Un rapide historique de l’égalité filles-garçons en France

Un rapide historique de l’égalité filles-garçons en France

L’enseignement des filles : d’une  » éducation familiale  » à la mixité 

Il est tout d’abord utile de préciser que le panorama historique de l’égalité filles garçons que nous allons proposer est particulièrement inspiré des propos de Jean François Condette lors de sa conférence plénière du 4 décembre 2019 à l’INSPE de Villeneuve-d’Ascq. Pendant longtemps, les filles n’allaient pas à l’École mais recevaient une éducation davantage  » familiale  » les destinant à un rôle domestique et maternel. À partir du XVIᵉ siècle, les filles peuvent accéder à de  » petites écoles  » liées aux congrégations religieuses. Il existe également, pour les filles appartenant à la bourgeoisie, des pensionnats religieux privés. Pendant l’Ancien régime, l’enseignement est alors particulièrement lié à la religion et la scolarité des filles se résume à l’acquisition d’une culture de base, en attendant le mariage. En effet, comme Fénelon (1687) le précise, dans Traité de l’éducation des filles, on éduque les filles puisque ce sont elles qui, plus tard, éduqueront leurs progénitures. Le destin d’une fille reste alors celui d’être à la fois épouse et mère. Ajoutons à cela que l’absence de mixité à l’époque est une volonté de l’Église, des religions puisque  » l’enfant doit être préservé non seulement de toute occasion de contact sexuel, mais de « toute éventuelle pensée d’impureté sexuelle »  » (Fumat, 2010). Saint-Cyr va consister en une première évolution : l’État s’engage en offrant un enseignement gratuit aux filles. Pendant la Révolution, les femmes sont toujours reléguées au second plan : la Révolution, c’est l’égalité mais pas l’égalité pour les femmes. Au XIXᵉ siècle, l’éducation des filles n’est toujours pas la priorité, par opposition aux garçons. Les choses évoluent cependant progressivement avec l’application de quelques lois. Effectivement, en 1833, avec la loi Guizot, chaque commune se doit d’avoir une école. En 1836, les communes sont simplement  » incitées  » à ouvrir au moins une école pour filles. Ce seront avec les lois Falloux (1850) et Duruy (1867) que l’ouverture d’une école pour filles deviendra obligatoire. Néanmoins, cette ouverture deviendra obligatoire premièrement dans les communes de plus de huit cents habitants avec la première loi puis obligatoire dans les communes de plus de cinq cents habitants avec la deuxième. Concernant l’enseignement secondaire, au temps de Napoléon, les lycées sont essentiellement masculins et visent à former des officiers, des soldats… Par opposition, aucun établissement public n’est destiné aux filles, seules des pensions privées leur sont proposées. Toutefois, avec la circulaire du 30 octobre 1867, des  » cours secondaires de jeunes filles  » (des cours de lettres, d’histoire…) vont être créés, malgré l’opposition de l’Église .

Des avancées concernant l’égalité filles-garçons vont se produire pendant la IIIᵉ République. Les lois Ferry de 1882 imposent une École gratuite, laïque et obligatoire pour les garçons et pour les filles. Toutefois, les contenus d’enseignement ne sont pas identiques pour les deux sexes. En effet, les filles suivent un enseignement avec une coloration davantage ménagère et les garçons un enseignement avec une coloration davantage militaire. Néanmoins, les volumes horaires et les attentes concernant les disciplines des lettres, des mathématiques et de l’histoire-géographie, par exemple, sont similaires pour les deux sexes. Ces avancées doivent néanmoins être nuancées puisque l’École reste genrée voire sexiste ; en témoignent les manuels scolaires de l’époque. De plus, pendant la IIIᵉ République, des collèges et des lycées de jeunes filles sont créés mais ils sont  » conformes à la nature féminine  » (Mayeur, 1977) : l’enseignement est orienté vers les lettres mais exclut la philosophie et le latin, les diplômes n’ont pas de réelle valeur… Avec la réforme de mai 1902, la série D au Baccalauréat apparaît, une série excluant également le latin et permettant aux filles d’accéder aux études supérieures ; ce qui n’est malgré tout toujours pas suffisant. Concernant les études supérieures, la création de l’école normale supérieure de Sèvres et des agrégations féminines vont permettre aux femmes d’avoir davantage d’ambition. Cependant, on retrouve en réalité peu de femmes dans l’enseignement supérieur de manière générale, même si ça ne leur est pas interdit. Les étudiantes sont même critiquées puisque faisant passer les études avant mari et enfants. Ajoutons à cela que les professeures d’université sont rares ainsi que les inspectrices (sauf dans le cas des écoles maternelles). Nous pouvons donc inférer une  » domination historique des hommes sur les femmes  » (Condette, 2019).

Malgré l’existence de quelques classes mixtes au XIXᵉ siècle (par absence d’autre possibilité), au XXᵉ siècle, se met en place véritablement et progressivement la mixité. Cette mise en place progressive de la mixité passe par différentes circulaires. En effet, la circulaire du 1er janvier 1924 autorise les filles à préparer le baccalauréat dans des lycées de garçons s’il n’y a pas de lycée de filles à proximité de leur domicile. Alors que la circulaire de juillet 1957 recommande la mixité dans l’enseignement secondaire, la circulaire de juin 1965 impose la mixité dans les écoles élémentaires. La circulaire de juin 1969 invite, elle, à accélérer cette mixité scolaire. Avec la réforme Berthoin de 1959, prolongeant la scolarité obligatoire jusque seize ans, les établissements qui ouvriront seront automatiquement mixtes. De même, la loi Haby de 1975 impose le collège unique, un collège donc mixte etc. À l’époque, on pensait que cette mixité allait suffire pour permettre l’égalité entre les sexes ; ce qui n’est pas le cas notamment à cause des stéréotypes de sexe ancrés dans notre culture, dans notre imaginaire collectif. Pour que cette mixité, mise en place pour des raisons d’abord économiques, permette l’égalité, il faut aller au-delà de la simple cohabitation, il faut  » coéduquer  » filles et garçons (Mosconi, 1989). De surcroît, les limites de la mixité peuvent être telles que, du fait de tensions entre les groupes de sexe, du fait d’une volonté d’affirmation d’une identité groupale, la mixité pourrait renforcer les stéréotypes et pourrait même conduire à des comportements discriminatoires (Duru-Bellat, 2010). Pour atteindre l’égalité, il faut donc dépasser la simple mixité.

Les textes officiels promouvant aujourd’hui l’égalité filles-garçons

Rapidement, les différents législateurs ont pris conscience que la mixité n’induisait pas l’égalité, il a donc fallu agir en conséquence. De nombreux textes officiels ont alors témoigné de cette volonté d’atteindre l’égalité entre les sexes ; ce qui consiste aujourd’hui en une priorité. Outre les articles L121-1, L312-17-1, L311-4, L321-3 et L721-2 du Code de l’éducation qui s’intéressent à la formation du personnel d’éducation, à l’enseignement dispensé en classe et à l’orientation des élèves, d’autres textes ont agrémenté cette marche vers l’égalité des sexes. En effet, nous pouvons en citer quelques-uns :  » l’Adaptation de l’appareil statistique de l’État pour améliorer la connaissance de la situation respective des femmes et des hommes  » (circulaire du 8 mars 2000), la  » Féminisation des noms de métiers, fonctions, grades ou titres  » (BO n°10 du 9 mars 2000) et  » De la mixité à l’égalité, à l’école, au collège et au lycée  » (BO HS n°10 du 2 novembre 2000). Nous retrouvons ensuite la loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République, la circulaire n° 2015-003 du 20 janvier 2015 s’intitulant  » Mise en œuvre de la politique éducative en faveur de l’égalité entre les filles et les garçons à l’École  » ainsi que, pour finir,  » la convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif  » (2013-2018 puis 2019-2024). Ces textes consistent en des avancées mais sommes nous parvenus à une réelle égalité entre les sexes ?

Quelques constats 

D’après les enquêtes PISA, il s’avère que les filles réussissent mieux à l’École, ont un taux de scolarisation et une durée moyenne de scolarisation plus élevés que les garçons. Effectivement, d’après les rapports ministériels de 2017-2018, 90,7% des filles obtiennent le brevet contre 83,8% des garçons, 90,6% des filles obtiennent le baccalauréat contre 85,8% des garçons. De surcroît, les filles représentent 57% des effectifs à l’université et sont plus nombreuses que les garçons à être diplômées de l’enseignement supérieur, tous diplômes confondus. L’OCDE interprète notamment ces observations par le poids des stéréotypes de sexe : l’École est perçue comme un milieu féminin et réussir scolairement serait contraire au modèle social de masculinité. Le schéma semble donc s’être inversé depuis le XIXᵉ siècle : aujourd’hui, les filles réussissent mieux scolairement que les garçons ; d’où la pertinence de l’intitulé de la conférence de JeanFrançois Condette : » la lente conquête de l’enseignement par les filles en France « .

De manière plus précise, aux tests PISA de 2015, en compréhension de l’écrit, un écart de quarante-quatre points s’établit entre filles et garçons, en faveur des filles. En mathématiques, l’écart ne s’élève plus qu’à neuf points en faveur des garçons. En 2018, le rapport PISA énonce alors l’idée suivante : «  les différences entre les sexes à partir du niveau de compétence minimum sont souvent favorables aux filles en compréhension de l’écrit (…) et aux garçons en mathématiques  ». L’OCDE explique cet écart en mathématiques (qui diminue progressivement) par une moins bonne estime des filles d’elles-mêmes. Ne serait-ce pas possiblement à cause du poids, certes moins important qu’auparavant, des stéréotypes de sexe, des croyances en une meilleure réussite générale des garçons en mathématiques ? Dans le même ordre d’idée, en 2015, les filles ne sont que 28% à choisir la filière scientifique contre 38% des garçons et elles sont 14% à choisir la filière littéraire contre seulement 4% des garçons. De manière analogue, en ce qui concerne l’enseignement supérieur, nous remarquons que les licences de lettres et de langues rassemblent 70% de filles alors qu’elles ne représentent qu’une proportion de 30% dans les filières plus scientifiques. Ces disparités témoignent de la difficulté de la mise en place de l’égalité entre les filles et les garçons et du poids des stéréotypes.

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Table des matières

I. Introduction théorique
1. Un rapide historique de l’égalité filles-garçons en France
A) L’enseignement des filles : d’une  » éducation familiale  » à la mixité
B) Les textes officiels promouvant aujourd’hui l’égalité filles-garçons
C) Quelques constats
2. Les stéréotypes
A) Définition de la notion de stéréotype
B) Les stéréotypes de sexe
C) L’assimilation et l’intériorisation des stéréotypes de sexe
3. Les stéréotypes de sexe à l’École
A) Les effets des stéréotypes de sexe sur l’enseignant
B) Les effets des stéréotypes de sexe sur les élèves
a) Des méthodologies pour comprendre les effets des stéréotypes
b) Des précisions sur le phénomène de la menace du stéréotype ou plus précisément sur les menaces du stéréotype à l’École
4. Comment lutter contre la menace du stéréotype ?
II. Méthodologie
A) Méthode
B) Les participants
C) Quelles sont nos hypothèses ?
III. Les résultats
A) Le nombre de matrices correctes
B) Le pourcentage de matrices correctes
C) Est-ce que je pense réussir ?
D) J’ai trouvé que l’exercice était difficile
E) J’ai dû fournir beaucoup d’efforts pour faire l’exercice
F) J’ai ressenti du plaisir à faire l’exercice
IV. La discussion
A) La réussite aux matrices
a) Interprétation des résultats
b) Résultats non attendus
B) Les questions portant sur les attentes et le ressenti des élèves
a) Interprétation des résultats
b) Résultats non attendus
Conclusion 
Qu’est-ce que cela implique en tant que professeur des écoles ?
Bibliographie
Annexes

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