Tuilerie Saussereau-Richard, l’entreprise de l’alliance matrimoniale (1930-1962)

Le siècle des tuileries

Un contexte favorable à la mise en place des tuileries

Au XIXe siècle les tuileries et les briqueteries semultiplient dans la Sarthe. Il faut rappeler avant tout que l’art decuire l’argile pour en faire des briques est très ancien. La maison de Crésus en Sarde, construit entre 570 et 547 avant Jésus Christ, est l’une des preuves d’utilisation des matériaux argileux cuits dans la construction depuis la période antique. Cette maison est faite en briques crues et on y trouve des reliefs en terre cuite peints au niveau de son acropole. Considérés comme matériaux nobles et coûteux, pendant très longtemps les briques cuites étaient essentiellement utilisées que dans la construction des édifices religieux ou bâtiments seigneuriaux. Jusqu’au XIXe siècle, dans le département de la Sarthe et tout comme partout en France, les toits des petites maisons paysannes étaient généralement faits en chaume. A sa place, l’on utilisait aussi parfois des genêts ou des branchages. Au XIXe siècle, un ensemble de facteurs vient contribuer à la généralisation de l’utilisation des tuiles et des briques cuites dans la construction de maisons. En effet, non seulement l’élevage s’intensifie, mais aussi plusieurs espaces herbeux se transforment en champs cultivés. Le chaume qui était utilisé à la fois pour la cuisson des pains, la construction des toits et pour réchauffer des maisons , se raréfie considérablement. Ces circonstances coïncident avec des campagnes contre l’usage des chaumes dans la construction, que mènent des préfets depuis le début de ce siècle. Par leur facilité de combustibilité, ces longues pailles résidus des céréales causent beaucoup d’incendies dans l’espace rural. En 1845 une loi interdit définitivement son utilisation. Cette décision est prise dans un ensemble de mesures mises en place avec l’arrivée de chemin de fer . Pour la préservation et la protection des voies ferrées, les constructions proches des passages des trains sont régulées et l’utilisation des matières facilement combustibles est interdite dans la construction afin d’éviter tous risques d’incendie. Les briques argileuses et les tuiles restent alors les seuls matériaux disponibles pour la construction des maisons et des toitures. C’est certes une grande opportunité qui se présente pour les tuiliers et les briquetiers. Des fabriques de tuiles et de briques « explosent » donc au courant de ce siècle.
En Sarthe, plus d’une cinquantaine d’usines sont créées au XIXe siècle. Très souvent ces industries d’argile sont à la fois des tuileries-briqueteries et chaussumeries. Elles commencent comme des petites usines artisanales saisonnières à rayonnement local, comptant moins de dix ouvriers. Un bon nombre d’entre elles se mécanisent très rapidement, et celles qui ne peuvent pas répondre aux exigences du temps, ferment assez vite. Avec lamise en place du chemin de fer, les constructions des gares, écoles, hôpitaux et autres infrastructures importantes se multiplient aussi. Il y a plus de rigueur sur les matériaux commandés, des formes des pièces beaucoup plus complexes qu’avant sont exigées. Les briques creuses standardisées et les tuiles mécaniques sont les plus demandées par les constructeurs et coûtent moins chers.
Il y avait déjà quelques tuileries dans la Sarthe avant le XIXe siècle, même si les appels d’offre pour exploitation de la terre sont lancés par le conseil municipal que vers 1813.Les tuileries d’avant cette période appartenaient essentiellementaux seigneurs. A la fin du XVIIIe siècle, l’une d’elles est encoreen fonction à Cherré, considérée comme la plus connue des quatorze communes limitrophes d’Avezé. L’abondance d’argile dans le sous-sol sarthois est l’un des facteurs qui favorisent ces implantations.

Un sous-sol richement argileux

Dans son ensemble le sous-sol Sarthois est richement argileux, ce qui est l’une des raisons de la multiplication d’activité d’argile dans ce département. Aussi, la présence de nombreuses forêts vient motiver l’installation des fours qui ont constamment besoin de bois. L’argile sarthoise ne profite pas qu’aux tuiliers et briquetiers. Ce département compte également de nombreux potiers répartis dans différentes communes. A Malicorne-surSarthe, située à environ quatre-vingt quatorze kilomètres d’Avezé, une première manufacture de faïences exploitant les gisements locaux est installée depuis 1747.
Malgré cette présence d’argile pratiquement dans tout l’ensemble du département de la Sarthe, les qualités de ses couches ne sont pastoujours compatibles à la fabrication de tuiles etde briques.
Les tuiliers utilisent la couche d’argile dite plastique afin d’avoir des produits de bonne qualité. Les artisans en tiennent compte avant d’installer une fabrique. Une carrière d’argile doit se trouver à proximité de l’espace réservé à la fabrication afin de faciliter l’acheminement de la matière première après son extraction. Certaines tuileries de la Sarthe n’étaient pas forcement placées dans le même enclos que leurs terrains d’extractiond’argile. Au milieu du XIXe siècle, c’est desenvirons du Mans que provient l’argile de bonne qualité qu’utilise la Tuilerie du Petit Saint Georges. Dans de telles conditions, les difficultésqu’occasionnent l’acheminent de l’argile ne peut qu’être un inconvénient à la survie de l’usine. La plus importante tuilerie-briqueterie de la Sarthe au XIXe siècle, est créée en 1865 dans la commune de Bezonnais près d’Ecommoy, par le groupe MM. Chesneau et F. Desnos. Le dépôt de cette usine était au numéro 124 du quai Amiral Lalande au Mans.
C’est dans ce même engouement du XIXe siècle que les Avezéens aussi profitent de leur sous-sol. Environ quatre tuileries-briqueteries dont la Tuilerie des Saules voient le jour dans cette commune pendant ce siècle. Cependant, en enquêtant sur les informations relatives à la création de la Tuilerie des Saules, on s’aperçoit que son histoire est déjà connue des Avezéens, tout comme d’autres aspects la concernant et sur lesquels nous reviendrons. Commençons donc par interroger la mémoire collective de cette population.

L’histoire face à la mémoire collective

Les mentions des briques

Les témoins que nous avions rencontrés dans le cadre de la collecte des témoignages sur la Tuilerie des Saules, sont tous nés après 1930. Ils n’ont donc pas de souvenirs personnels sur les périodes bien antérieures. Cette usine a commencé à œuvrer probablement depuis 1826. Les témoignages recueillis relatent les derniers jours de son existence, donc aux alentours des années 1950 jusqu’à 1960. Pour ceux qui connaissent cette fabrique, son histoire avant 1950 a beaucoup circulé de manière orale jusqu’à finir par former une version historique qui se présente aujourd’hui comme une sorte de mémoire collective. Bien que ceci soit l’une des preuves d’appropriation de ce patrimoine par cette communauté, qui par ce geste témoigne de la réelle volonté d’immortaliser l’œuvre de ses aïeux, il reste important de confronter des éléments d’information véhiculés parcette version à ceux des sources et de la bibliographie disponible. La certitude des Avezéens sur le passé de leur commune n’exclut pas la « déformation » dont sont victimes toutes les informations qui circulent de bouche à oreille.
S’appuyant sur les mentions que portent quelques briques encore présentes dans l’enclos de l’ex Tuilerie des Saules, à savoir : « Richard Segouin » pour certaines et « Saussereau Richard » pour d’autres, les Avezéens ont formulé une hypothèse sur les débuts de cette usine. Pour eux, la mention « Richard Segouin » sur les briques renvoie au nom du couple propriétaire de l’usine. Monsieur Richard épouse la fille Segouin alors héritière de la tuilerie, et en devient le propriétaire. Ce qui explique que la tuilerie appartenait premièrement à la famille de la femme, Segouin en occurrence. Les investigations menées sur le sens des mentions que portent ces briques nous amènent également à découvrir que ces objets sont encore aujourd’hui gardés en souvenir dans beaucoup des familles Segouin et chez de nombreux anciens d’Avezé. A cause de la mention de leur nom de famille, quelques familles Segouin seréclament être propriétaires de la Tuilerie des Saules et voire être à l’origine de sa création. Mais malheureusement les mentions des briques ne suffisent pas pour confirmer cette hypothèse. Le nom de la famille qui a réellement crée cette tuilerie, et pour laquelle on ne trouve aucune tracesur les briques, n’est pasconnue des Avezéens.
Suite aux nombreuses alliances matrimoniales et aux successions, le nom du premier propriétaire a disparu avec le temps. L’étude de l’évolution de cette fabrique ne peut donc pas être comprise sans l’histoire de chacune des familles ayant été en relation avec cette usine.

Les familles de tuiliers et les alliances matrimoniales

Famille Guérin : créatrice de la Tuilerie des Saules La Tuilerie des Saules a été certainement créée par sieur Marin Etienne Guérin, entre 1823 et 1826. Marin Etienne est né le 26 octobre 1785 à Saint-Germain-de-la-Coudre, dans le département de l’Orne. En 1806, il est recensé au lieu dit Petite Pannerie situé à proximité du lieu dit Bois de Saules . En 1807, le registre de l’état civil d’Avezé le recense en tant que travailleur dans la famille Arondeau au lieu dit Bois Guyot, situé non loin de la Petite Pannerie . Le 01 septembre 1813, il épouse Marie Madeleine Vannier à la mairie de Ceton dans l’Orne. Le 16 mars 1814, c’est dans la commune de Masle toujours dans ce même département que ce couple a son premier enfant qu’il prénomme Marin , deuxans plus tard, naît Marie. A la naissance de leur troisième enfant prénommé Jean Louis, le 06 octobre 1821, cette famille habite déjà le lieudit Pannerie à Avezé . En 1823, soit dix ans après son mariage, Marie Madeleine Vannier meurt à l’âge de 36 ans. Dans l’acte de décès, on découvre que cette dernière est issue d’une famille de tuiliers  . Marin Etienne, fils de cultivateur, a peut-être hérité de cette profession par sa belle-famille. Le 17 février 1824, Marin Etienne alors veuf de Marie Madeleine, épouse en secondes noces Anne Louise Bois, née le 25 février 1790 à Avezé. De cette union naissent : Marie Louise en 1825,Louis François en 1827 puis Alexandre le 16 mars 1828. Ce dernier ne devient pas tuilier comme son père, maisagriculteur .
En 1823, Marin Etienne obtient l’autorisation d’implanter une tuilerie. Le service de l’état précise que l’entreprise de ce dernier, comprend un four à tuile dit de 3e classe. C’est un four formé depuis plus de trois cents ans avec une capacité d’alimentation en bois d’une corde et de deux cent bourrées . Trois ouvriers travaillent dans cette entreprise. Il est donc probable que cette autorisation soit pour la création de la Tuilerie des Saules. Les archives de 1824 et 1825 n’étant pas disponibles, l’existence d’une tuilerie au Bois de Saules appartenant à Marin Etienne est indiquée pour la première fois au cadastre de 1826. Dans les mêmes années, ce tuilier a une autre entreprise située sur Le Chemin de la Croix au lieudit La Touche au nord de cette commune. Cette dernière fabrique est certainement créée avant 1820. Les créations de ces deux tuileries sont doncpostérieures à l’année 1827. La tuilerie du Chemin de la Croix correspond au numéro cadastral 527. C’est à cette adresse que Marin Etienne signale la démolition d’un four en 1856. Le cadastre de l’Etat Major 1820-1866, indique quelques constructions aux lieudits Bois de Saules, Grande Pannerie et Petite Pannerie,mais le lieudit Bois de Saules ne porte aucune mention de tuilerie. Ce qui explique que ce travail est antérieur à 1826 , car le registre officiel présentant les augmentations survenues dans les contenances et les revenus portés sur les matrices cadastrales dans la commune d’Avezé, indique la présence d’une tuilerie dans le Bois de Saules qu’en 1826.

Le Lieudit Bois de Saules

Le choix d’implanter une tuilerie au lieuditBois de Saules n’est certainement pas un hasard. L’impressionnante carrière d’extraction d’argile, encore visible de nos jours à Avezé, permet de comprendre les motivations de Marin Etienne pource secteur très riche en sol argileux de bonne qualité. L’implantation d’une tuilerie ne peut qu’être précédée d’une inspection préalable du lieu. Le lieudit Bois de Saules se situe à la limite Ouest d’Avezé, à la frontière de la commune de Préval. Au Nord, Avezé est limitrophe de la commune de Theil-sur-Huisne. Au Sud, se trouve la commune de Cherreau et au Sud-ouest, celle de Souvigné-surMême. Au Nord-Ouest, se situe la commune de Saint-Germainde-la-Coudre, et à l’Est, celle de Ceton. Par rapport au centre ville d’Avezé, le lieudit Bois de Saules se situe à une distance d’environ trois kilomètres et demi à vol d’oiseau. Avezé est traversé par l’Huisne qui prend sa source dans le département de l’Orne. C’est sur cette rivière que fonctionne le moulin d’Avezé, encore présent au début du XXe siècle.
En 1802, le lieudit Bois de Saules est occupé par la famille Radas, le père François, sa femme Corbin Louise et leurs quatre enfants :
Louise ; Marie ; Jeanne et Morisse. Les sources ne leur font aucun lien avec la Tuilerie des Saules qui n’est certainement pas encore créée en cette période . En 1810, cette commune d’environ vingt kilomètres carrés de superficie, compte mille deux cent deux habitants, dont cent cinquante neuf domestiques. Vers les années 1820, plusieurs propriétés du lieudit Bois de Saules appartenaient au sieur Marin Etienne Guérin.Une dizaine de numéros cadastraux sont enregistrés à son nom. Les archives de la commune d’Avezé donnent des détails sur l’usage de chacune de ces parcelles . A l’aide du Cadastre Napoléonien du XIXe siècle, on arrive à situer l’emplacement de chaque parcelle selon le numéro cadastral correspondant. Le lieu d’extraction de l’argile correspond au numéro 24 de ce plan, le fourneau à tuile est au numéro 22, placé sous un hangar. La tuilerieelle-même que l’on situe comme étant sur le sol d’une maison, est au numéro 21. Aux numéros 18 et 19 se situe le bois de la Tuilerie des Saules. Un important espace réservé aux bois taillis est au numéro 25 .

Extension de l’entreprise Guérin et installation des Richard à Avezé

La Tuilerie de la Pannerie

Le 09 juin 1838 une autorisation est délivrée pour la création de la tuilerie de la Petite Pannerie. Marin Guérin a une propriété à cet endroit là, qui semble provenir de sa famille. Il yétait lui-même d’ailleurs recensé à l’âge de 20 ans. Le lieudit Petite Pannerie est assez occupé depuis le début du XIXe siècle. En 1802, une trentaine d’individus repartis danssix familles, y résident . L’octroi de cette autorisation coïncide avec la période où Jacques René Grégoire et sa femme habitaient Avezé, juste après leur mariage. Mais l’on ne peut savoir si Marin Etienne voulait installer cette autre tuilerie pour son gendre. Bien que peu d’élément ne renseigne sur cette usine avant le XXesiècle, mais on a la preuve que la Tuilerie de la Pannerie, en fonction jusqu’au XXe siècle, ayant peut-être aussi subie quelques phases d’abandon, a été créée pendant la première moitié du XIXe siècle.
Contrairement à la version de « la mémoire collective avezéenne », cette tuilerie n’est pas l’ancêtre de la Tuilerie des Saules. Il ne s’agit pas non plus d’une quelconque délocalisation de celle-ci. Elle a fonctionné en même temps que celle des Saules. Vers les années 1850, Louis François Guérin travaille dans les tuileries de son père et habite à la Pannerie avec sa femme Rose Louise Chartrain. C’est dans ce lieudit que ce couple a son premier enfant, Julie Virginie, née le 30 mars 1852. Eugénie Esther, deuxième fille de ce couple, est à son tournée le 20 août 1854. Deux ans après, soit le 11 janvier 1856, Marin Guérin devient veuf pour la deuxième fois . Anne Louise Bois meurt, elle est âgée de soixante six ans. Les Richard quant à eux, sont encore localisés dans la commune de la Charbonnièreen 1864.
Grégoire et de Marie soient déjà des tuiliers exerçant dans différentes régions de France. Mais faute de traces, on ne peut déterminer avec précisions leurs passages. Pierre Grégoire, aîné des enfants de Jacques René Grégoire, meurt le 5 novembre 1863 à Angoulême dans le département de la Charente, à l’âge de 24 ans. Auguste Honoré qui est le deuxième enfant de Jacques René Grégoire, ne quitte pratiquement pas la commune de La Charbonnière jusqu’à son décès survenu vers la fin du XIXe siècle. Il est marié à Rose Pauline Segouin alors originaire de la commune de Moulhard dans l’Eure-et-Loir, le 22 septembre 1864 à la Charbonnière. Cette dernière Segouin n’est pascelle pour qui le nom est inscrit sur certaines briques de la Tuilerie des Saules.
Les sources ne lui font aucun lien avec la commune d’Avezé. Elle est restée dans la commune de la Charbonnière jusqu’à sa mort, survenue le 11 décembre 1901.

Les mariages consanguins

Jacques René Grégoire, sa femme Marie Guérin alors atteinte d’aliénation mentale après 1864, ainsi que trois deleurs enfants, à savoir : Luc Alexandre, Adrien Ernest et Henri Auguste s’installent à Avezé entre 1864 et septembre 1868. Le 07 Février 1869, Marin Etienne Guérin meurt à la Petite Pannerie. La déclaration de son décès est faite par son gendre Jacques René Grégoire et son petit fils Luc Alexandre, tous les deux habitant déjà la commune d’Avezé. S’en suivent à cette installation des Richard à Avezé, trois mariages consanguins qui viennent renforcer leur lien avec les Guérin. Trois fils de Jacques René Grégoire Richard et de Marie Guérin, épousent des filles de leurs oncles maternels. D’abord le 14 septembre 1870, Henri Auguste Richard épouse sa cousine Julie Virginie Guérin, fille de Louis François Guérin et de Rose Louise Chartrain. Le 23 novembre 1872, c’est Luc Alexandre Richard, qui épouse MarieAlexandrine Guérin, fille d’Alexandre Guérin et de Marie Julie Leproust . Enfin, le 07 octobre 1875 toujours à la mairie d’Avezé, Adrien Ernest Richard épouse Eugénie Esther Guérin, fille de son oncle Louis François Guérin et de Rose Louise Chartrain. Et trois mois plus tard, soit le 02 janvier 1876, Marie Guérin, mère de ces jeunes tuiliers, fille de Marin Etienne Guérin et femme de Jacques René Grégoire, décède à la Pannerie.
Nouvelle génération des tuiliers à la tête des entreprises Guérin. Si tous les enfants de Jacques René Grégoire sont des tuiliers, cela n’est pas le cas pour les enfants de Marin Etienne.Louis François Guérin par exemple, est cultivateur. Les fils Guérin n’étant pas eux-mêmes tous des tuiliers, mais mariant leurs filles avec les enfants de leur sœur qui sont donc tous de cette profession, ont certainement accordé une nouvelle chance de survie aux entreprises de leur père. Par ces mariages, les Guérin gardent leur richesse au sein de leur famille. Ainsi, durant une importante période de la seconde moitié du XIXe siècle, les tuileries Guérin sont assurées par les tuiliers de ces deux familles. Cependant, les tuiliers Richard ne sont pas tous restés à Avezé de manière permanente. Bien qu’exerçant toujours ce même métier, c’est dans le lieudit Moutonnières dans la commune de Le Theil-surHuisne que réside Alexandre Luc Richard, lorsqu’il déclare la naissance de son fils Alexandre Auguste, né le 01 juin 1877.
Pareil pour Henri Auguste Richard qui, le 05 octobre 1879, déclare la mort de son père Jacques René Grégoire Richard, dans la commune de La Chapelle du Bois située dans le département de l’Orne. Ce dernier semble avoir quitté Avezé après la mort de sa femme en 1876 . Seul Adrien Ernest est recensé à Avezé vers la fin des années 1870. Il réside à la Tuilerie des Saules, lorsqu’il déclare la naissance de son fils Ernest Emile, né le 06 novembre 1877.
Autres difficultés que connaissent les entreprises Guérin vers les années 1870, sont caractéristiques des situations de guerre. En effet, le 19 juillet 1870, l’Empire Français déclare la guerre au royaume de Prusse. Quelques mois plus tard, les troupes prussiennes siègent la France et la sombre dans unecrise majeure. Cette situation génère d’importantes instabilités qui ne peuvent que compliquer la vie économique et sociale des Français. La  commune d’Avezé est aussi particulièrement touchée par ces hostilités. Le 22 novembre 1870, les troupes prussiennes envahissent La Ferté Bernard. Quelques échanges de tirs avec des troupes françaises et bavaroises ont lieu PlaceSaint Barthelemy.
Les allemands se livrent ensuite aux pillages, aux réquisitions et à la prise d’otage de notables. Bien avant leur arrivée, Avezé était rempli de mines, de levées de terre et de torpilles, placées par des génies de guerre. Les Allemands exigent la destruction de ces plans de guerre d’Avezé par la population volontaire, en échange de la libération des otages . Les pertes à supporter par le passage des troupes prussiennes en 1870 sont très importantes. Le total des pertes subies par cette commune ainsi que les réquisitions se montent à 72. 490 francs. Les réquisitions de 1871 sont évaluées à 4. 341 francs, selon le rapport de la mairie d’Avezé d’avril 1872 à la préfecture de la Sarthe. Dans ces pertes on dénombre aussi des réquisitions en charroi et la disparition des chevaux. La somme de 65. 998 francs est remboursée à cette commune pour ces dégâts . Malgré ces périodes difficiles, on pouvait encore compter un bon nombre d’animaux domestiques dont deux cent quatre chevaux, quarante neufpouliches de plus de trois ans, cent quarante deux juments, quatre étalons et neuf hongres, à Avezé.

La Tuilerie de Bourg

En 1872, Aveze compte mille cent dix individus, parmi eux quatre chefs d’entreprises pour les établissements où l’on transforme de la matière première. Deux cent cinquante six personnes travaillent dans les industries de toutes sortes et sept cent quarante neuf autres exercent dans le secteur agricole.
L’état réel de la Tuilerie des Saules n’est pas connu en cette période. Mais il est probable qu’Adrien Ernest Richard soit parmi les quatre chefs d’entreprise recensés. En 1873, alors que l’on ne connait pas l’état de la tuilerie de Bourg ouverte au début de ce siècle par Jacques Verdier, une autre usine de tuiles et de briques est créée dans ce quartier par Adrien Ernest Richard. Avec seulement deux ouvriers en 1873. Dans sa petite tuilerie dite de Bourg, ce descendant Richard et petit-fils de Marin Gerin a un fourneau rond d’une hauteur de 3,4 mètres pour une dimension de 2,33 mètres. Il produit en moyenne cent mille briques par an.Tous les détails sur la production de sa tuilerie ne sont pas fournis par les archives en notre possession. Mais les pratiques sont généralement les mêmes pour toutes les tuileries non mécaniques de cette époque là. Au XIXe siècle voire pendant l’époque moderne, l’extraction de l’argile se fait de préférence pendant l’hiver pour un double avantage : les ouvriers mêmeoccasionnels, sont plus disponibles. L’argile extraite estmise en petits tas ou en couche mince afin de permettre l’action des agents atmosphériques. Pendant cette saison, les gels et les dégels successifs ainsi que la pluie procurent un premier travail de traitement à cette matière première.
Les techniques de production des briques et des tuiles restent artisanales, la méthode est extrêmement longue : trois à quatre jours pour remplir le four, huit jours de séchage, trois à quatre semaines d’affinage, deux jours de cuisson, douze jours de refroidissement. Le moulage se fait manuellement, les formes de produits répondentaux besoins architecturaux voulus par des constructeurs. En 1891, les statistiques d’Avezé ne notent aucune industrie de briques ou de tuiles, ni de faïences ou de verrerie, dans cette commune . Il est probable qu’après le passage des troupes prussiennes vers 1870-1871, la Tuilerie des Saules ait connue une phase d’abandon. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, cette usine est restée une entreprise artisanale qui a beaucoup résisté aux périodes difficiles, aux épreuves du temps ainsi qu’à la concurrence, pendant que de nombreuses fabriques detuiles et de briques créées tout au long de ce même siècle, ont définitivement fermé. Des mouvements de grèves aussi font partie des difficultés que peuvent connaitre des telles entreprises. Ils sont assez fréquents avant la fin du XIXe siècle, pour diverses raisons dont la question des heures de travail qui changent d’un canton à un autre et varient selon les saisons. De manière générale les ouvriers travaillent dix heures par jour. En 1892, une loi relative au temps de travail est votée, mais elle n’est quasiment pasappliquée avant le XXe siècle. En 1896, trois cents ouvriers manceaux du bâtiment se mettent en grève pour la journée de onze heures. En 1899, les ouvriers Couvreurs de la ville du Mans, grèvent pendant cent quarante cinq jours. Cependant, toujours vers la fin de ce même siècle, les ouvriers dans les tanneries et les clouteries à Chartres, travaillent huit heures par jour.
Au début donc du XXe siècle, la Tuilerie des Saulesest en pleine phase de relance. En 1900, Alexandre Auguste Richard, fils d’Alexandre Luc Richard et petits fils de Jacques René Grégoire Richard et de Marin Etienne Guérin, a vingt-trois ans, et exerce le métier légué par sa famille. Ernest Emile Richard fils d’Adrien Ernest Richard est lui aussi âgé de vingt-trois ansen cette même période là, et il est également tuilier. C’est avecces deux jeunes artisans que la Tuilerie des Saules et celle de la Pannerie fonctionnent au début du XXe siècle. En 1901, Avezé compte neuf cent trois habitants. Aucune tuilerie n’est recensée dans cette commune cette année-là. Cependant on en trouve quelques-unes à Ecommoy, Cherré, Bonnétable, Soulitré, Précigné et à Nuillé-leJalais.

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Table des matières
Remerciements
Introduction
Premier chapitre : Création et évolution de la Tuilerie des Saules au XIXe siècle (1926-1900)
I. Le siècle des tuileries
1. Un contexte favorable à la mise en place des tuileries
2. Un sous-sol argileux
II. L’histoire face à la mémoire collective
1. Les mentions des briques
2. Les familles des tuiliers et les alliances matrimoniales
III. Extension de l’entreprise Guérin et installation des Richard à Avezé
1. La Tuilerie de la Pannerie
2. La Tuilerie de Bourg
Deuxième chapitre : Tuilerie mécanique Richard-Segouin (1905-1930)
I. De la fabrique artisanale à l’industrie mécanique
1. Alliance Matrimoniale et création d’une nouvelle entreprise
2. L’achat du moteur : une priorité pour Alexandre Auguste
II. Une usine mécanique opérationnelle
1. Réception et montage du moteur
2. Création de la scierie et transport de marchandises
3. Prise en charge du personnel
III. L’agriculture et l’élevage de la société Richard-Segouin
1. Investissement dans le secteur agricole
2. Le soin des animaux, la production et la vente
IV. Les tuileries d’Avezé et la guerre 1914-1918
1. La Tuilerie de la Petite Pannerie au XXe siècle
2. La Tuilerie Richard-Segouin entre 1915 et 1930
Troisième Chapitre : Tuilerie Saussereau-Richard, l’entreprise de l’alliance matrimoniale (1930-1962)
I. Une tuilerie déjà fonctionnelle
1. La reprise du gendre
2. Apports de Saussereau
II. Fabriquer des tuiles et des briques au XIXe et XXe siècle
1. Choix et préparation des argiles
2. Les méthodes de fabrication
III. Production de la Tuilerie Saussereau-Richard
1. Les tuiles et les briques
2. L’agriculture et l’élevage
3. Vers la fermeture complète de l’entreprise
Conclusion
Bibliographie et sources
Les annexes
Table des annexes

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