TROIS QUARTIERS « PRIORITAIRES » DE LA VILLE DE RENNES : ENTRE DYNAMIQUES NATIONA SPECIFICITES LOCALES

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Prendre appui sur le discours des professionnel·le·s : entre demande sociale implicite et perspective critique déjà présente

« on a une culture du dispositif donc on gère des dispositifs et on ne gère pas des / […] et bah qu’est-ce que ça génère un dispositif c’est des cases c’est des codes j’y suis je ne suis pas / je suis le faiseur et je le fais pour toi parce que je pense que c’est bien / […], mais / c’est pas c’est pas malveillant dans un dans le but c’est un c’est une culture professionnelle qui a oublié de se reposer des questions qui qui permet de se protéger de mettre de la distance de s’outiller et tellement loin que voilà » (Mathilde_8)
Cette recherche s’inscrit, comme nous l’avons vu, dans un travail de recherche-action. Afin de mener à bien une telle perspective de recherche, il me semblait essentiel de partir du terrain, des professionnel·le·s, afin de construire les questionnements de recherche, mais aussi de réfléchir à la mise en œuvre de cette recherche, et du travail de médiation qui l’accompagne. Je me suis donc tout d’abord appuyé sur les discours des professionnel·le·s. S’il y a « une culture professionnelle qui a oublié de se reposer des questions », mon expérience de recherche m’amène à penser que nombre de professionnel·le·s sont aussi à certains égards « en recherche » (Bonny, 2015, p. 2). Par ce qualificatif emprunté à Bonny, je souhaite souligner que les discours produits s’inscrivent aussi et régulièrement dans une perspective critique qui cherche justement, quand l’espace (de discussions) le permet, à questionner les actions menées sur les trois quartiers. On touche là au paradoxe de l’institution :
– Elle tend à favoriser des postures surplombantes et désubjectivantes qui sont renforcées par la forte inertie institutionnelle et une certaine « culture professionnelle »
– Pourtant, et dans le même temps, à l’encontre même de cette force homogénéisante de l’institution, c’est aussi une subjectivité et pensée critique qui peuvent s’exprimer dans des discussions plus ou moins informelles avec les professionnel·le·s.
Les professionnel·le·s rencontrés ont ainsi « le nez dans le guidon » comme ils·elles ont pu me le dire, mais ils·elles sont aussi pour nombre d’entre eux·elles animé·e·s d’une perspective critique déjà présente qu’il s’agit d’entendre et déplier. Je me suis donc intéressé aux discours produits pour ce qu’ils révèlent, ce qu’ils critiquent et ce qu’ils « demandent » implicitement à une mission de recherche comme la mienne. C’est aussi dans une perspective de « sociologie pragmatique de la critique » que je m’inscris ici, dans laquelle « la position métacritique consistera donc à tirer parti du point de vue des acteurs, c’est-à-dire à prendre appui sur leur sens moral et, particulièrement, sur leur sens ordinaire de la justice, pour rendre manifeste le décalage entre le monde social tel qu’il est et ce qu’il devrait être pour satisfaire aux attentes morales des personnes » (Boltanski, 2009, p. 56). Ce chapitre s’attachera ainsi à :
– rendre compte, à travers des discours de professionnel·le·s, de la manière dont les « quartiers prioritaires » sont conçus par l’institution, en mettant notamment en avant, d’abord l’importance des indicateurs statistiques dans la définition de ces espaces urbains, et ensuite la manière dont l’espace conçu par l’institution tend à être déconnecté de l’espace vécu.
– mettre en lumière les différentes tensions qui caractérisent la posture professionnelle, qui permettent de la contextualiser, mais aussi de mettre à jour, d’une part, les marges de manoeuvres qui sont recherchées par les professionnel·le·s, et d’autre part, le manque d’espaces de débats et de discussions au sein de la collectivité.
– présenter plusieurs récurrences thématiques dans les discours des professionnel·le·s sur les quartiers dits prioritaires à Rennes, et qui sont tout autant de pistes de travail que j’ai suivies dans cette recherche.

« Quartiers prioritaires » : un « concept de l’institution »

La géographie de la politique de la ville esquissée précédemment a permis de mettre en exergue le fait que les « quartiers prioritaires » sont avant tout le résultat d’une construction socio-politique spécifique. Cette construction, et le parti pris qui en découle, est largement conscientisée par les différents professionnel·le·s rencontré·e·s. « Quartiers prioritaires », c’est donc une définition aléatoire avec des critères pas forcément pertinents. C’est un « concept de l’institution ». Cela renvoie à l’évolution de la politique de la ville, qui est passé d’une politique à l’échelle d’un quartier à maintenant une politique à l’échelle d’un territoire sur une base de revenus. C’est donc déjà une définition institutionnelle, qui renvoie à un périmètre, basée notamment sur les revenus (Marine, professionnelle de la direction de quartier à Villejean).

Une définition institutionnelle statistique

La dénomination « quartiers prioritaires » ou « QPV » renvoie à une définition institutionnelle. Cela signale tout d’abord que l’identification de certains quartiers comme « prioritaires » relève d’une perspective technique et administrative. Aux premiers abords, c’est d’ailleurs la seule chose que cela évoque chez plusieurs professionnel·le·s : « ça m’évoque les quartiers prioritaires de la politique de ville (rires) [<enqNK> : ouais] donc le périmètre dans les quartiers sur lequel s’applique le dispositif contrat de ville / [<enqNK> : ok] voilà c’est point de vue très technique » (Julien_8). Cette mise à distance technique et administrative n’est pas anodine. L’expérience de terrain, et le travail sur le long terme que j’ai entrepris, permettent en effet de comprendre que celle-ci vient parfois indiquer une tension inhérente au travail sur ces espaces urbains : la nécessité de ne pas trop se questionner parfois sur son travail quotidien afin de ne pas (trop) perdre le sens qu’on a pu y investir. On reviendra sur cette tension.
L’interrogation sur cette dénomination, et sur l’aspect technico-administratif qui lui est rattaché, permet en tout cas déjà de révéler certains positionnements idéologiques. Par le langage, c’est l’identification d’un espace spécifique qui se met en place afin de signaler un écart à la norme comme le montre l’extrait d’entretien ci-dessous. Les passages en gras permettent de faire ressortir les aspects les plus signifiants des citations mises en exergue.
12_<Charles> : quartiers prioritaires ça m’évoque une politique d’exception / [<enqNK> : hum] c’est-à-dire une politique qui tend à remettre à niveau au niveau de la ville c’est-à-dire au niveau de service de la ville un quartier qui est en dessous en dessous du niveau moyen de la ville // donc quartiers prioritaires pour moi c’est une identification d’une géographie prioritaire / qui va de pair avec pas mal de choses / notamment aux situations sociales situations enfin tout tout ce qu’on peut connaitre au niveau des minima sociaux, mais pour moi c’est géographie prioritaire le premier mot / Le choix de ce long extrait, en dehors donc d’une écriture polyphonique, a été fait, car il rassemble plusieurs éléments que je trouve signifiant. On retrouve l’idée d’une délimitation administrative, mais aussi et surtout celle d’une délimitation géographique renvoyant de fait à des espaces spécifiques auxquels sont associés des catégories socio-spatiales elles aussi spécifiques. Cette association se fait sur la base d’indicateurs statistiques qui permettent de prendre la décision de mettre en place des mesures pour « remettre à niveau ces espaces urbains ». Le langage a cependant ceci d’équivoque qu’il fonctionne souvent en prenant appui sur des processus métonymiques. On le verra dans cet écrit, cela est certainement d’autant plus vrai dans le cas des « quartiers prioritaires ». Dès lors, la « remise à niveau » aura tendance à ne plus se limiter aux indicateurs sociaux ou aux « quartiers » comme il peut être facile de le penser. Cette « remise à niveau » tendra à s’appliquer également aux habitant·e·s. Ce point est essentiel pour les développements à venir dans cet écrit.
Un autre aspect que l’on voit apparaitre assez clairement ici tient au fonctionnement actuel des politiques publiques. La catégorisation et la classification qui sont au fondement des politiques publiques mises en place sont pensées et réfléchies à un niveau national, et cela au risque d’homogénéiser des situations sociales et de se déconnecter d’une certaine réalité empirique « La politique publique a donc besoin de faire la différence de l’intérieur – c’est la définition même d’un travail de catégorisation et de classification – pour justifier l’introduction d’un dispositif qui s’ajoutera à ceux qui l’ont devancé et pour résoudre une difficulté qui n’aura pas été précédemment traitée » (Nicolas-Le Strat, 2003, p. 104)
Cette catégorisation, et la classification qui en découle, passe par les indicateurs statistiques « qui mettent en évidence les écarts de ces territoires-là avec les autres quartiers rennais » (Amélie_6). Cette grille de lecture est évidemment d’autant plus intensément mobilisée que le travail d’Amélie porte sur l’observation sociale par les statistiques. Mais cette grille de lecture n’en reste pas moins largement partagée par les professionnel·le·s. Or, ce « zonage » porte en lui un double risque (qui ne sont en fait que les deux faces d’une même pièce) : laisser à penser que les catégorisations ainsi mises en place sont objectives, et laisser ce « zonage » justifier (et alimenter) a posteriori un positionnement idéologique quant à la manière de penser l’écart à la norme.
Ce double risque se laisse entrevoir dans les discours produits. « ces quartiers-là c’est avant tout une catégorisation administrative c’est-à-dire que c’est une façon de class- classifier en regard d’un certain nombre de critères alors objectifs, mais, mais / très très arbitraires les quartiers pour décider s’ils relèvent oui ou non d’une intervention [<enqNK> : hum] qui nécessite la concentration des moyens publics » (Sophie_7). On perçoit bien ici la tension entre des critères dits objectifs d’un côté, et qualifiés d’arbitraires de l’autre. Cette tension, on la retrouve plus loin dans l’entretien de Sophie sous un autre registre. Il est alors exprimé une tension entre, d’une part, les catégories statistiques mises en place, et qui permettent de décider des actions à mener, et d’autre part, l’assignation de certaines caractéristiques sociales dans une forme de déterminisme social du fait même de ces catégories, et cela à partir du moment où l’on vit sur ces espaces urbains. Ce n’est pas : « parce qu’on habite dans ces quartiers-là on on subit un déterminisme nécessaire sur ces sur ces questions-là, mais statistiquement de manière objective le niveau d’instruction le niveau d’accès à des études supérieures / les catégories socioprofessionnelles des parents quand on se focalise sur les situations familiales le taux de chômage tout ça sont un certain nombre d’indicateurs objectifs qui montrent que les populations sont quand même dans une situation plus précaire moins armée [<enqNK> : hum] que sur le reste des territoires (Sophie_11).

« Tenir » une posture professionnelle et chercher les marges de manœuvre possibles

Une posture de « sachant·e·s » critiquée

« On est trop loin des fois je me dis des gens c’est-à-dire est-ce que c’est parce qu’on veut se protéger de de de / mettre à distance est-ce que c’est parce qu’on est tellement persuadé que ce qu’on fait c’est bon qu’on s’en fiche des conséquences » (Mathilde_8). Cette partie sur la posture professionnelle, bien que relativement courte, est intéressante à garder à l’esprit tout au long de la lecture de cet écrit. En effet, elle permet de mettre en exergue une idée qui interroge le fondement même de l’action publique et qui est transversale à tout mon travail : celle de la considération des habitant·e·s. « Ces questions-là sont des questions qui / qui interrogent l’action publique en général [<enqNK> : hum hum] / l’action publique / en gros c’est de dire je sais ce qui est bon pour toi et je vais te faire évoluer je vais te rendre plus intelligent et plus plus docile et plus plus en lien avec avec ton environnement » (Charles_64). Cette posture de sachant·e·s, qui implique également une forme de mise à distance, semble notamment s’instituer par le langage, le « jargon » mobilisé dans l’institution. « On est tellement imbibé de ce de ce jargon que on a on écrit des trucs voilà c’est c’est de la langue de bois […] je voulais le présenter à l’équipe, mais la plupart le connaisse maintenant c’est le le truc de Franck Lepage19 de la Scop Le Pavé [<enqNK> : hum] où il mélange tous les mots puis voilà c’est [<enqNK> : hum] bah ouais, mais on fait ça tous les jours20 [<enqNK> : hum] moi j’ai jamais fait autant ça que depuis que je suis là (rires) et on en fait même plus attention aux mots qu’on utilise euh c’est un mot-valise euh alors voilà le territoire moi j’aimais bien cette notion avant maintenant je peux plus parce qu’on la met à toutes les sauces euh on voit bien qu’on utilise des mots qui sont un peu fourre-tout » (Mathilde_8). Cette « langue de bois » est ainsi caractérisée par un flou sémantique omniprésent qui empêche de penser et d’agir face aux inégalités sociales. « Dans le sentiment rhétorique commun, les caractéristiques les mieux partagées de la “langue de bois” portent sur sa finalité et sur ses effets. Du côté de sa finalité, la “langue de bois” est perçue comme visant à tromper, manipuler, dissimuler, travestir, faire diversion…Concernant ses effets, elle est perçue comme inhibant la contradiction: particulièrement caractéristique des discours institutionnels (Krieg-Planque,Oger, 2010), elle endort et aliène » (Krieg-Planque, 2017).
Ce flou sémantique autour des mots, ainsi que ses effets, introduit le travail de déconstruction des notions naturalisées que j’ai réalisé dans ma mission de recherche-action à travers notamment diverses médiations sociolinguistiques (cf. chapitre 4. « Déranger et interroger l’institution : médiations sociolinguistiques autour de quelques notions naturalisées).
Au-delà de cette mise en lumière d’un langage « fourre-tout », Mathilde va ensuite plus loin dans son discours. Elle dessine déjà les contours des conséquences sociales de ces jeux de langage qui mettent à distance. « voilà, mais qu’est-ce que ça veut dire pour les gens quoi et / on les comprend pas forcément / euh donc quand on comprend pas on se sent un peu on se tend parce que on se dit qu’est-ce qu’ils veulent euh voilà alors que quand on prend on comprend euh voilà c’est plus facile / euh voire on peut être en colère parce que on a l’impression d’ê- d’être eu voilà et c’est vrai que je trouve qu’il y a quand même un un jargon et une posture une attitude dans nos façons de faire sur un alors particulièrement sur l’aménagement et je trouve, mais aussi dans le social un peu euh de sachant » (Mathilde_8). On comprend ici qu’une perspective critique de la politique de la ville amène nécessairement à réfléchir aussi à la manière de parler, à ce que cela provoque et produit en termes de rapports sociaux.
La posture surplombante doit aussi se comprendre à travers la tension entre la valeur d’usage, associée aux habitant·e·s, et la valeur d’expertise, associée aux professionnel·le·s et seule à même d’assoir une légitimé. Je pense que le·la lecteur·rice perçoit aisément le lien avec la posture épistémologique dans laquelle je m’inscris et que j’ai développé dans le chapitre 1 autour notamment de « l’interpellation réciproque des savoirs ». « Parce que j’ai un regard que j’avais pas avant ce regard un peu on va dire surplombant qu’on peut avoir quand même quand on est fonctionnaire territorial / j’en ai conscience même si de fait je peux l’avoir quand même, mais moi je le sais quoi [<enqNK> : hum] ce qui n’est pas le cas toujours je pense[<enqNK> : ouais] c’était pas le cas je parle même de moi / [<enqNK> : bien sûr], mais j’avais quand même cette image de hyper légitimité de l’institution des élus des fonctionnaires et puis / un rapport avec un peu un peu condescendant vis-à-vis des assos sur le terrain, mais qui en fait ont un regard qui est très complémentaire du nôtre et qui ont une capacité d’innovation et d’intervention et une souplesse aussi que nous on n’a pas » (Julien_91).
Si l’expérience professionnelle amène parfois à un changement de posture comme c’est le cas de Julien, qui est « au contact » du terrain du fait de son poste en direction de quartier, il semblerait que ce ne soit pas nécessairement le cas de professionnel·le·s de l’ANRU. « On est tout le temps en train de se gratter le nombril en disant qu’on est les meilleurs que / que ce qu’on fait c’est bien qu’on est qu’on est intelligent pour faire tout ça / et qu’on est plus intelligent que les habitants des quartiers parce qu’on sait ce qui est bien pour eux [<enqNK> : hum] / voilà donc on / on est en lorsque on est dans un colloque ou bien dans dans une rencontre entre professionnels on est tout le temps en train de s’auto-légitimer sur le fait qu’on a raison de faire ça que c’est bien ce qu’on fait [<enqNK> : hum] / et qu’on ne se remet pas en cause sur cette manière de faire […] (Charles_58). À une échelle plus locale, à Rennes, il semblerait que ce changement de posture ne soit pas toujours évident à faire accepter par celles et ceux qui la mettent en place. Avec certain·e·s professionnel·le·s, « nous on est on a on bataille encore aujourd’hui pour dire maintenant si on travaille avec des habitants on va d’abord les voir / » (Stéphane_18), car « nous on a des éléments de connaissance qui sont une partie de la connaissance les gens qui travaillent ou habitent dans les quartiers ont leurs connaissances [<enqNK> : hum] et la question c’est comment ces différentes connaissances se mobilisent au travers de questionnement et d’observation partagée » (Stéphane_16).

Des convictions personnelles parfois en tension avec la posture professionnelle

Si la confrontation à la marginalité interroge le·la chercheur·se (Raoulx, 2002), elle interroge également les professionnel·le·s en venant questionner la posture professionnelle à tenir. Dans les entretiens réalisés, j’ai posé à plusieurs reprises la question suivante (qui pouvait bien évidemment variée dans sa formulation) : « si je te dis maintenant quel est ton avis personnel, pas celui en tant que fonctionnaire ? ». L’interaction ci-dessous issue d’un entretien est révélatrice de la tension que cette question met en lumière.

Une image « extérieure » négative

S’il semble communément admis par les professionnel·le·s et les habitant·e·s que l’image des trois quartiers est négative, voire « déplorable » (Emmanuel, médiateur d’un bailleur social), il semble aussi l’être que cette image « vient de l’extérieur ». « L’image des quartiers euh // elle est beaucoup plus / mauvaise / quand elle émane de quelqu’un qui est de l’extérieur que quelqu’un qui est de l’intérieur / […], mais en tout cas les l’image l’image des quartiers reste globalement négative avec une petite différence selon que quand on est dans le quartier elle est moins mauvaise, mais quand on n’est pas du quartier elle est mauvaise globalement elle est mauvaise [<enqNK> : hum] / (Charles_16). Il apparait ici l’idée d’une séparation qui fait directement écho aux développements à suivre dans cet écrit sur la mise en place de frontières par la mise en mots de l’espace.
Ce constat partagé n’empêche cependant pas certaines nuances en fonction des représentations de chacun·e dès lors que les personnes essaient de hiérarchiser cette image négative. Le Blosne semble parfois jouir de l’image la plus positive. « Je pense que c’est des quartiers qui sont identifiés avec les mêmes problématiques maintenant je pense que le Blosne a quand même une autre image et moi ça bouge un peu plus différemment je pense dans l’image du quartier vu de l’extérieur (Mathilde_18). « On parle mieux du quartier du Blosne que des autres quartiers » (Charline, professionnelle au service économie de Rennes Métropole). À moins que ce ne soit le quartier de Villejean. Villejean à une image de grand ensemble / plus dense, mais a / une image vraisemblablement qui est meilleur que les deux autres du fait de / de la présence d’une forte communauté d’étudiants [<enqNK> : hum] / ça lui a donné au gré des années je pense une image plus plus normalisée par rapport au reste de la ville / / les deux quartiers les plus les plus stigmatisés à Rennes sont quand même le Gros Chêne et Le Blosne [<enqNK> : hum] (Charles_18).
Quand on aborde cette question de « l’image des quartiers », l’importance des discours entourant ces espaces urbains est rapidement palpable. Venant d’une commune extérieure à Rennes, au début j’avais l’image de la « ZUP SUD » avec « une crainte quand même qui s’est vite estompée ». D’ailleurs, quand je dis que je travaille au Blosne « ah ouais ça doit craindre là-bas ça doit pas être facile tous les jours ». Quand je dis que je travaille à côté de l’hôpital sud, c’est une autre connotation » (Lauriane, professionnelle d’un bailleur social au Blosne).
Cette question de l’image des trois quartiers, la manière dont elle se construit, sera ainsi centrale dans cet écrit. Si cette question guide ma réflexion, c’est aussi qu’elle est fondamentale dès lors que l’on souhaite s’intéresser à l’espace vécu induit par cette image « négative ». En effet, « l’image négative du quartier impacte les gens dans leur image propre » (Olivier, directeur d’une structure sociale sur Maurepas). Cela est confirmé par les habitant·e·s que j’ai pu rencontrer. « L’image du Blosne, je la reçois, je la vois, je la vis » (Céline, habitante du Blosne).

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Table des matières

AVANT-PROPOS SUR LE FILM DOCUMENTAIRE
INTRODUCTION
TRANSITION VERS LA PARTIE I
PARTIE I : CONTEXTUALISATION D’UNE DEMARCHE DE RECHERCHE-MEDIATION
CHAPITRE 1. FAIRE UNE RECHERCHE QUI « SERVE A QUELQUE CHOSE »
1. Réflexions épistémologiques autour d’une posture de recherche
2. Un chercheur-médiateur à Rennes Métropole
3. Méthodes de recherche et d’écriture
4. Cadre général de pensée et d’analyse
Résumé du chapitre
CHAPITRE 2. TROIS QUARTIERS « PRIORITAIRES » DE LA VILLE DE RENNES : ENTRE DYNAMIQUES NATIONA SPECIFICITES LOCALES
1. Des « grands ensembles » aux « Quartiers Politique de la Ville »
2. Maurepas, Villejean, le Blosne : une recherche située à Rennes
3. Parcours photographique des quartiers
Résumé du chapitre
CHAPITRE 3. PRENDRE APPUI SUR LE DISCOURS DES PROFESSIONNEL·LE·S : ENTRE DEMANDE SOCIALE IMPLIC PERSPECTIVE CRITIQUE DEJA PRESENTE
1. « Quartiers prioritaires » : un « concept de l’institution »
2. « Tenir » une posture professionnelle et chercher les marges de manœuvre possibles
3. Des récurrences discursives à interroger
Résumé du chapitre
TRANSITION VERS LA PARTIE II
PARTIE II : INTERROGER LE REGARD PORTE SUR « LES QUARTIERS » : MEDIAT SOCIOLINGUISTIQUES ET FILMIQUES
CHAPITRE 4. DERANGER ET INTERROGER L’INSTITUTION : MEDIATIONS SOCIOLINGUISTIQUES AUTOUR DE QUE NOTIONS NATURALISEES
1. La construction idéologique des discours : l’idéologie comme « force illocutoire »
2. « Cafés sociolinguistiques » et autres espaces de médiations scientifiques
3. Interroger des notions naturalisées
Résumé du chapitre
CHAPITRE 5. DONNER A VOIR ET A ENTENDRE L’ESPACE VECU : UN FILM REALISE « ENTRE 4 TOURS »
1. Une autre manière de faire de la recherche
2. « Travail sur » et « travail avec » le réel
3. De la proposition cinématographique à la médiation scientifique
Résumé du chapitre
TRANSITION VERS LA PARTIE III
PARTIE III : DE LA MISE EN MOTS DE L’ESPACE A LA MISE EN PLACE DE FRONTIERES
CHAPITRE 6. CE QUE LES DISCOURS CONVOQUENT ET PROVOQUENT : L’UNIVERS DISCURSIF MEDIATIQUE
1. La construction de « lieux médiatiques »
2. Une responsabilité sociétale des médias
Résumé du chapitre
CHAPITRE 7. UNE MARGINALITE ORGANISEE AUTOUR DE DEUX FIGURES : « L’ETRANGER » ET LE « PAUVRE »
1. Le « noir » n’est pas devenu « blanc »
2. Le malheur du pauvre
Résumé du chapitre
CHAPITRE 8. L’ESPACE VECU : ENTRE DYNAMIQUES D’APPROPRIATIONS ET RESSENTI D’INSECURITE
1. « On est chez nous »ou l’importance des dynamiques d’appropriation
2. Comprendre autrement l’insécurité
Résumé du chapitre
TRANSITION VERS LA PARTIE IV
PARTIE IV : ESSAI DE SYNTHESE INTERPRETATIVE
CHAPITRE 9. L’IMAGE « DES QUARTIERS » : COMPRENDRE SA CONSTRUCTION ET APPREHENDER SES IMPLICATIONS
1. La marginalisation comme processus de construction socio-discursive des espaces urbains
2. La marginalisation comme déconsidération sociale et politique
CONCLUSION : POUR UN CHANGEMENT DE PARADIGME
BIBLIOGRAPHIE

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