Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études
Exploitation agricole
L’exploitation agricole peut être définie comme une unité de production agricole (UPA) dans laquelle se réalise la combinaison des facteurs de production (système de production) et des techniques en vue d’assurer une production des biens et services donnés (Kadékoy-Tigagué, 2010). En effet, les exploitations agricoles sont caractérisées, et peuvent aussi se distinguer entre elles, par leur(s) :
– centre de décision : le sexe, l’âge, le niveau d’étude et l’expérience de la comparaison (voyage) du chef de famille diffèrent d’une exploitation agricole à une autre;
– facteurs de production (terre, capital, travail) souvent limitant (parcelles dispersées, niveau d’équipement faible, capital circulant limité, mains-d’œuvre familial,…) ;
– modalités de production : choix des activités, organisation du travail familial et sa répartition pour les différentes tâches, gestion des facteurs de production, et mode de transmission du patrimoine (Sidibé et al., 2007) ;
– objectifs larges : la sécurité alimentaire, la continuité familiale, l’accroissement des revenus et la gestion des risques sont fréquemment rencontrés (Dugué, 1986 ; Djondang, 2003), la recherche de profit se trouve généralement en dernier lieu lorsque les autres objectifs sont assurés (Randrianarison, 2013).
En résumé, l’exploitation agricole familiale est une unité de production qui utilise des facteurs de production, dans un environnement socio-économique changeant et évolutif, pour produire des biens (productions agricoles) et services (vente de force de travail) destinés à satisfaire les besoins alimentaires et monétaires de la famille.
Objectifs des exploitants agricoles
Des travaux centrés sur les agriculteurs des pays du Sud ont recensé des objectifs possibles (Schwartz, 1999). Selon les travaux de Dugué (1986), les exploitations agricoles poursuivent trois principaux objectifs, à savoir : (i) l’autosubsistance à court terme ; (ii) la recherche d’un revenu monétaire élevé et la capitalisation ; et (iii) l’autosuffisance alimentaire avec des besoins monétaires faibles, qui revient à la combinaison des deux autres objectifs. Ces objectifs ont été également relevés par les études de Mbétid-Bessane en 2002 et Djondang en 2003.
Dufumier (1985) distingue quatre objectifs possibles pour les exploitants agricoles du Tiers Monde: l’autosubsistance, la marge brute à l’hectare, la rémunération du travail familial, et enfin le taux de profit. En outre, ces exploitations visent à acquérir une certaine sécurité et la pérennité des moyens de subsistance, avoir les moyens de respecter les coutumes et les obligations sociales locales, préserver et développer le patrimoine, avoir une position sociale, améliorer le niveau de vie, etc.
Bien entendu, il s’agit là d’une grille de lecture et en aucun cas d’une liste exhaustive d’objectifs, qui dépendront de toute façon de l’exploitant agricole et de sa situation. Mais on ne peut surtout pas réduire les objectifs de l’agriculteur à la seule fonction de maximisation du profit (Dugué, 1986).
Les chocs
Un choc est un « événement soudain ayant une incidence sur la vulnérabilité d’un système et de ses composantes » (ACF, 2013).
D’après Dissoud et al. en 2000, il y a quatre (04) chocs principaux auxquels les ménages malgaches doivent faire face :
• Chocs périodiques et réguliers : en premier lieu, il s’agit des chocs réguliers et prévisibles Ŕ notamment la soudure, période difficile quand les vivres deviennent très chers. Cette période est variable selon les régions.
• Chocs naturels : les cyclones, la sécheresse, les criquets, les inondations : ceux-là sont des chocs provisoires mais non prévisibles. Souvent néfastes, ces chocs ne le sont pas toujours. Cette catégorie de choc équivaut soit à un problème soit à une opportunité collective qui influe sur tous les ménages d’une Région affectée.
• Chocs macro-économiques : aux événements naturels s’ajoutent les phénomènes économiques – comme l’inflation, la récession, et la restructuration des entreprises publiques qui influent en même temps sur un grand nombre d’ouvriers.
• Chocs biographiques : parfois, les ménages individuels doivent faire face à des chocs qui les touchent simultanément. Le décès, les maladies, la perte d’emploi, l’incendie, le vol, le divorce et la séparation peuvent s’abattre en même temps sur un ménage.
Il est à noter toutefois que l’importance de ces chocs dépend de la zone considérée et les effets qu’ils induisent diffèrent d’une catégorie d’exploitation agricole à une autre.
Les stratégies d’adaptation
Les stratégies d’adaptation sont des réponses temporaires qui visent à réduire ou à minimiser les effets d’un événement stressant ou d’une situation défavorable où l’accès alimentaire est perturbé de façon anormale, comme par exemple lors d’une sécheresse, d’une inondation, d’un séisme ou d’activités militaires (ACF, 2009).
Présentation de la zone d’étude
Délimitation de la zone d’étude
L’étude a été menée dans les 4 Districts (Sambava, Andapa, Vohemar et Antalaha) qui constituent la Région SAVA, une Région qui se situe dans la partie Nord-Est de Madagascar, entre les 11° et 15° de latitude Sud et les 47° et 50° de longitude Est. L’étude a été effectuée dans 17 communes rurales de la Région (Cf. Annexe 1).
Un relief très diversifié
Le relief est très diversifié. Il constitue un ensemble massif marqué par le contact rapide et brusque entre les Hautes Terres et la mer (CREAM, 2013). De la côte vers le centre, le paysage est caractérisé par :
– Une zone littorale composée d’une bande étroite de plaine longeant la côte orientale ;
– Une zone intermédiaire dont l’altitude est comprise entre 60 et 250 m constituée des terrains alluviaux riches en éléments fertilisants (des vallées d’Ampanefena au Nord, passant par Sambava, jusqu’au Sud d’Antalaha) ;
– Une zone montagneuse caractérisée par un relief fortement disséqué du massif de
Marojejy avec une altitude pouvant aller jusqu’à plus de 2 000 m, les zones forestières du Cap Masoala et les bordures du Tsaratanàna ;
– Une cuvette intramontagnarde d’altitude comprise entre 460 et 500 m (cuvette d’Ankaibe, cuvette d’Andapa et cuvette d’Andrafainkona).
Climat tropical humide pendant toute l’année présentant toutefois une variation selon les Districts
Les figures ci-après montrent les courbes ombrothermiques de Gaussen (P = 2T) pour les 4 Districts de la Région d’étude. Ceux de Sambava sont des données recueillies entre 2001 à 2015, d’Antalaha de 1994 à 2015, de Vohemar de 1994 à 2006, d’Andapa de 2005 à 2009 (Cf. Annexe 2).
La Région SAVA présente généralement un climat tropical humide pendant toute l’année. L’abondance des précipitations annuelles et l’absence d’une véritable saison sèche constituent les principales caractéristiques de cette Région.
Les zones d’Antalaha, de Sambava sont caractérisées par une forte pluviométrie d’une moyenne annuelle de plus de 2 000 mm, une absence de mois véritablement sec. Il est à noter même que ces deux zones sont très arrosées et présentent une saison perhumide respectivement entre novembre et juin et de décembre à aout.
La zone d’Andapa se distingue par un micro-climat, entre le climat de la côte Est et des Haut-Plateaux, avec toutefois une pluviométrie moyenne annuelle élevée de 1 800 mm. Vohémar est caractérisée par une précipitation moyenne annuelle de 1640 mm. Ces zones présentent également 2 saisons distinctes : une saison perhumide de novembre à avril pour Andapa, de décembre à mai pour Vohémar ; et une saison humide respectivement de mai à octobre et de juin à novembre. Les mois les moins humides sont de mai à septembre pour Andapa, de juin à octobre pour Vohémar. Les courbes de température et de pluviométrie sont plus ou moins rapprochées durant ces mois pour ces 2 Districts. Les cuvettes d’Andapa et d’Andrafainkona se distinguent par un micro-climat présentant une température hivernale qui peut descendre jusqu’à 20°C. La saison de pluie comporte de fortes pluies et averses brutales avec un maximum au mois de janvier. La période cyclonique se situe généralement entre le mois de décembre et avril.
Les variations des températures sont peu perceptibles pour l’ensemble de la Région. On enregistre les plus fortes chaleurs en mois de janvier et/ou février et les mois les plus frais sont perçus en juillet et août. A Sambava, Antalaha et Vohémar, les températures varient de 21 °C à 28 °C. Andapa a une température moyenne annuelle variant de 20 °C à 27 °C.
Démarche d’analyse stratégique
Selon Randrianarison (2013), les stratégies des producteurs et les logiques qui les sous-tendent s’expriment dans :
– leurs comportements vis-à-vis d’une activité donnée ;
– les liens entre l’activité concernée et les autres composantes des systèmes d’activité ;
– leurs objectifs (les objectifs étant portés par les systèmes d’activité) ;
– les résultats globaux obtenus des systèmes d’activités.
Dans le cadre de cette étude, les différentes étapes et les questions clefs ayant permis de comprendre les stratégies des producteurs et les logiques inhérentes sont présentées dans le tableau ci-après :
Tableau 1 : Eléments de compréhension des stratégies des producteurs de vanille
Méthodologie pour l’identification et la compréhension des comportements des exploitants agricoles
L’étude que nous proposons ici a pour objet d’identifier et de mieux comprendre les stratégies alimentaires des producteurs de vanille grâce à une méthodologie compréhensive, basée sur l’analyse de ses moyens et objectifs.
Travaux préliminaires
Différents ouvrages ont été consultés pour mieux comprendre le contexte de la recherche. Une consultation des documents du projet Alliance stratégique GIZ-Symrise-Unilever et une concertation avec l’équipe technique de la GIZ a été faite pour la compréhension de
l’objectif de l’étude et son bon déroulement.
Démarche d’enquête et outils d’investigation sur terrain
Les investigations sur terrain ont été réalisées en 2 étapes dont les visites préliminaires de reconnaissance et les enquêtes proprement dites pour la collecte de données.
Visite de reconnaissance et échantillonnage
Cette étape a été entreprise pour :
– observer les conditions agro-écologique du milieu dans une perspective de zonage ;
– s’imprégner aux dialectes utilisés et aux coutumes locales ;
– effectuer des visites de courtoisie auprès des chefs de fokontany et des personnes ressources locales ;
– connaitre les éléments de l’environnement1 susceptibles d’influencer les systèmes d’activités des producteurs ;
L’échantillonnage est constitué de 40 producteurs de vanille par district, soit un total de 160 exploitants agricoles pour l’ensemble de la Région.
Enquêtes auprès des producteurs de vanille
La deuxième étape a été consacrée aux enquêtes auprès des producteurs. Les personnes concernées sont principalement les chefs de famille et/ou leur conjoint(e). Le questionnaire utilisé est semi-directif. Il est élaboré conformément à l’objectif de l’étude afin de recueillir les informations nécessaires pour l’identification et la compréhension des stratégies alimentaires des producteurs de vanille. Il est conçu de façon à ce que les producteurs puissent exprimer leurs points de vue et leurs propres logiques (Cf. Annexe 5).
RESULTATS
Typologie des exploitations agricoles
L’analyse en composante principale des différents variables et la classification effectuée sur le logiciel SPAD 5.5 ont abouti à la typologie suivante comportant 4 catégories d’exploitations agricoles: Tableau 2 : Typologie des exploitations agricoles
|
Table des matières
INTRODUCTION
1. MATERIELS ET METHODES
1.1. Concepts et terminologies
1.2. Présentation de la zone d’étude
1.3. Démarche d’analyse stratégique
1.4. Méthodologie pour l’identification et la compréhension des comportements des exploitants agricoles
2. RESULTATS
2.1. Typologie des exploitations agricoles
2.2. Relations entre systèmes d’activités et habitudes alimentaires
2.3. Stratégies alimentaires des exploitants agricoles dépendant fortement de leurs systèmes de
production
2.4. Analyse globale des stratégies adoptées par les exploitations agricoles
2.5. Diversité alimentaire des producteurs de vanille
2.6. Chocs et stratégies d’adaptation
2.7. Analyse des principaux chocs et stratégies d’adaptation des producteurs de vanille.
3. DISCUSSIONS
3.1. Sur les systèmes de production
3.2. Sur les stratégies alimentaires
3.3. Sur les stratégies d’adaptation aux chocs
4. RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES
4.1. Interventions agricoles sélectionnées destinées à améliorer la sécurité alimentaire des
ménages
4.2. Renforcement des moyens de production et de l’accès à la nourriture
4.3. Renforcement de la sécurité sociale
5. LIMITES DE L’ETUDE
CONCLUSION
Télécharger le rapport complet