Tumeurs épithéliales et conjonctives avec ou sans formation de tissu dentaire dur

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Kystes épithéliaux odontogéniques liés au développement

Ils dérivent d’une croissance aberrante d’un ou de plusieurs tissus participant à l’odontogenèse (Kyste en rapport avec la dentition). Ils sont classés en :
 kyste dentigère ou folliculaire
 kérato-kyste ou kyste primordial
 kyste éruptif
 kyste gingival
 kyste parodontal latéral
 kyste odontogénique calcifié
 kyste glandulaire
 Kyste dentigère ou folliculaire ou corono-dentaire
Il s’agit d’un kyste issu de l’organe dentaire avec une dent n’ayant pas fait son éruption.
Ces kystes représentent 24,7% de l’ensemble des kystes maxillo-mandibulaires. Il touche le plus souvent les hommes dans 67,5% des cas après 15 ans. Les dents les plus touchées sont la troisième ou la deuxième molaire mandibulaire mais également la canine maxillaire. Cette lésion serait liée à la pression exercée par la dent en éruption sur le follicule dentaire pouvant obstruer la circulation veineuse induisant ainsi l’accumulation d’exsudat.
Sur le plan clinique, ces lésions souvent sont asymptomatiques sauf en cas de surinfection, d’où le diagnostic souvent tardif.
A la radiographie, la lésion se présente sous la forme d’une image radio-claire classiquement mono-géodique avec un liseré d’ostéocondensation périphérique englobant la couronne d’une dent incluse au niveau de son collet (figure 3). Une résorption radiculaire des dents adjacentes peut être observée traduisant ainsi l’évolution lente et progressive de la lésion avec un volume parfois important refoulant la dent incluse et les structures de voisinage [1, 52, 89, 104].
 Kératokyste
Il dérive de la lame dentaire ou de ses orifices et/ou de l’assise basale de l’épithélium buccal.
Le kératokyste représente 10 à 20% de l’ensemble des kystes maxillo-mandibulaires. Selon la classification de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il apparait en troisième position dans les kystes odontogéniques maxillo-mandibulaires après les kystes radiculaires et les kystes dentigères. Le kératokyste est souvent retrouvé entre la deuxième et la quatrième décade de la vie avec un siège de prédilection au niveau de la mandibule et du ramus dans 70% des cas. Au maxillaire, il siège souvent au niveau antérieur ou postérieur.
Sur le plan clinique, les kératokystes sont des lésions asymptomatiques au début, qui peuvent par la suite se surinfecter ou avoir une croissance importante entrainant une déformation osseuse, un déplacement des dents adjacentes avec envahissement possible des structures environnantes. A la radiographie, la lésion apparait en sorte de géode arrondie ou ovale, mono ou poly-géodique à contours nets réguliers englobant parfois une dent incluse, avec une rhizalyse des dents au contact de la lésion (figure 4).

Tumeurs bénignes maxillo-mandibulaires odontogènes

Définition

Les tumeurs bénignes sont des néoformations qui résultent d’une accumulation excessive et anormale des tissus, par l’augmentation du nombre de divisions mitotiques elles-mêmes normales.

Classification

Les tumeurs bénignes maxillo-mandibulaires sont classées en tumeurs odontogènes et non odontogènes.
Les tumeurs bénignes odontogènes, affections spécifiques des mâchoires, constituent un groupe hétérogène avec plusieurs classifications, basées sur les différents stades de l’odontogenèse :
– les tumeurs épithéliales sans induction du mésenchyme,
– les tumeurs épithéliales et conjonctives avec ou sans formation de tissu dentaire dur,
– les tumeurs écto-mésenchymateuses avec ou sans inclusion d’épithélium odontogénique,
– les tumeurs odontogéniques associées à l’os.
Ces tumeurs proviennent de la lame dentaire et des tissus dentaires pré-formateurs. Dans la classification de l’OMS des tumeurs de la tête et du cou de 2005, les lésions fibro-osseuses sont décrites comme des tumeurs bénignes associées à l’os (tableau I).

Tumeurs épithéliales sans induction du mésenchyme

 Améloblastome
Il s’agit de tumeur bénigne, à malignité locale, dérivant des améloblastes.
L’âge moyen de survenue se situe entre 15 à 30 ans avec une atteinte plus fréquente de la mandibule (85 %) particulièrement la région angulo-mandibulaire.
La tumeur est d’évolution lente et progressive, à point de départ endo-osseux.
L’améloblastome se traduit cliniquement par une tuméfaction soufflant les corticales osseuses avec des déplacements ou des anomalies d’évolution dentaire. A la palpation, la consistance est ligneuse par endroit et rénitente dans d’autres (figure 5).
A la radiographie, l’’image est le plus souvent polygéodique évocatrice, mais plusieurs images sont rapportées.
Il peut s’agir de :
– géodes franches aux contours irréguliers ou ovalaires de tailles inégales « image en bulles de savon »
– une image vaste aux contours finement cloisonnés par des vestiges de cloisons osseuses entre des géodes multicentriques.
– une vaste géode unique aux contours festonnés et soufflant les corticales (figure 6) [41, 58, 76]. Plusieurs types histologiques sont décrits :
 Améloblastome folliculaire
Il s’agit d’une tumeur dont l’épithélium est formé par des ilots plus ou moins discrets, formant une masse centrale de cellules polyédriques ou de cellules anguleuses lâchement anastomosées dont l’ensemble évoque un réticulum étoilé entouré d’une couche de cellules cubiques ou prismatiques rappelant celles de l’épithélium dentaire interne ou le préaméloblaste. A l’intérieur de ces ilots, des formations kystiques sont souvent décrites.
 Améloblastome pléxiforme
La coupe histologique montre des cordons épithéliaux anostomosés entre eux qui réalisent un réseau. Ces cordons sont constitués d’une assise de cellules cubiques ou cylindrique de type préaméloblastique
 Améloblastome unikystique
A l’histologie, on note un épithélium présentant des extensions d’aspect plexiforme avec parfois de minces travées d’épithélium entouré d’un stroma abondant et fibreux. Le revêtement peut être fin avec des couches de cellules basales et parabasales hyper chromatiques suivis de couches de cellules stellaires pour enfin être para-kératosique en surface [64].
 Améloblastome désmoplasique
A l’histologie on note de petits ilots épithéliaux ou de minces cordons enchâssés dans un stroma collagénique très important [72].

Tumeurs épithéliales et conjonctives avec ou sans formation de tissu dentaire dur

Odontomes

Il s’agit de tumeurs très fréquentes, résultant d’une anomalie de développement du bourgeon dentaire. Les odontomes représentent 19% des tumeurs odontogènes et sont souvent rencontrés dans la deuxième décade de la vie [101].
A la radiographie, l’odontome se présente sous la forme d’une masse radio-opaque entourée d’un liseré très nets avec des minuscules éléments individualisés [5].
Deux formes cliniques d’odontomes, sont décrites, suivant la prépondérance d’organes dentaires structurés ou de tissus dentaires désorganisés :
 Odontome complexe
Il est plus rencontré chez les hommes avant trente ans. Tous les tissus dentaires sont représentés mais ils ne sont pas organisés, car n’ayant aucune ressemblance avec les dents. Au niveau cellulaire, il s’agit de denticules qui entourent des espaces creux décalcifiés. Une mince couche de cément sur les bords, peut être notée, ce qui forme un tissu semblable à une capsule [7, 8].
Sa localisation préférentielle est la région prémolaire ou molaire maxillo-mandibulaire [11].
A la radiographie, une image opaque irrégulière de tonalité dentaire, cernée par un halo clair, est notée (figure 7).

Tumeurs odontogéniques associées à l’os

 Les dysplasies osseuses
Les dysplasies osseuses sont des lésions bénignes maxillo-mandibulaires associées à l’os dans lesquelles le tissu cémento-osseux remplace l’architecture normale de l’os. Il s’agit de lésions fibro-osseuses associées aux apex dentaires et contenant des calcifications amorphes qui correspondraient à du tissu céméntaire. Elles sont classées en : dysplasie osseuse floride (DOF) ou cémentome ; dysplasie osseuse péri-apicale (DOP), dysplasie osseuse focale (DOFoc), et cémentome gigantiforme familial (CGF) [10, 43, 59].
A l’histologie, toutes les dysplasies osseuses sont composées de tissu fibreux cellulaire, d’os fibreux (immature), d’os lamellaire et d’amas cémentoïdes [10, 43].
 Dysplasie osseuse floride ou Cémentome vrai
Elles sont asymptomatiques souvent de découverte fortuite lors d’examens radiologiques standards. Toutefois, une infection peut survenir et la lésion passe en phase symptomatique avec une douleur, un exsudat purulent, une fistulisation et une séquestration (figure 9 et 10). Elles se localisent le plus souvent à la mandibule plus précisément à la mandibule postérieure (67,9%) des cas [40, 59, 100].
Elles sont souvent rencontrées chez les femmes mélanodermes entre 40 et 50 ans [54].
Leur étiologie réelle est encore mal connue mais plusieurs hypothèses sont émises :
 Un phénomène d’induction des cellules à fortes potentielles de différenciation (odontoblastes, ostéoblastes et cémentoblastes) à produire soit de l’os alvéolaire soit du cément soit du tissu fibreux ou une combinaison quelconque de ces trois tissus avec une influence stimulante indéterminée.
 Le rôle des hormones sexuelles : la majorité des patients sont de sexe féminin ce qui fait supposer que les hormones sexuelles peuvent jouer un rôle dans l’étiologie par la potentialité des oestrogènes à stimuler la formation de tissus
 Les traumatismes et le trauma occlusal : des traumatismes de différentes natures tels que, les coups, les blessures, une occlusion traumatique et une pression anormale d’appareil de prothèse dentaire peuvent être un facteur favorisant la formation de dysplasie osseuse [4, 33].

Sélections des études

Les premières recherches lancées, ont permis d’avoir 160 titres d’articles. La lecture des titres a permis de retenir 122 articles dont les résumés ont été exploités avant d’en éliminer 43 qui n’étaient pas conformes aux critères d’inclusions.
L’analyse des 79 articles retenus a permis de faire la synthèse des données selon les aspects génétiques et moléculaires des lésions kystiques odontogènes non tumorales et des tumeurs bénignes odontogènes.

Synthèses des données

 Aspects génétiques
La mutation du gène de p53 au codon 237 est observée dans très peu de kératokystes et de kystes dentigères. Ainsi les aberrations de ce gène ne peuvent pas être utilisées comme des marqueurs de développement des lésions kystiques [68]. Cependant, une mutation du gène TP53 à l’exon 6 (E224D) était identifiée dans certains kystes odontogènes et serait associée à un pouvoir de transformation maligne [16].
Par ailleurs, les ADN méthyltranférases (DNMTs) responsables de l’hyperméthylation des promoteurs des gènes ont été retrouvés surexprimés dans les kystes et tumeurs bénignes odontogènes.
Cela prouve l’implication des mécanismes épigéniques dans le développement de ces lésions bénignes odontogènes [36]. En effet, dans les kératokystes odontogènes une méthylation du promoteur du gène p21 réduit en silence ce gène [75]. Mais également, le gène PTCH, suppresseur de tumeur, était muté sur le chromosome 9q22.3 prouvant ainsi son implication dans la pathogenèse et le développement des kératokystes odontogènes [97]. Les aberrations du gène FHIT (Fragile Histidine Triad) ont été rapportées dans les lésions kystiques avec une forte expression de la protéine FHIT aberrante dans les kératokystes odontogènes.
La cyclo-oxygénase-2 (COX-2) est un gène de réponse précoce induit par des facteurs de croissance des oncogènes et des carcinogènes. Son expression accrue joue un rôle important dans le développement et la croissance des tumeurs en intervenant dans les processus biologiques.
La COX-2 est surexprimée dans les améloblastomes et les kératokystes expliquant le comportement agressif de ces lésions.
Le système micro ARN régule l’expression de nombreux gènes humains mais son altération a été associée à la transformation néoplasique des lésions. Une altération du système micro ARN a retrouvée dans les améloblastomes.
La fibronectine (FN), composant principal de la matrice extracellulaire, est retrouvée dans la plupart des tissus adultes. Dans les conditions pathologiques telles que l’inflammation, la cicatrisation des plaies et les tumeurs, la FN contient un domaine exon supplémentaire exon épissé (EDA) favorisant l’ostéclastogenèse à l’origine de la prolifération cellulaire, la mobilité et l’agressivité dans différentes lésions. Ainsi selon Wang [110], la neutralisation de l’exon EDA permet d’inhiber l’ostéclastogenèse dans les lésions kystiques.

Commentaires

Les lésions bénignes odontogènes auraient une pathogénèse différente impliquant des mécanismes génétiques et moléculaires.

Pathogénèse

Les mécanismes épigéniques telle que l’hyperméthylation de l’îlot CpG seraient impliqués dans le développement des lésions bénignes odontogènes [36].
Par ailleurs, les aberrations des gènes et protéines FHIT et TP53 seraient impliquées dans le développement des lésions kystiques [68].
Cependant, il faut signaler que dans ces lésions kystiques figurent des tumeurs dites odontogènes dont les améloblastomes et les kératokystes odontogènes. L’activité télomérase jouerait un rôle important dans la genèse et le développement des améloblastomes expliquant ainsi le niveau d’expression élevé des protéines hTR et hTERT dans cette tumeur [114]. Ces protéines auraient un rôle dans la pathogénèse des améloblastomes. De plus, la dérégulation du système micro ARN serait associée au développement des améloblastomes [92]. Dans les kératokystes odontogènes, PTCH1 et SUFU seraient impliquées dans la pathogenèse [63, 108]. Ces deux molécules sont retrouvées hyper exprimées dans plusieurs tumeurs confirmant le caractère tumoral des kératokystes odontogènes reclassés depuis 2005 par l’OMS. Outre ces molécules, les kératokystes exprimeraient l’ADN-HPV prouvant ainsi l’infection à HPV dans la pathogénie [3].
En outre, les lésions bénignes odontogènes entrainent le plus souvent une ostéolyse favorisée par des mécanismes moléculaires présents in-situ.

Mécanismes de l’ostéolyse

La liaison de RANKL à RANK favorise le développement des ostéoclastes alors que celle d’OPG à RANK favorise le développement des ostéoblastes. L’hyper expression de RANKL associée à l’hypo expression d’OPG rapportée dans les améloblastomes prouve le comportement ostéolytique important retrouvé de ces tumeurs [12, 18]. Par contre, dans les kératokystes, les kystes radiculaires, les kystes dentigères et les follicules dentaires l’expression d’OPG est supérieure à celle de RANKL [18]. Le caractère ostéolytique plus important des améloblastomes comparé aux autres kystes serait lié à l’hyper expression de RANKL. Dans les kératokystes, la surexpression de cellules iNOS-positives, contribue à une importante résorption osseuse avec accumulation de p53 de type sauvage [2, 82]. En effet, l’iNOS est principalement exprimé dans les macrophages exposés à une agression tumorale. L’hyperactivité d’iNOS peut induire une dilatation des vaisseaux sanguins importante pour l’apport de nutriments nécessaires à la survie des cellules tumorales qui vont poursuivre leur développement en favorisant la résorption osseuse. Cette résorption osseuse, plus intense, est retrouvée dans certaines lésions localement agressives. Cela s’expliquerait par des mécanismes génétiques et moléculaires. En effet, les aberrations des gènes FHIT (perte exons 6-7 locus FHIT), TP53 (mutation codon 237 locus p53) et les mutations des régions codantes PTCH1 et SUFU, observées dans les kératokystes odontogènes seraient en faveur du comportement agressif de ces tumeurs [68, 98].
Cependant, la cyclo-oxygénase-2 (Cox-2) est un gène de réponse précoce induit par des facteurs de croissance, des oncogènes et des carcinogènes. Sa surexpression est observée dans les lésions kystiques moins invasives [93]. En plus des gènes, l’implication moléculaire est également rapportée dans la littérature. La surexpression de TP53, gène suppresseur de tumeurs, marqueurs de l’apoptose est retrouvée dans les couches basales et suprabasales des kératokystes dysplasiques [16]. Ce qui semble confirmer la perte du contrôle du cycle cellulaire dans ces types de tumeurs [65, 81]. Cette surexpression, pourrait être due à la capacité proliférative des cellules tumorales qui ont un grand pouvoir d’invasion locale et une forte capacité de récidives [15, 23, 85, 94, 95, 103]. Une différence d’expression de la p53 est remarquée entre les lésions kystiques tumorales et pseudo tumorales [9, 15, 82, 90]. Ainsi, l’appréciation de l’expression de la p53 pourrait être utile pour différencier des lésions kystiques maxillo-mandibulaires tumorales de celles non tumorales. Outre, la p53, la p63 est surexprimée dans les tumeurs odontogènes à caractère agressif (kératokystes et améloblastomes). Cette expression élevée est retrouvée dans la couche suprabasale très proliférative de ces lésions [66, 107]. Son hyperexpression dans les kératokystes odontogènes et les améloblastomes pourrait expliquer leur comportement plus agressif et à leur tendance à la récidive [37]. En effet, la p63 permet d’étouffer le développement des tumeurs ne favorisant pas les métastases. Elle est ainsi surexprimée dans les lésions odontogènes localement invasives. Un autre marqueur de l’apoptose, la Bcl2, est hyper exprimée dans les améloblastomes, les tumeurs odontogènes adamantoïdes et les kératokystes [29, 69, 86]. Il s’agit d’une protéine anti-apoptotique, dont la surexpression dans les tumeurs favorise la survie des cellules tumorales. L’hyper expression de Bcl-2 a été notée dans la couche suprabasale des améloblastomes et dans la couche basale des kératokystes odontogènes [86]. Cependant, une faible expression de Bcl2 est rapportée dans les kystes odontogènes glandulaires, les kystes dentigères et les kystes radiculaires aussi bien au niveau des couches basales que suprabasales [80, 106]. Ce qui explique le caractère moins agressif de ces lésions. Par ailleurs, les caspases 3, autres marqueurs de l’apoptose, seraient hyper exprimées dans les kystes odontogènes botryoïdes et les kystes résiduels mais hypo exprimées dans les kératokystes et les kystes dentigères [73, 87]. En effet, les caspases sont des protéines qui jouent un rôle essentiel dans le déclenchement de l’apoptose cellulaire. Leur hyperpression dans les kystes odontogènes botryoïdes et les kystes résiduels pourrait expliquer la faible extension de ces lésions comparée aux kératokystes et kystes dentigères.
D’autres marqueurs biologiques seraient également impliqués dans les mécanismes biologiques des lésions bénignes odontogènes. Il s’agit des marqueurs de la prolifération cellulaires dont le Ki67 qui aurait une expression différente selon le type de lésion. Il serait hyper exprimé dans les kératokystes odontogènes, les kystes odontogènes botryoïdes et les kystes odontogènes calcifiés comparé aux kystes dentigères, radiculaires, odontogènes ortho kératinisés et aux améloblastomes uni kystiques [12, 17, 19, 21, 73, 87, 102]. Ce qui explique selon certains auteurs leur caractère récidivant après exérèse tumorale [4, 87, 102]. Par ailleurs, la MCM3 associée à Ki67 et à PCNA permettent d’apprécier la capacité proliférative des cellules tumorales [9, 15, 47]. La MCM3 joue un rôle dans la réplication de l’ADN et la prolifération cellulaire. En oncologie, c’est un marqueur de la prolifération cellulaire permettant de connaitre la capacité proliférative de cellules tumorales. Les marqueurs de la prolifération cellulaire, qui permettent une bonne appréciation du comportement agressif des lésions bénignes odontogènes semblent être la PCNA et la MCM3, car l’hyper expression de Ki67 est retrouvée aussi bien dans les tumeurs bénignes odontogènes et que dans les kystes odontogènes.
Outre, les marqueurs de la prolifération cellulaire, des facteurs de croissance semblent être impliqués dans le processus de développement biologique des lésions bénignes odontogènes. En effet, l’EGFR est un récepteur de facteur de croissance qui serait impliqué dans la pathogenèse des lésions kystiques odontogènes [37, 86]. Il est hyper exprimé dans les couches suprabasales des améloblastomes et les couches basales des kystes dentigères [86]. Cependant, son hyper expression dans les kératokystes odontogènes est retrouvée dans les couches basales et suprabasales prouvant la capacité de ces cellules tumorales à répondre aux stimuli [19]. Par ailleurs, il est important de signaler que plusieurs ligands à ce récepteur ont été identifiés dont certains vont entrainer son activation et sa dimérisation aboutissant à l’invasion locale et à distance mais également une résistance à l’apoptose avec un pouvoir de néo-angiogenèse.
D’autres molécules telles que la SURVIVIN, molécule inhibitrice de l’apoptose cellulaire serait fortement exprimée dans les améloblastomes et les kératokystes odontogènes [19,77]. Cette molécule empêche l’activation des caspases avec comme conséquence une régulation négative de l’apoptose favorisant ainsi la prolifération des cellules tumorales. Outre la SURVIVIN, le CD138 (Syndecan), hyper exprimé dans les kératokystes odontogènes, est une molécule qui favorise la prolifération et la migration des cellules tumorales mais également des interactions cellules-matrices via son récepteur pour les protéines de la matrice extracellulaire nécessaire à la croissance et au développement de la tumeur [19,77]. Par ailleurs, l’oncoprotéine MDM2 intervient dans la régulation du VEGF dans les situations d’hypoxie. Cette molécule est hyper exprimée dans les tumeurs bénignes odontogènes avec surexpression de VEGF favorisant la néo-angiogenèse [13, 95]. Quant à la protéine MVD, elle serait exprimée dans plusieurs cancers [14], alors sa surexpression observée dans certaines tumeurs bénignes odontogènes (améloblastomes, kératokystes …) pourrait expliquer le caractère agressif local de ces lésions. De plus dans les kératokystes odontogènes, la Cycline D1, l’IL-1α, l’EMT et MMP-9, surexprimés, seraient impliqués dans la pathogénèse, la croissance, le pouvoir d’invasion locale et la capacité de récidive de ces tumeurs [27, 55, 65, 113]. En effet, la Cycline D entraine une inhibition de l’apoptose au niveau des cellules tumorales par contre MMP-9 et IL-1α interagissent avec d’autres molécules pour stimuler la tumorigénèse et le pouvoir invasif des tumeurs. Quant à EMT, il est lui impliqué dans les processus tumoraux [27, 55, 65, 113]. La surexpression de ces quatre molécules dans les kératokystes pourrait expliquer le caractère tumoral de ces lésions.
En outre, les améloblastomes et les kératokystes sont des tumeurs bénignes localement agressives entrainant une destruction importante du tissu osseux, ainsi un nombre plus élevé de cellules CDIa-positive-Langerhans est retrouvé dans ces lésions comparé aux autres types de lésions kystiques odontogènes [71]. En effet, les CD jouent un rôle central dans le déclenchement d’une réponse immunitaire contre les phénomènes tumoraux. L’augmentation de cellules CDIa-positives dans les améloblastomes et les kératokystes pourrait expliquer le caractère localement agressif à fort pouvoir d’ostéolyse.

Pouvoir de récidive

La PCNA est un antigène nucléaire capable d’interagir avec les ADN polymérases et avec un grand nombre de protéines. Son hyper expression serait corrélée, à la radiographie, à une perforation de la corticale osseuse surtout dans les kératokystes odontogènes [51]. Son hyper expression dans la couche suprabasale des tumeurs kystiques odontogènes pourrait expliquer le pouvoir d’infiltration locale de ces lésions avec un risque de récidive plus élevé [9, 20, 90]. Son hyper expression est également retrouvée dans la couche basale des kystes dentigères et radiculaires [20, 53, 94, 97]. Par ailleurs, la TGF-α, ligand d’EGFR, favorise la prolifération, la différenciation et le développement des cellules. Elle serait impliquée dans les mécanismes de tumorigénèse en se liant à l’EGFR permettant la prolifération des cellules tumorales et l’angiogenèse. Cette TGF-α serait hyper exprimée dans les couches basales et suprabasales des kératokystes odontogènes expliquant le pouvoir d’agressivité locale et de récidive de ces tumeurs [22, 23]. Cependant, dans les améloblastomes, ce sont les facteurs de croissance des fibroblastes (FGF) qui semblent jouer un rôle important dans le pouvoir de récidive [111]. En effet, les facteurs de croissance fibroblastiques FGF7, FGF10, FGFR1 et FGFR2 sont surexprimés dans les améloblastomes et impliqués dans la prolifération des cellules tumorales via la voie MAPK [44, 112]. L’implication de ces facteurs de croissance fibroblastiques dans la prolifération des cellules des améloblastomes pourrait expliquer leur caractère agressif local et leur pouvoir de récidive après exérèse. Outre les facteurs fibroblastiques, l’actine alpha-musculaire lisse (α-SMA) régule l’activité des fibroblastes qui seraient impliquées dans le développement et le pouvoir de récidive des kératokystes. En effet, un nombre élevé de cellules exprimant α-SMA est retrouvé dans les kératokystes odontogènes (kystes odontogènes para kératinisés) comparé aux kystes odontogènes ortho kératinisés prouvant ainsi l’agressivité locale et le pouvoir de récidive des kératokystes [17].

Phénomène d’angiogenèse

Les phénomènes inflammatoires augmentent le niveau d’expression de VEGF source d’hémorragie parfois importante au cours de la prise en charge chirurgicale [55]. Le VEGF est impliqué dans la croissance des tumeurs via le mécanisme de néo-angiogenèse permettant de satisfaire le besoin en oxygène et en nutriments des cellules tumorales. Il est également impliqué dans la pathogénèse des kystes radiculaires en induisant l’ostéclastogenèse via la fibronectine (FN) [110]. La fibronectine est plus exprimée dans les kératokystes odontogènes comparés aux autres kystes [55, 73]. Par ailleurs, LOXL4, surexprimé dans les kératokystes, favoriserait le phénomène d’angiogenèse observé dans ces tumeurs [49]. Cette protéine, en plus de son implication dans la genèse du tissu conjonctif, intervient également dans la régulation, la sénescence, la suppression tumorale et le contrôle de la croissance cellulaire. Par contre, dans les améloblastomes multi kystiques, la CD90 et la P75NTR sont hyper exprimées [99]. Le CD90 ou THY1 est une protéine cellulaire qui s’exprime habituellement sur les thymocytes, les cellules souches mésenchymateuses, les cellules souches hématopoïétiques, les cellules tueuses naturelles, les neurones, les cellules endothéliales, les cellules mésangiales glomérulaires rénales, les cellules dendritiques folliculaires, les fibroblastes, les myofibroblastes. Elle est régulatrice de l’adhésion cellulaire, la migration, l’apoptose, la croissance axonale, les interactions cellule-cellule et cellule-matrice, l’activation des cellules T et la fibrose. Dans les tumeurs, la CD90 régule la prolifération des cellules tumorales, la métastase et l’angiogenèse. Il s’agit d’un marqueur pronostic pouvant être une cible thérapeutique dans le traitement des tumeurs. Son hyper expression dans les améloblastomes explique le caractère agressif et le pouvoir d’angiogenèse retrouvé dans ces tumeurs. Bien que ces lésions soient considérées bénignes, elles peuvent se transformer en tumeur maligne. 3.5 Facteurs de la transformation maligne
D’autres marqueurs ont été également étudiés dans les lésions bénignes odontogènes. Il s’agit de Notch-1 qui serait impliqué dans la croissance et le développement des kystes [37]. En effet, Notch1, dans les tumeurs, empêche la multiplication et la division trop rapide ou incontrôlées des cellules. Cependant, sa mutation favoriserait la transformation maligne des lésions. Quant à la MIDKINE, elle est exprimée dans les lésions odontogènes et considérée comme un facteur de différenciation cellulaire pouvant être une cible thérapeutique [48]. Il s’agit d’un nouvel antigène surexprimé dans les tumeurs pouvant permettre de différencier les lésions tumorales de celles non tumorales. Par ailleurs, il est important de noter que certaines lésions bénignes odontogènes, peuvent subir une transformation maligne [48]. Certains marqueurs biologiques (les cytokératines (CK) permettent de différencier les types de cancers [48]. Leur hyper expression permet ainsi de prédire le risque de transformation maligne de ces lésions. Certaines d’entre elles (CK5, CK14, CK19) sont hyper exprimées dans les couches basales et / ou suprabasales des kératokystes odontogènes, ce qui pourrait expliquer le pouvoir de transformation maligne de ces tumeurs localement agressives [69].

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Table des matières

PREMIERE PARTIE : Généralités sur les kystes et tumeurs bénignes odontogènes maxillo-mandibulaires
I. Kystes ou pseudotumeurs odontogènes
1.1 Définition
1.2 Epidémiologie
1.3 Caractères cliniques généraux
1.4 Classification
1.5 Types histologiques
1.5.1 Kystes épithéliaux odontogéniques
1.5.1.1 Kystes épithéliaux odontogéniques inflammatoires
1.5.1.2 Kystes épithéliaux odontogéniques liés au développement
1.5.2 Autres kystes épithéliaux liés au développement
II. Tumeurs bénignes odontogènes
2.1 Définition
2.2 Classification
2.2.1 Tumeurs épithéliales sans induction du mésenchyme
2.2.2 Tumeurs épithéliales et conjonctives avec ou sans formation de tissu dentaire dur
2.2.2.1 Odontomes
2.2.2.2 Tumeurs odontogéniques associées à l’os
DEUXIEME PARTIE : Point sur les anomalies génétiques et moléculaires dans les kystes et tumeurs bénignes odontogènes maxillo-mandibulaires : revue de la littérature.
I. Matériel et méthode
1.1 Critères d’inclusion
1.2 Stratégie de recherche
1.3 Procédure de sélection des études
II. Résultats
2.1 Sélection des études
2.2 Synthèse des données
III. Commentaires
3.1 Pathogénèse
3.2 Mécanismes de l’ostéolyse
3.3 Pouvoir de récidive
3.5 Facteurs de la transformation maligne
Conclusion
Références

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