UN PROCESSUS QUI M’A PERMIS DE SORTIR DE MA Boîte

UN PROCESSUS QUI M’A PERMIS DE SORTIR DE MA Boîte

Des enfants qui colorent ma vision de la vie

« Les enfants de mon groupe aperçoivent la neige et la glace laissées derrière l’aréna par la zamboni , et Gabriella s’ exclame: « Ah! c’est là que l’hiver se cache quand c’est l’été! » (Extrait du journal de recherche, date inconnue) Il était une fois des enfants. Les miens, ceux qui sont nés comme ceux qui sont passés dans l’ au-delà. Ceux des autres, qui ne sont pas à moi , mais dont je me sens responsable. Les enfants que je ne connais pas encore et qui croiseront ma route. Ceux que je ne connaîtrai jamais et dont je croise le regard sur mon chemin. Il était une fois des enfants, donc, qui tous les jours colorent ma vision de la vie. D ‘ abord comme éducatrice, mais aussi comme mère, comme femme et comme être humain , je suis constamment interpellée par leur vision du monde et par ce qu ‘ ils me dévoilent d’ eux et de moi-même. En relation avec tous ces enfants, j ‘ ai l’ impression d ‘être en contact avec moi , ce que je suis profondément. Il nous faut écouter les enfants. Leur demander de nous dire ce qu ‘ ils voient, ressentent et entendent car, vous pourrez être surpris mais ils peuvent fort bien vous apprendre quelque chose. Et cela peut vous faire reprendre contact avec un peu de la merveille qui était vous et que vous avez oubliée. (Buscaglia, 1983 : 144-145)

Après avoir exercé mon métier à différents endroits et avec différents groupes d’ âge, j ‘ ai choisi depuis 1999 de travailler au Centre de la petite enfance (CPE) Mistigri , auprès d’ un groupe de dix enfants de quatre à cinq ans. Au début de ma démarche de recherche en 2003 , je pratiquais donc mon métier d’ éducatrice depuis quinze an s déjà, avec beaucoup d’amour et de passion. Après toutes ces années, j ‘ éprouve toutefois le désir d ‘ aller plus loin et de me dépasser professionnellement parce que j ‘ adore mon travail et j’ai besoin de nouveaux défi s. J’ai développé une aisance qui me permet aujourd ‘ hui de m’arrêter, de m’observer et de réfléchir sur ma pratique; chose que je n’ aurais pu faire au début de ma carrière, tout absorbée que j ‘ étais par mes interventions. Je cherche constamment des outils qui me permettent d’ aider les enfants à développer leur potentiel et leur estime de soi. D’autre part, j ‘ accompagne chaque année des stagiaires provenant principalement des programmes de diplôme d’ études collégiales (DEC) en techniques d’ éducation à l’ enfance ou d ‘ attestation d’études collégiales (AEC) en éducation en service de garde, qu ‘ elles soient en début ou en fin de formation. Cet accompagnement m’amène à devoir expliquer ce que je fai s dans mon travail. J’ai l’ impression que la recherche m’aidera à mieux cerner et surtout à mieux communiquer ma pratique tout en m’améliorant. Bien que ma recherche s’articule autour de ma pratique en CPE, je ne peux par ailleurs dissocier l’ éducatrice de la mère. En effet, mes propres enfants, maintenant au coeur de leur adolescence, continuent d’influencer mon action éducative. J’accompagne mes deux trésors et nous cheminons ensemble dans leur découverte de la vie et du monde. Mon garçon et ma fille , depuis leur naissance et même leur conception , m’ obligent à me positionner sur mes valeurs et sur la route que je poursuis. Mon cheminement personnel , je le vi s aussi grâce à eux. J’apprends à leur contact et je me questionne continuellement.

Des croyances et des faits Les services de garde font partie de la réalité sociale du Québec des années 2000. En 2005 , on comptait en CPE « 200000 places de garde pour les enfants à travers tout le territoire québécois » (Association québécoise des CPE, 2005). Bien sûr, les enfants ne choisissent pas de se faire « garder ». Les services de garde répondent d’ abord et avant tout à un besoin des parents. On dit qu ‘ au Québec, en 2004, 61 % des enfants de 0 à 5 ans étaient en service de garde, comparativement à 41 % cinq ans plus tôt. En 1993, 70 % des femmes en âge d ‘avoir des enfants de moins de 18 ans étaient sur le marché du travail alors que ce pourcentage ne s’élevait qu’à 55 % en 1981’. Malgré ces chiffres étonnants, il y a très peu de reconnaissance liée à la pratique de ce métier. Actuellement, le contexte politique et les revendications des éducatrices pour acquérir de meilleures conditions de travail et une reconnaissance sociale de la profession me poussent à vouloir comprendre de quoi est réellement faite ma pratique éducative auprès des enfants. Jusqu ‘ à maintenant, c’ est avec la qualité de mon travail et de mon implication que je suis arrivée à gagner le respect des parents, de mes supérieurs et de mes collègues. Je crois que je pourrais changer l’ opinion des gens par rapport à notre travail , un à la fois , en discutant, en expliquant ma démarche, mes interventions, mes faits et gestes.

Ceci étant dit, les services de garde étant une nécessité, je considère que les enfants ne doivent pas non plus subir cette situation. Il faut qu’ils soient le mieux possible et les experts s’entendent pour dire que cela passe par la qualité des services offerts. Malgré mes croyances personnelles, encore plusieurs personnes doutent de la qualité de développement des enfants en services de garde. Le psychologue François Dumesnil est de ceux qui se disent contre les garderies qui , selon lui, sont un mal nécessaire. « Ce dont l’enfant a le plus besoin , c’est d’ une présence auprès de lui qui lui fait sentir qu ‘ il est quelqu ‘ un d’ unique, et grâce à laquelle il peut évoluer en toute confiance» (Dumesnil, 2004 : 42). D ‘après lui, il y aurait uniquement les parents qui puissent y parvenir. Il qualifie les enfants d’ aujourd’hui « d’enfants nomades, en perpétuelle transition entre la maison et la garderie, entre un parent et un autre, sans possibilité d’établir des liens solides et des attachements durables. » (Dumesnil, 2004 : 61) Je ne suis pas d’accord avec monsieur Dumesnil. Même si je ne suis pas leur mère biologique, neuf heures par jour et ce, quatre jours par semaine, je me consacre à être présente, à développer un lien de confiance et à reconnaître les enfants dans leur unicité. Je juge mon travail d’autant plus important que je sais que, comme parent, nous n’avons pas la possibilité d’ investir autant de temps auprès de nos propres enfants, peu importe la grandeur de l’amour qu ‘on leur porte.

Des contes à mon intervention globale: l’évolution de ma question de recherche

Ce conte, pour moi, vient résumer l’ensemble de mon mémoire par les images et les croyances qu ‘ il véhicule. Et maintenant, pour mieux comprendre ma question et mes buts, je vais commencer par vous faire un bref rappel de l’évolution de mes questionnements et des objectifs que je poursuis à travers cette recherche. La lecture des contes et la pratique du dessin, d’aussi loin que je me souvienne, ont toujours constitué ma voie de passage pour l’imaginaire, l’évasion des difficultés du monde réel, la façon de faire face à mes peurs. D’ailleurs, ne dit-on pas que « La peur porte en ellemême les conditions de son dépassement » (Beaumatin et Laterrasse, 1998 : 20). Je dévorais donc les livres qui, comme le souligne à juste titre Charlotte Guérette, « excellent à transformer les douleurs de croissance en bonheurs d’enfance » (Charlotte Guérette, citée in Communication jeunesse, 2000: 9). C’est pourquoi, tout naturellement, j’ai utilisé le conte ou l’allégorie pour accéder aux enfants qui m’étaient confiés. Le conte est devenu ma façon d’ intervenir auprès des jeunes. Au début de mon processus de recherche, je croyais même que c’était mon seul outil d’intervention. Je me suis donc posé la question: Dans ma pratique éducative, basée sur les contes, comment j’aide les enfants à déployer leur potentiel et à développer leur estime de soi? Je voulais savoir de quelles façons les enfants m’ inspiraient pour l’écriture de mes contes. Erickson affirme que « Les gens qui écoutent des contes, n’étant pas sur la défen sive, se laissent imprégner par le message qui atteint un petit espace de leur inconscient. C’est une façon de s’approcher de leur « réservoir de ressources. » (Erickson dans Kerouak, 1996: 25-26)

Je me demandais alors: Est-ce que les écrire, pour moi, consisterait à puiser dans ce réservoir? Puis j’ai réalisé que l’écriture de mes propres contes, par l’expression de soi, était une prise de parole et une façon de déployer mon propre potentiel. L’écriture servait donc également à l’éclosion de ma créativité et de ma liberté. Il s’établit entre les enfants et moi une complicité qui me rend capable de leur raconter mes histoires et mes métaphores, même les plus personnelles, sans crainte d ‘être jugée. L’existence de soi et des autres passe par le discours qu’on leur adresse et le conte me semble être la forme privilégiée de communication avec les enfants. Il semble y avoir un réel potentiel à toucher, à atteindre les enfants, dans les histoires que je leur écris, peut-être surtout parce qu ‘ elles me sont inspirées d’eux. Elles parlent d’eux et de moi. (Extrait de mon journal de recherche, mars 2004) Quand je relis mon journal et mes histoires récentes, je réalise que cela est un moyen de déployer mon propre potentiel. Je me demande si les contes contribuent à développer mon potentiel et mon estime de soi et que les enfants m’aident à me valoriser. Au gré de ces réflexions, ma question se transforme donc pour devenir : Comment, par l’écriture des contes, j’arrive à accoucher de mon trésor, à me déployer et à développer mon estime de moi? Je continue de noter mes observations sur ma pratique éducative. En relisant, je constate qu ‘ il y a quelque chose de plus que l’utilisation du conte. Bien sûr, j’éprouve un grand enthousiasme à écrire, à lire et à raconter les histoires imaginaires ou réelles, mais je savoure aussi la joie des moments privilégiés avec les enfants, et ces instants paraissent porteurs d’un potentiel plus grand. Il y a aussi avant et après le conte. Avec certains enfants qui ne semblent pas être particulièrement touchés par les histoires, je réalise que j ‘ utilise d’autres moyens pour les atteindre comme, entre autres, les jeux de rôles ou la coopération dans une activité.

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Table des matières

REMERCIEMENTS
RÉSUMÉ
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 MA PASSION POUR L’ACCOMPAGNEMENT DES ENFANTS
Des enfants qui colorent ma vision de la vie
Des croyances et des faits
Le contexte de ma pratique
D’où nous vient la situation actuelle des centres de la petite enfance?
Des valeurs éducatives communes à tous les centres de la petite enfance
Des valeurs personnelles aux couleurs de chaque centre de la petite enfance
Un contexte changeant.
CHAPITRE 2 VERS UNE VISION HUMANISTE DE L’ACCOMPAGNEMENT
2.1 L’ hi stoi re de l’ enfant qui cachai t un trésor
2.2 Des contes à mon intervention globale: l’ évolution de ma question de recherche
2.3 Mes objectifs de recherche
2.4 Quelques concepts
2.4.1 Estime de soi: une image positive à construire
2.4.2 L’accompagnement réciproque
2.5 Mes croyances
2.5.1 L’ unicité
2.5.2 Le potentiel humain: un trésor immense, unique à chacun
2.6 Théorie professée et théorie pratiquée
CHAPITRE 3 MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Une recherche qualitative
Une recherche pédagogique à visée ontogénique
Une recherche praxéologique
Une recherche phénoménologique
La collecte de données
Le journal de recherche
Les fiches praxéologiques
L’exploration de moments intenses
Méthodologie d’analyse et d’ interprétation des données
Une démarche en spirale
La théorisation ancrée
Mon processus de théorisation
Passer par l’analyse de contenu
La codification
Un processus itératif
Les conditions de la démarche ontogénique
Les limites liées aux critères de la recherche ontogénique
L’importance d’une vision extérieure
Un modèle personnel éclairé par l’analyse
CHAPITRE 4 MON MODÈLE D’ACCOMPAGNEMENT RÉCIPROQUE
li Créer la relation de réciprocité
4.1.1 La préparation à l’accueil du nouveau groupe
4.1.2 La première journée
4.1.3 Ma nouvelle place de sieste
4.1.4 Mes stratégies pour entrer en relation
4.1.5 La naissance de la dimension de réciprocité
4.2 Entretenir la relation de réciprocité
4.2.1 Cultiver l’humour et l’esprit ludigue
4.2.2 Développer l’estime de soi
4.2.3 Contribuer à déployer le potentiel de chacun
4.2.4 Une semaine à l’image de notre réciprocité
4.2.5 En parallèle, la relation se développe avec les parents
4.2.6 Faire croître la réciprocité au quotidien
4.3 Les freins à la relation de réciprocité
4.3 .1 La colère
4.3.2 Le pouvoir
4.3.3 Quand mes sens sont heurtés
4.3.4 Quand mes valeurs sont heurtées
4.3.5 Le manque de plaisir
4.3.6 Le jugement, la pression et les attentes
4.3.7 Les limites dans la résolution de mes enjeux
4.3.8 La réciprocité comme moyen d’ apprentissage
4.4 Terminer la relation de réciprocité
4.4.1 Le rituel de départ
4.4.2 Une lettre personnelle aux parents
4.4.3 L’ amour qui s’ est installé
4.4.4 La peine
4.4.5 Et ceux qui reviennent
4.4.6 La réciprocité permet un nouveau départ
EN CONCLUSION: UN PROCESSUS QUI M’A PERMIS DE SORTIR DE MA Boîte
BIBLIOGRAPIDE
ANNEXE 1 C’EST BIENTÔT TA FÊTE !
ANNEXE 2 INVITATION À LA RENCONTRE PARENTS-ÉDUCATRICE
ANNEXE 3 L’INVITATION À LA GRADUATION
ANNEXE 4 HISTOIRE DE LA CHENILLE AU PAPILLON
ANNEXES
PHOTO D’UN GRADUÉ
ANNEXE 6 PRÉSENTATION DES GRADUÉS COCCINELLES
ANNEXE 7 LA CHANSON DE LA GRADUATION
ANNEXE 8 LE DIPLÔME MISTIGRI

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