TROUBLES MENTAUX, SCHIZOPHRÉNIE ET RISQUE DE VIOLENCE

TROUBLES MENTAUX, SCHIZOPHRÉNIE ET RISQUE DE VIOLENCE

LE CONCEPT DE DANGEROSITÉ :

La notion de dangerosité est une notion complexe qui est apparue au milieu du XIXe siècle dans le cadre des sciences criminologiques. C’est un concept élaboré en 1885 par Raffaele Garofalo (1851-1934). Son domaine d’application a évolué à travers le temps. Alors qu’à l’origine il servait à analyser des infractions d’habitudes, c’est-à-dire les infractions dont la répétition constitue un état socialement dangereux (comme la conduite en état d’ivresse, l’exercice illégal de la médecine), son domaine d’application s’est étendu aux criminels sexuels et violents [8]. Le concept de dangerosité prend en compte trois dimensions. Une dimension psychique qui est le trouble mental ; une dimension criminologique ou pénale qui est l’infraction et une dimension sociale qui est la punition. Il essaye de répondre à deux principales questions. Premièrement, est-ce que les variables individuelles et situationnelles peuvent être à l’origine d’une irresponsabilité pénale ? Et deuxièmement, peuvent-elles être le signe de la commission d’une future infraction ? [8]. Ainsi, actuellement, il est demandé aux psychiatres de se prononcer sur la dangerosité d’un individu que ce soit dans le cadre d’un examen psychiatrique d’office, d’une expertise psychiatrique pénale ou à l’occasion de la prédiction de la récidive chez un patient ayant déjà commis un acte dangereux. Aussi, le psychiatre est amené à traiter cet état dangereux et à prévenir le passage à l’acte et la récidive.

On ne peut pas dissocier la dangerosité de la violence.

En effet, la dangerosité est le risque de passage à l’acte violent et la majorité des études qui traitent la question de la dangerosité étudient en fait le passage à l’acte violent. Larousse définit la violence, du latin violentia, comme « Caractère de ce qui se manifeste, se produit ou produit ses effets avec une force intense, brutale et souvent destructrice », « Caractère de quelqu’un qui est susceptible de recourir à la force brutale, qui est emporté, agressif » ou encore « Extrême véhémence, grande agressivité, grande brutalité dans les propos, le comportement » [9]. L’organisation mondiale de la santé (OMS) définit la violence comme « La menace ou l’utilisation intentionnelle de la force physique ou du pouvoir contre soi-même, contre autrui ou contre un groupe ou une communauté qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, un décès, des dommages psychologiques, un mal développement ou des privations » [10].

Ainsi, la violence est à différencier de l’agression et l’agressivité. L’agression est « une attaque contre les personnes ou les biens, avec altération chez la victime de l’intégrité des fonctions physiques ou mentales », et l’agressivité une «intention agressive sans acte agressif» [11]. Plusieurs définitions de la dangerosité ont été proposées. Bénézech et al ont définit la dangerosité comme « la capacité d’un individu ou d’un groupe à présenter un risque de violence et de transgression, physique ou psychologique » ou « une disposition dans un contexte donné, à passer à l’acte d’une manière violente et transgressive » [12]. Une autre définition est celle citée dans le rapport de la commission santé justice présidé par M. Burgelin « un phénomène psychosocial caractérisé par les indices révélateurs de la grande probabilité de commettre une infraction contre les personnes et les biens » (Burgelin, 2005) [13]. Classiquement, on distingue deux types de dangerosité, la dangerosité psychiatrique et la dangerosité criminologique.

Génétique :

Les antécédents familiaux de violence constituent un facteur de risque majeur de comportement violent chez l’individu [88]. En effet, 50 % des comportements antisociaux sévères sont attribuable à des facteurs génétiques [17]. Plusieurs recherches scientifiques ont été faites à la recherche d’un gène de la violence et de l’agressivité. Il y a deux décennies, on a observé qu’une mutation rare conduisant à une déficience complète de la monoamine oxydase A (MAOA) était associée à un comportement impulsif et agressif dans une famille néerlandaise [18]. Une méta-analyse qui comprenait 11000 individus a montré une interaction significative entre le génotype MAOA à faible activité et le comportement antisocial [19]. Dans l’étude de Bevilacqua et al. [20], un codon-stop dans HTR2B a été associé à la toxicomanie et le risque de commettre des crimes impulsifs tels que les homicides. Cette découverte a indiqué que HTR2B a un rôle dans l’impulsivité, mais il n’a pas été possible de 13 déterminer si la variante fonctionnelle était associée à une toxicomanie ou à un comportement violent en soi [20]. Mais en réalité, il n’existe pas un gène responsable du comportement violent. En effet, les différences individuelles dans un phénotype résultent de l’action d’un grand nombre de gènes, chacun exerçant un effet qui fonctionne avec des facteurs environnementaux pour produire un caractère [16]. Nielson et al. [21] ont trouvé des preuves préliminaires qu’une perturbation dans le codage de l’hydroxylase du tryptophane, l’enzyme limitant la vitesse dans la synthèse de la sérotonine, est présente chez les patients avec un comportement agressif impulsif. Plus récemment, un polymorphisme dans le gène catechol O-méthyltransférase sur le chromosome 22q a été associé à des niveaux significativement plus élevés d’hostilité chez des patients schizophrènes [22].

D’autres travaux ont démontré que les antécédents familiaux de trouble de la personnalité antisociale augmentent le risque de développer un trouble de conduite de type agressivité et un comportement antisocial chez les enfants [23]. Eronen et ses collègues [24] ont également noté que la présence d’antécédents familiaux d’idéation et de tentatives d’homicide étaient associés à des actes agressifs extrêmes. Les études sur les jumeaux ont examiné les taux de concordance de la violence chez les jumeaux par rapport à la population générale. Connor et al. [25] ont étudié le comportement d’intimidation chez les jeunes enfants de la classe moyenne et ont découvert un taux de concordance de jumeaux monozygotes de 0,72 et de jumeaux dizygotes de 0,42, ce qui indique que 60 % de la variance du comportement d’intimidation est dû à une variation génétique. Cadoret et ses collègues [26] ont examiné des enfants qui avaient des antécédents familiaux biologiques de trouble de la personnalité antisociale qui ont été adoptés dans des foyers stables ou pathologiques. Ils ont déterminé que l’incidence de l’agressivité et du trouble de conduite étaient les plus élevées chez les enfants qui avaient des antécédents familiaux de comportement antisocial et qui ont été placés dans des foyers adoptifs perturbés, ce qui confirme les soupçons chez les cliniciens que la violence comporte à la fois des composantes génétiques et environnementales.

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Table des matières

SOMMAIRE
INTRODUCTION
CHAPITRE I  TROUBLES MENTAUX, SCHIZOPHRÉNIE ET RISQUE DE VIOLENCE
1. LE CONCEPT DE DANGEROSITÉ
1. 1. La dangerosité criminologique
1. 2. La dangerosité psychiatrique
2. ÉTIOPATHOGÉNIE DE LA VIOLENCE
2.1. Génétique
2.2. Circuits neuronaux impliqués dans les comportements impulsifs, agressifs et violents
2.3. Paramètre neurobiologiques
3.3.1. Sérotonine
3.3.2. Noradrénaline
3.3.3. Dopamine
3.3.4. Acide gamma-amino-butyrique (GABA)
2.4. Paramètres biologiques périphériques
2.4.1. Cholestérol
2.4.2. Cortisol
2.4.3. Testostérone
2.4.4. Tryptophane
2. 5. Approche psychosociale de la violence
2. 5. 1. Théories psychanalytiques
2.5.2. Théories cognitives
2.5.3. Théories d’apprentissage social
3. DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES SUR LE LIEN ENTRE TROUBLES MENTAUX GRAVES, SCHIZOPHRÉNIE ET VIOLENCE
3.1. Etude de la violence en population générale
3.2. Suivi de patients à la sortie de l’hôpital
3.3. Etude de cohortes de naissance
3.4 Etudes transversales parmi des prisonniers
3.5 Synthèse des études sur lien entre troubles mentaux graves, schizophrénie et violence
4. FACTEURS DE RISQUE DE PASSAGE A L’ACTE VIOLENT CHEZ LE SCHIZOPHRÈNE
4.1. Facteurs sociodémographiques
4.1.1. L’âge
4.1.2. Le sexe
4.1.3. Le niveau socioéconomique
4.1.4. Le niveau d’éducation
4.1.5. L’état matrimonial
4.1.6. La perturbation de l’environnement familial
4.2. Les troubles des conduites dans l’enfance et l’adolescence
4.3. Les antécédents judiciaires et antécédents de violence
4.3.1. Les antécédents personnels de violence
4.3.2. Les antécédents de victimisation, d’abus sexuels dans l’enfance
4.3.3. Les antécédents familiaux pénaux
4.4. Facteurs cliniques
4.4.1. Les symptômes psychotiques positifs
4.4.2. Les symptômes dépressifs
4.4.3. Comorbidité avec abus ou dépendance aux substances psychoactives
4.5. Facteurs liés aux soins
4.5.1. La durée de psychose non traitée
4.5.2. Le suivi psychiatrique
4.5.3. Observance thérapeutique
4.6. Facteurs contextuels
4.7. Synthèse des facteurs de risque
5. ÉVALUATION DU RISQUE DE VIOLENCE
5.1. Évaluation clinique non structurée
5.2. Évaluation actuarielle
5.3. Évaluation clinique structurée et semi structurée
5.4. Conclusion
CHAPITRE II  HOMICIDE ET SCHIZOPHRÉNIE
1. Généralité sur l’homicide
2. Données épidémiologiques sur l’homicide
2.1. Prévalence de l’homicide en Algérie
2.2. Études épidémiologiques sur l’homicide en Algérie
2.3. Études épidémiologique sur l’homicide commis par des schizophrènes
3. Caractéristiques des homicides
3.1. Caractéristiques de l’homicide non pathologique
3.2. Caractéristiques de l’homicide commis par des schizophrènes
4. Aspects Législatifs
4.1. Législation concernant l’homicide
4.2. Législation concernant la responsabilité pénale des personnes atteintes de troubles mentaux graves
CHAPITRE III  NOTRE ÉTUDE
1. Protocole de l’étude
1.1. Contexte de l’étude
1.2. Objectifs de l’étude
1.2.1. Objectif principal
1.2.2. Objectifs secondaires
1.3. Matériel et méthodes
1.3.1. Type d’étude
1.3.2. Lieu géographique de l’étude
1.3.3. Population et critères de sélection
1.3.4. Techniques d’exploitation des données
1.3.5. Mode de recueil des données
1.3.6. Traitement des données et analyse statistique
2. RÉSULTATS
2.1. VOLET DESCRIPTIF
2.1.1 Les schizophrènes auteurs d’homicides et les caractéristiques de leurs crimes
2.1.1.1. Les schizophrènes auteurs d’homicides
2.1.1.2. Les victimes de l’homicide
2.1.1.3. Données sur le crime
2.1.2 Les témoins
2.2. VOLET ANALYTIQUE  Recherche des facteurs de risque
3. DISCUSSION
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Bibliographie
Index des tableaux
Index des figures
Annexe

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