PROBLEMATIQUE
Contexte
L’agriculture est le pilier de l’économie des pays d’Afrique subsaharienne. En Afrique de l’ouest, l’agriculture est essentiellement pluviale et la population agricole atteint 50 à 80 % de la population totale selon les pays, le secteur agropastoral participe entre 25 et 30 % du PIB et la consommation de céréales couvre entre 80 et 85 % des besoins calorifiques de la population (OCDE et CSAO, 2008).
Les aléas climatiques, la dégradation des conditions écologiques, la désertification constituent autant de facteurs qui limitent le développement agricole. La combinaison de toutes ces contraintes plonge les populations de cette partie du monde dans une insécurité alimentaire de plus en plus croissante. La sous-alimentation et la malnutrition demeurent toujours et les populations aspirent cependant à de meilleures conditions de vie. A ces facteurs se conjugue une forte croissance démographique et urbaine qui aboutit à une augmentation des besoins nutritionnels et d’une occupation sans cesse de l’espace dans ces pays en développement. Après les indépendances, la plupart des pays d’Afrique soudanosahélienne ont engagé des politiques nationales visant à une croissance économique rapide dans leur secteur agricole. Ces politiques se sont traduites par une distribution massive d’intrants et de matériels agricoles en vue d’assurer le développement agricole. En effet, du fait de l’intervention de nombreux facteurs tels que la croissance démographique dans les zones rurales mais aussi les sécheresses répétées au cours de la décennie 1970- 1980 provoquées par le changement climatique, de telles politiques se sont avérées décevantes et ont abouti à de forts changements structurels à l’orée des années 80. « Le déficit conjoncturel lié à la pluviométrie s’est gravement accusé au début des années quatre-vingt » précisait Lericollais. On assiste au Sénégal à la mise en place par les autorités gouvernementales du Programme d’ajustement Structurelle agricole (PASA), c’est-à-dire le désengagement de l’Etat dans le secteur agricole avec comme slogan moins d’Etat, mieux d’Etat. Aux programmes structurels agricoles s’ajoutent la libéralisation de l’économie agricole et la dévaluation du franc Cfa de 1994. Les aléas climatiques et les ajustements structurels ont placé les populations rurales dans une position inconfortable pour gérer les ressources naturelles et opérer des changements dans leurs systèmes de production agricole. Cependant, au Sénégal comme dans la plupart des pays d’Afrique soudano-sahélienne, l’agriculture est essentiellement pluviale et est marquée par la prédominance des cultures céréalières qui occupent actuellement la plus grande partie des superficies cultivées surtout dans le bassin arachidier. Cette agriculture vivrière c’est-à-dire destinée principalement à l’autoconsommation est confrontée depuis plus de trois décennies à une importante crise climatique associée à une forte croissance démographique.
En effet, la péjoration climatique, et plus particulièrement, le déficit pluviométrique, la pression démographique constituent les principales contraintes des systèmes de culture céréaliers du bassin arachidier. En plus s‟y ajoutent une baisse considérable de la fertilité des sols liée à la pression foncière ainsi que les mauvaises pratiques agricoles qui par endroit transforment les paysages agraires du bassin arachidier en des espaces dominés par les céréales tels que le mil et le sorgho. L‟insécurité climatique, qui pèse sur le bassin arachidier (centre ouest du pays), n’est pas seulement le fait de la faiblesse des précipitations et de la brièveté de la saison pluvieuse, elle est surtout le résultat des variations inter et intraannuelles des précipitations au cours de ces dernières années. Les systèmes de culture du bassin arachidier se trouvent aujourd‟hui dans un environnement vulnérable.
Revue critique de la littérature
Les problèmes de développement agricole en général, et de développement des systèmes de production en particulier, ont fait l’objet d’une abondante littérature. Il serait donc important dans le cadre de cette étude d’en faire une synthèse critique détaillée. Ainsi, les ouvrages qui feront ici l’objet d’un examen critique ne représentent rien par rapport à l‟ensemble des documents produits sur les différents systèmes de culture du bassin arachidier. En effet la plupart des auteurs évoquent une crise agricole liée au déficit pluviométrique et à la pression démographique et d‟autres parlent d‟une crise résultante d‟une conjoncture économique. Ainsi dans son ouvrage Paysans sereer : Dynamiques agraires et mobilité au Sénégal A. Lericollais affirme que « Le mil à cycle long 110-120 jours, sanio, principale espèce cultivée entre 1965 et 1968, a été totalement abandonné au profit du petit mil hâtif pod à cycle de 90 jours, qui était auparavant cantonné aux champs en céréale continue ». Il montre combien les paysages et les aménagements agraires serer portent la marque durable des déficits pluviométriques. Selon Lericollais toujours les changements de l’agriculture et de la société serer sont abordés dans le contexte régional du Bassin arachidier. Pour lui ces changements sont restitués sur une durée plus que centennale pour les fluctuations démoéconomiques et puis précisément sur les trente dernières années pour l’appréciation des effets de la sécheresse, des politiques économiques et des réformes institutionnelles. Les changements agraires ne sont pas simplement le déficit pluviométrique mais il y a aussi d‟autres facteurs émanant des politiques de développement agricole. D‟où l‟importance de ses propos dans le cadre de notre étude. Dans « L’Afrique subsaharienne une géographie du changement », Dubresson et Raison affirment que « les crises et les mutations qui affectent les agricultures de l’Afrique subsaharienne particulièrement celles du sahel sont fonction de la situation écologique et de la pression démographique et des politiques agricoles ». Les auteurs montrent comment la saturation de l‟espace et les politiques agricoles ont contribué en grande partie aux mutations de l‟agriculture avec le slogan moins d‟Etat, très peu d‟Etat qui est le facteur le plus frappant de la crise agricole du bassin arachidier. L‟analyse de ces auteurs est très intéressante puisqu‟elle porte sur un fait actuel c’est-à-dire la crise agricole dans le monde rural. Pour d‟autres auteurs la principale raison de la mise en culture des céréales est d‟augmenter la production vivrière et d‟assurer la sécurité alimentaire du ménage.
Système de culture
Le concept de système de culture est particulièrement opérant pour décrire la façon dont les agriculteurs gèrent leurs parcelles dans la durée, en observant certaines règles implicites ou explicites. Ces règles concernent la fréquence et la durée des périodes pendant lesquelles le terrain est cultivé puis ne l‟est plus, le nombre de cycle de culture dans l‟année, l‟ordre de la succession des cultures et le niveau d‟exploitation du milieu (modification des caractéristiques biophysiques du sol, apports d‟intrants…). Ainsi le Mémento de l‟agronome définit le système de culture comme l‟ensemble des modalités techniques mises en œuvre sur des parcelles traitées de manières identiques. Dans ce cas chaque système de culture peut être définit suivant deux critères à savoir ; la nature des cultures et leur ordre de succession et les itinéraires techniques appliquées à ces différentes cultures, ce qui met en évidence le choix des variétés pour les cultures retenues.
Selon Max Derruau le système de culture est l‟association des cultures sur une exploitation. Ces cultures ont entre elles des liens de coexistence, quand elles se trouvent cultivées en même temps sur des champs différents ou dans le même champ c’est-à-dire une culture intercalaire d‟une culture principale, ou juxtaposition des rangées de culture, d‟association quand elles se succèdent dans le temps sur un même emplacement. L‟association peut être aussi celle du support et du supporté, une culture supportant l‟autre ; dans le cycle des travaux, les différentes cultures d‟un système peuvent constituer des activités complémentaires l‟une de l‟autre. Cette définition est importante puisqu‟elle tienne des dimensions de l‟association qui est considérée comme la base de tout système.
René LEBEAU quant à lui définit le système de culture comme étant « l’association de plantes choisie par une société rurale pour tirer parti de ses terres, l’assolement et les techniques qui sont liées à la culture de ses plantes ». La définition de Bosc et al et celle de René Lebeau s‟avèrent insuffisantes puisque le système de culture est beaucoup plus large que cela.
Quant à MEYNIER l‟expression système de culture sert au contraire à désigner « la façon dont l’agriculteur tire parti de ses terres (choix des plantes cultivées et assolements) ». Le système est donc le mode d‟exploitation adopté par l‟agriculteur pour rendre ses terres productives. Il désigne une méthode ou un ensemble de techniques utilisées pour exploiter les terres.
Le système de culture est l‟ensemble des modalités techniques mises en œuvre sur des parcelles traitées de manière identique. Il se définit par la nature des cultures et leur ordre de succession, les itinéraires techniques appliqués, y compris le choix des variétés et de bien d‟autres pratiques (Le Thiec, 1996) . Au sens large le système de culture peut être défini comme étant l‟ensemble des techniques ou pratiques utilisées par les paysans pour tirer profit de leur terroir du point de vue agricole agricole.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE DE NGAYOKHEME
CHAPITRE I : LE CADRE PHYSIQUE
CHAPITRE II: LE CADRE HUMAIN
CHAPITRE III : LES SECTEURS D’ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES
DEUXIEME PARTIE : UN SYSTEME DE CULTURE EN MUTATION
CHAPITRE I : LES FACTEURS DE LA MUTATION DU SYSTEME
CHAPITRE II : LES MUTATIONS DU PAYSAGE AGRAIRE
CHAPITRE III : LES STRATEGIES D’ADAPTATION DES POPULATIONS
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES CARTES
LISTE DES GRAPHIQUES
LISTE DES SCHEMAS
LISTE DES PHOTOS
ANNEXES
TABLE DES MATIERES