Troubles et maladies psychiques
Maladies ou troubles psychiques ? Le terme « trouble psychique » semble être « plus général et moins arbitraire (Schuler & Burla, 2012, p. 7) » et sous-entend un dysfonctionnement, tandis que le terme « maladie psychique » suggère la responsabilité de l’individu et le mot maladie revêt une plus grande importance, bien qu’ils aient tous deux la même finalité (Bürli, Amstad, Duetz & Schibli, 2015, p. 15). Les troubles psychiques sont définis comme suit par l’OMS : « Affections cliniquement significatives qui se caractérisent par un changement du mode de pensée, de l’humeur (affects) ou du comportement associé à une détresse psychique et/ou une altération des fonctions mentales. » (OMS, Rapport sur la santé dans le monde, 2001, p. 37) Cet extrait signifie qu’un individu souffrant de troubles psychiques a une dégradation dans sa façon de percevoir, de ressentir, de voir, de réagir, de se comporter et de comprendre une situation donnée. Cette altération, chez l’individu, est synonyme d’incompréhension, de souffrance et amène de nombreuses répercussions sur sa vie et celle de son entourage. « Les troubles psychiques peuvent se manifester par des limitations émotionnelles, cognitives, comportementales, physiques, ou par une forme d’inaptitude aux relations personnelles. » (Schuler & Burla, 2012, p. 7)
Pour rappel, les facteurs de risque et le stress engendré par ces derniers sont les causes d’une perte d’équilibre au niveau de la santé mentale. Ce déséquilibre rend l’individu vulnérable qui se retrouve dans un état de crise psychique, appelée aussi décompensation. « Une maladie psychique est handicapante dans la vie quotidienne : elle peut avoir un impact au niveau émotionnel, cognitif, interpersonnel, physique et comportemental. Il est fréquent qu’elle affecte plusieurs domaines de la vie (famille, activité professionnelle, loisirs, etc.) et qu’elle réduise la qualité de vie. » (Bürli, Amstad, Duetz & Schibli, 2015, p. 15) Il arrive que des changements de comportements ou d’affects surviennent à un moment donné chez un individu, tout en restant dans les limites de la « normalité », sans pour autant qu’ils soient pathologiques. Il est alors important de différencier ces types de comportement des troubles psychiques.
« Un épisode unique de comportement anormal ou un dérèglement de l’humeur de courte durée n’est pas en soi l’indice d’un trouble mental ou du comportement. Pour être considérées comme telles, les anomalies doivent être permanentes ou répétées et causer une souffrance ou constituer un handicap dans un ou plusieurs domaines de la vie courante. » (OMS, Rapport sur la santé dans le monde, 2001, p. 37) La maladie psychique n’est pas, à proprement dit, une maladie mortelle. Par contre, elle peut engendrer des conséquences graves d’invalidité, voire même de suicide (Bürli, Amstad, Duetz & Schibli, 2015, p. 15). Cette souffrance psychique, physique et sociale a également des répercussions sur l’entourage de l’individu. En effet, les proches sont les principaux « soignants » ; à cela s’ajoutent la surcharge émotionnelle, les différents symptômes et la stigmatisation des troubles psychiques qu’ils doivent surmonter (OMS, Investir dans la santé mentale, 2004, p. 12).
Les conséquences d’un trouble psychique sont importantes et péjorent fortement l’individu dans son quotidien. Sa vie sociale, professionnelle et familiale est fortement atteinte, car l’individu est principalement restreint dans sa capacité d’entrer en relation et de communiquer avec les autres. Le trouble psychique a de nombreuses répercussions sur les AVQ (activités de la vie quotidienne), car tout prend une ampleur différente avec les symptômes et la souffrance engendrés par ces troubles. La prévention primaire des troubles psychiques essaie, par le biais d’instances sociales, de lutter contre les mauvaises conditions de réhabilitation, la stigmatisation et l’isolement social des individus souffrant de troubles psychiques. La prévention secondaire tente de mettre l’accent sur le « dépistage précoce » des troubles psychiques, par la formation des professionnels et l’information au public, afin que tous soient à même de remarquer certaines prémices dans le comportement des individus touchés et sachent vers qui/quoi s’adresser dans ce cas. Enfin, la prévention tertiaire optimise les prises en charge thérapeutiques et éducative, dans le but d’éviter les récidives et la chronicisation des maladies psychiques (Rouillon, 2008, p. 69).
Il existe une grande quantité de classifications, concernant les troubles psychiques, qui contiennent elles-mêmes des catégories et des sous-catégories lesquelles regroupent encore autant de spécificités qu’il existe d’êtres humains, sans parler des comorbidités11. Par contre, il est possible de répartir en quelques catégories, les principaux troubles psychiques (Bürli, Amstad, Duetz & Schibli, 2015, pp. 15-16 ; Dortier, 2010, p.3 ; Rouillon, 2008, pp. 63-70), comme expliqué brièvement ci-dessous.
Handicaps psychiques et institutionnalisation « Les symptômes chroniques de la maladie mentale peuvent être suivis de déficits de comportement évidents et durables (troubles des capacités) ou de détériorations graves (préjudices) de la santé qui peuvent empêcher les individus de jouer un rôle social et entraîner une invalidité. » (DSAS, 2014, p. 8) En Suisse, selon les statistiques de l’AI (assurance invalidité), établies par l’OFAS14 (Office Fédéral des Assurances Sociales), en 2014, 101’930 personnes, hommes et femmes confondus, bénéficiaient d’une rente AI en raison de maladies psychiques. Le classement démontre également que les maladies psychiques sont les causes principales de l’attribution d’une rente AI. En Valais, toujours en 2014, 9’564 individus étaient touchés par la maladie psychique et au bénéfice d’une rente AI, ce qui représente environ 3% de la population valaisanne. « Une rente invalidité est attribuée quand une (ré)-insertion dans la vie active est jugée impossible. » (Schuler & Burla, 2012, p. 5) Bien qu’aucun document scientifique n’ait été trouvé, j’ai eu l’opportunité d’être en contact avec le SSH (Service Social Handicap) d’Emera et de leur poser des questions. Les réponses obtenues m’ont permis d’alimenter le contenu de ce travail.
Les individus en phase aiguë de la maladie sont hospitalisés dans des structures adaptées telles que les différents pavillons à l’hôpital de Malévoz15, à Monthey, dans le département de psychiatrie et de psychothérapie. Comme déjà expliqué au point 2.2.3, une personne qui est prise en charge rapidement au niveau médicamenteux et non médicamenteux peut se stabiliser et apprendre à vivre avec sa maladie. Les hospitalisations dans les structures adaptées sont peu fréquentes, voire quasi nulles lorsqu’une stabilité est trouvée. Une partie des individus peut continuer à vivre à domicile, malgré leur handicap psychique. Ils reçoivent de l’aide et du soutien, grâce à leurs proches qui gardent un oeil sur la situation ou à divers organismes (CMS, SSED, etc.). Pour d’autres, il arrive que la maladie soit déjà à un stade chronique et/ou qu’elle ne réponde pas complètement aux traitements. Dans ces cas-là, quand les symptômes sont trop présents et la souffrance trop importante, l’invalidité devient omniprésente et le handicap psychique sévère. La personne n’est plus capable de s’occuper d’elle-même. Le risque qu’elle se mette en danger est élevé. Le besoin d’avoir une présence à ses côtés est hautement nécessaire et les proches ne sont plus/pas toujours capables d’assumer ce rôle. La gestion du quotidien est très difficile et l’individu souffre énormément. Les symptômes de la maladie sont parasitant et l’empêchent de mener une vie de qualité, dans le respect de la dignité humaine. Les hospitalisations sont alors fréquentes, voire régulières. Plus les décompensations sont nombreuses, plus il y a d’hospitalisations et plus l’état de santé des individus s’aggrave, car les capacités cognitives et psychiques se dégradent un peu plus à chaque crise. La perte d’autonomie des individus est importante et ils ne peuvent plus s’assumer eux-mêmes.
Lorsqu’il n’est plus possible pour un individu de vivre seul, un placement en établissement spécialisé semble le plus favorable et adéquat. Une fois en institution, la personne est prise en charge uniformément et sous les angles qui s’avèrent nécessaires, afin qu’elle ait une diminution de sa souffrance et/ou un soutien constant. C’est le rôle du SSH d’offrir une aide au placement des individus en institution. Le SSH peut être contacté soit par la famille, les proches, un médecin, un assistant social, un curateur, l’APEA (Autorité de Protection de l’Enfant et de l’Adulte) ou encore par la personne elle-même. Les placements sont en majeure partie volontaires. Les placements à des fins d’assistance (PAFA) sont des décisions prises par les autorités compétentes et ne sont pas des placements « volontaires ». Le SSH et la personne réunissent tous les dossiers nécessaires et effectuent des demandes de placement dans les institutions qui semblent convenir le plus aux besoins et aux critères de la personne. En résumé, une personne qui a atteint un niveau d’aggravation trop important de sa maladie et qui n’est plus capable de s’assurer une vie digne et sans souffrances est orientée vers un placement dans une institution correspondant à ses besoins. En Valais, il existe plusieurs structures d’accueil.
Certaines accueillent les bénéficiaires pour des séjours de plus ou moins longues durées (entre 1 an et 20 ans et +), comme la Fondation Domus, la Fondation Emera, le CAAD (Centre d’Accueil pour les Adultes en Difficulté), le centre ORIF, les Rives du Rhône et via Gampel qui font partie de la Fondation Addiction Valais. D’autres sont temporaires, comme la Fondation Chez Paou, ou proposent non pas un accueil, mais plutôt un accompagnement de type centre de jour à visée préventive, accompagnante, formative ou thérapeutique. C’est le cas de l’AVEP (Association Valaisanne d’Entraide Psychiatrique), le CDTEA (Centre pour le Développement et la Thérapie de l’Enfant et de l’Adolescent) ou la Fondation Addiction Valais avec la Villa Flora. Des associations sont présentes également dans le soutien des proches et des familles, comme Profamille ou Synapsespoir. Cette liste n’est pas exhaustive, le but étant de donner une idée générale de ce qui est proposé et non pas de recenser tout ce qui se fait en Valais, en termes d’accompagnement des troubles psychiques.
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Table des matières
Liste des figures
Liste des abréviations
1. Introduction
1.1 Motivations
1.2 Objectifs
1.2.1 Question de départ
2. Cadre conceptuel
2.1.1 Définition de l’Intervention Assistée par l’Animal
2.1.2 Quels animaux utiliser en IAA, avec quels patients et quel professionnel?
2.1.3 Les apports de l’IAA : les bénéfices et les limites
2.2 Santé mentale
2.2.1 Troubles et maladies psychiques
2.2.2 Quelques symptômes communs aux troubles psychiques
2.2.3 Handicaps psychiques et institutionnalisation
2.3 L’éducateur social
2.3.1 La pratique éducative
2.3.2 La notion de projet éducatif
2.3.3 Travail en équipe, travail interdisciplinaire
3. Problématique
3.1 Question de recherche
3.1.1 Hypothèses
4. Méthodologie
4.1 L’échantillon de recherche
4.1.1 Technique de récolte de données et risques liés à la démarche
5. Analyse des données recueillies
5.1 Hypothèse 1
5.1.1 Les ES face aux IAA
5.1.2 La relation
5.1.3 Visibilité, mesurabilité
5.1.4 Les effets de l’IAA
5.1.5 Les effets transposables
5.1.6 Synthèse de l’hypothèse 1
5.2 Hypothèse 2
5.2.1 Définition du Travail Interdisciplinaire (TI)
5.2.2 Le TI sur le terrain : admission et mise en pratique
5.2.3 Synthèse de l’hypothèse 2
5.3 Hypothèse 3
5.3.1 Protocole en cas d’absence aux IAA
5.3.2 Facteurs qui peuvent entraver la participation aux IAA
5.3.3 Évaluation de l’ES
5.3.4 Ressources à disposition de l’ES
5.3.5 Synthèse de l’hypothèse 3
5.4 Synthèse finale
6. Partie conclusive
6.1 Perspectives et pistes d’actions
6.2 Limites de la recherche
6.3 Bilan professionnel
6.4 Bilan personnel
6.5 Bilan méthodologique
6.6 Conclusion
7. Sources
7.1 Bibliographies
7.2 Articles
7.3 Sites internet HES·SO // Valais Bachelor of Arts in Travail Social
2 Lorry Bruttin
7.4 Rapports et conférences
8. Annexes
A. Grille d’entretien
B. Retranscriptions d’un entretien
C. Demande d’enquête
D. Lettre consentement éclairé
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