Un cinema hybride, de nouvelles perspectives ancrees dans des convictions persistantes 

Les représentations liées à l’imaginaire colonial : un cadre attractif

L’idée d’évasion apparaît déterminante pour qualifier le regard que portent les individus britanniques sur le cinéma colonial des années trente. Les films de Zoltan Korda, Georges Stevens et Henry Hathaway cherchent à susciter ce sentiment chez le spectateur.
A notre sens, cela demeure également vrai dans les autres films puisque la colonie reste un cadre de tous les possibles, mais dans une moindre mesure.
L’environnement colonial est un espace très différent de l’environnement européen, le public n’y est pas accoutumé. La population est surprise, admirative et intriguée par ce qu’elle observe, ces paysages font étalage de la splendeur de ces pays. Les soins essentiels apportés à la réalisation renforcent ce phénomène. L’immensité des déserts, la beauté des fleuves ou l’aspect sauvage de ces territoires fascinent le peuple de Sa Majesté.
Les films qui sont l’objet de notre recherche datent du début des années trente et le contexte est marqué par des événements décisifs qu’il convient de mentionner. La période est celle de l’entre-deux-guerres, la Première Guerre mondiale a eu des répercussions considérables, la Grande-Bretagne a vu son prestige et sa domination s’effriter de manière spectaculaire. Le Royaume-Uni, s’il reste une très grande puissance au sortir de la Grande Guerre, perd son statut hégémonique. La crise économique qui sévit dans le monde entier en 1929 est un élément primordial de la période. Les taux de chômage sont excessivement hauts : “Le chômage, qui culmina à 2,7 millions en août 1931, en fut la traduction la plus frappante, avec, notamment, les “marchés de la faim” d’octobre 1932 ou janvier 1934”.
Philippe Chassaigne remarque le même phénomène et voit dans les années vingt un “marasme économique”.
De la même façon, Stéphane Lebecq souligne que “La vie politique entre les deux guerres est marquée par les questions internationales et par les réponses à la crise économique et au chômage”. C’est pourquoi, la Grande-Bretagne essaie de retrouver sa grandeur passée au cinéma. Durant les années 1930, elle doit rembourser ses crédits auprès des créanciers américains. Elle doit également faire face à d’importants problèmes internes et à l’ascension des Etats-Unis qui sont devenus plus compétitifs. La concurrence étrangère se trouve meilleure et la politique du libre-échange tend à montrer ses limites. De plus, les barrières douanières européennes et américaines se mettent en place, ce qui contribue à pousser le pays vers le protectionnisme. De ce fait, le Royaume-Uni se tourne vers son empire, il cherche un second souffle. Toutefois, ceci est à relativiser et la situation britannique n’est pas la plus exécrable. Le Royaume-Uni s’en tire mieux que ses rivaux européens et se redresse plus rapidement. Dans les années 1930, il réussit à obtenir une croissance économique supérieure à celle des années 1920, la balance des comptes est excédentaire et le pouvoir d’achat est meilleur au sein des classes populaires.
Le cinéma commence à se développer et à s’imposer comme un loisir important. Des innovations déterminantes ainsi que des investissements sont effectués, les débuts du parlant en 1927 vont dans ce sens. Cependant, l’industrie cinématographique est gravement touchée et voit sa production diminuer. La Première Guerre mondiale met fin à celle-ci, qui disparaît quasiment après le conflit. Les années vingt sont celles de la crise, à la fois financière et artistique, mais aussi le résultat d’un désintérêt de la société. Ainsi, les pouvoirs publics doivent instituer des lois pour favoriser la diffusion du cinéma britannique. Cet interventionnisme est donc contraire à la politique libérale, néanmoins il est indispensable pour relancer l’industrie. Le gouvernement Baldwin voit dans cet art un moyen important d’éduquer les sociétés et de les orienter vers certains points de vue et idées. Toutefois, l’art du cinéma reste outrageusement dominé par Hollywood et sous l’impulsion de ses vedettes telles Charlie Chaplin, qui est très bien reçu en Angleterre, le cinéma hollywoodien s’exporte relativement facilement en Angleterre.
Le cinéma anglais est fortement influencé par Hollywood : “Dans le domaine cinématographique, nombre de questions se sont posées avec force à la Grande Bretagne, bien avant qu’au reste de l’Europe : principalement la question de la “domination américaine ”. Le cinéma étasunien s’installe en Angleterre car il dispose de moyens bien plus conséquents et s’évertue à conquérir de nouveaux marchés. Cette prééminence est soulignée dans l’ouvrage de Stéphane Lebecq qui affirme que “Les stars du grand écran sont surtout hollywoodiennes, à l’instar de 95% de la production”.
La culture britannique n’a de cesse de se tourner vers les colonies car les possibilités qu’offrent ce cadre, avec ses coutumes et sa manière de vivre si différente sont une source d’inspiration déterminante. C’est un sujet qui semble capter l’attention des foules et qui connaît un grand succès. Cet intérêt s’affirme dès la gouvernance de la reine Victoria : “Dans les sphères plus élevées de la société victorienne, ce goût pour l’exotisme se manifeste dans le grand succès du magasin de Sir Arthur Lasenby Liberty ” qui reprend les arts venus des colonies et les expose dans les salons en vogue. Nous distinguons des transferts culturels qui illustrent la réciprocité des échanges : “Cette pénétration d e l’Empire dans les mentalités se fait parfois plus insidieuse, comme en témoigne en 1886, le dictionnaire Hobson-Jobson des termes asiatiques désormais usités dans l’ensemble de l’empire”.Cette attirance pour l’exotisme se manifeste dans la littérature, elle accorde une place non négligeable aux récits coloniaux : “Des récits captivants d’aventures de héros britanniques dans des contrées lointaines.” Ils sont écrits par de grands romanciers britanniques tels que Rider Haggard ou G. A. Henry et servent d’inspiration à des réalisateurs qui les mettent en scène. “Dans le sillage de cette littérature populaire, de grands écrivains britanniques font de l’Empire un sujet de réflexion et l’objet de leurs romans ”. L’Empire passionne et divise, donc c’est un sujet qui focalise les attentions.
Mais cette curiosité pour les possessions coloniales s’inscrit dans d’autres arts comme les spectacles : “La culture populaire semble faire quelque place à l’exotisme. Les spectacles de théâtre de music-hall en sont la preuve”. Gunga Din , à l’instar de Les trois lanciers du Bengale ainsi que Les quatre plumes blanches est réalisé à l’aide d’un support littéraire. Le premier est inspiré d’un poème de Rudyard Kipling alors que les deux suivants sont les adaptations de deux succès populaires littéraires de l’époque, ce qui montre à quel point cette discipline influence le cinéma. Il n’empêche, le public se trouve en face d’un véritable spectacle qui n’a aucune prétention réaliste. C’est une forme de divertissement se déroulant dans un cadre lointain et qui suscite la curiosité des Européens.
Dans le film d’Henry Hathaway, Les trois lanciers du Bengale, le cinéaste met en scène cet attrait pour l’inconnu, deux nouveaux venus doivent renforcer le régiment et ils arrivent en train. Le lieutenant les met en garde et les avertit : “C’est une mauvaise idée de parler aux étrangers. Vous êtes en Inde. Vous ne les connaissez pas…”. On est en territoire ennemi, il faut se méfier de ce qui nous entoure, le climat est dangereux. Ce qui peut paraître paradoxal par rapport à la légèreté avec laquelle les ennemis sont appréhendés au début du film. Ce sont des productions à destination du grand public qui aspirent au succès.
C’est d’ailleurs réussi pour Les trois lanciers du Bengale puisqu’il obtiendra deux oscars ainsi que six nominations. Gunga Din rencontrera en Occident un grand succès qui lui permettra d’être à nouveau adapté, deux fois, en 1951 et 1961.

Des superproductions d’aventures à la gloire de l’Empire

Le cinéma des années trente est caractérisé par la forte domination des studios, ils occupent une place prépondérante, que ce soit lors de la production ou de la diffusion.
C’est un système de monopole oligarchique où une minorité domine. Plutôt que de parler de films de guerre pour cette période, il semble plus approprié de les traiter comme des aventures comiques mettant en scène des Britanniques dans les colonies. Ces Britanniques sont décrits comme des héros et effectuent des actions à la gloire de leur Empire.
En premier lieu, il s’agit de traiter les films des années 1930 de façon égale, en dépit de leur nationalité différente car ils utilisent des codes similaires. Nous pouvons également parler de La glorieuse aventure, production réalisé par Henry Hathaway, déjà présent au sein de notre corpus, en 1939. Mais nous ne la traiterons pas sur le même plan dans la mesure où nous n’avons pas pu la visionner. Cependant, elle semble s’inscrire dans une ligne identique à celle des films étudiés.
Le premier ensemble est constitué, principalement dans les années 1930, par ce que Jeffrey Richards a appelé le cinema of Empire, le cinéma impérial, qu’on pourrait aussi bien dénommer “cinéma colonial” (…) Il figure en bonne place parmi les genres hollywoodiens, sous une forme qui le rend parfois bien difficile à distinguer de son homologue américain ”. Cette proximité s’explique par la culture de ces deux pays. Les productions hollywoodiennes s’attachent volontiers à se comparer aux britanniques au niveau des coutumes et des caractères car ce sont des gens bien éduqués et raffinés, l’américain s’identifie donc dans ces films. Jean-Louis Bourget le souligne dans son livre :
Il est clair que s’exprime là, à l’égard de l’ancienne puissance coloniale, un sentiment de “solidarité anglo-saxonne” au sens moins politique que racial, la conscience d’une filiation de l’appartenance, à une même communauté culturelle “blanche” qui considère, dans le meilleur des cas, les peuples indigènes comme des enfants qu’il convient d’éduquer.
D’une manière identique, Jacques Frémeaux avance que “Si l’Anglais est l’héritier du pouvoir colonial auquel l’Américain a dû arracher sa liberté, il demeure le plus souvent un partenaire et un allié, plus rarement un rival ”. De plus, ces films traduisent les mêmes représentations que les westerns, les colonisés remplacent les Indiens et les Européens les cow-boys. Le schéma représentatif, dans sa manière de percevoir l’Autre, est identique.
Les westerns de l’époque mettent en scène la supériorité des Etats-Unis sur les indiens et justifient la colonisation intérieure comme c’est le cas avec les Empires.
Ce cinéma colonial peut se percevoir comme une aventure puisqu’il relate les péripéties de soldats britanniques. Ces derniers sont envoyés dans des casernes, en Inde ou en Afrique et sont confrontés à de petites guerres face à de dangereux rebelles qui menacent la stabilité de l’Empire. Ce cinéma cherche à montrer la splendeur de l’Empire britannique et à lui faire retrouver sa gloire passée. Pour définir les caractéristiques des longs-métrages, Philips Pillard avance que : “Le film britannique de cette période est, dans la quasi-totalité des cas, un produit industriel fabriqué par une équipe dirigée par un producteur et centré sur l’outil de production : le studio ”. De ce fait, toute l’équipe transite autour du film.
Cependant, les différents procédés pour filmer sont limités. Les cinéastes ne possèdent pas de techniques et d’innovations encore très aboutis qui leurs permettent de varier les mouvements de caméra. Cette dernière effectue de nombreux plans fixes ainsi que des panoramiques et des travellings mais demeure très peu mobile.
Le film Gunga Din décrit les soldats de Sa Majesté comme très forts, ils anéantissent et pillent un village avec une grande facilité. Les altercations sont plutôt ubuesques par rapport à ce que l’on est capable de faire aujourd’hui. La tonalité du film est comique, et le spectateur suit une bande de soldats qui se bat face à de pauvres Indiens, ces derniers ne sont pas pris au sérieux et les anglais sont sûrs d’eux. Un soldat est capable de maîtriser quatre voire cinq ennemis sans la moindre difficulté.
Dans le film c’est un peu comme si le public assistait à une danse, les personnages virevoltent dans tous les sens et se battent tout en riant. Dans Les trois lanciers du Bengale , le lieutenant McGregor déclare “J’ai endossé l’uniforme pour l’aventure” ce qu i renforce l’idée que la guerre est un jeu, un divertissement, un spectacle, combattre reste un plaisir, on ne mesure pas les risques. Ce sont donc des aventures coloniales, le terme de guerre est trop fort même s’il est parfois employé : “Une bonne petite guerre” déclare le sergent McChesney lorsqu’il va affronter les Thugs, les membres de la tribu ennemi, dans Gunga Din . Cela montre la dimension de spectacle et d’amusement que représentent les guerres coloniales. De manière identique dans Les quatre plumes blanches : “Je sais que c’est une petite campagne mais c’est toujours amusant” déclare l’un des soldats à propos de l’expédition en Egypte. C’est donc ainsi qu’elles sont perçues par les Européens durant l’entre-deux-guerres, ce sont des guerres sans importance qui mobilisent peu d’hommes.
Par conséquent, nous pouvons dire que la manière de percevoir la guerre n’a pas évolué depuis la fin du XIXe siècle.
Les troupes européennes partent se battre en territoire colonial afin de s’entraîner et se distraire. La manière de faire la guerre est différente, les Empires se sentent plus forts et perçoivent les indigènes comme des populations cruelles mais sans être réellement dangereuses. Ce n’est pas de leur faute, elles ont besoin d’être encadrées. Le cinéma, ancré dans les traditions, ne montre pas autre chose et renforce cette idée de guerre divertissante.
Le danger est amoindri et la dimension de spectacle est omniprésente.
Les trois premiers films de notre étude accordent une place prédominante à l’armée et plus précisément à la légion étrangère. C’est une actrice majeure de ces films se déroulant en terrain colonial, c’est elle qui faire respecter l’ordre et impose la paix. La première image du film Les trois lanciers du Bengale est une carte montrant l’Inde, elle nous aide à voir où se trouve le lieu du conflit.
Le cadre spatio-temporelle est brièvement décrit au travers d’un appel à la prière en place publique et d‘une représentation des glorieux monuments du pays. La scène se déroule au sein de l’État-major britannique et on explique son fonctionnement : “Nous avons plus de 300 millions d’hommes à protéger et le plus grand danger est là”. Au nord-ouest de l’Inde, le commandant explique à un nouveau venu la situation. Dès le début Henry Hathaway avertit le spectateur que le récit détient une certaine part de véracité. Pour réaliser son film, il se base sur des militaires ayant vécu en Inde et s’appuie sur des chiffres réels. Ainsi, il se préserve de certains reproches que l’on aurait pu lui faire et il donne au cadre colonial unsentiment de réalité.

L’apogée de l’impérialisme britannique

L’Empire britannique demeure une entité à part, il se différencie des autres empires coloniaux, avec qui néanmoins, il partage des points communs. Les débuts de la colonisation se singularisent par un faible encadrement et un relatif détachement de la population. Mais par la suite, lors de la constitution de l’Empire, se greffent une mentalité et une sensibilité impérialistes. Ainsi que le rapportent clairement Dominique Barjot et Charles-François Mathis : “A l’intérêt s’ajoute le sentiment”.
L’écrivain Rudyard Kipling incarne cette doctrine, en ce sens qu’il est l’un des représentants de la pensée qui vise à établir que l’homme blanc est supérieur au colon et qu’il a une responsabilité à l’encadrer, le protéger et l’éduquer. De manière implicite, cela sous-tend l’idée d’une mystique impériale, elle serait une croyance selon laquelle l’Empire britannique règne et orchestre le monde. Les colonies entretiennent alors avec la métropole une relation très spéciale, qui en fait une extension par essence de cette dernière.
Benjamin Disraeli, premier ministre britannique à la fin du XIXe siècle témoigne d’un renforcement de l’idéologie impérialiste : “La possession de l’Empire est le symbole de l’autorité et de la grandeur de la Grande-Bretagne, et le garant de son influence en Europe ”. L’impérialisme est la doctrine qui domine l’état d’esprit britannique durant cette période. Il se conçoit comme la volonté de constituer un Empire qui se place au-dessus des autres et les rend dépendants. Il met en avant la supériorité du peuple britannique sur les colonies.
Le mot désigne le processus d’appropriation et de domination du monde au sens politique, militaire, économique et culturel. L’impérialisme culmine entre le congrès de Berlin et la Seconde Guerre mondiale et aboutit à la constitution de grands empires coloniaux.
L’Empire doit être une fierté nationale et il est revendiqué comme tel. Les possessions sont le symbole de la grandeur britannique, c’est pourquoi il faut les conserver, voire les amplifier. Le Royaume-Uni est en concurrence avec les autres puissances européennes, il faut donc conquérir les territoires d’outre-mer afin d’accroître le prestige impérial.
Benjamin Disraeli, chef de file du parti conservateur, a un rôle déterminant dans “l’engouement impérial ” de cette époque. Ces convictions rendent compte de la supériorité des occidentaux sur les populations colonisées. Nous pouvons ressentir le racisme qui se mêle à cette idée de supériorité et qui représente l’idéologie dans laquelle se trouvent les européens durant la colonisation. La présence croissante des représentations coloniales lors des expositions universelles met en avant le souci de légitimer la conquête et l’exploitation par les empires. Il faut justifier la colonisation auprès des populations, elle est bénéfique en ce sens qu’elle apporte des bénéfices à la métropole, ainsi, elle doit perdurer. Ces certitudes naissent à la fin du XIXe siècle : L’objectif est de projeter une image de la Grande-Bretagne, celle d’une société apportant son soutien à des valeurs éthiques et constitutionnelles désirables, parmi lesquelles la liberté politique, l’Etat de droit, la philanthropie, la liberté économique. On ressent comme un devoir impérieux d’être à la tête du combat contre l’arriération ou la barbarie, et d’aider les forces du progrès, de préférence par des moyens pacifiques, mais s’il faut par la force.
Il est remarquable de noter que cet impérialisme met en avant une supériorité de la civilisation britannique. Il est étroitement lié à l’accélération de la colonisation qui touche la fin du XIXe siècle. La pénétration vers l’intérieur des terres à ce moment-là est impressionnante. Elle donne à la population une position de toute puissance : “L’expansion internationale de la Grande-Bretagne est ainsi une source de fierté et de patriotisme pour tous ses habitants ”. Ce sentiment colonial est très puissant et s’introduit avec vivacité dans les mentalités anglaises : “La possession de colonies était devenue une nécessité psychologique ”.L’intérêt de traiter de l’impérialisme du Royaume-Uni réside dans le fait qu’il est important mais surtout unique par rapport à ses voisins européens.

Un regard figé, une continuité dans la décennie suivant la Seconde Guerre mondiale

Notre corpus contient une importante part de productions datant de la guerre froide

La Seconde Guerre constitue une rupture de l’équilibre mondial et entraîne imperceptiblement des changements de grande ampleur. Toutefois, en premier lieu, il convient de parler de continuité à propos des représentations véhiculées par ces films.
Nous percevons une infime inflexion mais rien qui ne remette en cause l’ordre établi. Les années cinquante sont celles de films à la gloire de l’Empire. Nous avons sélectionné quatre longs-métrages de notre corpus qui rentrent dans ce chapitre : le premier est signé Henry King : Capitaine King sort en 1953. Laslo Benedek mène à bien le suivant, La révolte des cipayes, qui date de 1954. Ensuite vient Tant que soufflera la tempête en 1955, réalisé par Henry King et enfin Zarak le valeureux de Terence Young. Seul, ce dernier est britannique, les trois autres sont américains. Ce qui peut paraître paradoxal puisque le cinéma britannique de ces années est florissant alors que dans le même temps Hollywood traverse une crise, avec la fin du système des studios. La rupture, nous pouvons l’observer plus tard, au tournant des années 1950-1960, car la mise à l’écran du colonisé commence à se différencier des premières représentations empreintes de clichés.
Cette période est marquée par le changement. Il est d’abord économique. L’issue de la Seconde Guerre mondiale marque une véritable rupture dans l’histoire de la Grande Bretagne et accentue son déclin relatif. Elle passe d’une puissance mondiale à une puissance de second rang ; les Etats-Unis et l’URSS sortent grands vainqueurs de ce conflit majeur. Les colonisés se rendent alors compte que les Européens ne sont pas plus civilisés qu’eux et qu’ils commettent des atrocités. De ce fait, le regard qu’ils portent sur le colon change profondément. D’autant plus que les indigènes participent activement à la guerre pour soutenir l’Angleterre et qu’ils attendent en retour plus de libertés.
Le changement est également politique. Le gouvernement britannique est très instable et l’alternance est régulière, ce qui n’était pas le cas auparavant. Ainsi, après la Seconde Guerre mondiale c’est les travaillistes qui administrent le pays. Le gouvernement Attlee demeure au pouvoir de 1945 à 1951. Son passage est marqué par les nationalisations mais surtout par les premières décolonisations.
En outre, le gouvernement met en place les allocations chômage et un système de santé, afin de réduire les inégalités, ce qui marque le début de l’Etat providence . De 1951 à 1964 les conservateurs gouvernent avec Winston Churchill et Anthony Eden.
En 1964, Harold Wilson les remplace et poursuit la même politique que le gouvernement d’Attlee. Wilson semble plus en phase avec les transformations sociétales. Ainsi, il fait preuve de plus de souplesse, refuse l’intervention de troupes au Vietnam et participe aux réformes sociales. Finalement, les conservateurs retrouvent la majorité en 1970. Dans sa déclaration du 20 février 1947, le parti travailliste décide d’accorder l’indépendance de l’Inde en juin 1948 au plus tard. Cette décision est seulement dénoncée par Amery et Churchill qui la décrivent comme “une injustifiable entreprise ”. Les contestations sont relativement faibles et l’opinion ne manifeste pas son désaccord. Elle a plutôt tendance à se désintéresser de cet événement capital. De même, l’Angleterre se rend compte que le peuple ne peut soutenir l’envoi de corps militaires afin de lutter pour la non indépendance de l’Inde.
Le cinéma qui couvre cette période est celui de la continuité. Les représentations sont identiques, le cadre colonial sert à exalter l’héroïsme des soldats britanniques et l’ennemi est décrit comme un fanatique. Dans le film La révolte des Cipayes, les rebelles sont qualifiés de “pillards” et de “Bandits ”. La beauté et la dangerosité de l’environnement sont régulièrement portées à l’écran.

L’affirmation du cinéma colonial sous la forme de fresques historiques, une rupture ?

Le long-métrage Aux frontières des Indes sorti en 1959 fait figure de rupture dans notre corpus. Pour la première fois, le rebelle est représenté sous des traits civilisés et n’est pas identifiable dès le début. Ce film sera suivi d’autres œuvres allant dans le même sens et qui montrent réellement l’évolution des mentalités. Ces productions sont caractérisées par les impressionnants moyens employés pour la réalisation. Les longs-métrages ne sont plus de glorieuses aventures mais plutôt des fresques se basant sur des faits réels. Les réalisateurs s’attachent à décrire l’armement, les grandes batailles et les héros de ces guerres.
Le cinéma britannique est sujet à des variations. La période 1960-1971 est marquée par un renouveau du septième art. Nous notons l’émergence d’un cinéma social avec K. Loach et l’apparition du cinéma libre. C’est le moment où les grands cinéastes étrangers émigrent, certains se rendent en Grande-Bretagne à cause du Maccarthysme qui sévit au Etats-Unis. Parmi ces réalisateurs, nous retrouvons Roman Polanski et surtout Cy Enfield qui fait partie intégrante de notre corpus. La télévision occupe une place particulière puisque les Anglais la regardent beaucoup alors que le cinéma est délaissé. Ces films des années 1960-1970 ont en commun le fait qu’ils nécessitent, comme leurs prédécesseurs, de larges moyens.
Le spectateur est subjugué par la beauté du paysage et la perfection de la réalisation. Nous pouvons voir dans ces films à grand spectacle, une réelle opposition avec ce qui se passe en Europe. En effet, les combats mis en scène dans ces films sont dantesques, prenants et spectaculaires alors que la situation en Europe est celle d’une guerre froide plutôt larvée.
Le spectateur se rend donc au cinéma pour voir de l’action, de nouveaux moyens techniques sont employés pour rendre l’intrigue plus attrayante et impressionnante.

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Table des matières
Introduction 
PARTIE 1 LES REPRESENTATIONS COLONIALES FACE AU CINEMA : LA DOMINATION CLASSIQUE HOLLYWOODIENNE 
CHAPITRE 1 : LES REPRESENTATIONS LIEES A L’IMAGINAIRE COLONIAL : UN CADRE ATTRACTIF
CHAPITRE 2 : DES SUPERPRODUCTIONS D’AVENTURES A LA GLOIRE DE L’EMPIRE
CHAPITRE 3 : L’APOGEE DE L’IMPERIALISME BRITANNIQUE
PARTIE 2 UN CINEMA HYBRIDE, DE NOUVELLES PERSPECTIVES ANCREES DANS DES CONVICTIONS PERSISTANTES 
CHAPITRE 4 : UN REGARD FIGE, UNE CONTINUITE DANS LA DECENNIE SUIVANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE
CHAPITRE 5 : L’AFFIRMATION DU CINEMA COLONIAL SOUS LA FORME DE FRESQUES HISTORIQUES, UNE RUPTURE ?
CHAPITRE 6 : ETUDE DE CAS SUR LA REVOLTE DES BOXERS ET LE SIEGE DE KHARTOUM
CHAPITRE 7 : DES CHANGEMENTS RELATIFS DANS LE GENRE GUERRIER
PARTIE 3 UNE MISE EN SCENE EN ADEQUATION AVEC LA REALITE, LA FIN DE LA SUPERIORITE OCCIDENTALE ? 
CHAPITRE 8 : LA FIN DES STEREOTYPES DANS LE CINEMA COLONIAL, UN NOUVEAU GENRE ?
CHAPITRE 9 : LA NOUVELLE DIMENSION PRISE PAR L’INDIGENE DANS LE CINEMA DE GUERRE : DE FAIREVALOIR A VERITABLE ACTEUR AUTONOME
Conclusion

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