Les rayonnements ionisants
Dรฉfinition et consรฉquencesย
Un rayonnement est qualifiรฉ dโionisant lorsqu’il est capable de transfรฉrer aux atomes qu’il croise une รฉnergie suffisante pour leur arracher un รฉlectron . Cette altรฉration peut dรฉstabiliser les molรฉcules constituant les cellules du vivant, induisant des perturbations biochimiques. Les consรฉquences biologiques peuvent รชtre importantes. En effet, les lรฉsions cytoplasmiques et membranaires peuvent entrainer la mort de la cellule d’oรน l’apparition de lรฉsion ou de la perte de fonction du tissu touchรฉ. Lorsque l’ADN est altรฉrรฉ nous pouvons potentiellement observer un dรฉveloppement tumoral .
Types de rayonnements ionisants
Les rayonnements ionisants sont constituรฉs par les rayonnements particulaires (alpha et bรชta), les neutrons ainsi que les rayonnements รฉlectromagnรฉtiques (gamma et X) .
Rayonnements particulaires
โย Rayon ฮฑ
Les rayons ฮฑ sont constituรฉs de noyaux d’hรฉlium (4 2He), eux-mรชmes composรฉs de deux protons et deux neutrons (figure 2). Ils reprรฉsentent un danger pour la santรฉ lors dโune contamination interne oรน la source de rayons ฮฑ est en contact permanent avec l’organisme .
โย Rayon ฮฒ
Le rayon ฮฒ est composรฉ d’un positon ฮฒ- (figure 3) ou d’un รฉlectron ฮฒ+ (figure 4) รฉmis lors dโune dรฉsintรฉgration radioactive. Elles peuvent parcourir une distance de quelques centimรจtres dans la matiรจre vivante.
Neutrons
Les neutrons traversent aisรฉment les mรฉtaux les plus lourds. Ils sont cependant rapidement ralentis et absorbรฉ par des substances contenant des atomes lรฉgers et donc par le corps humain [10].
Rayonnements รฉlectromagnรฉtiques
Ce type de rayonnements correspond ร une onde รฉnergรฉtique rรฉpondant aux lois de la physique ondulatoire. Ces rayonnements ionisants sont compris entre le rayonnement ultraviolet et les rayonnements cosmiques. Il en existe deux : rayonnement ฮณ et X .
Sources des rayonnements ionisants
Les rayonnements ionisants sont issus principalement de deux sources ; sources naturelles et de sources artificielles.
Sources naturelles
Les sources naturelles sont d’origine cosmique ou tellurique. Les rayonnements cosmiques sont รฉmis lors d’รฉruptions solaires ou d’explosions d’รฉtoiles. Ils reprรฉsentent 12% des expositions naturelles annuelles. Le rayonnement tellurique rรฉsulte de la dรฉsintรฉgration de l’uranium 238 et de ses descendants (radon, thorium, radium…).
Lors de sa dรฉsintรฉgration, l’uranium รฉmet des rayonnements ฮฑ et ฮฒ, gรฉnรฉralement accompagnรฉs de rayonnements gamma. Ces rayonnements gamma telluriques reprรฉsentent 21% de l’exposition naturelle annuelle. Lโexposition aux rayonnements ฮฑ et ฮฒ sera principalement causรฉe par une exposition interne. Ces รฉmissions augmentent le risque d’apparition d’effet radio-induit au niveau des voies respiratoires et plus particuliรจrement des poumons .
Source artificielle
Les rayonnements ionisants provenant de sources artificielles sont majoritairement issus des pratiques de la mรฉdecine moderne (scanner, radiothรฉrapieโฆ) et apportent en moyenne 1,3mSv par personne et par an, ce qui en fait la deuxiรจme source d’exposition aprรจs le radon (en moyenne 1,4mSv par personne et par an). Certaines professions comme sont en contact avec des sources artificielles de faรงon chronique, tels que les radiologues, exposรฉs aux rayons รฉmis par leur รฉquipement, ou les travailleurs du cycle du nuclรฉaire, exposรฉs aux produits issus de l’enrichissement de lโuranium. Des รฉtudes ont montrรฉ que plus de 95% des travailleurs en France surveillรฉs reรงoivent moins de 1mSv, et seulement quelques dizaines de travailleurs reรงoivent une dose dรฉpassant 20 mSv par an [13;17]. Aujourdโhui, les sources artificielles les plus courantes de rayonnements ionisants sont les appareils de radiographie X et autres dispositifs mรฉdicaux [19].
Modes dโexposition de lโhomme aux rayonnements ionisantsย
Lโexposition aux rayonnements ionisants peut รชtre dโorigine externe ou interne.
โย Exposition interne
Lโexposition interne rรฉsulte dโune contamination par des particules radioactives. Celle-ci peut se produire par inhalation, par ingestion (nourriture contaminรฉe), par radiothรฉrapie mรฉtabolique avec injection de substances radioactives, par pรฉnรฉtration transcutanรฉe, par transfert sanguin ร partir dโune plaie contaminรฉe ou parfois par contact avec un radioรฉlรฉment (Figure 6). Lors dโune telle exposition, la contamination est continue jusquโร lโรฉlimination du radioรฉlรฉment par voie naturelle.
โย Exposition externe
Lโexposition externe peut se produire selon lโรฉloignement entre la source et lโorganisme (plus la source est รฉloignรฉe, moins lโexposition sera importante), selon le type de protection (รฉcran de plomb, รฉpaisseur de verre etc.), selon le temps dโexposition (plus le temps dโexposition est long, plus la dose absorbรฉe sera importante), selon le type dโirradiation (globale ou localisรฉe), les consรฉquences seront diffรฉrentes .
Rayons X
Dรฉfinition
Les rayons X sont des rayonnements รฉlectromagnรฉtiques ร haute frรฉquence. Ils sont constituรฉs de photons dont la longueur d’onde est comprise entre 0,01 nanomรจtre et 10 nanomรจtres, correspondant ร des frรฉquences de 30 pรฉtahertz ร 30 exahertz. L’รฉnergie de ces photons va d’une centaine dโev, ร une centaine de keV .
Historique des rayons Xย
ร la fin du 19รฉme siรจcle, Wilhelm Conrad Rรถntgen, comme de nombreux physiciens de l’รฉpoque, se passionne pour les rayons cathodiques qui ont รฉtรฉ dรฉcouverts par Hittorf en 1869 ; ces nouveaux rayons avaient รฉtรฉ รฉtudiรฉs par Crookes. ร cette รฉpoque, tous les physiciens savent reproduire l’expรฉrience de Crookes mais personne n’a eu d’idรฉe d’application de ces rayonnements [2]. En 1895, Wilhelm Conrad Rรถntgen reproduit l’expรฉrience ร de nombreuses reprises en modifiant ses paramรจtres expรฉrimentaux (types de cibles, tensions diffรฉrentes, etc.). Le 8 novembre 1895, il parvient ร rendre luminescent un รฉcran de platinocyanure de baryum. Rรถntgen dรฉcide alors de faire l’expรฉrience dans l’obscuritรฉ en plongeant son tube de Crookes dans un caisson opaque. Le rรฉsultat est identique ร la situation normale. Rรถntgen place ensuite diffรฉrents objets de diffรฉrentes densitรฉs entre l’anode et l’รฉcran fluorescent, et en dรฉduit que le rayonnement traverse la matiรจre d’autant plus facilement que celle-ci est peu dense et peu รฉpaisse. Lorsqu’il place des objets mรฉtalliques entre le tube et une plaque photographique, il parvient ร visualiser l’ombre de l’objet sur le nรฉgatif [2]. Rรถntgen en dรฉduit que les rayons sont produits dans la direction des รฉlectrons du tube et que ce rayonnement est invisible et trรจs pรฉnรฉtrant. Faute de trouver une dรฉnomination adรฉquate, Rรถntgen les baptise ยซ rayons X ยป. Ce rayonnement est encore souvent appelรฉ Rรถntgenstrahlung (littรฉralement : ยซ rayons de Rรถntgen ยป) en Allemagne et dans toute l’Europe (sauf en France). L’autre nom de la radiologie est encore aujourd’hui la rรถntgenologie [2]. Le premier clichรฉ est celui de la main d’Anna Bertha Rรถntgen (22 dรฉcembre 1895) ; il s’agit de la premiรจre radiographie, la radiologie est nรฉe .
Production de rayons X
Les rayons X sont gรฉnรฉralement produits par les atomes soumis ร un bombardement par un faisceau de particules dโรฉnergie suffisante (gรฉnรฉralement un faisceau dโรฉlectron). Lโรฉnergie perdue par ses particules ร lโoccasion de leurs interactions avec les รฉlectrons pรฉriphรฉriques ou avec les noyaux des atomes rencontrรฉes est rรฉรฉmises sous forme de rayon X. Le spectre dโรฉmission est composรฉ dโun spectre continu et dโun spectre de raie. Les rayons X sont produits dans les tubes ร rayons X (figure 7) qui fonctionnent comme dรฉcrit dans les phrases si dessous. Dans une enceinte de verre oรน rรจgne un vide poussรฉ, des รฉlectrons sont รฉmis par un filament. Un courant รฉlectrique circule dans ce filament. Un champ รฉlectrique crรฉรฉ par une diffรฉrence de potentiel รฉlevรฉe (gรฉnรฉralement de 10 ร 150 kV) entre le filament qui sert de cathode et lโanode accรฉlรจre les รฉlectrons en direction dโune anode [23]. Ces รฉlectrons entrent en collision avec le mรฉtal de lโanode. Des rayons X sont alors produits par deux mรฉcanismes distincts. Dโune part, les รฉlectrons, se dรฉplaรงant ร une vitesse trรจs รฉlevรฉe, ont une รฉnergie cinรฉtique suffisante pour perturber les couches รฉlectroniques internes des atomes de la cible. Ces atomes, dans un รฉtat excitรฉ, vont alors รฉmettre des rayons X en retournant ร leur รฉtat fondamental. Dโautre part, un rayonnement de freinage comportant des rayons X est produit par le ralentissement des รฉlectrons dans la matiรจre [2;23].
|
Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES RAYONS X ET LE CANCER
Chapitre I : GENERALITES SUR LES RAYONS X
I. Les rayonnements ionisants
I .1. Dรฉfinition et consรฉquences
I.2. Types de rayonnements ionisants
I.2.1. Rayonnements particulaires
I.2.2. Neutrons
I.2.3. Rayonnements รฉlectromagnรฉtiques
I.2.4. Pouvoir pรฉnรฉtrant des rayonnements ionisants
I.3. Sources des rayonnements ionisants
I.3.1. Sources naturelles
I.3.2. Source artificielle
I.4. Modes dโexposition de lโhomme aux rayonnements ionisants
II.1.Dรฉfinition
II.3. Production de rayons X
II.4. Interaction des rayons X avec la matiรจre
II.4.2. Loi dโattรฉnuation du rayonnement X
II.5. Utilisation des rayons X
Chapitre II : Gรฉnรฉralitรฉs sur le cancer
I .Dรฉfinition et historique du cancer
II. Transformation de la cellule normale
III. Evolution du cancer
IV. Terrain et รฉvรจnements favorables au cancer
V.2. Prรฉdisposition au cancer
V.3.Instabilitรฉ gรฉnomique
DEUXIEME PARTIE : RISQUE DE CANCER LIE A UNE EXPOSITION AUX RAYONS X ET LA RADIOPROTECTION
Chapitre I: Risques de cancer liรฉs ร une exposition aux rayons X
I. Effets biologiques des rayons X
I.1. Effets molรฉculaires des rayons X
I.1.1. La radiolyse de lโeau
I.1.2. Effets des rayons X en solutions aqueuse
I.1.3. Effets sur lโoxygรจne
I.2.1. Effets des rayons X sur lโADN
I.2.1.1.Structure de l’acide dรฉsoxyribonuclรฉique
I.2.1.2 Principaux dommages radio-induits sur la molรฉcule d’ADN
I.2.1. 2.1.Cassures simple et double brin de lโADN
I.2.1.2.2. Dommages du cytosquelette de lโADN
I.2. 2. Effets des rayons X sur les chromosomes
II. Effet sur les protรฉines
III. Effet sur les lipides
IV. Rรฉponse de la cellule face aux dommages de lโADN
V. Mรฉcanismes de rรฉparation et de dรฉfense de lโorganisme
V.1. Mรฉcanismes de rรฉparation de lโADN
VI. Propriรฉtรฉs mutagรจnes des lรฉsions de lโADN
VII. Risques des rayons X sur lโOrganisme humain
VII.1. Risque stochastique
VII.2.1. Syndrome hรฉmatopoรฏรฉtique
VII.2.5. Effet sur le systรจme de reproduction
VIII. Risques liรฉs aux rayons X
IX. MISE EN EVIDENCE DU RISQUE CANCEROGENE
X. Apprรฉciation quantitative du risque cancรฉrogรจne
X.1.Exigences statistiques
X.2.Mรฉthodes utilisรฉes
X.2.1.Modรจle ร risque absolu constant
X.2.2. Modรจle ร risque relatif constant
XI. Les faibles doses de rayonnements ionisants sont-elles ou non risquรฉes ?
XI.1.Les seuils des effets dรฉcelables
XI.4. Scanner et risque de cancer : rรฉsultats รฉpidรฉmiologiques rรฉcents
I.1.Dรฉfinition
I.2.Rรจgles de base de la radioprotection
II. Principes de radioprotection
III. Normes et Rรจglementations
IV. Organismes de radioprotection (CIPR, AIEA, Euratom)
V. Principaux indicateurs dosimรฉtrique
VI. Radioprotection au Sรฉnรฉgal
VI. 1. Les grands principes
VI. 2. Les moyens
VI. 3. Les sanctions
CONCLUSION
REFERENCES