Typologie des publics migrants
Naissance de l’immigration
Avant d’être internationale, l’immigration était d’abord nationale, autrement dit, les gens se déplaçaient d’un bout à l’autre de la France. Puis, ce sont ensuite les populations des contrées voisines qui ont immigré en France, notamment les Belges et les Italiens essentiellement pour trouver du travail, principale raison d’immigration jusqu’à il y a peu. Une troisième phase intervient après la Première Guerre mondiale et voit apparaître un élargissement de l’aire de recrutement, incluant principalement des immigrés en provenance de Pologne, de Yougoslavie et de Hongrie.
Tous ne viennent pas chercher du travail, on trouve également des réfugiés politiques, des intellectuels, des artistes qui viennent en France pour des raisons variées. Par obligation pour les uns, par aspirations personnelles pour les autres. A la même époque, une véritable organisation institutionnelle, patronale et étatique de la gestion des travailleurs immigrés voit le jour. Tant et si bien qu’en 1930, la part de population immigrée ne représente pas moins de 6% de la population, soit 3 millions d’étrangers en France. Avec et après la Seconde Guerre mondiale, ce sont les Portugais et les Espagnols qui monopolisent les flux migratoires en direction de la France. Ça n’est qu’après 1973 que le rythme s’infléchit avec l’entrée dans l’Union européenne du Portugal et de l’Espagne. Ils disparaissent alors des mouvements migratoires majeurs.
Les différents motifs d’immigration
Smaïn Laacher, dans son ouvrage Ce qu’immigrer veut dire26, fait un constat qui constitue le socle de notre réflexion : « Si, du XIXe siècle jusqu’aux années 1970, l’immigration était principalement une immigration de travail composé en majorité d’hommes seuls, depuis la fin des années 1980, nous assistons à une diversité des flux migratoires et, l’une ne va pas sans l’autre, à une diversification des motifs d’immigration. » L’immigration économique, comme nous avons pu le voir plus haut, a constitué la première cause d’immigration. Si c’est d’abord sur la demande des pays qu’elle s’est opérée, principalement à cause d’une démographie faible, ce qui était le cas en France notamment à la suite de la Première Guerre mondiale, le mouvement est ensuite venu des immigrés eux-mêmes. La principale raison étant qu’ils ne trouvent pas de travail dans leurs pays d’origine.
En règle générale, ils envoient une partie de ce qu’ils ont gagné à leurs familles, restées au pays. Jusqu’à aujourd’hui, elle a connu une croissance constante et s’est placée en tête des raisons de départs. Ne serait-ce que pour la période 27 de 2004 à 2008, on note que la migration du travail passe de 7 371 à 23 786 personnes. Aujourd’hui, si l’immigration économique est toujours un motif de départ, elle ne représente plus que 16% des demandes d’admission exceptionnelles.
Le retard français face aux autres pays
On a coutume de dire que la France est à la traîne en matière d’accueil des publics en général et plus précisément dans les bibliothèques. Il est vrai que la France a encore beaucoup à apprendre de ses voisins américains ou européens en matière d’intégration et d’innovations. C’est justement la prise de conscience de ce retard qui a impulsé un souffle nouveau à la lecture publique. Comme nous venons de le voir, depuis quelques années, les bibliothèques françaises s’intéressent de près à ces publics migrants.
Il est important également de noter que les bibliothécaires français avaient conscience de ce retard puisque dans l’article datant déjà de 1997 de la BBF Bibliothèque et citoyenneté81 de Martine Poulain qui est un compte-rendu de la journée d’étude du même nom qui se déroulait à Bordeaux, il est rapporté que : « Les bibliothèques publiques de New-York, notamment à Brooklyn et dans le Queens, offrent des services nombreux et spécifiques aux lecteurs d’origine étrangère ou issus de l’immigration, facilitant par exemple l’apprentissage de la langue anglaise, avec une présence permanente d’enseignants. »
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Table des matières
INTRODUCTION
I- DEFINITION ET PRISE EN COMPTE DES PUBLICS MIGRANTS ET NON-FRANCOPHONES DANS LES BIBLIOTHEQUES FRANÇAISES
1. Flux et parcours migratoires aujourd’hui : état des lieux
1.1. Les Flux globaux
1.1.1. Naissance de l’immigration
1.1.2. Des années 2000 à nos jours : une augmentation progressive
1.2. Les différents motifs d’immigration
1.3. Une évolution des profils qui tend vers une diversité
2. La bibliothèque : un lieu pour tous ?
2.1. Vers la lecture publique
2.2. Le flou législatif et les différents textes de référence
2.3. La pluralité culturelle
2.4. L’intégration à plusieurs échelles
3. Une prise en compte tardive des migrants par les bibliothèques
3.1. Un difficile passage de l’universel au singulier
3.2. Le retard français face aux autres pays
3.3. Les bibliothèques et les publics migrants aujourd’hui
4. Quelques entraves
II- LA DIVERSITE DES PUBLICS MIGRANTS DANS LES BIBLIOTHEQUES FRANÇAISES
1. Typologie des publics migrants
1.1. L’analyse préalable des publics migrants
1.2. La diversité des publics migrants
2. Quelles bibliothèques pour quels publics ?
2.1. Les bibliothèques municipales
2.2. Les bibliothèques spécialisées/associatives
2.3. Les bibliothèques universitaires
2.4. Le potentiel des « bibliothèques vivantes »
3. Des services mis en place qui tendent vers un large public
3.1. Accompagner le migrant dans la découverte de la bibliothèque
3.2. Les démarches administratives
3.3. L’apprentissage du français
3.4. Garder le lien avec sa culture d’origine
3.5. Le cas des migrants en transit
4. L’importance des partenariats
4.1. Les principes des partenariats
4.2. Des exemples éclectiques
III- ETUDE DE CAS : LES BIBLIOTHEQUES ANGEVINES
1. Méthodologie
1.1. Des entretiens
1.2. Un questionnaire
2. Les publics migrants à Angers et ses alentours
2.1. L’immigration angevine
2.2. Les services mis en place pour l’accueil des immigrés par la ville
2.3. Un constat sans appel
3. Une politique d’accueil qui tâtonne encore
3.1. Des volontés personnelles
3.2. Un ou des publics ?
4. Le maillage associatif
4.1. Des visites mais pas seulement
4.2. L’apport des associations
4.3. Les écoles : l’accueil des enfants et la médiation vers les parents
5. Des ressources et des services variés
5.1. Les fonds langues étrangères et FLE : contes, romans, apprentissages
5.2. Une multiplication des supports
5.3. Des services spécifiques
5.3.1. L’atelier poésie du GREF
5.3.2. Le « Moulin à paroles »
5.3.3. L’heure du conte
5.3.4. Des objectifs similaires
6. Le cas particulier de la bibliothèque anglophone
7. Et après ?
8. Les bibliothèques angevines vues par les migrants
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
1. Ouvrages généraux
1.1. L’immigration
1.2. Les bibliothèques
2. Bibliothèque et immigration
2.1. Etude de cas
SOURCES
1. Préconisations internationales
2. Statistiques
3. Etude de cas
ANNEXES
1. Guide d’entretien
2. Questionnaire
3. Flyer – Le « Moulin à paroles »
4. Flyer en anglais – Médiathèque Toussaint
TABLE DES TABLEAUX
TABLES DES ANNEXES
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