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Changement climatique (CC)
D’après le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), le changement climatique est une variation de l’état du climat appréciable par les modifications de la moyenne et/ou les variations de ses propriétés et qui persiste pendant de longues périodes, généralement pendant des décennies ou plus. On parle de changement climatique global (CCG) car son étendue géographique et ses conséquences sont planétaires (Pagabeleguem, 2010).
Les services météorologiques malgaches ont montré en 2008 que le réchauffement a commencé dans la moitié Sud du pays dès 1950 pour s’étendre vers le Nord vingt (20) ans plus tard. Les précipitations ont aussi connu une grande variabilité. Depuis 1994, le nombre de cyclones intenses a augmenté. Dans les cinquante (50) prochaines années, on observera une augmentation généralisée des précipitations et de la température (entre 1,1 et 2,6°C) sur toute l’île sauf pour l’extrême Sud-est. (WWF, 2011).
Notion d’aléa : L’aléa est un cataclysme, un évènement d’origine naturelle que l’homme ne peut influencer, imprévisible à moyenne/longue échéance, rare et qui provoque des dégâts matériels et/ou des pertes humaines (Daniel, 2012). Pour cette étude, on mettra l’accent sur les cyclones et inondations qui sont les conséquences du CC dans la zone de Farafangana.
Vulnérabilité et résilience des ménages face au changement climatique
En 2014, une étude réalisée par Randrianasolo fait comprendre la vulnérabilité et la capacité de résilience des ménages du District d’Ambalavao face à la variabilité climatique. Un échantillon de trois-cent quatre-vingt-dix (390) ménages répartis dans trois fokontany du district en question a été traité. Les principaux aléas liés au CC sont les cataclysmes naturels tels que le cyclone, l’inondation, la sècheresse et le tarissement des eaux de source. La vulnérabilité des ménages ruraux s’est accentuée par une diminution flagrante de rendement des produits agricoles, une perturbation du calendrier cultural et surtout une baisse allant de 11% à 25% du revenu. Le CC entraîne aussi les paysans dans une situation de stress et une dégradation de leur bien-être social. Une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) combinée à une Analyse Factorielle Discriminante (AFD) montre que cent-vingt-neuf (129) exploitants parmi ceux enquêtés sont les plus vulnérables avec 89,9% d’entre eux ayant subi des baisses de productions rizicoles, les 82,8% associent cette baisse à la sècheresse. Pour ces ménages vulnérables, seulement deux (2) stratégies d’adaptations ont été relevées : la décapitalisation (vente du capital bovin) et la réduction de la consommation de riz en l’alternant avec le manioc (Randrianasolo, 2014).
Aux alentours de la Réserve Spéciale de Bezà Mahafaly, Rajaoberison (2015) a analysé la résilience des ménages ruraux face aux aléas climatiques et socio-économiques en enquêtant sur quatre-vingt-dix (90) ménages. L’étude est basée sur la perception des aléas climatiques et socio-économiques par les ménages dont la variation de température et de la pluviométrie, l’insécurité alimentaire et l’invasion acridienne. Le changement climatique est perçu par 87% des exploitants dont plus de la moitié constate une augmentation des risques d’inondations. La perception est analysée à l’aide d’un modèle économétrique logistique (logit), le modèle montre que l’expérience en agriculture et le nombre d’actifs agricoles dans un ménage améliore la perception du CC par les ménages. A cause de ces aléas climatiques perçus, cette partie de Madagascar affiche un taux de pauvreté allant de 80 à 94%. Une grande partie des ménages ruraux ont fait des productions quasi-nulles de manioc et de haricots d’où le recours aux différentes formes d’adaptations comme la diversification des activités, la vente des produits d’élevage et surtout l’intensification de l’exploitation forestière. L’analyse économétrique de l’adaptation aux aléas a montré que le recours aux activités secondaires, l’accès au crédit et l’expérience en agriculture sont les facteurs contribuant à l’amélioration de la résilience des ménages ruraux (Rajaoberison, 2015).
Adoption des innovations
Aux Etats-Unis, dans l’Etat de Louisiane, Rahelizatovo a réalisé en 2002 une étude portant sur l’adoption des « Best Management Practices » (BMPs) dans le « Dairy Industry ». Cette analyse d’adoption de pratiques de gestion a été menée pour comprendre les facteurs contribuant à la réduction du secteur production laitière dans la région. Trois (3) modèles économétriques dont le probit, le bivariate probit et le multivariate probit ont été utilisés. Les BMPs comportent au total vingt et un (21) options d’innovations et quatre-cent-vingt-huit (428) producteurs de lait ont été enquêtés. Les résultats économétriques des modèles probits ont montré les facteurs d’adoption de l’innovation suivants : la taille du cheptel bovin, le rendement en lait, la communication entre les exploitants et l’aversion en risque des producteurs laitiers sont des facteurs favorisant la pratique de cinq (5) à huit (8) BMPs spécifiques. Neuf (9) facteurs semblent renforcer l’adoption d’un à trois (3) pratiques : (a) le fait d’avoir un ruisseau traversant les terres agricoles, (b) le pourcentage de parcelles très érodées, (c) la structuration de l’exploitation comme une entreprise, (d) la tenue d’une activité extra-agricole, (e) la valeur nette de la ferme laitière, (f) le niveau d’éducation de l’exploitant agricole, (g) l’existence d’une relève potentielle pour gérer l’entreprise dans le futur, (h) le fait d’être membre d’une coopérative laitière et (i) les bonnes relations avec les institutions. La combinaison de deux (2) techniques simultanées est ensuite analysée avec le modèle bivariate probit. L’existence des activités extra-agricoles, l’existence d’une relève potentielle pour gérer l’entreprise dans le futur, les réunions entre exploitants et les bonnes relations entre producteurs sont associés à un plus grand respect des limites de terrains étant donné que la technique relative à l’enherbement des cours d’eau soit adoptée. L’adoption simultanée de trois (3) à six (6) pratiques a également été examinée à l’aide du modèle d’analyse multivariée. Un haut rendement en lait et une structuration de la ferme en entreprise semblent renforcer l’adoption par les producteurs laitiers des quatre (4) pratiques de contrôle de sédiments tels les bandes filtreuses, les bassins sédimentaires, les forêts riveraines et la protection des rivages. Un pourcentage élevé des terrains de la ferme classés fortement susceptibles à l’érosion et la conduite d’activités extra-agricoles améliorent l’adoption des producteurs laitiers des pratiques relatives à la gestion et la valorisation des déchets (Rahelizatovo, 2002).
Dans la Région du Vakinankaratra, sur les sites d’Antsampanimahazo, d’Ampandrotrarana et d’Ivory, Razafimandimby étudie en 2007 le mécanisme d’adoption du Système de culture sur Couverture Végétale (SCV) avec soixante-treize (73) ménages. La recherche consiste à arranger ces ménages par la Classification Ascendante Hierarchique (CAH) suivant la période de pratique du SCV, à constater l’évolution de la surface d’exploitation du SCV. La combinaison de ces deux démarches a montré que 30% des ménages augmentent leur surface d’exploitation, 7% la diminuent, 36% sont en stagnation, 11% adoptent le SCV avec tâtonnement1, 10% ont varié constamment leur surface, et 7% se sont récemment introduits dans la pratique. Ces résultats sont ensuite renforcés par l’évaluation de cinq (5) facteurs de motivation à l’adoption du SCV : MOT1 composé par le taux d’accroissement de la surface exploité et la continuité de la pratique (pratique sans interruption), MOT2 correspondant au pourcentage de la surface d’exploitation avec SCV par rapport à la surface totale exploitée en tanety, MOT3 relatif à la diversification des cultures pratiquées sous SCV, MOT4 qui est la perspective de poursuivre le SCV et MOT5 traduit par l’utilisation du pulvérisateur en SCV. En accordant des pondérations à tous ces facteurs, l’ensemble forme une Motivation Globale (MG) telle que : = 1 + (10 ∗ 2) + (20 ∗ 3) + (20 ∗ 4) + (20 ∗ 5).
Les motivations des exploitants sont résumées ainsi : MG=219,7 pour vingt-huit (28) exploitants, MG=204 pour sept (7) exploitants, MG=132,4 pour dix-neuf (19) exploitants, MG=120 pour onze (11) exploitants et MG=51,3 pour les huit (8) restants. En fait, cette motivation globale d’adoption du SCV est très faible pour les exploitants à haut niveau d’éducation (Razafimandimby, 2007).
Etude bibliographique et webographique
Les études bibliographiques et webographiques portent essentiellement sur les changements et aléas climatiques importants présents dans la zone en question, les systèmes de production dans la zone, les aspects socio-économiques et culturels, la vulnérabilité et la résilience, etc.
Faisant partie de la bibliographie, les différents rapports, et document concernant toute action déjà établie par le projet ont été lus au préalable afin de mieux comprendre tous les faits observés dans la réalité actuelle. Ensuite, les mémoires, ouvrages et articles scientifiques parlant de l’adoption des innovations techniques en Agriculture dans toute zone ont été exploités pour comprendre ce que dit la littérature et cadrer la réalisation de l’ouvrage.
Elaboration du questionnaire
L’étude faite est basée sur des enquêtes, des questionnaires ont alors été établis au préalable.
Les questions à poser sont choisies de façon à pouvoir :
• Rassembler et recoder facilement les données détaillées.
• Disposer d’un outil facile à utiliser.
• Gagner du temps en réalisant l’enquête.
• Faciliter le traitement et l’analyse des données collectées.
Pour mieux s’entendre entre enquêteur et enquêtés, le questionnaire a été reformulé en malgache de façon à se rapprocher le plus du dialecte local (Annexe 6).
Collecte des données
Les dimensions sociales, surtout traditionnelles et culturelles de la population étudiée devait être connue. Le respect des us et coutumes de la population et la compréhension du dialecte ont été des obligations pour mieux communiquer et se familiariser. En deux (2) étapes, la phase d’enquête sur terrain a duré exactement quatre-vingt-quatre (84) jours :
• L’enquête auprès des ménages bénéficiaires et non bénéficiaires : faite dans leurs refuges ou aux champs de travails suivant leur volonté et leur disponibilité. Des « focus groups » ont été réalisés à des moments appropriés.
• Les entretiens avec les responsables concernés dans les organismes et autorités locaux (FAO, ONG, DRDA, chef fokontany, Maires et chef de région, etc) : réalisés généralement aux bureaux de ces responsables mais des rencontres hors lieux-de travail ont également eu lieu.
Adaptation des innovations techniques aux enjeux climatiques
La spéculation de base est la patate douce car c’est une culture déjà pratiquée au temps des ancêtres5 dans toute la zone. Avec ou sans l’appui d’un projet, la patate douce est cultivée par n’importe quel paysan de la Région Atsimo-Atsinanana et toute la population en consomme. Cette option constitue donc une base indiscutable à l’analyse. En estimant tous les modèles en même temps, le résultat provient de l’influence de l’ensemble de toutes les variables. Le test du Khi-deux montre un p-value de 0,000 qui est inférieur au seuil de 5%. Le modèle est alors significatif et les influences des facteurs relatives à l’adaptation des différentes spéculations sont présentées par le Tableau 9 .
Différence entre les deux échantillons
Les options d’innovations touchent les volets culture et élevage, ce sera donc le revenu Agricole (Agriculture+Elevage) obtenus par les deux groupes de ménages qui sont censés être à priori différents. On utilise le test de Mann-Whitney (Annexe 7 – Annexe 7.3) et le test est unilatéral, le résultat est présenté par le Tableau 12. Les hypothèses sont :
H0 : La différence entre les revenus des non-bénéficiaires et les bénéficiaires est égale à 0.
H1 : La différence entre les revenus des non-bénéficiaires et les bénéficiaires est négative.
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Table des matières
Introduction
1 Cadrage conceptuel et théorique, état de l’art
1.1 Concepts
1.1.1 Innovation technique
1.1.2 Système de production des ménages
1.1.3 Analyse socio-économique selon le genre ou A.S.E.G.
1.1.3.1 Analyse Socio-économique
1.1.3.2 Analyse selon le genre
1.1.3.3 Participation
1.1.4 Vulnérabilité
1.1.5 Résilience
1.1.6 Changement climatique (CC)
1.1.7 Rationalité
1.1.7.1 Rationalité procédurale
1.1.7.2 Rationalité limitée
1.2 Etat de l’art
1.2.1 Vulnérabilité et résilience des ménages face au changement climatique
1.2.2 Adoption des innovations
2 Matériels et méthodes
2.1 Matériels
2.1.1 Choix du thème
2.1.2 Présentation, justification et délimitation de la zone d’étude
2.1.3 Population étudiée
2.1.4 Personnes ressources
2.1.5 Outils d’analyse et de travail
2.2 Méthodes
2.2.1 Démarche commune à la vérification des hypothèses
2.2.1.1 Etude bibliographique et webographique
2.2.1.2 Elaboration du questionnaire
2.2.1.3 Collecte des données
2.2.2 Démarche spécifique de vérification de la première hypothèse : « Les ménages ruraux de la zone ont adopté toutes les options d’innovations malgré les limites de toute sorte »
2.2.2.1 Pour la première sous-hypothèse : « Les exploitants ont bien adopté toutes les options d’innovations »
Etablissement des éléments préliminaires
Analyse en composantes multiples (ACM) :
2.2.2.2 Pour la deuxième sous-hypothèse : « L’adoption des innovations dépend du facteur genre » Analyse Socio-Economique Selon le Genre (A.S.E.G.)
Analyse en Composante Multiples (ACM)
2.2.3 Démarche spécifique à la vérification de la deuxième hypothèse : « Les innovations techniques s’adaptent au changement climatique et améliorent la résilience des ménage ruraux »
2.2.3.1 Pour la première sous-hypothèse : « Les options d’innovations remplissent les critères d’adaptation au contexte de la variabilité climatique »
2.2.3.2 Pour la deuxième sous-hypothèse : « La résilience des bénéficiaires a augmenté ».
2.2.4 Limites de l’étude
2.2.4.1 Données à exploiter :
2.2.4.2 Personnes enquêtées
3 Résultats
3.1 Facteurs liés à la perméabilité des exploitants aux innovations
3.1.1 Niveaux d’adoptions des options d’innovations
3.1.1.1 Options d’innovations introduites
3.1.1.2 Sélection des spéculations intéressantes
3.1.1.3 Typologie des ménages
3.1.1.4 Niveaux d’adoptions de chacun des types
3.1.2 Facteurs de blocages de l’adoption des options d’innovations
3.1.2.1 Analyse socio-économique selon le genre
Socio-organisation locale
Répartition des tâches en fonction du facteur genre en agriculture
Calendrier d’élevage
Calendrier de cueillette
Activités journalières
3.1.2.2 Influence du facteur genre
3.2 Portée du LC/IP dans le contexte du changement climatique
3.2.1 Adaptation des options d’innovations aux aléas climatiques
3.2.1.1 Sélection des variables explicatives
Composante environnementale
Composante économique
3.2.1.2 Adaptation des innovations techniques aux enjeux climatiques
Choix de la spéculation de base : Modèle d’adaptation
Pe-tsaï
Choux
Poulets améliorés
3.2.2 Résilience des ménages bénéficiaires
3.2.2.1 Test de normalité
3.2.2.2 Différence entre les deux échantillons
4 Discussions et recommandations
4.1 Discussions
4.1.1 Basket-compost
4.1.2 Sorgho
4.1.3 Pratiques post-récoltes
4.1.4 Genre du chef de famille
4.1.5 Diagnostic des zones
4.1.5.1 Contexte de changement climatique
4.1.5.2 Dégâts à remédier
4.1.5.3 Typologie de la population et choix des bénéficiaires
4.1.5.4 Zones choisies
4.1.5.5 Maladies et ravageurs des cultures
4.1.6 Adaptation des innovations au CC et la résilience des ménages
4.1.6.1 Innovations techniques
4.1.6.2 Résilience des ménages
4.2 Recommandations
4.2.1 Diagnostic avant les activités
4.2.1.1 Dimensions sociales et anthropologiques
4.2.1.2 Dimensions environnementales
4.2.1.3 Dimensions techniques
4.2.2 Période de mise en place
4.2.3 Pratiques post-récoltes
4.2.4 Moyens de lutte contre les ravageurs
4.2.5 Approche à adopter
4.2.6 Options à vulgariser
4.2.7 Renforcement des capabilités
Conclusion
Références bibliographiques .
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