Un regard critique sur la participation des communautés forestières
Les enjeux mondiaux
Il y a huit mille ans, à l ́époque où l ́agriculture est devenue sédentaire, les forêts recouvraient environ 40 % des terres du monde, soit à peu près 6 000 millions d ́hectares. Au cours des 7 500 années qui ont suivi, les terres utilisées pour l ́agriculture et l ́élevage ont graduellement empiété sur les forêts, recouvrant les sols les plus fertiles et les plus accessibles. Le territoire couvert par les forêts à travers le monde est maintenant réduit à 3 500 millions d ́hectares après avoir été exploité par l ́homme, principalement pendant la dernière moitié du XXe siècle (FAO, 2007). Les données statistiques sur le recul des forêts tropicales sont souvent peu fiables en raison de la diversité des critères d’analyse et d’appréciation.
Cependant, il est certain qu’une grande partie de la forêt tropicale a déjà été détruite – et que cette destruction continue. Le couvert forestier total de l’Afrique est estimé par les experts de la FAO (2007) à 650 millions d’hectares, ce qui représente 17 % des forêts du monde.
La perte annuelle nette de couvert forestier est de l’ordre de 4 millions d’hectares pour la période 2000-2005, chiffre représentant près de 55 % du recul du couvert forestier enregistré dans le monde. Les pays de l’Afrique de l’Est ont perdu 0,97 % de leur couvert forestier annuellement entre 2000-2005. La FAO (2007) rapporte que l ́évolution du territoire couvert par les forêts entre 2000 et 2005, en Afrique, est largement due au fait qu ́elles sont défrichées pour laisser place à de petites exploitations agricoles ainsi qu ́à des cultures et à des pâturages permanents, à quoi s ́ajoute le ramassage du bois de chauffage, cause d ́une dégradation lente et progressive. On estime que ce sont les pressions exercées par la population rurale qui sont le principal facteur de ces changements.
Le choix des villages
Pour sélectionner les villages d’études, il est important de connaître les pratiques sociales et économiques (Bedu & al., 1987). Cependant, ni informations détaillées concernant le recensement de la population ou des indices de pauvreté à l’échelle des villages, ni des cartes détaillées et récentes n’étaient disponibles. Seules des données à l’échelle de la « sublocation », regroupant plusieurs villages, étaient disponibles. Des données sur les forêts adjacentes aux villages n’étaient également pas existantes.
Comprendre les processus de décision pour construire des stratégies de restauration.Des informants clés afin d’obtenir ces informations (ex. chefs coutumiers (« anciens »), professeurs d’école, scientifiques) ont été consultés. Les variables suivantes ont été sélectionnées : – état de la forêt naturelle à proximité du village ;- nombre approximatif de ménages dans le village ; – disponibilité des sources de revenus non agricoles ; – composition ethnique ; – distance au marché principal. Après avoir visité et comparé plusieurs villages dans la zone de la forêt de Mau Ouest, trois villages ont été retenus : Nyakinyua, Bonde et Chepsir Tea Zone.
Ces zones de thé sont établies dans les réserves forestières. Plus de 6154 ha de forêt furent mises à blanc afin d’implanter ces zones de thé. Les zones effectivement occupées par le thé sont estimées à 4 000 ha.
|
Table des matières
Introduction
1 Contexte général
1.1Les enjeux mondiaux
1.2Le projet de restauration FOREAIM
1.3La forêt de Mau, un centre kenyan
1.3.1Historiques des grandes utilisations de la forêt de Mau et de la forêt de Mau Ouest
1.3.2Régime foncier
2 Problématique : de l’approche classique de la protection à la participation
2.1.1Forest Act 2005
2.1.2Besoin d’outils de négociation pour la gestion participative
2.1.3La modélisation d’accompagnement
3 Méthodologie
3.1Cadre théorique et posture scientifique pour l’étude des décisions
3.2Le choix des villages
3.3L’échantillonnage
3.4La typologie
3.5UML
3.6La validation
3.7Le zonage à dire d’acteurs : représentation des usagers de la forêt
4 Résultats
4.1Gouvernance de la forêt : une législation stricte mais inefficace
4.1.1Les gardes forestiers
4.1.2La Nyayo Tea Zones Corporation
4.2Les villages et les communautés
4.2.1Les activités économiques
4.2.2Les agriculteurs
4.2.3La représentation spatiale de la forêt : zonage à dire d’acteurs
4.2.4Processus de décision concernant l’usage de la forêt des différents types
4.2.5Planter ou ne pas planter ?
4.2.6Un manque de communication
4.3La participation des communautés forestières dans la loi forestière de 2005
5 Discussion
5.1Un regard critique sur la participation des communautés forestières
5.2Quelles stratégies envisager pour construire la restauration ?
Conclusion
Bibliographie
Télécharger le rapport complet