Se repérer dans une ville avec un plan : un acte banal ?
Se rendre à une adresse précise grâce à un plan de ville semble être un acte banal pour la majorité des habitants des pays disposant de cet outil de repérage. Les cartes détaillant la morphologie du territoire communal et ses différentes composantes sont souvent présentes au sein des offices de tourisme, dans les Mairies, sur Internet ou encore, pour certaines grandes villes, dans des librairies. Suite à l’acquisition de ce support papier l’orientation au sein de la ville est facilitée par la présence de panneaux d’orientation souvent situés sur des axes de passage importants. Ces derniers reprennent le plan de la ville ou une partie du territoire. Il est accompagné d’un index des rues et d’un quadrillage permettant d’identifier rapidement leur localisation. De plus ces panneaux indiquent généralement leur position au sein même du plan par le biais d’un repère facilement indentifiable et d’une légende telle que : « vous êtes ici ». Ainsi, même sans carte, une adresse de rendez-vous peut être facilement retrouvée.
Dans les pays développés, avec l’avènement des nouvelles technologies, les cartes présentes sur un support en papier et les panneaux d’indications font désormais référence à des outils traditionnels d’orientation. En effet, grâce à l’informatique et à des sites Internet spécialisés, tout « internaute » a désormais la possibilité d’imprimer ces plans. Il peut aussi disposer d’un itinéraire détaillant le parcours à réaliser pour se rendre d’une adresse « A » à une adresse « B ». Par ailleurs, une autre étape a été franchie avec la démocratisation des systèmes de localisation par GPS. Dès lors, la carte sous format papier tend à disparaître au profit d’une orientation en temps réel.
Ces systèmes d’orientation qui se sont développés dans les pays disposant d’une cartographie de l’ensemble de leurs villes permettent dès lors d’obtenir des gains de temps importants et une certaine tranquillité d’esprit quand il s’agit de se rendre à un lieu de rendez-vous. Cependant il n’en reste pas moins que la lecture d’un plan n’est pas forcément un exercice aisé et qu’un système de GPS non mis à jour peut aussi poser quelques difficultés.
Mais qu’en est-il des villes où il n’existe jusqu’alors aucun plan d’orientation ?
Pour se concentrer sur le seul cas du Burkina Faso, trois villes disposent de cet outil. Ouagadougou, la capitale, et Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays, ont lancé une démarche « d’adressage » dès 1992 pour obtenir les premiers plans de leurs villes respectives en 1997. De manière plus récente, Kaya s’est aussi inscrite dans cette logique. Pour les autres territoires urbains du Burkina il n’existe donc aucun système de repérage. Ainsi, avant de savoir en quoi consiste « l’adressage », il semble intéressant de comprendre comment les Burkinabés s’orientent dans leurs villes respectives.
L’histoire, les habitudes, les traditions sont souvent à l’origine de la situation actuelle où chaque habitant s’oriente avec des repères physiques qui sont reconnus de tous ou presque. Pour se rendre à un lieu les vocables suivant sont utilisés : les « six mètres », qui correspondent aux petites rues en terre qui desservent les habitations et le « goudron » qui s’apparente aux voies bitumées qui parcourent la ville. Il est fréquent de se faire expliquer une direction comme tel : « prenez le deuxième «six mètres» à droite pour rejoindre le goudron et, sur la gauche, arrêtez vous au 5ème «six mètres» ». Cette situation, si elle fonctionne dans la majorité des cas, rencontre certaines limites.
Pour la population locale, il semble que cette situation s’explique par des déplacements limités à des territoires restreints dans l’ensemble de la ville. Cependant, de façon similaire on constate que dans des pays disposant de plan urbains les habitants s’approprient généralement une partie infime du territoire qui va rarement au-delà de l’échelle de ce qu’on peut appeler le « quartier ».
Pour se rendre dans une zone non encore parcourue, un plan et un index des voies s’avèrent nécessaires. Pour un étranger ne disposant d’aucun repère, la difficulté d’orientation est très vite perceptible et les chances de se perdre sont dès lors très nombreuses. Ces deux arguments montrent à eux seul qu’il devient essentiel de disposer d’un plan de ville surtout lorsque celle-ci couvre une grande superficie avec un nombre de rues qui ne cesse de croître. L’adressage d’une ville est le processus qui conduit à ce résultat.
L’adressage : concept et résultats attendus
En quoi consiste l’adressage ?
Pour obtenir le plan finalisé d’une ville il convient, au préalable, de mettre en œuvre un système permettant de localiser sur le terrain une habitation, un équipement, un service, etc. Pour cela il est nécessaire de mettre en œuvre une numérotation et/ou une dénomination de toutes les rues de la ville. De plus, pour qu’un système « d’adresse » puisse être créé, chaque habitation doit être dotée d’un numéro sur la porte d’entrée.
La création et l’édition du plan complètent les travaux de terrain. Ce dernier renseigne sur l’ensemble des numéros et des noms de rues. Un index des voies accompagne le plan et permet aux utilisateurs de se renseigner rapidement sur la localisation de la rue qu’il cherche dans la ville.
Une meilleure efficacité des différents services urbains :
De manière évidente, la mise en oeuvre d’un système d’adressage permet aux administrés et aux étrangers de mieux s’orienter dans la ville. Par conséquent cette réalisation facilite les déplacements qui peuvent aussi êtres favorables au tourisme de la localité. De manière plus étendue, l’opération d’adressage est aussi indispensable pour améliorer le fonctionnement des différents services urbains comme :
Les services de secours (pompiers et ambulances) : Grâce à l’édition du plan de la ville et de l’index des voies ils peuvent intervenir plus rapidement dès lors qu’ils connaissent précisément le lieu d’intervention. Dans un second temps ils peuvent aussi en déduire le parcours le plus court pour s’y rendre.
Les services de santé :
Grâce à l’adressage, chaque patient habitant dans le secteur concerné peut être «géo-référencé». Ainsi, si plusieurs patients souffrent de symptômes similaires dans une zone déterminée, il devient possible de le cartographier et d’agir rapidement à la source du problème afin d’assainir les lieux. Dans ce cas, une liaison avec les services d’hygiène et d’assainissement de la mairie peut être encouragée.
Les services de police :
Le plan d’adressage peut être utile pour déterminer l’implantation des différents panneaux de signalisation au sein de la ville. En matière de sécurité routière, lors du constat d’accidents de la route, ces derniers peuvent être géo-référencés. La répétition d’actes de ce type sur un même lieu peut alors être évitée par la mise en oeuvre de mesures correctives (modification de la voirie, sécurisation des abords…). Là encore, une concertation avec les services techniques de la mairie ou des travaux publics semble nécessaire.
Les services techniques municipaux :
Pour le service de la voirie, la codification de l’ensemble des voies de la ville peut permettre de mettre en oeuvre une base de données précisant leurs caractéristiques. Dès lors la réalisation d’un plan d’investissement devient possible afin d’améliorer la situation, souvent critique, des infrastructures routières. Les services liés aux domaines et à l’habitat peuvent, quant à eux, obtenir une multitude d’informations dès lors que les administrés déposent un permis urbain d’habiter (PUH). Chaque parcelle peut être géo-référencée et suivie dans son processus de mise en valeur. Cette procédure permet de favoriser la densification du territoire. En effet, une parcelle peut être rétrocédée dès lors qu’elle n’a pas été mise en valeur dans les cinq années après l’attribution du PUH. D’autres critères peuvent aussi bénéficier d’un suivi comme les permis de construire par exemple. Les services de l’hygiène et de l’assainissement, en partenariat avec les concessionnaires et associations peuvent géo-référencer les habitations raccordées au réseau d’eau et utilisant la collecte des déchets. Cela permet de fixer des objectifs de développement de ces différents services (extension des réseaux, installation de nouvelles bornes fontaines, réorganisation des tournées pour la collecte des déchets, etc.). De plus, en lien avec le service de l’habitat, des renseignements peuvent êtres apportés concernant le type de latrines, de douches ou encore de systèmes d’évacuation des déchets. Ces données peuvent êtres exploitées pour déterminer a politique à mener en terme d’amélioration des conditions d’hygiène et d’assainissement ayant souvent un impact direct sur la santé des habitants. Le but est d’atteindre les objectifs du millénaire concernant l’accès à l’eau potable (Sommet du Millénaire – 2000 – New York) et le développement des processus d’assainissement ( Sommet mondial sur le Développement Durable – 2002 – Johannesburg).
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Table des matières
INTRODUCTION
Un outil de base pour le développement urbain
Se repérer dans une ville avec un plan : un acte banal ?
L’adressage : concept et résultats attendus
Un investissement nécessaire pour la commune de Tenkodogo
Tenkodogo, un territoire prêt à postuler
Le territoire de l’adressage
Des disparités en fonction des différents secteurs
La méthodologie mise en oeuvre
La méthodologie appliquée pour mener à bien l’opération d’adressage
Création de la cellule d’adressage et répartition des tâches
Réalisation du support cartographique
Limites administratives et système de codification
Préparation de l’opération pilote
Ce qu’il reste à effectuer
Edition et diffusion des plans d’adressage
Plans de panneautage et pose des plaques de rue
La numérotation des 6 secteurs de la ville
Concertation et communication
Budgétisation du programme
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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