RESUME

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