Les fractures du rachis sont définies par l’existence d’une solution de continuité osseuse, ligamentaire ou ostéo-ligamentaire traversant le rachis [1]. La caractéristique de ces fractures repose sur la possibilité d’atteinte neurologique immédiate ou secondaire liée à des lésions des éléments myéloradiculaires situés dans le canal rachidien. La population jeune et active est la plus exposée aux traumatismes du rachis. L’atteinte médullaire met en jeu le pronostic vital et est responsable de conséquences fonctionnelles qui rendent difficiles l’intégration socio- économique ultérieure des victimes [2].En effet, la grande majorité des traumatisés du rachis sont des adultes jeunes entre 20 et 35 ans le plus souvent de sexe masculin [3,4]. Les AVP représentent environ la moitié des traumatismes rachidiens suivis des chutes et des traumatismes sportifs [5]. En Afrique peu d’études ont été consacrées à cette pathologie, compte tenu de la très grande variabilité des modalités de recueil de données sur les traumatismes. Il apparaît difficile d’avoir des statistiques fiables afin d’établir des comparaisons internationales. En dépit de nombreuses études réalisées, l’épidémiologie des traumatismes du rachis apparaît difficile à appréhender. Peu d’études précisent l’incidence ou la prévalence des traumatismes du rachis dans la population étudiée. C’est pour ces raisons que nous nous sommes proposé comme objectif principal et spécifique de mener cette étude dans le but de déterminer le profil épidémio-clinique et d’évaluer les aspects thérapeutiques des atteintes traumatiques rachidiennes dans le service de neurochirurgie du CHU HJRA.
RESULTATS
Fréquence des traumatismes vertébro-médullaire
Dans notre étude, étendue sur 13 mois, 2032 patients ont été hospitalisés dans le service. Parmi ces patients, 70 ont présenté une atteinte rachidienne traumatique, ce qui représenterait 3,44% des hospitalisés du service. Les traumatismes cervicaux représentaient 22,85% des atteintes rachidiennes traumatiques. Les traumatismes du rachis thoraciques représentaient également 22,85%, tandis que les traumatismes du rachis lombaires représentaient les 54,28%.
Répartition selon le délai entre le traumatisme et la prise en charge
Concernant le délai de prise en charge, 40 patients étaient admis dans un centre hospitalier en moins de 6 heures, 11 patients entre 6 à 48 heures, 8 dans les 3 à 7 jours, 9 cas dans les 8 à 15 jours et 2 cas entre 15 jours à 4 mois avec des extrêmes d’admission de 15 minutes à 4 mois après le traumatisme. La totalité des patients ayant effectué la radiographie était de 81,42% (57 patients). La majorité de ces patients ont pu effectuer la radiographie standard dans les premières 24 heures (44 patients sur 57 soit 77,19% des cas).La totalité de ceux qui ont effectué le scanner était de 42,85%, dont la moitié l’a réalisé dans les premières 24 heures (50%). L’IRM, faite par un petit nombre de patient (5,71% des cas), n’a pu être effectué qu’au delà des 72 heures.
DISCUSSION
La présente étude consiste en une étude rétrospective descriptive portant sur les dossiers cliniques, les clichés de la radiographie du rachis et les traitements reçus par les patients victimes de traumatisme vertébro-médullaire pris en charge au service de Neuro-chirurgie du Centre Hospitalier Universitaire d’Antananarivo, allant du mois d’octobre 2014 au Mois d’octobre 2014. Cette étude vise à avoir le profil épidémio-clinique des traumatismes vertébromédullaires vus au CHU-JRA, et d’évaluer les aspects thérapeutiques de ces traumatismes. Notre étude a été réalisée dans le service de neurochirurgie du CHU Hopital Joseph RavoahangyAndrianavalona. Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur les malades traumatisés du rachis reçus dans le service pendant une période de 13 mois.
Aspects épidémiologiques
Fréquence de traumatismes rachidiens
Dans notre étude, étendue sur 13 mois, 2032 patients ont été hospitalisés dans le service. Parmi ces patients, 70 ont présenté une atteinte rachidienne traumatique, ce qui représenteraient 3,44% des hospitalisés du service.Les traumatismes cervicaux représentaient 22,85% des atteintes rachidiennes traumatiques.Les traumatismes du rachis thoraciques représentaient également 22,85%, tandis que les traumatismes du rachis lombaires représentaient les 54,28%. Pour Hamadou[6], sur une période de 12 mois (juillet 2008- juin 2009), 1195 patients ont été hospitalisés dans ses services dont 528 patients pour prise en charge neurochirurgicale soit 44,1% d’hospitalisation.Les atteintes rachidiennes traumatiques représentaient 6,6% des hospitalisés du service. Les traumatismes cervicaux ont représenté 24,82% de tous les traumatismes vertébro-médullairesselonRabeniarison[7].
Une étude réalisée par Hong-Yong sur une période de 12 ans en Chine a découvert une fréquence de traumatismes cervicaux un peu plus basse que notre série, de l’ordre de 14,5%. [8] Sekhon dans son étude avait trouvé un pourcentage beaucoup plus élevé où l’atteinte du rachis cervical était de 55% parmi les traumatismes vertébro-médullaires. [9] Les résultats de notre étude est sensiblement similaire à celui de Rabeniarison pour la fréquence des traumatismes cervicaux puisque le cadre d’étude est le même concernant ce niveau cervical. Par contre, notre résultat est largement plus bas que celui de Hamadou. Ceci s’expliquerait par le fait qu’il a pris une population double c’est-àdire à la fois dans le service de neurochirurgie et d’orthopédie traumatologie.
Le genre:
Dans notre étude, le sexe masculin était le plus touché avec 62,85% des cas.Hamadou[6]retrouve le même constat en démontrant que le sexe masculin était le plus exposé, 81% des cas. Selon Rabeniarison[7], parmi ses 36 patients, 75% étaient de sexe masculin et 25% de sexe féminin.Sur les 36 patients victimes de traumatisme vertébro-médullaire cervical, le sexe masculin était le plus touché avec un sex ratio 3/1. Beaucoup d’études ont également montré la prédominance masculine dans les traumatismes du rachis cervical. En Turquie, une étude réalisée par R. Kaya et ses collaborateurs en 2005 avait montré que 76,6% des patients victimes de traumatisme cervical étaient de sexe masculin [10]. Sidibe M. a également évoqué la prédominance du sexe masculin au cours de ces traumatismes cervicaux dans son étude effectuée au Mali [11]. Argenson [12] montrait une fréquence plus élevée du traumatisme cervical chez les hommes que chez les femmes avec un sex ratio de 1,5. Cela se rapproche de notre étude qui est de 1,6. Par contre, une étude a été faite au Canada par Joaquim qui a retrouvé une prédominance féminine [13].
Cette prédominance masculine pourrait s’expliquer par le fait que les hommes sont plus exposés aux différents facteurs étiologiques de traumatisme. Ils sont engagés dans des travaux à risque pour nourrir leur famille. Ainsi, certaines occupations comme les conductions d’engins et les travaux de construction tiennent une place dans ces travaux dangereux. En plus, la violence et l’alcool sont des raisons potentielles importantes dans cette incidence élevée des traumatismes cervicaux chez l’homme. Les femmes qui restent à la maison sont de plus en plus à risque de faire des accidents domestiques.Et, avec la mondialisation, la femme veut se rendre indépendante et travaille également et, donc elle s’exposent aux mêmes risques que les hommes.
Age :
Nous notons un pic de fréquence pour les tranches d’âge de 20 à 29 ans soit 16 cas avec un écart type de 4,13 et des extrêmes d’âge allant de 8 à 89 ans. L’âge moyen était de 41 ans.Hamadou[6]retrouve une prédominance de la tranche de 30 à 54 ans (49,5% de l’échantillon), suivie de celle de 15 à 29 ans soit 40,5%. Beyiha G. et coll [14] et P.M. Leombe et coll. [15] avaient rapporté une prédominance masculine respectivement 86,7% et 83,9% pour des tranches de 30 à 39 ans et de 21 à 40 ans. D’après Rabeniarison[7], une prédominance des sujets jeunes âgés entre 20 et 40 ans soit 55% des cas était constatée. La tranche d’âge entre 20 et 29 ans était la plus représentée.Le traumatisme vertébro-médullaire cervical est survenu à tout âge et avec une nette prédominance des adultes jeunes. Les âges extrêmes étaient de 2 et 70 ans, et l’âge moyen était de 29 ans. Sur les 36 patients, ceux âgés de 20 à 29 ans prédominaient avec un pourcentage de 36,11%, suivis par les patients âgés de 30 à 39 ans (19,44%). Ceci concorde avec les études de Minkoro F. [16] et Houndenou K. [17] en 2008. Des études effectuées en Iran [18, 19] ont également évoqué l’atteinte des patients âgés entre 20 et 40 ans. L’étude de Boutarbouch M. a retrouvé que le traumatisme vertébro-médullaire survient surtout vers les troisièmes décennies [20]. Dans les pays plus développés [21] comme l’Angleterre et le Canada [22], ils surviennent surtout après 40 ans.
Ces résultats montrent que le traumatisme du rachis est une pathologie de l’adulte jeune à prédominance masculine. Cette couche représente la population active. La rareté chez l’enfant vient du fait de la faible exposition de cette tranche d’âge aux accidents de la voie publique, une des principales causes des traumatismes du rachis. En effet, les enfants de moins de 14 ans ne constituent que 5,71% des patients touchés, probablement en raison d’une plus grande laxité ligamentaire. Rares sont les traumatismes rachidiens rencontrés chez les enfants.La fréquence élevée de traumatisme vértébro-médullaire dans cette tranche d’âge pourrait s’expliquer par la grande activité physique et professionnelle à cette période de vie mais aussi la tendance des jeunes à pratiquer des sports violents. Après 50 ans,la fréquence de traumatisme vértébro-médullaire pourrait s’expliquer par le vieillissement des os devenus ostéoporotiques et ainsi fragiles. Il y a également la part des cervicarthroses responsables du retrécissement du canal médullaire exposant la moelle épinière facilement à une contusion medullaire au moindre traumatisme. De ce fait, les sujets agés sont plus vulnérables aux traumatismes. Dans notre étude, il n’y avait pas de relation établie entre l’âge et le genre.
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Table des matières
INTRODUCTION
NOTRE ÉTUDE
I. Méthodologie
1. Type d’étude
2. Population cible
3. Critères d’inclusion
4. Critères d’exclusion
5. Paramètres à évaluer
6. Traitement des données et analyse statistique
7. Ethique et limites
II. Résultats
1. Fréquence des traumatismes vertébro-médullaires
2. Caractéristiques générales de la population
2.1. Le genre
2.2. L’âge
2.3. La ville d’origine
2.4. La profession
2.5. Lieu du traumatisme
2.6. Le mode de transport vers le CHU
3. Le motif de consultation ou évacuation
4. Répartition selon le siège lésionnel
5. Répartition selon les étiologies
6. Répartition selon les étiologies et le siège lésionnel
7. Répartition selon la classification de Frankel et les étiologies
8. Répartition selon la classification de Frankel et le niveau
d’atteinte vertébrale
9. Répartition selon le mode d’admission
10. Répartition selon le période d’admission
11. Répartition selon le délai entre le traumatisme et la prise en charge
12. Répartition selon les lésions radiologiques, la classification de Frankel et
le siège lésionnel
13. Répartition selon la classification de Frankel, Magerl et le siège lésionnel
14. Répartition selon le traitement effectué
15. Répartition selon la classification de Frankel et le délai chirurgical
16. Répartition selon la classification de Frankel, les lésions radiologiques
et la chirurgie
17. Répartition selon la durée d’hospitalisation
18. Répartition des patients non opérés selon l’évolution
19. Répartition des patients opérés selon l’évolution post opératoire
DISCUSSION
I. DISCUSSION
1. Aspects épidémiologiques
1.1. Fréquence des traumatismes vertébro-médullaires
1.2. Le genre
1.3. Age
1.4. Ville d’origine
1.5. Profession
1.6. Le lieu du traumatisme
1.7. Moyens de transport vers le CHU
1.8. Etiologies
1.9. Etiologies et niveau lésionnel
1.10. Période d’admission et niveau lésionnel
2. Manifestations cliniques
2.1. Aspects cliniques
2.1.1. Motif de consultation/d’évacuation
2.1.2. Classification de Frankel
2.1.3. Douleur
2.1.4. Le score de Frankel et le segment vertébral atteint
2.2. Aspects paracliniques
2.2.1. Bilan radiologique
2.2.2. Type de lésion
2.2.3. Niveau lésionnel
3. Traitement
3.1. Aspects thérapeutiques et traitements médicaux
3.2. Traitements orthopédiques
3.3. Traitements chirurgicaux
3.4. Hospitalisation
3.5. Résultats du traitement
3.6. Rééducation fonctionnelle
4. Complications
5 .Points faibles
II. SUGGESTIONS
CONCLUSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES