Trypanosomose à Trypanosoma evansi

Trypanosomose à Trypanosoma evansi

Discussion

L’ensemble des résultats obtenus grâce à cette expérimentation constitue d’intéressantes informations concernant l’implication de la sangsue Hirudinaria manilliensis dans l’épidémiologie de Trypanosoma evansi. Il apparaît que le parasite, s’il est ingéré par la sangsue lors d’un repas sur animal infecté, est incapable de quitter le compartiment digestif. Il y reste et subit la lente digestion de la sangsue. Il apparaît que T. evansi est incapable de survivre plus de quelques heures dans le tube digestif. Sa mort survient dès la première journée suivant le repas infectant, et parfois même très rapidement en moins d’une heure. A partir de ce moment là, plus aucune forme infectante du parasite n’est présente au sein de la sangsue dans les différents compartiments étudiés, l’appareil digestif, le fluide coelomique et les glandes salivaires. L’ADN du parasite est cependant capable de persister au-delà de 30 jours dans le contenu intestinal. Au regard de ces résultats, il semble que la sangsue Hirudinaria manilliensis ne constitue pas un vecteur de Trypanosoma evansi permettant la transmission de ce dernier quelques jours après un repas infectant. Elle constituerait un cul-de-sac épidémiologique de ce parasite. Cependant, comme il a été montré que T. evansi était parfois capable de survivre jusqu’à quelques heures dans le tube digestif de la sangsue, il parait tout à fait probable qu’elle puisse provoquer une transmission mécanique immédiate par une contamination de la zone de morsure.

Evaluation de la transmission expérimentale de Trypanosoma evansi par la sangsue

Comme énoncé précédemment, du fait de l’absence de formes infectantes du parasite dans la sangsue, cette dernière semble être un mauvais vecteur de T. evansi, au moins en ce qui concerne la transmission différée. Une transmission mécanique reste envisageable. Cette partie a pour objectif de confirmer ou d’infirmer ces hypothèses en mettant en place des essais expérimentaux de transmission du parasite sur un modèle rongeur.

Etude préliminaire : Evaluation de l’infectiosité des sangsues récupérées sur le terrain

Dans cette expérience, l’objectif est de vérifier que les sangsues qui seront utilisées pour les essais de transmission expérimentale de T. evansi sont bien incapables de transmettre le parasite de manière différée par la salive lors de la morsure, suite à une éventuelle infection dans la nature. Dans ce but, cette étude préliminaire a été réalisée avec des sangsues du terrain n’ayant pas subi d’infection expérimentale. Si ces résultats s’avèrent effectivement négatifs, les sangsues seront considérées comme non infectantes et seront alors réutilisées pour les essais de transmission expérimentale.

Matériel et méthode

Matériel

Sangsues : dix-huit sangsues aquatiques ont été utilisées pour cette expérience. L’expérience a eu lieu 35 jours après leur capture pour douze d’entre elles et 63 jours après pour les six autres.
C’étaient des sangsues ayant déjà réalisé des repas sanguins dans la nature avant d’être capturées.Elles avaient des tailles en extension comprises entre 5 et 8 cm.Rats : il s’agissait d’un lot de trois rats de laboratoire Wistar mâles issus d’un élevage indemne de trypanosomes. Une goutte de sang a été prélevée à la queue sur chaque rat au début de l’expérience et a été observée au microscope. Ces rats ne présentaient pas de parasitémie.

Méthode

Les dix-huit sangsues ont été réparties aléatoirement en trois lots de six individus. Toutes les sangsues ont réalisé une à une un repas sanguin de trois minutes sur un rat selon le protocole décrit en annexe. Lorsque les sangsues étaient retirées manuellement, la plaie était vérifiée. Si lesang ne coulait pas, les sangsues étaient repositionnées pendant trois minutes supplémentaires. Il était fait en sorte que les sangsues ne s’alimentent pas au niveau d’une plaie réalisée précédemment par une congénère. Chaque rat a donc servi de repas à six sangsues potentiellement infectées naturellement.La parasitémie des rats a par la suite été vérifiée trois fois par semaine pendant quatre semaines par observation au microscope d’une goutte de sang collectée à la queue.

Résultats

Tout au long de leur suivi, aucun des trois rats n’a présenté de parasite dans le sang.

Discussion

La libération de salive au niveau de la plaie est réalisée par la sangsue dans les quelques instants qui suivent l’effraction cutanée (Fermond 1854). Cette salive riche en hirudine, empêche le sang de coaguler. Elle permet aussi une analgésie au niveau de l’opercule rendant le repas plus aisé. La transmission éventuelle de T. evansi, si elle a lieu par la salive au moment où celle-ci est libérée, survient donc immédiatement après l’effraction de la barrière cutanée. Le fait de s’assurer que du sang coule par la plaie lorsqu’on retire la sangsue, nous indique que la contamination par le parasite a pu avoir lieu. Dans l’expérience réalisée ici, les rats n’ont jamais présenté de trypanosomes dans le sang durant les trois semaines de suivi. Connaissant la virulence de T. evansi chez ces rongeurs, il est justifié de conclure que soit, les sangsues n’ont jamais rencontré le parasite, soit même si le parasite est présent, la transmission à 35 jours et à fortiori à 63 jours, n’est pas possible. Les dix-huit sangsues utilisées pour cette expérience n’ont donc pas été capables de transmettre le parasite.
Considérées en conséquence comme non infectantes, elles ont par la suite été utilisées pour être infectées expérimentalement afin de tester la transmission immédiate et les transmissions différées selon différents pas de temps. En attendant, les trois lots ont été conservés séparément.

Matériel et méthode

Matériel

Sangsues : dix-huit sangsues aquatiques ont été utilisées pour cette expérience. Leur capture a été faite entre 50 et 80 jours plus tôt. C’étaient des sangsues ayant réalisé au moins un repas dans la nature avant d’être capturées. Elles avaient des tailles en extension comprises entre 5 et 8 cm. Comme expliqué dans le paragraphe précédent, ces sangsues ont été certifiées incapables de transmettre des trypanosomes qu’elles auraient éventuellement ingérés avant leur capture. On peut donc considérer que si transmission de trypanosomes il y a dans la suite de l’expérience, elle est réellement la conséquence de la transmission que l’on veut mettre en évidence.
Rats infectés : il s’agissait d’un lot de trois rats Wistar mâles inoculés 4 jours plus tôt en intrapéritonéal avec une souche de Trypanosoma evansi isolée sur bovin. Au moment de l’expérience, les rats présentaient des parasitémies de 106 trypanosomes/ml.
Souris : il s’agissait d’un lot de sept souris ICR femelles issues d’un élevage indemne de trypanosomes.

Méthode

Repas infectant : toujours grâce au même protocole, les dix-huit sangsues réparties en trois lots de six, ont été nourries une à une sur les trois rats infectés. Elles y ont été laissées fixées pendant cinq minutes. Les sangsues sont donc maintenant considérées comme infectées.

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Table des matières
Résumé et mots clés
Introduction
Chapitre I : Trypanosomose à Trypanosoma evansi
1. Le parasite
1.1. Morphologie de Trypanosoma evansi (Steel 1885) Balbiani 1888
1.2. Phylogénie
2. Répartition géographique, hôtes et effets sur l’hôte
2.1. Répartition géographique et principaux hôtes
2.2. L’immunodépression induite par Trypanosoma evansi
2.3. Lutte contre la maladie induite par Trypanosoma evansi
3. Transmission de Trypanosoma evansi
3.1. Transmission vectorielle
3.1.1. Transmission mécanique par les Tabanidés et les stomoxes
3.1.2. Transmission biologique par les vampires
3.2. Autres modes de transmission
3.2.1. Transmission par voie orale
3.2.2. Transmission congénitale
3.2.3. Transmission iatrogène
3.2.4. Transmission directe
4. Epidémiologie de Trypanosoma evansi
4.1. Cycle domestique chez les grands herbivores
4.2. Infection des carnivores
4.3. Cycle sauvage chez les petits animaux
4.4. Exploration des liens épidémiologiques
4.4.1. Rôle potentiel des tiques
4.3.2. Rôle potentiel des sangsues
Chapitre II : Evaluation de la transmission de Trypanosoma evansi par la sangsue
1. La sangsue : sa vie, son œuvre
1.1. Biologie de la sangsue
1.1.1. Classification et étymologie
1.1.2. Morphologie et anatomie
1.1.3. Comportement
1.1.4. Alimentation
1.1.5. Reproduction
1.1.6. Dynamique de croissance
1.2. La sangsue utilisée à des fins thérapeutiques
1.3. La sangsue en tant que vecteur de trypanosomes
2. La collecte et la conservation des sangsues
2.1. La collecte des sangsues
2.2. La conservation des sangsues
3. Evaluation de la présence de Trypanosoma evansi à l’état naturel chez la sangsue
3.1. Protocole
3.1.1. Dissection et prélèvements
3.1.2. Les glandes salivaires
3.1.3. Le liquide cœlomique
3.1.4. Le contenu intestinal
3.2. Mise en évidence de trypanosomes par observation directe
3.3. Mise en évidence de trypanosomes par PCR
3.3.1. Matériel
3.3.2. Méthode
3.3.3. Résultats
3.4. Discussion
4. Evaluation de la survie et de la localisation de Trypanosoma evansi dans la sangsue
4.1. Matériel et méthode
4.2. Résultats
4.2.1. Observations et inoculations
4.2.2. Résultats de l’analyse moléculaire par PCR
4.3. Discussion
5. Evaluation de la transmission expérimentale de Trypanosoma evansi par la sangsue
5.1. Etude préliminaire : Evaluation de l’infectiosité des sangsues récupérées sur le terrain
5.1.1. Matériel et méthode
5.1.2. Résultats
5.1.3. Discussion
5.2. Matériel et méthode
6.2. Résultats
6.3. Discussion
7. Conclusion sur le rôle de la sangsue en tant que vecteur de Trypanosoma evansi
Chapitre III : Evaluation de la transmission de Trypanosoma evansi par ingestion de tiques
contaminées
1. Transmission de Trypanosoma evansi chez la souris et le rat par ingestion de sang contaminé
1.1. Matériel et méthode
1.2. Résultats
1.3. Discussion
2. Transmission de Trypanosoma evansi par ingestion de tiques gorgées sur bovins infectés
2.1. Travaux préliminaires
2.2. Production de tiques gorgées sur bovins infectés
2.3. Essai de transmission aux rongeurs
3. Transmission de Trypanosoma evansi par ingestion de tiques gorgées sur rongeurs infectés
3.1. Travaux préliminaires
3.2. Production de tiques gorgées
3.3. Survie de Trypanosoma evansi dans les tiques du genre Rhipicephalus
3.4. Essai de transmission aux bovins
4. Conclusion sur la transmission de Trypanosoma evansi par ingestion de tiques contaminées
Conclusion générale
Références
Annexe 1 : Protocole Geneaid d’extraction d’ADN à partir de sang congelé
Annexe 2 : Protocole Geneaid d’extraction d’ADN à partir de tissu
Annexe 3 : Protocole d’amplification de l’ADN par Polymerase Chain Reaction (PCR)
Annexe 4 : Protocole d’un repas sanguin de sangsue sur rat et sur souris

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