Tuberculose chez l’enfant et l’adolescent drépanocytaires

La tuberculose demeure encore un problème majeur de santé publique responsable d’une morbidité et d’une mortalité importante. C’est l’une des 10 premières causes de mortalité dans le monde. Le tiers de la population mondiale est infecté par le Mycobacterium tuberculosis. En 2015, l’organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé à 10,4 millions le nombre de nouveaux cas dans le monde parmi lesquels la majorité était survenue dans les pays en voie de développement [1]. Les principaux facteurs de risque de survenue de cette maladie sont l’infection à VIH, la malnutrition, les enfants âgés de moins de 5 ans. La tuberculose et l’infection à VIH forment une association morbide responsable de millions de décès particulièrement en Afrique.

L’OMS estime également à environ plus de 500 millions de porteurs de la maladie drépanocytaire dans le monde et chaque année quelques 300 milles enfants naissent avec cette anomalie [2]. Depuis le 21 Décembre 2008, la drépanocytose a été déclarée comme quatrième priorité de santé publique par l’assemblée générale des Nations Unies [3]. Dans ces zones à forte endémie tuberculeuse, l’incidence de la drépanocytose est particulièrement élevée : 10 à 40 en Afrique équatoriale, 1 en Afrique du Sud et 15 à 30 en Afrique de l’Ouest. Au Sénégal, sur une population de 14 millions d’habitants, la prévalence est d’environ 10 dans la population générale avec 0,5 de risque de naissance annuelle de formes majeures [4]. Les patients souffrant de drépanocytose présentent une grande susceptibilité aux infections notamment bactériennes du fait de l’asplénie fonctionnelle et de la baisse de la capacité phagocytaire des polynucléaires [5]. Néanmoins, malgré cette forte susceptibilité infectieuse, les données sont rares sur la prévalence de la tuberculeuse chez les sujets drépanocytaires surtout en milieu pédiatrique.

DEFINITIONS

Drépanocytose

La drépanocytose encore appelée « sickle-cell anemia », c’est-à-dire anémie à hématies falciformes, est une maladie génétique héréditaire transmise selon le mode autosomique récessif. Le mot drépanocytose vient du grec « drepanon » qui signifie « faucille », désignant la forme recourbée caractéristique que prennent les globules rouges ou hématies dans certaines circonstances. Elle est due à une anomalie qualitative de l’hémoglobine, responsable de la falciformation des hématies [6, 7]. L’HbS vient de « sickle » qui signifie faucille en anglais. Il existe plusieurs types de drépanocytose avec des génotypes différents [8, 9, 7] :
– les syndromes drépanocytaires majeurs qui regroupent :
❖ la forme homozygote SS (70%) : forme la plus grave.
❖ les hétérozygoties composites ou doubles hétérozygotes, par association de l’HbS à d’autres hémoglobines anormales : SC (25%) et Sβ-thalassémie (5%)
– Les hétérozygoties ou porteurs du « trait drépanocytaire » : ce sont des porteurs sains qui peuvent transmettre le gène de la maladie (AS, AC).

Tuberculose

La tuberculose est une maladie infectieuse contagieuse principalement par voie aérienne due aux mycobactéries appartenant au complexe Mycobacterium tuberculosis (M. tuberculosis, M. bovis, M. africanum, M. canetti, M. microti) .

Seules trois espèces sont pathogènes chez l’homme. Il s’agit de :
– Mycobacterium tuberculosis ;
– Mycobacterium bovis
– Mycobacterium africanum.

Elle peut affecter tous les organes mais la forme pulmonaire est la plus grave .

Association tuberculose/drépanocytose 

Il s’agit de tout cas de tuberculose maladie survenant chez l’enfant ou adolescent porteur d’un syndrome drépanocytaire majeur.

HISTORIQUE

Drépanocytose

La mutation génétique à l’origine de la drépanocytose existe sans doute depuis très longtemps en Afrique.
– En 1910, James HERRICK, médecin à Chicago, observa chez un jeune étudiant noir, originaire de l’île de Grenade, la présence d’hématies déformées en faucille (sickle cells). Cette caractéristique donna les différents noms à la maladie : drépanocytose (drépanos = faucille en grec), ou sicklémie (sickle = faucille en anglais).
– En 1917, EMMEL mit en évidence la falciformation des hématies. Il mit au point un test de dépistage (test d’EMMEL) [12].
– En 1927, HAHN et GILLEPSIE démontrèrent que la falciformation des hématies était en rapport avec la désoxygénation de l’hémoglobine.
– En 1943, la drépanocytose fut décrite pour la première fois en Afrique au Cameroun.
– En 1947, James NEEL, après avoir défini le trait drépanocytaire, établit alors le mode de transmission génétique selon les lois de MENDEL [13].
– En 1948, Janet WATSON, pédiatre hématologue à New York, suggéra que la présence de l’hémoglobine fœtale (HbF) chez les nouveau-nés de parents atteints, les protégeait transitoirement de la falciformation.
– En 1949, PAULING, ITANO, SINGER et WELLS mirent en évidence la différence du tracé électrophorétique entre l’hémoglobine A (HbA) dite normale de l’adulte, et l’hémoglobine drépanocytaire S. Cette découverte marqua le point de départ d’une étude moléculaire.
– Entre 1956–1959, le britannique Vernon INGRAM conclut que la différence électrophorétique de l’HbS était due à la substitution en position six de la chaîne béta (β), d’un acide glutamique par une valine [14].
– En 1978, Tom MANIATIS isola le gène de la bêta globine.
– En 1980, Y. Wai KAN mit au point un test génétique prénatal de la drépanocytose.
– Le diagnostic prénatal de la drépanocytose à partir de la polymérase Chain reaction (PCR) fut possible au début des années 1990, de même que les premiers essais de thérapie génique.
– En 1984, la première transplantation de la moelle chez un enfant a produit la guérison complète. Cette transplantation fut faite pour traiter une leucémie aiguë et la guérison de sa drépanocytose fut un événement inattendu.
– En 1995, l’hydroxyurée devint le premier médicament dont l’efficacité est prouvée dans certaines complications de la drépanocytose.
– Grâce au plaidoyer de l’Organisation Internationale de Lutte contre la Drépanocytose (OILD), au soutien de la République du Congo et de la République du Sénégal et à l’engagement des scientifiques, l’Union Africaine (en 2005), l’UNESCO (en 2005), l’OMS (en 2006), et les Nations Unies (en 2008) reconnurent la drépanocytose comme une priorité de santé publique [15, 4]. Ainsi, la date du 19 juin est dorénavant la Journée mondiale de sensibilisation à la drépanocytose .

Tuberculose

La tuberculose est une maladie connue depuis l’antiquité. Il existe des descriptions de la phtisie pulmonaire chez les peuples anciens de l’Orient, de l’Egypte et chez les Hindous.
– HIPOCRATE (460-400 avant Jésus Christ) connaissait et traitait la phtisie (terme qui regroupait toutes les affections inflammatoires chroniques du poumon).
– A la fin du 18e siècle, BAYLE Gaspard (1774-1816) caractérisa la phtisie pulmonaire comme une maladie spécifique à la base de laquelle se trouvait une formation de tuberculomes. En outre, il distingua la forme miliaire de la tuberculose.
– Mais, c’est à LAENNEC René (1781-1826) que l’on doit la définition et l’affirmation de la spécificité et de l’unicité des diverses manifestations cliniques, ainsi que la découverte des signes stéthacoustiques de la tuberculose [18].
– En 1865, VILLEMIN Jean réussit l’inoculation au cobaye et démontra l’existence d’une transmission aérienne de la tuberculose [17].
– En 1882, KOCH Robert (1843-1910) découvrit l’agent causal de la tuberculose, le cultiva sur un milieu de sérum coagulé et décrivit ses caractéristiques morphologiques .
– En 1885, ZIEHL et NEELSEN exploitant le phénomène de l’acido-alcoolorésistance découvert par ERLICH, mirent au point la coloration qui porte leurs noms.
– En 1907, CLEMENS VON PIRQUET proposa l’utilisation de la cutiréaction pour la détection de l’infection tuberculeuse [18].
– En 1920, CALMETTE et GUERIN mirent au point le vaccin antituberculeux : le Bacille CALMETTE et GUERIN (B.C.G.) est né. En 1944, WOKSMAN découvrit la streptomycine, premier antibiotique actif sur le bacille tuberculeux et l’Isoniazide en 1953 [18].
– Puis vinrent en 1949, l’acide para-amino-salycylique (P.A.S.) ; en 1952, l’isoniazide et la rifampicine en 1967.
– En 1968, BOIS VERT et COOL découvrirent une variété africaine de bacille tuberculeux élevée au titre d’espèce sous le nom de Mycobacterium africanum. D’abord séparés en différentes espèces : M. tuberculosis, M. bovis et M. africanum sont maintenant regroupés sous le nom de complexe tuberculosis en raison de plus de 95% de similarité génomique .

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : RAPPELS
1. DEFINITIONS
1.1. Drépanocytose
1.2. Tuberculose
1.3. Association tuberculose/drépanocytose
2. HISTORIQUE
2.1. Drépanocytose
2.2. Tuberculose
3. EPIDEMIOLOGIE
3.1. Drépanocytose
3.2. Tuberculose
3.3. Epidémiologie de l’association de la tuberculose et de la drépanocytose
4. ETIOPATHOPHYSIOLOGIE
4.1. Drépanocytose
4.1.1. Rappel sur l’hémoglobine
4.1.2. Génétique
4.1.3. Génétique moléculaire
4.1.4. Phisiopathologie de la drépanocytose
4.2. Ethiopathogénie de la tuberculose
4.2.1. Bacille tuberculeux
4.2.2. Transmission
4.2.3. Facteurs favorisants
4.2.4. Pathogénèse de la tuberculose
4.3. Succeptibité aux infections chez les drépanocytaires
4.3.1. Rôle de la rate
4.3.2. Asplénie fonctionnelle et risque infectieux
CHAPITRE 2 : ASPECTS CLINIQUES
1. DIAGNOSTIC DE LA DREPANOCYTOSE
1.1. Signes cliniques
1.1.1. Phase inter-critique
1.1.2. Phase critique
1.2. Signes biologiques
1.2.1. Examens d’orientation
1.2.2. Examens de dépistage
1.2.3. Examens de confirmation
1.3 Formes cliniques
1.3.1. Autres formes d syndromes drépanocytaires majeures
1.3.2 Forme hétérozygote AS
2. DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE
2.1. Clinique
2.1.1. Anamnèse
2.1.2. Formes Cliniques
2.2. Paraclinique
2.2.1. Intradermo-réaction à la Tuberculine
2.2.2. Bactériologie
2.2.3. Radiographie
2.2.4. Culture
2.2.5. Nouveaux tests biologiques
2.2.6. Anatomo-pathologie
CHAPITRE 3 : PRISE EN CHARGE
I. TUBERCULOSE
1. TRAITEMENT CURATIF
1.1. Buts
1.2. Principes du traitement
1.3. Moyens
1.3.1. Les antituberculeux
1.3.2. Les moyens adjuvants
1.4. Prise en charge du malade
2. TRAITEMENT PREVENTIF
2.1. Au niveau individuel
2.1.1. La vaccination
2.1.2. La chimio prophylaxie
2.2. Au niveau communautaire
II. DRÉPANOCYTOSE
1.Buts
2. Moyens
3. Principes
4. Prévention
4.1. Prévention des crises vaso-occlusives
4.2. Prévention de l’anémie
5. Prise en charge des urgences
6. Prise en charge des complications chroniques
7. Traitement curatif de la drépanocytose
7.1. L’allogreffe de moelle
7.2. La thérapie génique : une relève de la recherche
7.3. Autres traitements à l’étude
CONCLUSION

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