Trois communes rurales sous influence urbaine et multipolarisées
Dans un premier temps, il s’agit de définir les termes centraux du sujet de recherche qui permettent de situer le cadre d’analyse et de structurer le mémoire. Cette partie s’est construite autour de recherches bibliographiques effectuées avant et durant la phase de terrain. Cela a permis en outre, de bien cadrer et définir le sujet du mémoire relatif au terrain choisi.
Des mots clés pour structurer un mémoire
Les mots clés qui vont structurer ce mémoire sont au nombre de trois. Le premier, mode d’habiter, comprend dans sa définition trois dimensions. Par la suite, l’une de ces trois dimensions sera élargie par les notions de ruralité et d’urbanité.
Le concept de « Mode d’habiter »
Le terme de mode d’habiter a été forgé par Nicole Mathieu au courant des années 90, et se trouve être un « entre-deux-concepts » (Morel-Brochet et Ortar, 2012, p.36) que sont »genre de vie » et »mode de vie », le premier étant un concept géographique et le second un concept sociologique. Ainsi, selon Nicole Mathieu, ce terme « est construit pour permettre d’appréhender l’ensemble des relations qui s’établissent entre [ … ] les lieux et les milieux d’une part, et les individus et les »gens » de l’autre » (Morel-Brochet et Ortar, 2012, p.51). On comprend dès lors, l’importance de cette liaison entre les lieux et les personnes, car en effet, ces dernières vont pratiquer et se représenter, penser ces différents lieux et milieux de vie en particulier, au sein d’un espace plus général qui sera non seulement vécu, mais aussi perçu. Ainsi, le concept de « Mode d’habiter porte trois dimensions du réel–les pratiques (dimension factuelle), les représentations (dimension idéelle) et la matérialité (dimension physique) – … » (Morel-Brochet et Ortar, 2012, p.15). Bien que cette première définition nous éclaire sur les enjeux d’un tel concept, le choix a été fait de démarrer la réflexion de ce mémoire à partir d’une autre définition, proposée par Laurent Cailly et Rodolphe Dodier, dans un article regroupant les résultats de deux recherches sur les espaces périurbains.
Ainsi, le concept mode d’habiter y est défini de la façon suivante : « Toutefois, l’acception d’habiter que nous retenons est [ … ] un ensemble d’attitudes et de pratiques spatiales, d’abord fondées sur des temporalités quotidiennes, et visibles en particulier à travers les rapports au logement, à un espace local – quartier en ville, village dans le périurbain – et à l’ensemble de la ville ou de l’espace métropolitain. L’attention est en fait plus portée sur les modes d’habiter, c’està-dire sur l’ensemble des dispositions et des pratiques qui régissent les rapports à l’espace, la façon d’être mobile ou les identités spatiales afférentes. » (Cailly et Dodier, 2007, p.68). Ainsi, cette définition met en avant les temporalités du quotidien, et permet de comprendre que les pratiques qui régissent ces temporalités permettent de bien saisir quels sont les modes d’habiter pour chaque individu. Cette définition, en outre, s’intègre bien à la réflexion menée, car elle montre en quoi les modes d’habiter permettent de mettre en lumière les pratiques de vie, selon plusieurs critères (le rapport à l’espace, la mobilité, etc.) qui peuvent mêler ruralité et urbanité, et,qui, dans les représentations est un moyen de différencier, encore aujourd’hui, le rural et l’urbain :
« On a tendance à sous-estimer que le mode d’habiter est une part importante de ce qui fait la différenciation entre le rural et l’urbain dans les représentations collectives » (Mathieu, 1996, p.188). Ainsi, « entre les captifs, qui ne se reconnaissent que dans le hameau, les actifs qui travaillent dans la commune ou le bassin d’emploi, et ceux qui vont de leur maison à la ville sans passer par le village, les modes d’habiter sont très différents. » (Jean et Périgord, 2009, p.120) et peuvent contribuer à mettre en exergue une ruralité plurielle.
La notion de ruralité
Aujourd’hui, on ne peut plus parler de société rurale ou du rural comme catégorie spatiale opérante (d’où son abandon partiel dans la géographie actuelle), mais de ruralité (proche de l’idée de mode de vie, ce terme est apparu à la fin des années 1990), qui n’est plus perçue comme l’antonyme d’urbanité, comme cela a pu être le cas entre rural et urbain. En effet le concept de ruralité, ou des ruralités, a pris le pas sur le concept de rural : « Ce déplacement sémantique signifie que le rural ne désigne plus un groupe social lié à un espace pour une culture, une façon de vivre et de produire. Désormais, les ruralités se définissent avant tout par des qualités et des aménités territoriales. » (Banos et Candau, 2014, p.16). La ruralité n’est plus un type d’espace, mais bien une représentation (ce que nous allons considérer comme »campagne ») et sa pratique.
Il apparaît dès lors que l’opposition ville-campagne est devenue obsolète. Ainsi le concept de ruralité peut être défini de la manière suivante : « La ruralité désigne l’ensemble de représentations collectives et de caractère concourant à une forme d’identité et de fonctionnement des espaces ruraux. Sa définition exige donc de revenir sur la question du « rural » et de s’inscrire, de plus en plus, dans la dialectique des rapports ville-campagne, avec des modifications récentes dans les perceptions, les pratiques et les modalités de gouvernance de ces espaces. » (Rieutort, 2012, p.43). Cette définition montre bien en quoi la ruralité est réinterrogée, avec une généralisation de l’urbanisation et des rapports villes-campagnes de plus en plus prégnants. Bien que le terme fasse référence en premier lieu à l’ensemble des représentations collectives associées à la vie dans les espaces ruraux, chaque personne va avoir sa propre représentation de son espace de vie, qui peut être parfois en décalage avec son mode d’habiter.
Par exemple : Les actifs « qui vont de leur maison à la ville sans passer par le village » (Jean et Périgord, 2009, p.120) peuvent dans leur représentation vivre pleinement l’espace rural. Cela montre qu’une typologie des modes d’habiter peut ressortir des récitsque relatent les gens, avec des particularités propres à chacun mais qui se regroupent dans de grandes catégories. Ce qui peut donner lieu non pas à une seule ruralité, mais à une ruralité plurielle. La gouvernance de ces espaces changent aussi, déjà par le regroupement des communes en communautés (sur l’espace étudié la communauté des communes Tarn-Agout), qui a délégué certaines compétences des communes aux communautés. Il se pourrait aussi que la question se pose si d’autres compétences, comme la gestion des écoles et du scolaire, ne vont pas être elles aussi déléguées.
De plus, un changement s’est fait au niveau de la composition des conseils municipaux, avec une diminution du nombre d’agriculteurs présents dans ces conseils, au profit des néo-ruraux. Cela n’est pas sans conséquence sur les préoccupations et les décisions prises par les élus de ces communes rurales, qui reflètent aujourd’hui des attentes et des besoins de ces néo-ruraux (développement du réseaux internet, aménagement d’espaces de jeux pour les enfants, citystade, offres culturelles, lieux de rencontre etc.).
Cette notion de ruralité est le plus souvent dans les représentations opposée à celle d’urbanité. Cependant dans les pratiques spatiales, ces deux notions se trouvent être complémentaires, les personnes cherchant à associer les avantages de l’un et de l’autre.
L’urbanité comme l’antonyme de ruralité ?
Enfin, dernière notion développée dans cettepartie, l’urbanité sedéfinit comme étant « … ce qui fait ville, c’est l’idée d’interaction sociale qui est fondamentale. Toutes les activités se regroupent en un même point parce qu’elles ont à entrer en contact avec des clients ou des assujettis qui trouvent commode de tout trouver en un même lieu ; dans la mesure où les services sont complémentaires, ils ont également besoin de contacts. Une situation centrale est pour eux indispensable. La ville apparaît de la sorte comme la manière d’organiser l’espace qui permet de faciliter au maximum toutes les formes d’interaction entre partenaires et de les multiplier. » (Merlin et Choay, 2005, p.724). Plus précisément, l’urbanité renvoie également à une représentation soit collective, soit individuelle. Ainsi, on peut trouver dans le Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés la définition suivante, qui est, selon moi, plus claire et plus proche de mon sujet d’étude : « Caractère proprement urbain d’un espace. L’urbanité procède du couplage de la densité et de la diversité des objets de société, tangibles et symboliques, au sein d’un espace urbain donné. L’approche de l’urbanité ne la réduit pas à ses dimensions matérielles et fonctionnelles et intègre les réalités de société immatérielles (idéologies, normes, valeurs collectives et individuelles, etc.) » (Lévy et Lussault, 2013, p.966-970).
Il s’agit bien, là, d’une représentation en actes de la part des individuset/ou d’un ensemble d’individus. On parle alors de modèle d’urbanité, notion qui sort du seul cadre de la ville pour devenir une représentation sociale présente dans les schèmes d’actions, les pratiques de ceux qui font la ville. Ici, on ne parle pas seulement des personnes habitant en ville. Ces deux définitions montrent bien le rôle structurant des villes dans l’espace. Ainsi, les petites villes de l’espace étudié que sont Lavaur et Saint-Sulpice, ou encore la métropole toulousaine, forment une armature dans l’espace de vie des personnes vivant dans les communes rurales étudiées. Cela peut conduire au constat que ces villes n’ont qu’une fonction utilitaire pour certaines personnes vivant sur cet espace (offre de commerces, de services etc.). Laissant, pour certains, de côté une fonction d’interaction sociale inclue dans la définition d’urbanité.
Cependant, l’urbanité est présente également dans les villages, puisque leurs modes de vie sont très similaires (la maison étant le lieu par excellence de cette urbanité, avec la présence de la télévision, d’internet, de tout le confort que l’on peut trouver en ville et aussi à la campagne).
Ainsi, « les extra-urbains vivent d’abord comme des urbains, aussi bien par les kilomètres parcourus, les consommations, l’éducation des enfants, que par leur inscription dans un monde du travail de bi-actifs ou leurs usages intensifs d’internet et de portables. » (Viard, 2011, p.66). Ainsi, pratiques et représentations peuvent mêler urbanité et ruralité, donnant lieu à des modes d’habiter particuliers, et pouvant être très différents d’un individu à l’autre. Il convient donc, encore une fois, de ne pas opposer ruralité et urbanité, mais d’ avoir une vision qui prend en compte les deux concepts, puisque aujourd’hui campagne et ville ne s’opposent plus et sont en lien constant.
Trois communes rurales aux morphologies différentes, des dynamiques démographiques similaires
Après avoir présenté le cadre théorique en se focalisant sur les termes clés qui structurent la recherche et avoir démontré les liaisons pouvant être faites d’un terme à un autre, il semble indispensable de présenter le terrain étudié. Il convient donc de situer géographiquement les communes et les différents typologies dans lesquelles elles se trouvent, puis de présenter la morphologie des trois communes et d’en préciser l’évolution. Enfin, il est nécessaire de parler des écoles regroupées au sein d’un Regroupement Pédagogique Intercommunal (R.P.I.) en faisant un petit historique et le point actuel sur ce service public qui subsiste encore au niveau des trois communes. Ce dernier point est important dans le cadre de ce mémoire puisqu’il constitue l’axe d’entrée de cette recherche sur le terrain, notamment au travers de la réalisation de cartes mentales par les enfants, de leurs pratiques spatiales, de l’étude de l’école comme facteur déterminant ou non dans l’installation de ménages dans ces communes et de l’école comme lieu de rencontre.
Peut-on parler de communes rurales ?
Le terrain étudié est composé de trois communes : Garrigues, Lugan, St-Agnan. Ces dernières ont comme particularité d’être intégrées au sein d’un territoire commun, la Communauté des Communes Tarn-Agout (CCTA), regroupant 22 communes à cheval sur deux départements (le Tarn avec 20 communes et la Haute-Garonne avec 2 communes). Ce territoire regroupe en son sein environ 30 000 habitants , et a la particularité de se trouver à mi-chemin entre le métropole toulousaine et la ville moyenne d’Albi (Cf. Illustration 1). En effet, les trois villages se trouvent à 40 km environ de Toulouse et à 50 km d’Albi. Cependant si on prend le facteur distance-temps, celui-ci est fortement diminué par la présence de l’autoroute A68 AlbiToulouse (du Pastel) qui traverse ce territoire depuis 1992/1993. Ce qui influe sur la démographie de ce territoire et de ces trois communes, comme il sera démontré plus loin.
Les deux principaux pôles de ce territoire sont deux petites villes : Lavaur et Saint-Sulpice (cf. illustration 1). Ces deux petites villes, et plus particulièrement Lavaur ont une centralité affirmée qui s’additionne à une représentation symbolique très vivace du centre-ville, notamment avec des fonctions administratives, des équipements commerciaux etc. Qui plus est, Lavaur et StSulpice ont une place centrale dans l’intercommunalité (CCTA) et sont mises en valeur au sein du territoire. Elles sont en effet considérées comme des pôles urbains centraux. Ces deux petites villes se sont donc trouvées confortées en devenant le lieu d’organisation de l’intercommunalité. Ce territoire de Tarn-Agout cherche à s’inscrire ainsi dans le développement de l’agglomérationToulousaine en entrant en collaboration avec les intercommunalités de la région de Toulouse. Ce territoire a été défini au travers de deux typologies, l’un de la DATAR et l’autre de l’INSEE. La première typologie de la DATAR définit ce territoire comme étant « les campagnes des villes, du littoral et des vallées urbanisées ». Les communes de ce groupe se caractérisent par une forte croissance résidentielle depuis une trentaine d’années. Les conditions de vie et l’économie y « sont, plus ou moins fortement, liées aux dynamismes des métropoles et des villes environnantes » (Datar, 2012, p.7). Plus précisément, les communes rurales étudiées semblent se trouver dans la catégorie des campagnes densifiées, en périphérie des villes, à très forte croissance résidentielle et à économie dynamique ou dans la catégorie des campagnes diffuses, en périphérie des villes, à croissance résidentielle et dynamique économique diversifiée, la carte ne permettant pas de bien faire la distinction.
La première catégorie se caractérise par des communes qui bénéficient du desserrement résidentiel des grandes métropoles et d’un bilan naturel positif grâce à la présence d’une « population jeune ». Elles « attirent des catégories socioprofessionnelles supérieures mais peuvent aussi connaître des départs de cadres et de chefs d’entreprises [ainsi que] de personnes âgées de 55 ans et plus » (Datar, 2012, p.7). Leur situation économique est très favorable : emplois en augmentation, bon niveau de qualification des actifs etc. Ces communes sont également très bien pourvues en services et commerces. Les paysages, très fortement marqués par l’artificialisation des sols, présentent un bâti fragmenté et étendu.
La deuxième catégorie est composée des communes qui forment « les secondes couronnes des grandes agglomérations et les couronnes des villes moyennes » (Datar, 2012, p.7).
Densément peuplées, elles voient leur population augmenter grâce à un excédent naturel et migratoire. Sauf exceptions, elles attirent toutes les catégories socioprofessionnelles et un large éventail de classes d’âge. Au plan économique, ces communes disposent d’activités industrielles importantes et d’activités résidentielles légèrement inférieures à la moyenne. La qualification des actifs est élevée et le taux de chômage faible. Mais nombre d’actifs travaillent loin de leurs communes de résidence faute d’y trouver des emplois en nombre suffisant. Là encore, les paysages sont fortement artificialisés. (Annexe n°1)
La typologie de l’INSEE, elle, bien que différente, apporte des informations complémentaires. L’espace étudié est ici placé dans le rural fortement influencé par l’urbain. Ainsi les résidents des espaces ruraux parcourent des distances supérieures aux urbains pour se rendre sur leur lieu de travail : 20 km contre 14 km. Cela peut s’expliquer par la polarisation des emplois au sein des aires urbaines, qui accueillent 34 % des actifs résidant dans le rural. L’accessibilité aux équipements y est plus contraignante car les distances à parcourir sont plus longues. Ainsi, pour accéder aux équipements de la gamme supérieure, bien que légèrement surreprésentés au regard de la population, il faut 37 minutes de trajet depuis le domicile, deux fois plus que la moyenne nationale.
La majorité des ruraux (54 %) vivent à proximité de grandes aires urbaines (première catégorie). Parmi ces ruraux, 39 % vont travailler dans une aire urbaine. L’accessibilité moyenne des équipements reste assez faible comparativement à celle des villes-centres et des banlieues, mais s’améliore légèrement lorsque l’on prend en compte le trajet domicile-travail : à titre d’exemple, le temps d’accès moyen aux services de la gamme supérieure est de 31 minutes sur le trajet domicile-travail contre 33 minutes depuis le domicile (Bigard et Durieux, 2010, p.36) (Annexe n°2).
Si l’on demande aux maires actuels si ils sont en accord avec ces typologies, leurs réponses sont unanimes, ces dernières permettent, en partie, de définir la réalité actuelle de ces communes : « Oui, elles correspondent. […] voilà, des gens qui travaillent, pas tous sur Toulouse, mais quand même une bonne majorité qui travaille sur Toulouse, soit dans les métiers technologiques, donc soit à Labège soit à Blagnac. » (Entretien n°1). Au travers de cette phrase, on voit quelle importance et quelle influence a la métropole de Toulouse sur ces communes. En outre, il convient de prendre en compte un autre facteur dans l’arrivée de population dans ces communes : c’est l’accès à la propriété facilité par un foncier qui est relativement peu cher en comparaison d’autres communes plus proches de Toulouse : « Je suis plutôt d’accord, c’est vrai que l’on est effectivement dans ce cas là. S’il faut rajouter un critère là dessus, c’est si les gens arrivent ici, c’est parce qu’ils y trouvent du foncier. Qui est moins cher qu’il peut l’être à Lavaur ou qu’il peut l’être à Saint-Jean. » (Entretien n°3). Cependant, il ne doit pas être enlevé selon eux, la caractéristique de communes rurales, qui tient encore une place importante dans leurs propos, mais aussi au travers de leur catégorisation en communes rurales au sein de la CCTA (Cf. Illustration 1) : « Une commune, oui, une commune rurale, qui reste rurale, mais quand même en habitat c’est des gens qui travaillent à Toulouse. » (Entretien n°2).
Morphologie de trois communes rurales
Les communes étudiées ici, bien qu’ayant en commun ces différentes typologies, se distinguent l’une de l’autre par le développement du bâti de ces communes, entre un développement dès les années 1980 en lotissement et le phénomène de mitage qui disperse l’habitat en différents endroits dans la commune.
Saint-Agnan a vu dès les années 1980, son développement se faire en lotissements majoritairement, comme le précise l’ancien maire de Saint-Agnan « Parce qu’on a fait une première réserve foncière, en 1981-1982. On a commencé en 1981, et en 1982 on avait déjà vendu deux lots du lotissement. »(Entretien n°4), ce qui a permis un habitat concentré en une seule et même zone (hormis quelques maisons relativement isolées, comme des anciennes fermes et de l’habitat ancien). Cela nous est confirmé par Madame le maire au travers de cette phrase : « Je suis en train de travailler sur la carte communale, et il y a 56% des maisons qui sont à moins de 300 mètres de l’église ou de la mairie. » (Entretien n°3). Ce qui permet d’avoir une structure en village, et une centralité, sur cette commune, affirmée.
Cela se confirme au travers des perceptions des habitants de la commune interrogés. La question suivante leur a été posée : Je vais vous demander de placer sur cette carte ce qui est pour vous le centre de la commune. Où se trouve la centralité de cette commune ? Pour répondre à cette question, une carte de la commune leur a été présentée. Il leur a été demandé d’ entourer la zone qu’ils considéraient comme étant le lieu de la centralité, le centre de la commune, et d’indiquer si pour eux, il y en a vraiment un. Ainsi, l’intégralité des personnes habitant à Saint-Agnan ont répondu par l’affirmatif à cette question, en désignant le »village » même : « A Saint-Agnan c’est le village, plutôt vers la mairie et l’école, mais l’ensemble du village correspond bien à une centralité. Il y a un vrai cœur de village. » (Entretien n°8). (cf. Illustration n°2 et Annexe n°3.
Concernant Lugan et Garrigues, cette centralité semble moins, voire pas du tout présente à l’heure actuelle. Cela s’explique par le développement en mitage dans ces deux communes, même si les profils sont bien différents.
Pour la première commune (cf. Illustration n°3), cette morphologie de l’habitat très dispersé nous est confirmée par le maire, comme l’explicite bien la phrase suivante : « Lugan c’est une commune très éclatée en habitat […]. Mais il fallait arrêter ce type de politique (de mitage), le recentrer comme on le fait, dans le cadre des nouvelles lois. » (Entretien n°2). En effet, cette commune s’est développée autour de trois bourgs/hameaux différents. Le premier, se trouve proche des équipements communaux que sont la mairie, la salle des fêtes et l’école (Annexe n°4).
Dans les perceptions des habitants, la majorité considère cette partie de la commune comme étant la centralité, « Pour moi, c’est là où il y a la mairie. Mais la mairie par éducation et définition psychologique et par réflexe. Là où il y a la maire c’est le centre. C’est plus pour ça. »(Entretien n°18), même pour ceux habitant dans un autre lieu de cette commune. « C’est au niveau de la mairie.
Pour moi, le centre du village c’est là où il y a le cœur de l’activité (avec l’école, la salle des fêtes). » (Entretien n°6). Le second lieu de développement se trouve au lieu dit « Pas du Loup », où, ici, de grandes parcelles se sont vendues avant les années 2010, ce qui renforce encore cette impression de mitage (Annexe n°5). Le troisième lieu où s’est développé l’habitat, se trouve au lieu dit de « La Courbe » (Annexe n°6). Ces principaux lieux d’habitations sont perçus comme étant éclatés par certaines personnes interrogées, et remet en cause chez eux la notion de village dans cette commune : « M. : Déjà Lugan, ça ressemble pas à un village. […] Il y a une mairie, une salle des fêtes et puis des maisons, partout. C’est très diffus, l’habitat est vraiment très dispersé. C’est quand même pas super fréquent ça. »
Mme. : Il y a deux centres, il y a le Pas du Loup et ici.
M. : Aussi, il y a un troisième mini-bourg, c’est La Courbe, il y a pas mal de maison là-bas. » (Entretien n°11).
Un élan démographique commun : quel profil pour la population des trois communes ?
L’ influence de l’aire urbaine de Toulouse favorisée par la présence de l’autoroute A68 (avec un échangeur entre Saint-Sulpice et Lavaur à Gabor) va également entraîner sur les trois communes rurales que sont Garrigues, Lugan et Saint-Agnan, une certaine croissance démographique sur la période 1968-2012. Ce qui a déjà été développé un peu plus tôt dans ce mémoire.
La commune de Garrigues sur la période de 1968 à 2012, a connu un taux d’évolution de 121,4 %, soit 153 habitants en plus sur cette même période. Cela peut s’expliquer par l’arrivée sur la commune de jeunes ménages, de par la construction de lotissement et de maisons individuelles au courant des années 90. Cependant, on remarque une légère baisse de la population municipale entre 2007 et 2012. On peut expliquer cela par le départ de certains ménages de la commune et par son solde migratoire négatif, car le solde naturel lui, est positif sur cette période.
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Table des matières
Introduction
PARTIE 1 : Trois communes rurales sous influence urbaine et multipolarisées
1) Des mots clés pour structurer un mémoire
2) Trois communes rurales aux morphologies différentes, des dynamiques démographiques similaires
3) D’un questionnement à la formulation d’hypothèses
4) Une méthodologie pour une meilleure approche du terrain
PARTIE 2 : De la maison individuelle à un archipel métropolitain
1) Le choix ou non de la campagne : pour quelles raisons vivre ici ?
2) Quels espaces vécus pour les trois communes : L’école comme lieu de rencontre et de sociabilisation ?
3) Des horizons multiples dans les modes d’habiter
PARTIE 3 : A chacun sa ruralité
1) Une modification dans la gouvernance : une nouvelle ruralité de l’élu local
2) Une ruralité en construction chez les enfants
3) Une ruralité plurielle : vivre dans une commune rurale avec des perceptions différentes
Conclusion
Bibliographie
Tables des acronymes
Annexes
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