PAYSAGE, CERISIERS, CERISES ET CONFITURE : QUELLE INSCRIPTION DANS LES PATRIMOINES DES ITSASUARS ?
Dans ce chapitre, nous évoquerons la place actuelle de la cerise dans les patrimoines collectifs, familiaux ainsi que dans l’intime, toutes ces dimensions entrant en interaction. Selon Véronique Dassié, ethnologue, l’individuel ne peut être saisi « sans prendre en compte l’environnement social et culturel dans lequel il se déploie. A contrario, comment appréhender les mobilisations mémorielles d’un groupe sans passer par les pratiques ou la parole de ceux qui les transmettent ? »
Un, (des) patrimoine(s) collectif(s) ?
Si, pour chacun des Itsasuars rencontrés, il est clair que la cerise, le cerisier ainsi que le paysage et les produits du terroir associés font partie du patrimoine d’Itxassou et de leur patrimoine comme nous l’avons rappelé dans le premier chapitre, certains ont aussi relaté leur incompréhension devant la façon dont ce patrimoine est porté et transmis. A l’heure actuelle, ces patrimoines apparaissent à la fois offerts à tous et à la fois éclatés dans le collectif. Plusieurs groupes d’acteurs entrent en jeu, à savoir : l’association de producteurs Xapata, l’association Itsasuarrak et enfin la Confrérie de la Cerise, ces associations sont soutenues par des éléments des champs politique, religieux, économique… Nous en reparlerons beaucoup plus précisément dans une prochaine partie.
Nous retrouvons ces patrimoines dans divers éléments dans le village, dans plusieurscollectifs. Ces marques patrimoniales se retrouvent sous divers aspects matériels et immatériels : des cerisiers changeant selon les saisons, des cerises, un motif cerise apposé ici et là, deux fêtes, entre autres.
Le paysage : bien commun, offert à tous, quel collectif partagé ?
Paysage, patrimoine et territoire
De prime abord, il est important de préciser, à nouveau, la notion de paysage culturelprécédemment citée ; selon l’UNESCO, il s’agit des œuvres conjuguées de l’être humain et de la nature et sont l’expression d’une longue et intime relation des peuples avec leur environnement . Le paysage culturel à Itxassou a évolué : lorsqu’il y a eu la relance de la filière cerise à partir de 1994, de nombreux arbres ont été plantés, mais différemment sous forme de vergers-piétons et non plus autour des prairies et ont été greffés sur des portegreffes nanifiant ; de plus, il y a eu la création du verger-conservatoire… Tous ces éléments ont changé la physionomie de ce paysage culturel devenu patrimoine après ce moment derupture et ce mouvement de replantation. A la notion de paysage culturel nous pouvons associer ici, celle de patrimoine ainsi que celle de territoire. En 1993 est votée la loi « Paysage » relative à la protection et à la mise en valeur des paysages, une forme de patrimonialisation par des acteurs externes, des institutions, s’élabore.
Dans sa thèse intitulée « Conditions et apports du paysage multisensoriel », ThéaManola explique qu’il existe une coexistence dialectique entre paysage et territoire et de citer Jean-Pierre Dupont : « Peut-on penser des territoires qui ne soient pas des paysages, des paysages qui ne constituent pas des territoires ? Je réponds clairement que cela n’est pas possible ».
Selon cette chercheuse : « La multiplication des procédures locales en matière d’aménagement et de développement s’est accompagnée, depuis une dizaine d’années (notamment suite à la loi dite Paysage de 1993), de nouvelles coordinations sociales et de nouveaux enjeux dont le paysage figure parmi les plus importants. « […] les nouvelles échelles de projet de paysage (qui n’est plus restreint à la dimension du jardin ou du parc) ne transforment pas les paysages à leur mesure : elles agissent au contraire comme une limite, notamment par les conflits que la dimension territoriale contribue à greffer autour des enjeux de gestion des paysages » (Lecourt, 2003, cité in. Davodeau, 2004, p.5). Ainsi, les relations entre paysage et territoire semblent être un levier d’action pour les politiques publiques, car le paysage peut être une porte d’entrée à la prise en compte globale des différents facteurs caractéristiques d’un territoire mais aussi des transformations et des évolutions de celui-ci ».
Quelques exemples de projections patrimoniales dans le collectif
Dans cette partie, il s’agit de situer, non d’analyser (certaines seront étudiés ultérieurement), les marques dans le collectif du patrimoine autour de la cerise, cet inventaire n’est pas exhaustif : en nous promenant dans quelques boutiques à Itxassou, nous en avons repéré d’autres… Ces marques font partie du paysage et du quotidien des Itsasuars comme les cerisiers. Elles existent sous différents aspects (blason, logos, dessins, photos…), ces marques ont été –ou non- légitimées par des institutions.
Matériel et immatériel
Au cœur des Fêtes, ce patrimoine autour de la cerise se promène laissant une inscription en chacun : nous avons observé et participé à la Fête de la Cerise, à la Fête de la Confrérie de la Cerise ainsi qu’à l’Octave de la Fête-Dieu, les cerises étaient présentes sur les bérets – autre patrimoine basque- des membres de la confrérie et de quelques musiciens itsasuars (bérets de l’ancienne clique de l’association Itsasuarrak) présents à la Fête-Dieu. Par le passé, les petits danseurs d’Itsasuarrak portaient des bérets avec des cerises à la Fête de la Cerise ; avant la dissolution de la clique autour des années 2000, les musiciensanimaient la majorité des Fêtes à Itxassou : Fête de la Cerise, Fête-Dieu et Octave de FêteDieu, Fêtes patronales autour de St Fructueux (17 août), Carnaval/Ihauteri (relancé à la fin des années 1980) et les cerises étaient promenées alors au cœur des représentations du village, pour autant les cerises ne constituaient pas un élément central de ces différentes fêtes. La symbolique de la cerise est totalement secondaire dans Besta Berri (Fête Nouvelle/ Fête-Dieu) ainsi qu’aux fêtes patronales. La clique participait aussi à la fête de l’école privée, pour des fêtes de lotissements… Nous reviendrons ultérieurement sur le rôle central de la clique, sur les liens entre le patrimoine-cerise véhiculé par la musique… Actuellement la section de danses basques Ataitze d’Itsasuarrak accompagnée de quelques musiciens itsasuars animent de nombreuses fêtes du village.
Le patrimoine autour de la cerise est aussi véhiculé dans les mets servis aux repas de la Fête de la Cerise ainsi que de la Fête de la Confrérie de la Cerise. L’inscription dans lasensorialité, l’affectif se fait aussi au cours de ces fêtes et se partage : les croqueurs de cerises sont nombreux à la Fête de la Cerise…
Dans les patrimoines familiaux
Ce patrimoine autour de la cerise est présent au cœur des familles itsasuars qu’elles appartiennent au monde agricole ou non, par le fait même d’habiter dans ce paysage culturel même si l’appropriation est différente et parfois discrète. Théa Manola cite Eric Darel, géographe, écrivait en 1952, dans « L’homme et la Terre » : « Habiter indique des relations […] dans lesquelles la Terre est éprouvée comme base ». La chercheuse explique : « non seulement comme un point d’appui spatial et un support matériel, mais la condition de toute position dans l’existence. L’espace géographique est un espace « substantiel » matériel.
C’est un monde qui regroupe les dimensions de la connaissance, celle de l’action et de l’affectivité » . Elle ajoute : « la spatialité de l’habiter en tant que présence humaine au monde et à autrui est le paysage ».
La transmission de ce patrimoine s’élabore selon différents modes suivant les liens de la famille à l’etxe et par la même à la terre, à savoir suivant la place de la famille sur l’arbre généalogique d’exploitants agricoles, suivant si la famille non exploitante est propriétaire ou locataire.
Dans les familles productrices de cerises
Chez les producteurs de cerises, la transmission de ce patrimoine se réalise dans la première acception du mot, à savoir d’un ensemble de biens privés appartenant au pater familias, il s’agit de biens ayant une valeur économique, affective. A Itxassou, la production de cerises a été une source importante de revenus surtout pour les petites fermes il y a une cinquantaine d’années, plusieurs Itsasuars nous l’ont évoqué lors des interviews. Nous avons rencontré cinq producteurs de cerises qui ont raconté la transmission de ce patrimoine au sein de leur famille. Quelques moments forts de la transmission ont été évoqué, à savoir :le greffage, la cueillette et la confection de confiture de cerises. M. Xan Estevecorena a expliqué avoir appris les techniques de greffage des cerisiers « en regardant » sa famille.
Les témoignages ont été nombreux quant à ce moment-fort de la cueillette : Mme MarieFrançoise Regerat : « Je me souviens que comme tout rassemblement de personnes, c’était assez gai, je ne dirai pas que c’était la fête, quand on était petites, c’était agréable de voir ce mouvement, je ne sais pas comment le traduire, c’était un petit peu une petite fête autour de ce fruit qui ne dure que 15 jours- 3 semaines » ; de même, Mme Maryse Cachenaut a expliqué qu’au-delà des membres de la famille habitant l’etxe, d’autres membres venaient, cela soudait la famille, ils ramassaient et repartaient avec leur cueillette… Mme Mirentxu Elissalde a raconté : « c’est un souvenir d’enfance, on a toujours ramassé la cerise ici et le souvenir que j’ai, c’est de la ramasser en famille avec ma mère et mon grand-père »
Au niveau de la confection de la confiture de cerises, Mme Elissalde a évoqué le souvenir de sa grand-mère, M. Emile Harispourou, quant à lui, a expliqué qu’il faisait la même recette que sa mère. A un moment, les producteurs de l’association Xapata ont voulu faire une recette commune sous un même label, mais chacun a en fait sa recette, transmise au cœur de la famille.
Un autre moment de la transmission de ce patrimoine cerise et confiture est le moment de commensalité du goûter ou du repas où la confiture était souvent dégustée avec du fromage de brebis, ce fromage pouvait être aussi associé à la confiture de d’autres fruits présents sur les terres de l’etxe.
Si ces producteurs nous ont évoqué ces moments de transmission, ils ont aussi parlé des moments de rupture dans cette transmission : pendant 20-30 ans, des années 1960 aux années 1990 environ, les arbres se sont abîmés, n’ont pas été replantés, les techniques de greffage n’ont pas été transmises dans toutes les familles (Mirentxu Elissalde), entre autres.
L’association de producteurs Xapata est alors entrée dans un mouvement de patrimonialisation dont nous parlerons bientôt.
« Petit » patrimoine et objets d’affection
Définitions
S’il est délicat et complexe de partager avec l’autre ses ressentis et émotions autourde ce patrimoine-cerise, nous pouvons l’approcher par l’étude d’objets, ces « petits » patrimoines et objets d’affection sont, en effet, pour Jocelyne Bonnet-Carbonnell : « une documentation originale qui mesure « par l’intérieur » la réalité culturelle d’une société et qui dit ce qu’elle est autrement qu’avec des mots ».
En premier lieu, il est important de définir les expressions « petit » patrimoine et objets d’affection, les ouvrages Le « petit » patrimoine des Européens et Objets d’affection, une ethnologie de l’intime sont fondamentaux à ce sujet.
« PETIT » PATRIMOINE
Le « petit » patrimoine est de l’ordre de l’intime, de l’identitaire, le plus souvent familial ou appartenant à d’autres groupes très unis. Il possède un grand pouvoir d’évocation, est créateur d’identité, n’est pas institutionnalisé et les détenteurs ne lui donnent pas de valeur marchande. Laurent-Sébastien Fournier parle de la valeur affective, subjective et symbolique de ce « petit » patrimoine . Jocelyne Bonnet-Carbonnell, évoque, quant à elle : « les objets du « petit » patrimoine, passeurs de vie, tissent entre les hommes des réseaux affectifs, chaleureux, émouvants, du ressort de l’être et non de l’avoir ».
OBJETS D’AFFECTION
L’affection est la raison de conserver ces objets. V.Dassié écrit : « Ce sont donc des« objets d’affection » dans la mesure où les sentiments sont au principe de l’attachement qu’on leur témoigne ».
Lors de notre enquête de terrain, deux femmes ont témoigné de leur « petit » patrimoine. Leurs paroles et attitudes traduisaient toute leur affection pour leurs objets. Selon Véronique Dassié, « si la raison d’être du lien sentimental demeure mystérieuse pour les propriétaires eux-mêmes, l’affection s’offre comme le corollaire d’une relation intime et essentielle entre individus et des choses matérielles ».
S’il s’agit ici de « petit » patrimoine et d’objets d’affection, il existe une dimension « volontaire » de se constituer un patrimoine autour de la cerise. Nous avons pu observer certains mouvements patrimoniaux chez nos deux témoins : l’inscription dans l’intime et la circulation patrimoniale, la transmission.
Selon différents paramètres : lieux d’exposition/ rangement des objets, création/ achat d’objets, entre autres, nous pouvons étudier le degré de proximité, d’inscription du patrimoine dans « l’épaisseur » de l’intimité ainsi que la circulation du patrimoine.
Transmettre son affection pour la cerise et le cerisier
Nous avons été accueillis plusieurs fois chez Marie et Gilbert au cours de notre enquête de terrain. Dès l’entrée de leur maison, nous avions observé un petit cerisier posé sur un napperon brodé de coquillages et placé sur une petite chaise juste au-dessous de l’horloge.
Marie a accepté de nous montrer les objets formant son « petit » patrimoine-cerise.
De prime abord, elle semblait ne pas oser nous montrer, puis au fur et à mesure de notre échange, elle a rassemblé de nombreux objets sur la table de la cuisine, provenant de différentes pièces de sa maison, des objets offerts, achetés, chinés, créés… Selon Joël Candau, les objets sont plus vécus que représentés : « ils ont la force de l’évidence pour ceux qui les gardent, raison pour laquelle, sans doute, leurs propriétaires commentent peu leur origine et leur parcours, sauf quand ils sont sollicités » . L’échange s’est, en effet, ouvert petit à petit, ces objets ont agi comme des « pièces à confession » . Elle a expliqué aimer réaliser des clins d’œil, de petites touches « cerises » ici et là ; elle permet la circulation de ce patrimoine à plusieurs échelles : au niveau de son couple, il existe des petites cerises décoratives en porcelaine dans la chambre conjugale, au niveau de sa fille (nous avons évoqué ce mouvement patrimonial plus haut), de sa famille en général et de ses amis proches et enfin au niveau collectif élargi. La géographie de ces objets est éparse : l’entrée, la salle à manger, la cuisine, la chambre. Très créative, Marie a réalisé plusieurs objets qu’elle partage : lorsqu’elle a des invités, elle aime créer des porte-noms en forme de cerises et feuilles, les posent sur la table où cohabitent des serviettes brodées-cerises, desverres gravés-cerises… Il est intéressant d’arrêter notre regard sur une des créations que nous avons nommé « petit cerisier voyageur ».
SITUATION AVANT LES PATRIMONIALISATIONS ET BASCULEMENT
Entre vécu commun, bien commun et patrimoine
Précisions théoriques
Avant les divers mouvements de patrimonialisation à partir des années 1993 jusqu’à aujourd’hui, le paysage, le cerisier, la cerise et la confiture de cerises appartenaient à la fois à un vécu intime et à un vécu commun, à un bien commun, et à la fois aux patrimoines des familles productrices.
La notion de bien commun est délicate à appréhender et de nombreux débats existent à l’heure actuelle dans les diverses sciences humaines : économie, droit, géographie,philosophie, sciences politiques… Dans ce mémoire, nous employons cette notion dans le sens « le commun est ce à quoi on a part et à quoi on prend part, qui est en partage et àquoi on participe. C’est pourquoi c’est un concept originellement politique : ce qui se partage est ce qui nous fait appartenir à la même cité » . L’article « Biens communs, biens publics mondiaux et propriété. Introduction au dossier » donne la définition suivante : « cette notion désigne en général des ressources ou domaines d’intérêt partagé entre tous les êtres humains » . D’après ces deux définitions, nous pouvons dire que les biens communs concernent les ressources et domaines d’intérêt partagé entre les membres appartenant à une même entité.
La définition de patrimoine selon Guy Di Méo recouvre « à la fois les biens privés dont on hérite et des biens communs dont les membres d’une même entité (communauté, nation, etc.) seraient collectivement dépositaires […] » . Si des liens peuvent être réalisés entre lebien commun et le patrimoine, nous emploierons l’expression de bien commun, dans cette partie, sans relation au patrimoine. Le bien commun n’étant pas un patrimoine si une rupture au niveau de ce bien commun n’a pas eu lieu. Il est important de poser ces définitions, des amalgames pouvant être fait entre bien commun, bien public, bien collectif, patrimoine collectif, entre autres.
La notion de patrimoine ne pourra être utilisée qu’en évoquant les biens privés au sein des familles, c’est-à-dire dans le sens de la première acception du terme patrimoine. Avant les divers mouvements de patrimonialisation intervenant à partir des années 1993-1994, nous parlons de bien et de vécu commun.
Passage du bien commun au patrimoine ? Focus sur la situation de la cerise à Itxassou à deux moments : en 1953 et en 1982-1983
Lorsqu’un regard est posé sur un objet, étudie sa situation à un moment donné, cet objet peut être – ou non – choisi et entrer alors dans un processus de patrimonialisation suivant si les ruptures constatées mettent ou non en péril cet objet. Cette mise en lumière par un ou des acteurs, va engendrer une mise en patrimoine ou au contraire, cet objet va continuer de péricliter. Différents acteurs peuvent réaliser ce focus, tant des acteurs externes que des acteurs internes à ces objets.
1953 : Création du Syndicat des Producteurs de cerises d’Itxassou
Dès 1953, un groupe d’acteurs internes à l’objet cerise, Le Syndicat des Producteurs de cerises d’Itxassou, sous l’impulsion de M. Gout, ingénieur des Services Agricoles à Bayonne, fut créé. La situation de la cerise fut analysée et le syndicat décida de développer la production de « cerises à chair plus ferme et d’aspect plus commercial » et ainsi d’optimiser les ventes. La concurrence des bigarreaux de d’autres régions était arrivée sur le marché. Ce syndicat fit évoluer la production en plantant d’autres variétés, travailla sur la qualité. Selon M. Halty, ingénieur agronome : « L’action du Syndicat des Producteurs a incontestablement été un succès : le fait de soigner la présentation a permis d’améliorer considérablement les prix de vente. D’après les archives de l’époque, ce sont environ 30 tonnes qui ont été commercialisées en 1954 sous l’appellation du Syndicat, soit deux fois la production actuelle ». Cette initiative améliora l’objet cerise mais il ne s’agissait pas demouvement de patrimonialisation.
Histoire de la cerise à Itxassou : des « cerises autochtones » du XIIème siècle aux années 1960
Sources archivistiques
A l’heure actuelle, des archives écrites ont été dépouillées au sujet de la cerise à Itxassou, cependant, il reste un important travail de recherche à effectuer. Mme Elise Momas, ingénieur à EHLG, accompagne le projet de mise en AOC/AOP de la cerise d’Itxassou de l’association de producteurs Xapata et a souhaité nous rencontrer afin que nous réalisions ensemble cette enquête archivistique. M. Xabier Itçaina nous a envoyé les documents à consulter aux ADPA, aux archives communales, dans la presse… Pour le moment, nous n’avons trouvé que quelques éléments dans diverses sources, nous réaliserons la majorité de l’enquête dans un second temps. De précieuses informations nousont aussi été apportées par nos témoins lors de l’enquête orale.
Lors de notre visite à l’espace d’évocation Ateka, nous avons pu lire sur un cartel dans la pâtisserie Krakada : « Les cerises autochtones apparurent en bordure des sentiers d’Itxassou dès le XIIème siècle […]. L’origine de la culture de la cerise d’Itxassou reste lointaine, St Fructueux (protecteur séculaire de nos vergers), veille sur le village et témoigne de l’ancienneté de la culture de la cerise à Itxassou ».
Dans l’ouvrage de Monique et Francis Rousseau, « Itxassou. Promenades », nous pouvons lire : « La culture du cerisier s’implanta à Itxassou au XVIIIème siècle. La récolte était assez importante pour constituer une date d’échéance de créance. Il existe quantité d’espèces : entre autres la Chapata, qui tire son nom de la maison Chapata ; et la Pello, du nom du propriétaire de Farfouillenea (il travaillait à Cambo chez des Anglais, les Osborne, qui avaient introduit ce plant). On allait dans la forêt communale chercher des merisiers que l’on greffait. La cerise d’Itxassou, d’une saveur spéciale, fait l’unanimité […] ».
Certains de nos témoins ont évoqué l’origine des noms de cerises Peloa et Xapata, les versions variaient : au sujet de la Peloa, il s’agirait de Pelo, qui serait parti puis revenu d’Amérique du sud, d’Argentine avec cette cerise , « c’est l’histoire de la migration des Basques en Amérique ». Plusieurs maisons portent le nom de variétés de cerises : Xapata, Peloteia … M. Xabier Itçaina a réalisé l’étude du manuscrit Berrouet (Guillaume Berrouet, maire d’Itxassou de 1860 à 1870) . Ce chercheur souligne la politique de reforestation de ce maire et précise que s’il parle des chênes, châtaigniers et hêtres, il ne mentionne pas lescerisiers, pour autant peut-être en existait-il.
Il existe de nombreuses sources en basque dont les écrits de l’Abbé Lafitte, les chroniques d’Itxassou dans l’hebomadaire Eskualduna (1887-1944), entre autres. Deux de ces chroniques nous ont été traduites par une collègue de Mme Momas de la Chambre de développement agricole et rural du Pays Basque (Euskal Herriko Laborantza Ganbara). La chronique du 7 juillet 1907 évoque la taille du cerisier, la cueillette, une recette de confiture de cerises, quant à la chronique du 11 juin 1926, elle parle d’une bonne production, des accidents pendant le ramassage, entre autres.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
SOMMAIRE
INTRODUCTION
1 ERE PARTIE : UN ARBRE, UN FRUIT, UN VILLAGE : QUELS PATRIMOINES AUTOUR DES CERISIERS ET DES CERISES, AUJOURD’HUI, A ITXASSOU ?
CHAPITRE 1 : QUELQUES ELEMENTS DE THEORIE AUTOUR DES NOTIONS DE PATRIMOINE ET DE PATRIMONIALISATION
CHAPITRE 2 : UN ARBRE ET UN FRUIT DANS LA TERRE ITSASUAR
CHAPITRE 3 : PAYSAGE, CERISIERS, CERISES ET CONFITURE : QUELLE INSCRIPTION DANS LES PATRIMOINES DES ITSASUARS ?
2 EME PARTIE : LA CERISE A ITXASSOU : ENTRE BIEN COMMUN ET PATRIMOINE
CHAPITRE 1 : SITUATION AVANT LES PATRIMONIALISATIONS ET BASCULEMENT
CHAPITRE 2 : GROUPES D’ACTEURS ET FORMES DE PATRIMONIALISATION
CHAPITRE 3 : QUELLE CIRCULATION PATRIMONIALE ? LES LIENS ENTRE LES DIFFERENTES FORMES DE PATRIMONIALISATION
3 EME PARTIE : LA LEGITIMITE A PATRIMONIALISER EN QUESTION
CHAPITRE 1 : APPROCHE DE LA NOTION D’ETXE
CHAPITRE 2 : LES ACTEURS DE LA PATRIMONIALISATION DE LA CERISE A ITXASSOU ET LIENS A L’ETXE
CHAPITRE 3 : CRISTALLISATION DE L’AUTOCHTONIE DANS UN POT DE CONFITURE DE CERISES CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
TABLE DES MATIERES