MODES D’EXPRESSIONS DE L’IDEE DU TRAVAIL
Au sens le plus général, le travail est conçu comme un effort que l’on fait, peine que l’on prend pour faire une chose ; effort long et pénible. C’est également une activité, un fonctionnement qui aboutit à un résultat utile. Autrement, c’est l’ensemble des activités économiques des hommes, d’un Pays, en vue de produire quelque chose d’utile pour la communauté : c’est la division du travail social ; ensemble des activités, des efforts nécessaires pour produire quelque chose, pour obtenir un résultat déterminé. Au sens plus large, c’est la transformation d’une matière nécessitant l’intervention de l’homme ; c’est une activité rémunérée. Le travail est aussi une obligation exécutée sur les ordres ou sous le contrôle d’un employeur en contrepartie d’une rémunération : c’est le code du travail ; c’est un ouvrage que l’on fait ou qui est à faire ; activité, ouvrage qui demande du temps et des effets (travaux ménagers). « Le travail n’est pas conçu autrement qu’en fonction du bien qui en résulté socialement pénible certes, mais méritoire et n’allant pas sans une certaine beauté, il est regardé par chaque individu comme un moyen d’acquisition de prestige au moins autant que le gain immédiat »6. Il faut aussi considéré le travail dans ses rapports avec l’institution de base : la famille ; la parenté est traditionnellement à la base de toute activité économique et la notion de productivité individuelle est encore confuse ; à ce stade, le travail est un service qui se rend, s’échange, s’évalue dans le cadre de l’organisation familiale. Dans cette économie fermée, l’individu produit toujours pour son groupe, et le plus souvent avec son aide. Ce groupe est naturellement plus ou moins restreint. Ce qui nous permet d’avancer la fameuse citation de Saint Simon : « L’homme travail non pas pour lui-même, mais pour la société »7. Pour les autres, le travail est essentiellement recherche de la subsistance. Dans le dictionnaire Larousse, le travail se définit comme une peine, une fatigue que l’on prend pour faire une chose. C’est aussi un ouvrage. En mécanique, c’est un produit de l’intensité d’une force par la projection, sur sa direction, du chemin parcouru par son point d’appui. Pour le sens commun, le travail est une activité qui exige l’utilisation de la force physique, psychologique et morale et parfois la société n’a été aussi contradictoire. Penser la société moderne, c’est penser la contradiction. La fameuse dialectique de Marx n’est peut être que la description de cette contradiction qu’il découvre, contradiction qui a une allure presque mathématique puisqu’elle s’exprime dans ce moderne mesure des comportements qu’est le salaire. Le travail est une marchandise, mais la marchandise n’est qu’une abstraction. L’objet a un sens lorsqu’on utilise, lorsqu’on en jouit. Mais la marchandise, cet objet dont on ne cherche qu’à se débarrasser n’est qu’abstraite, qu’on peut échanger contre n’importe quoi à condition que cet objet ait la même valeur. La marchandise est aussi abstraite que l’argent qui sert à payer. C’est une chose anonyme que passe de main en main. Le travail, activité essentielle du salarié devient tout aussi abstrait puisqu’il est marchandise. La valeur économique d’une marchandise, que ce soit de l’or, de l’argent, un diamant ou du pain, dérive du travail qui est contenu en elle ; BENJAMIN FRANKLIN, Adam Smith et RICARDO le savaient et l’ont dit : Mais comment mesure-t-on la valeur économique du travail ?8 Il n’y a pas d’étalon fixe. C’est là que l’on constate combien l’économie politique de Marx est une sociologie, c’est-à-dire une science qui tient compte de l’ensemble de la réalité sociale. Dire que la valeur dérive du travail dans ses rapports avec la société et avec la propriété. C’est dans cette analyse du paiement que Marx s’oppose le plus radicalement aux économistes anglais. En apparence, montre Marx, le patron paie, mettons, 12 heures de travail ; il semble qu’il y ait une adéquation simple entre l’heure du travail et son paiement. Mais, alors, la variation des salaires s’explique mal, ainsi que la durée de l’heures-travail. En réalité, le patron ne paie qu’un salarié qui correspond aux besoins minimaux de l’ouvrier et non pas à son travail. Ce qui est payé, c’est le besoin minimal calculé arbitrairement par le patron. Ainsi sur les 12 heures que fait l’ouvrier, 6 servent à son entretien, le reste est un cadeau fait au patron. Le travail que l’ouvrier fait en plus, le travail qui n’est pas payé est appelé par Marx « surtravail ». Mais le système salariat masque parfaitement la dîme que l’ouvrier paie au patron. Le serf ne peut ignorer qu’il travaille 4 jours par semaine pour nourrir son seigneur, il admet cela parce que la propriété est à ses yeux une institution sacrée. L’ouvrier ignore qu’il fait du « surtravail », il croit vivre dans un régime libre et égalitaire ; chacun pense choisir librement son travail et être payé d’une façon juste en fonction de ses efforts. L’aliénation et la mystification du salarié sont plus grandes que celles du serf.9 Il n’y a aucune liberté pour l’ouvrier : il choisit librement le patron qui l’exploitera, il est libre de chômer, c’est-à-dire libre de mourir de faim ; il est libre de travailler 12 heures par jour, donc libre de mourir de fatigue. Il fait de l’homme une bête de somme : c’est-à-dire que l’être humain est asservi par lui. Le travail occupe, dans l’univers des sociologues, une place prépondérante. Facteur de production, il mobilise des savoir-faire permet à l’homme de s’affranchir des contraintes du milieu et contribue ainsi à la création des richesses. Les revenus qui lui sont associés constituent une composante essentielle de la demande des ménages et donnent accès à la consommation de biens et services.
LES TRAVAUX DANGEREUX OU INSALUBRES
Ce sont les travaux industriels (dans les fabriques et les usines, dans un chantier où l’on utilise des véhicules et engins mobiles ainsi que des appareils pouvant occasionner des accidents notamment : les appareils élévateurs tels les ascenseurs, les monte charges, les grues, les machines motrices et génératrices ; les travaux qui emploient des machines ou mécanisme en marche : des machines à coudre mues par des pédales ou moteurs électriques, des machines à battre, broyer, calandrer, couper et découper, écraser, hacher, laminer, malaxer, mélanger, pétrir, presser, triturer, scier, trancher et meuler …, dans un atelier où l’on manipule des matières inflammables, des matières ou produits toxiques (produits chimiques et pesticides) ; destiné à la préparation, à la distillation ou à la manipulation des substances corrosives, vénéneuses et celles qui dégagent des gaz délétères ou explosibles et/ou où se dégagent des poussières nuisibles, etc.…19
LE TRAVAIL DES ENFANTS DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
On peut affirmer sans doute que la première cause du travail des enfants, c’est la pauvreté. Ce qui n’est pas pour étonner donc de voir que la majorité des enfants travailleurs se trouve dans les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine. Selon des informations statistiques très limitées obtenues d’une centaine de pays, il a été estimé qu’en 1995, 73 millions d’enfants de 10 à 14 ans étaient astreints au travail dans ces pays. 27 Toutefois, des enquêtes expérimentales récemment réalisées par le Bureau Statistique du B.I.T., dans un certain nombre de pays indique que ce chiffre est très dessous de la réalité et que, par ailleurs, beaucoup d’enfants de moins de 10 ans travaillent28. Le bureau estime aujourd’hui que, rien que dans les pays en développement, il y a au moins 120 millions d’enfants de 5 à 14 ans astreints au travail et qu’ils sont deux fois plus nombreux (250 millions) si l’on inclut ceux pour qui le travail est une activité secondaire. 29 Ces derniers se répartissent ainsi :
. ASIE : 69 %
. AFRIQUE : 32 %
. AMERIQUE LATINE : 7 %
Dans l’absolu, c’est en Asie que l’on trouve le plus grand nombre de travailleurs enfants ; mais en proportion, c’est l’Afrique qui détient le record environ 40 % d’enfants 5 à 14 ans. L’incidence du travail des enfants varie beaucoup selon les pays. Une enquête récente du B.I.T. au Ghana, en Inde, en Indonésie et au Sénégal a révélé que 25 % des enfants de 5 à 14 ans avaient eu une activité économique et que environ 33 % des enfants n’étaient pas scolarisés30 Il y a quelques années encore, surtout dans les pays en développement, le travail des enfants était considéré avec indifférence, apathie, voire cynisme. D’autres ne voyaient dans l’asservissement des enfants que le travail, qu’ils considéraient comme admissible sous prétexte qu’il est bon pour les enfants de travailler et que cela aide les familles. La situation était occultée – voire nécessaire – que ce soit par les gouvernants, employeurs, parents. La position de la plupart des gouvernants était que le travail des enfants était illégal et n’existant pas en droit, il n’existe pas en pratique. Les « Employeurs », de leur côté, du fait de cette illégalité, ne pouvaient employer des enfants que clandestinement. Quant aux parents indigents, ils n’avaient pas le choix et l’interdiction du travail des enfants était pour eux une vexation, voire une catastrophe économique. Et même, parmi les donateurs, bien rares étaient ceux qui plaçaient le problème sur la liste de leurs priorités. C’était la loi du silence inspirée par la nécessité et l’opportunisme ; le problème était occulté, ce qui interdisait pratiquement toute action corrective. Il faut noter également que dans de nombreux pays en développement, le travail des enfants est considéré comme une « SOCIALISATION » 31, « EDUCATION » 32 ; bref une « PREPARATION à la vie adulte » 33. La population n’était pas consciente des dangers que provoque cette responsabilité précoce des enfants. Mais actuellement, malgré la « paupérisation » des familles dans les pays en développement, on assiste à une lutte progressive contre le travail des enfants. Madagascar n’échappe pas à tous ces problèmes. Nous allons voir donc la partie suivante l’ampleur de ce phénomène à Madagascar.
LES RISQUES PSYCHOSOCIAUX
Il faut rappeler l’importance qu’il y avait à assurer le bon développement psychosocial de l’enfant et à prévenir et traiter les problèmes de santé mentale. Les indicateurs ayant traits à des facteurs de risques psychosociaux sont d’ordre cognitif, biologique, écologique, social ou relatif au monde d’éducation. En ce qui concerne les facteurs écologiques et sociaux, on pense à des facteurs comme la pauvreté, qui dans beaucoup de cas, contribue à la mise au travail précoce des enfants, comme conséquence de la pauvreté en milieu rural ainsi qu’en milieu urbain. On évoquera que les enfants travaillent à la recherche d’une mieux-être ou faute de mieux. Il apparaît principalement que les situations de pauvreté et celle des déscolarisations sont à l’origine de l’envoi de l’enfant au travail. Il a été aussi noter que certains ont des attitudes négatives à l’égard du travail, qui les a peut-être empêché de vivre leur enfance comme d’autres. Dans certaines interviews, il arrive souvent que les enfants au travail fassent référence aux enfants, qui, eux, sont encore à l’école. L’envie de retourner à l’école apparaît en permanence au cours des entretiens et il semble des fois même que l’enfant regrette son échec. Certains ne comprennent pas pourquoi existe une inégalité dans la vie sociale et cela peut provoquer des troubles psychologiques entraînant la déviance. Non scolarisé, plus tard, les enfants pourraient être victimes de marginalisation intellectuelle. Souvent apparaît également ce problème de confusion entre le MOI réel 89 et le MOI idéal 90 . L’enfant pense à une autre image de soi. Il ne peut pas accepter son être réel (c’est-à-dire le Moi réel) et il voudrait directement, sans effort, être le MOI idéal – le MOI que je veux l’être -. Ainsi, survient la tendance à dévier comme le vol par exemple.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Généralité
I) Choix du thème et du terrain
II) Problématique et hypothèse
III) Objectifs de l’étude
IV) Méthodologie
V) Problèmes et limites
PLAN DU TRAVAIL
Partie I : L’ENFANT DANS LE MONDE DU TRAVAIL
INTRODUCTION PARTIELLE
Chapitre I : l’HISTOIRE DU TRAVAIL
I) Modes d’expressions de l’idée du travail
II) La valeur et /ou l’ampleur du travail
III) La condition du travail
Chapitre II : LE TRAVAIL DES ENFANTS
I) Les diverses formes de travail des enfants
II) Contexte mondial du travail des enfants
III) Le travail des enfants dans les pays en développement
IV) Ampleur du travail des enfants à Madagascar
V) Le travail des enfants dans l’agglomération d’Antananarivo
CONCLUSION PARTIELLE
Partie II : DEVENIR DE L’ENFANT DANS LE DEVELOPPEMENT DES RAPPORTS- MARCHANDS
INTRODUCTION PARTIELLE
Chapitre III : L’ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE
I) Histoire de la commune
II) Géographie et administration territoriale
III) Atouts et menaces contre le développement communal
IV) Evolution du niveau de vie de la population
V) La logique de transition
Chapitre IV : L’INTEGRATION ECONOMIQUE DU TRAVAIL DES ENFANTS
I) Etude du niveau de vie des enfants travailleurs et de leurs familles
II) Les impacts sociaux du travail des enfants
III) Limite de la législation en matière de travail des enfants
CONCLUSION PARTIELLE
Partie III : BILAN ET PROSPECTIVES
INTRODUCTION PARTIELLE
Chapitre V : BILAN
Les dangers menaçant les enfants travailleurs
I) Les risques professionnels
II) Les risques psychosociaux
Chapitre VI : PROSPECTIVES
I) Déclaration des droits de l’enfant
II) Projets d’avenir des enfants travailleurs
III) Expériences dans lutte contre le travail des enfants à Madagascar et perspectives
IV) Service de la promotion des droits fondamentaux
V) Activités directes de lutte contre le travail des enfants
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE
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