Un bref aperçu des critères de rentabilité effectivement utilisés en entreprise

Un bref aperçu des critères de rentabilité effectivement utilisés en entreprise 

Les critères de rentabilité sous l’angle théorique

Nous nous appuyons sur quatre ouvrages de finance d’entreprise : un d’un auteur français et trois d’auteurs américains, qui font référence dans le monde de la finance d’entreprise. Nous avons analysé les principaux critères de rentabilité auxquels il est fait référence. Ces critères sont présentés comme uniques critères de choix d’investissement par la théorie de la finance d’entreprise. La valeur actuelle nette (VAN) est le critère à privilégier. Elle présente un certain nombre d’avantages : utilisation des flux de trésorerie, et non des flux comptables, utilisation de tous les flux liés à l’investissement, sans aucune limite de date, actualisation des flux, donc prise en compte de la valeur du temps, et possibilité de classement de plusieurs investissements mutuellement exclusifs.

Il existe cependant d’autres critères à mentionner qui, s’ils comportent des faiblesses, peuvent, dans certains cas, être utilisés à défaut de s’appuyer sur la VAN. Ainsi en est-il du taux de rentabilité interne (TRI). Celui-ci repose sur les mêmes principes de calcul que la VAN. Toutefois, il ne peut être utilisé que si les flux changent de signe au moins une fois. De plus, le TRI n’est pas considéré comme pertinent lorsqu’il s’agit de comparer deux investissements mutuellement exclusifs.

Le délai de récupération, lui, est un critère très simple à mettre en œuvre. Il présente cependant plusieurs inconvénients : il ne se préoccupe pas de ce qui peut se produire une fois le montant de l’investissement récupéré et il ne prend pas en compte la valeur du temps, sauf à actualiser les flux. Il peut toutefois être utilisé dans le cas d’investissements de productivité.

Les critères de rentabilité sous l’angle pratique 

Les pratiques diffèrent entre les entreprises américaines, d’une part, et les entreprises européennes, d’autre part. De nombreuses études ont été effectuées depuis une trentaine d’années, essentiellement aux États-Unis. Une étude toutefois, parue en 2004, analyse les pratiques des entreprises américaines et de quatre pays d’Europe, dont la France, et une, parue en 2001, analyse les pratiques des entreprises françaises.

Il ressort des trois études les plus récentes les éléments suivants. Aux États-Unis, les entreprises privilégient les méthodes actuarielles que sont la VAN et le TRI, avec une augmentation de l’utilisation de la VAN constatée en 2001 et confirmée en 2004. Le critère du délai de récupération est toutefois utilisé par plus de 50 % des entreprises. Les pratiques des entreprises européennes, britanniques, néerlandaises, allemandes et françaises, sont plus équilibrées entre les trois critères étudiés sous l’angle théorique, TRI, VAN et délai de récupération. La France et l’Allemagne se caractérisent cependant par une légère prédominance du critère du délai de récupération.

L’économie publique et la notion de rentabilité financière 

Nous venons de voir quels sont les outils de calcul de rentabilité des investissements utilisés en entreprise puisque notre recherche consiste à voir s’il est possible d’intégrer la notion de rentabilité financière et les outils associés dans des choix de service public. Nous nous tournons maintenant vers l’économie publique, discipline qui nous intéresse à deux titres : d’une part, elle concerne l’intervention de l’État, au sens large du terme, c’est-à dire incluant les communes, et d’autre part, la notion de rentabilité y est présente.

Le calcul économique public 

C’est d’abord dans le calcul économique que se rencontre la notion de rentabilité en économie.

Un outil similaire aux outils du privé 

Il est d’usage de faire remonter le calcul économique, partie intégrante de l’économie publique, aux travaux de l’ingénieur Jules Dupuit, au milieu du XIXe siècle, sur la construction des ponts et leur localisation optimale . Développé de 1939 au début des années soixante par des ingénieurs économistes français, parmi lesquels Maurice Allais, Pierre Massé, Marcel Boiteux, Edmond Malinvaud et Jacques Lesourne, il a ensuite été repris par les économistes américains et, notamment, par Kenneth J. Arrow. En France, depuis les années soixante, à l’exception de quelques administrations très techniques, le calcul économique fait plutôt l’objet d’un rejet consensuel . Car s’il fait preuve d’indéniables avantages, il comporte également des inconvénients. Nous pouvons citer à ce sujet les propos de Jacques Lesourne et René Loué , à propos du calcul économique appliqué au choix d’un plan d’urbanisme, propos qui peuvent aisément être étendus à tout choix d’investissement conséquent :

– les avantages sont la contrainte pesant sur les responsables de « prendre conscience de leurs possibilités de choix », la réflexion « sur des ordres de grandeur et pas seulement sur des éléments qualitatifs » puisque les coûts et les avantages sont chiffrés, et la progression du débat pouvant amener à « imaginer des variantes […] qui peuvent être préférables à celles initialement considérées»;
– les inconvénients sont « la méthodologie […] délicate », des « études nombreuses et difficiles », la mise à disposition « d’avant-projets techniques des ouvrages à réaliser permettant d’estimer les ordres de grandeur des coûts des investissements », une mise en place souvent « longue et coûteuse », et le côté partiel de cet élément de jugement qui repose sur des hypothèses et qui néglige certaines dimensions qui doivent pourtant être prises en compte dans la décision finale. 

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Table des matières

Introduction
Chapitre 1. Positionnement disciplinaire et choix d’école
Section 1. Un bref aperçu des critères de rentabilité effectivement utilisés en entreprise
1.1. Les critères de rentabilité sous l’angle théorique
1.2. Les critères de rentabilité sous l’angle pratique
1.3. Conclusion de la section 1
Section 2. L’économie publique et la notion de rentabilité financière
2.1. Le calcul économique public
2.2. Une incursion par l’école du Public Choice
2.3. L’évaluation des politiques publiques
2.4. Conclusion de la section 2
Section 3. Le management public en France
3.1. Un champ à délimiter
3.2. Une notion clé : la performance
3.3. Un regard français
3.4. Conclusion de la section 3
Conclusion du premier chapitre
Chapitre 2. Le New Public Management : un cadre d’étude à poser
Section 1. Une revue de la littérature sur le New Public Management
1.1. Le contexte d’émergence du NPM
1.2. Les caractéristiques du NPM
1.3. Le NPM : mythe ou réalité ?
Conclusion de la section 1
Section 2. Le New Public Management à la française
2.1. Le modèle de la gestion privée : une longue histoire pour l’État
2.2. Le modèle de la gestion privée : l’histoire en accéléré pour les communes
2.3. Conclusion de la section 2
Conclusion du deuxième chapitre
Chapitre 3. Logique juridique et logique managériale : quelle compatibilité ?
Section 1. Logique juridique et logique managériale : une incompatibilité historique
1.1. Les notions fondatrices de l’action publique
1.2. Un clivage indispensable
1.3. Conclusion de la section 1
Section 2. Logique juridique et logique managériale : une conciliation croissante
2.1. Une action administrative efficace et efficiente
2.2. Managérialisation de la rationalité juridique et publicisation de la rationalité managériale
2.3. L’intégration de la notion de rentabilité par le droit administratif
2.4 Conclusion de la section 2
Conclusion du troisième chapitre
Chapitre 4. La contextualisation de notre recherche
Section 1. Un état des lieux des finances locales
1.1. Une part prépondérante dans les dépenses publiques
1.2. Le premier investisseur public
1.3. Un endettement encore raisonnable, mais croissant et partiellement inconnu
1.4. Conclusion de la section 1
Section 2. La nouvelle donne des finances publiques locales
2.1. Des ressources financières limitées et incertaines
2.2. Un contexte de volonté de meilleure maîtrise de la dépense publique
2.3. Conclusion de la section 2
Section 3. Un mouvement européen qui dépasse le débat français
3.1. L’exemple de la Suède et du Royaume-Uni
3.2. L’Union Européenne
3.3. Conclusion de la section 3
Conclusion du quatrième chapitre
Conclusion

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