transport public et gouvernance urbaine

Les pontons

En juillet 1863, Chaize demande une premiรจre autorisation pour รฉtendre le service jusqu’ร  lโ€™รฎle Barbe en utilisant la chaloupe Constance. Large d’un mรจtre quatre vingt et longue de huit mรจtres, elle ne peut accueillir que quinze personnes. Pour cette raison, l’ingรฉnieur en chef juge le service inutile au public et donne un avis dรฉfavorable.
Nรฉanmoins, l’idรฉe d’un service de banlieue, voit le jour. En mars 1864, Chaize obtient cette fois l’รฉtablissement de pontons dรฉbarcadรจres ร  lโ€™รฎle Barbe, Collonges, Fontaine et Neuville afin d’รฉtendre le service de la Mulatiรจre jusqu’ร  l’รฎle Barbe, les dimanches et jours de fรชtes pendant la belle saison . Le projet d’organisation du service prรฉsentรฉ par la compagnie en 1866 , รฉvoque รฉgalement un service de banlieue sud รฉtendu jusqu’ร  Oullins. Le transport des omnibus ร  vapeur s’รฉtend ainsi en amont eten aval de la Saรดne jusqu’ร  emprunter le Rhรดne. Lโ€™annexe 2 permet de visualiser cette extension.Le service de la banlieue nord se prolonge parfois jusqu’ร  Fontaine et Neuville.
Afin d’embarquer et de dรฉbarquer les passagers ร  chaque station, la compagnie des ยซ mouches ยป utilise des pontons. Le nombre de ces derniers, en raison des fortes frรฉquentations et de l’augmentation des points desservis, est en augmentation. La premiรจre convention signรฉe entre la ville et la compagnie (cf. annexe 4) , dรฉsigne les six premiers pontons (port Mouton, quai de Serin, pont de la Feuillรฉe, quai de l’archevรชchรฉ, quai Tilsitt et cours Napolรฉon) dont les plans sont รฉtablis le 27 janvier 1863 par l’ingรฉnieur en chef (cf. annexe 5). Or le 21 aoรปt 1866, la compagnie passe une convention avec la ville dans laquelle est fixรฉ le montant de la redevance que paye l’entreprise pour la location des pontons. Le nombre de ces derniers atteint vingt-cinq. Il semble que l’entreprise soit ร  son extension maximale dรจs 1866 puisque le nombre de pontons lui appartenant oscille autour de ce nombre jusqu’ร  la fin des annรฉes 1870. Aprรจs cette pรฉriode les archives consultรฉes ne permettent plus de suivre l’รฉvolution des dรฉbarcadรจres. Les tableaux de l’annexe 6 rรฉsument les indications donnรฉes par l’ingรฉnieur en chef dans diffรฉrents rapports de 1873 et 1874 sur ces pontons . La carte postale ci-dessous permet d’avoir une reprรฉsentation photographique de ces embarcations

Le personnel

Pour la mise en service de son matรฉriel, la Compagnie des bateaux ร  vapeur omnibus repose sur un ensemble de personnel dรฉcrit dans un rapport de 1866 . Dans la traversรฉe de Lyon, c’est-ร -dire dans le service intรฉrieur, sept bateaux sont utilisรฉs. Cela reprรฉsente sept รฉquipages qui permettent d’assurer le transport entre chaque station, plus un de remplacement. La compagnie emploie รฉgalement dix pontonniers. Afin d’assurer l’entretien du matรฉriel, deux charpentiers, deux chaudronniers, deux ajusteurs, un forgeur, un frappeur, un manouvrier et un peintre sont employรฉs dans les ateliers, situรฉs quai d’Occident, prรจs de la station Perrache . Pour diriger le personnel des ateliers, la compagnie emploie un contremaรฎtre. Enfin, pour administrer l’ensemble, l’entreprise paye un administrateur, un comptable, un ยซ garรงon ยป et un inspecteur chargรฉ de contrรดler le travail des รฉquipages et des pontonniers. Pour le service des banlieues nord et sud, neuf pontonniers et deux รฉquipages sont employรฉs. Dix รฉquipages sont donc utilisรฉs au total.
Aprรจs l’accident de la Mouches nยฐ4 en juillet 1864 (cf. p. 84), le rapport de l’ingรฉnieur indique que l’รฉquipage est composรฉ d’un capitaine, d’un mรฉcanicien et d’un patron, soit trois hommes . Les dix รฉquipages reprรฉsentent alors trente personnes. ร€ cela s’ajoute dixneuf pontonniers, onze personnes dans les ateliers, et quatre autres personnes chargรฉes du bon fonctionnement de cet ensemble. Au total, soixante-quatre personnes, tous des hommes, sont ainsi employรฉes par la compagnie en 1866. L’annexe 7,prรฉsente les salaires versรฉs par l’entreprise ร  ses hommes.
Le rรดle du capitaine a รฉtรฉ รฉtudiรฉ pour le service de Paris . Il est responsable des manล“uvres et il a autoritรฉ sur l’ensemble del’รฉquipage. Son salaire est donc probablement plus important. Ces ยซ figures emblรฉmatiques des bateaux, ont su se rรฉserver une image flatteuse qui les distinguentdes autres capitaines des flottes de commerces ยป . Lorsqu’en juillet 1864 la Mouche nยฐ4 heurte un banc de sable et prรฉcipite une cinquantaine de voyageurs dans l’eau, on retrouve le corps ducapitaine auquel sontrestรฉs accrochรฉes plusieurs victimes . Dans leur noyade, les victimes se sontdirigรฉes vers le capitaine, figure inspirant la confiance et la sรฉcuritรฉ. Cela rendbien compte du prestige de ce personnage ร  bord des bateaux omnibus. Les illustrations suivantes reprรฉsentent des capitaines du service parisien au dรฉbut du XXe siรจcle, elles sont extraites de l’ouvrage de Laurent Roblin sur les bateaux-mouches en รŽle-de-France . Afin de le seconder, le capitaine dispose d’un patron, รฉgalement dรฉcrit comme ยซ timonier ยป.

Externalitรฉs positives de l’entreprise

L’entreprise des ยซ mouches ยป produit un effet externe, cโ€™est-ร -dire une retombรฉe secondaire due ร  son activitรฉ, sur d’autres acteurs. Je traite ici des externalitรฉs positives de la compagnie sur d’autres agents รฉconomiques.

La construction des infrastructures de transport

ยซ Bien avant l’annรฉe 1860, la ville bouillonne, les entreprises tournent ร  plein rรฉgime, les chantiers de construction fluvialedu quartier de Vaise et de la Mouche produisent ร  la chaรฎne ; les chantiers sont situรฉs en dehors du centre-ville, รฉvitant ainsi toute nuisance ยป . C’est dans cette pรฉriode d’euphorie industrielle que l’industriel Michel Fรฉlizat s’implante dans le quartier de la Mouche qui donnera son nom aux bateaux ร  vapeur omnibus. Non loin de l’actuelle Halle Tony-Garnier, la lรดneFรฉlizat reรงoit la commande des cinq premiers omnibus, puisdes suivants jusqu’ร  la Mouche nยฐ14. Il construit alors cinq modรจles ร  hรฉlice pourvus d’une coque en fer. Toutes ces indications figurent sur les permis de navigation. La machine ร  vapeur utilisรฉe comme force motrice (c.f. p. 89) est construite par Laurent Chevalier qui possรจde รฉgalement unchantier naval dans le quartier de la Mouche, sur la rive gauche du Rhรดne au sud de la ville1 . La carte ci-dessous reprรฉsente ce quartier dans les annรฉes 1930.

Fournir la compagnie pour le service quotidien

Un ensemble de fournisseurs est ainsi liรฉ ร  la Compagnie des bateaux ร  vapeur omnibus. Pour alimenter les machines ร  vapeur, l’entreprise utilise du coke, un dรฉrivรฉ de charbon vendu par la Compagnie de gaz de Lyon. En 1866,le budget attribuรฉ au combustible s’รฉlรจve ร  79 930 francs . L’entreprise des ยซ mouches ยป reprรฉsente alors un client important pour la compagnie du gaz.Le 7 novembre 1871, Bonne adresse une lettre au prรฉfet afin d’obtenir l’autorisation de remplacer le cokepar de la houille. Selon lui ยซ la Compagnie de gaz de Lyon, est la source unique ร  laquelle nous pouvons puiser la quantitรฉ de ce combustible qui nous est nรฉcessaire. Cette compagnie connaissant lโ€™impossibilitรฉ oรน nous sommes de nous servir ailleurs, profite de cet avantage pour nous imposer les conditions qui lui conviennent tout en nous servant trรจs mal. ยป . Aprรจs quelques essais,Bonne obtient ainsi l’autorisation de brรปler de la houille ร  la place du coke, afin de se libรฉrer de la compagnie de gaz.

La restructuration du transport inter-urbain

Le service de transport intra-urbain est une nouveautรฉ mise en place par la compagnie des ยซ mouches ยป. Aussi avant 1863, les compagnies de transport de voyageurs occupant l’espace fluvial lyonnais sont toutes des compagnies de transport inter-urbain. La compagnie ยซ l’exploitation de la Saรดne ยป, filiale des ยซ messageries royales ยป, est l’une des premiรจres ร  inaugurer un service de transport en 1830 entre Lyon et Chalon-sur-Saรดne avec son bateau l’Hirondelle . La mise en service de ce bateau ร  vapeur bouleverse les transports de la Saรดne. Dรฉbute alors une pรฉriode de prospรฉritรฉ pour la navigation ร  vapeur durant laquelle les compagnies se multiplient et se livrent une concurrence acharnรฉe. Elles deviennent d’importantes puissances commerciales ร  Lyon comme dans le reste de la France avant d’entrer dans une pรฉriode de crise dรจs le milieu du XIXe siรจcle.
Cette situation transparaรฎt nettement dans les archives. Au moment oรน la compagnie des ยซ mouches ยป fait du transport intra-urbain un succรจs commercial, les services interurbains sont en crise. Alors que la compagnie des ยซ mouches ยป enregistre un nombre record de frรฉquentations en 1871 avec quatre millions de voyageurs transportรฉs , la Compagnie franรงaise de navigation est dans l’incapacitรฉ de faire fonctionner son unique bateau la mรชme annรฉe ร  cause ยซ de la nullitรฉ absolu des transports commerciaux ยป sur son service entre Lyon et Marseille. Un an plus tard, en1872, elle se trouve en liquidation judiciaire.
Cette crise, qui a lieu bien avant la miseen service des ยซ mouches ยป sur la Saรดne, s’explique essentiellement par laconcurrence que fait le cheminde fer ร  la navigation. En 1858, M. Malezon, directeur dela Compagnies des ยซ gondoles ยป assurant le transport de marchandises et de voyageurs entre Lyon et Marseille, exprime son impuissance face ร  cette concurrence. ยซ Par suite de manล“uvres machiavรฉliques du chemin de fer de Paris ร  Lyon, tendantes ร  la ruine de la navigation, ma compagnie, qui en ressent les effets dรฉplorables, se voit forcรฉe, sous peine de ruine complรจte, de cesser ses transports de marchandises entre Lyon et Chalon ยป.
La Compagnie Rhรดne et Mรฉditerranรฉe, exploitants les ยซ gladiateurs ยป entre Lyon et Avignon rend รฉgalement compte de cette situation dans une lettre adressรฉe au prรฉfet. ยซ les pertes que nous avons รฉprouvรฉes depuis deux annรฉes, ne nous permettent plus de reprendre un service ruineux, ร  moins d’obtenir de forte rรฉductions[โ€ฆ].Depuis l’annรฉe 1867 jusqu’au 31 dรฉcembre 1874, soit en huit ans, quinze compagnies ร  Lyon ayant entrepris le service de navigation sur le Rhรดne sont tombรฉes successivement par les pertes qu’elles ont subies. Les unes en liquidant ร  perte de finances, les autres dรฉclarรฉes en รฉtat de faillite. Notre service des Gladiateurs faisant voyageurs et marchandises de messageries seul, s’est pรฉniblement soutenu jusqu’en 1872, mais les annรฉes 1873 et 1874 ont prรฉsentรฉ des pertes considรฉrables ยป
Le transport de voyageurs se maintient pรฉniblement mais celui des marchandises ne rรฉsiste pas ร  la concurrence du rail. L’รฉtat des bateaux ร  vapeur qui naviguent sur la Saรดne entre 1867 et 1869 รฉtabli ร  partir des rapports de la commission de surveillance permet de confirmer ce phรฉnomรจne. En 1867, sept sociรฉtรฉs utilisant des bateaux ร  vapeur sont rรฉpertoriรฉes : la Compagnie des bateaux ร  vapeur omnibus, Darbon et Cie, Paret et Mettieux, Maleron et Cie, Mathiss et Cie, laCompagnie des modรจres, Eparvier et Cie et enfin Courat. L’annรฉe suivante en 1868, les deuxsociรฉtรฉs Maleron et Cie, puis Mathiss et
Cie disparaissent. En 1869 c’est au tour de la compagnie des modรจres. Sur les trois sociรฉtรฉs qui disparaissent, deux sont destinรฉes au transport de marchandises et sur les quatre restantes, seulement une (les ยซ parisiens ยป de Darbon et Cie) continue ce type de transport.
Les dirigeants des ยซ parisiens ยป complรจtent cependant le transport de marchandises par celui de voyageurs pour se maintenir.

Les relations des ยซ mouches ยป avec ces compagnies

Alors qu’elle exploite avec succรจs une entreprise de transport dans la traversรฉe de Lyon depuis 1863, la Compagnie des bateaux ร  vapeur omnibus est concurrencรฉe dรจs l’annรฉe suivante par d’autres entrepreneurs qui voient dans le transport fluvial, et surtout avec l’exemple des ยซ mouches ยป, une entreprise trรจs lucrative. Pour faire face ร  cette concurrence nouvelle, la sociรฉtรฉ de Chaize et Plasson adopte une stratรฉgie efficace qui lui permet progressivement de contrรดler complรจtement le transport intรฉrieur.

Les accords commerciaux

Afin de s’assurer progressivement un monopole sur le fleuve, la Compagnie des bateaux ร  vapeur omnibus adopte une stratรฉgie efficace qui vise ร  louer le matรฉriel des concurrents afin de l’exploiter ร  son compte. Enplus d’avoir un contrรดle sur la concurrence, la compagnie des ยซ mouches ยป s’assure une flotte plus importante.En effet, sur les dix-sept bateaux que compte la compagnie en 1865, elle n’est propriรฉtaire que de huit. Plus de la moitiรฉ de sa flotte est ainsi obtenu par location.
En janvier 1866, la compagnie passe un accord avec les ยซ guรชpes ยป . ร€ l’issue de ce traitรฉ, M. Salmon qui exploitealors son service sous le nom de la Compagnie des guรชpes, cรจde en location son matรฉriel flottant, c’est-ร -dire ses bateaux et ses pontons, ร  la compagnie des ยซ mouches ยป. ยซ La compagnie des guรชpes cรจde ร  la Cie des bateaux ร  vapeur omnibus qui accepte et qui exploiteraร  son lieu et place[…], son service de voyageurs par bateaux ร  vapeur omnibus dans la traversรฉe de Lyon et dans la banlieue de cette ville ยป . Le traitรฉ est valable pour un an etonze mois, du 1er fรฉvrier 1866 au 31 dรฉcembre 1867. Salmon est probablement liรฉ aux compagnies des ยซ parisiens ยป et des ยซ hirondelles ยป puisque durant toute la durรฉe du traitรฉ, la compagnie des mouches ยซ s’interdit […] de faire concurrence sur la Saรดne entre Lyon et Chalon ร  la compagnie des Parisiens et sur le Haut Rhรดne ร  la Cie des Hirondelles, ร  moins que ce ne soit ร  titre de reprรฉsaillesโ€‰ยป . Le transport inter-urbain n’intรฉresse plus Chaize et Plasson qui comprennent que l’intra-urbain est bien plus lucratif.
Dans sa dรฉpรชche du 24 novembre 1865 auprรฉfet du Rhรดne, le ministre de l’Agriculture du commerce et des travaux publics รฉvoque que ยซ dans l’รฉtat actuel de la navigation de la Saรดne, lโ€™intรฉrรชt de la sรฉcuritรฉ publique exigeait qu’il ne fut accordรฉ qu’une seule autorisation d’exploiter la traversรฉe de Lyon avec des bateaux ร  vapeur omnibus, mais qu’il convenait รฉgalement d’accorder ร  la compagnie qui serait autorisรฉe, une simple permission de voirie, rรฉvocable ร  volontรฉ, de maniรจre ร  รฉviter de constituer au profit de cette compagnie, un monopole irrรฉvocable ยป . Aprรจs la location du matรฉriel des ยซ guรชpes ยป, la compagnie des ยซ mouches ยป obtient l’autorisation d’exploiter exclusivement un service de transport. L’article premier de la convention qu’elle passe avec la ville le 21 aoรปt 1866 stipule en effet que la compagnie des omnibus est ยซ seule autorisรฉe ร  exploiter le service, dans la traversรฉ de Lyon et dans sa banlieue. ยป et ยซ ร  installer les pontons nรฉcessaires et leurs accessoires ยป.

Les ponts de la Saรดne

Si lย ยปamรฉnagement des quais permet dโ€™apprรฉhender la Saรดne en protรฉgeant la ville de ses crues, la riviรจre constitue toujours un obstacle ร  la circulation. Heureusement, les techniques de franchissement du cours d’eau s’amรฉliorent et permettent de plus en plus de s’affranchir de cette barriรจre naturelle.Selon l’ingรฉnieur en chef, ยซ quand une agglomรฉration urbaine est partagรฉe par une riviรจre, il paraรฎt รฉvident que quelle que soit l’importance de la circulation, les communications entre les deux rives sont d’autant plus faciles que les ponts sont plus nombreux ou quela distance moyenne de l’un ร  l’autre est plus courte. [Et] que quel que soit le nombre de ponts existants, leur usage sera d’autant plus commode que leur largeur entre garde-corps, cโ€™est-ร -dire la dimension du passage ouvert au public sera grande, si la circulation est elle-mรชme considรฉrable. ยป . Le dรฉveloppement urbain sur la presqu’รฎle et vers l’est entraรฎne un besoin accru de communications entre les deux rives du Rhรดne et de la Saรดne.
Dans le processus de ยซ domestication du fleuve ยป, le pont joue un rรดle de premier ordre. En permettant de franchir le cours d’eau, il permet aux habitants de s’affranchir d’une frontiรจre naturelle par la crรฉation d’un nouvel axe de circulation perpendiculaire ร  la riviรจre. Il faut dire que le besoin de relier les rives se fait de plus en plus pressant. La croissance urbaine pousse en effet la ville vers l’est. Bien qu’historiquement construite le long de la Saรดne autour de l’axe nord-sud, la ville se dรฉveloppe de plus en plus autour d’un axe est-ouest. La construction des ponts auXIXe siรจcle, est la consรฉquence du dรฉveloppement urbain et des progrรจs techniques.
Dans l’histoire de la construction des ponts, le XIXe est un siรจcle de grandes mutations . D’abord, le nombre de ces derniers augmente considรฉrablement (cf. annexe 17). Alors qu’en 1780, on dรฉnombre cinq ponts sur la Saรดne, l’ingรฉnieur en chef en compte neuf en 1885 du Pont du chemin de fer ร  Perrache jusqu’ร  la gare d’eau de Vaise , ce chiffre est le mรชme en 1894 . De 1827 ร  1856, soit sur une pรฉriode de trente ans, dix ouvrages sont construits sur la Saรดne . Les nouvelles techniques de franchissement des cours d’eau, avec les ponts suspendus puis mรฉtalliques, permettent de s’affranchir davantage de la riviรจre. Le franchissement de la Saรดne devient ainsi plus facile, d’autant plus que les droits de pรฉage sont tous supprimรฉs en 1868, lorsque la ville rachรจte l’ensemble des ouvrages et des droits de concessions . La sociรฉtรฉ concessionnaire se remboursait en installant un pรฉage pour la traversรฉe. ร€ partir de 1868, les Lyonnais sont libres de traverser les ponts comme bon leur semble.

Un nouveau regard sur l’espace fluvial, le Rhรดne et la Saรดne

La baisse des pratiques sรฉdentaires, l’introduction d’un plus grand mouvement sur l’espace fluvial et les travaux effectuรฉs effectuรฉes sur la Saรดne provoquent une sรฉparation de la riviรจre avec la ville. Ce double processus entraรฎne une transformation des usages et pratiques de l’espace fluvial. La ville tourne dรฉsormais le dos ร  ses cours d’eau et les tensions qui s’exercent sur les bas ports sontmoins fortes. Elles ne sont plus liรฉes ร  l’activitรฉ รฉconomique.

Lyon tourne le dos ร  ses cours d’eau

Ce qui frappe ร  premiรจre vue, c’est le changement d’รฉchelle dans la perception de l’espace fluvial. Autrefois intรฉgrรฉs ร  la ville, la Saรดne et le Rhรดne sont davantage perรงus ร  l’รฉchelle nationale au cours du XIXe siรจcle. Pour comprendre le sens des modifications effectuรฉes, il faut sortir du cadre urbain et prendre en compte l’ensemble des cours d’eau et le rรฉseau national de voies navigables dansson ensemble. L’effervescence gรฉnรฉrรฉe par l’introduction de la vapeur dans la navigation, a suscitรฉ la crรฉation de nombreuses compagnies de transports de voyageurs , mais le service de ces compagnies s’est effectuรฉ dans un cadre inter-urbain. Le programme ambitieux lancรฉ en 1878, par le ministre des Travaux Publics, Charles de Freycinet, participe ร  cette vision d’ensemble. Avec la mise en place de vastes travaux d’amรฉnagements des voies navigables et des chemins de fer, le programme vise la crรฉation d’un rรฉseau de transport national performant. Le service des bateaux ร  vapeur omnibus est ainsi une exception dans les tendances qui se dรฉgagent puisqu’il s’effectue dans un cadre intra-urbain.
La Saรดne ร  Lyon, davantage naviguรฉe par des bateaux effectuant un service interurbain, perd ainsi ses usages locaux et tourne progressivement le dos ร  la ville. Les travaux effectuรฉs ont pour but de dรฉgager la riviรจre afin de faciliter la navigation entre les villes.

 

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Table des matiรจres
Remerciements
Table des abrรฉviations
Introduction
Premiรจre partie : lโ€™ascension des bateaux ร  vapeur omnibus
1.La compagnie des bateaux ร  vapeur omnibus
A)La direction
1Quel type de sociรฉtรฉ ?
2Les actionnaires
B)Les moyens au service de l’entreprise
1La flotte
2Les pontons
3Le personnel
C)Externalitรฉs positivesde l’entreprise
1La construction des infrastructures de transport
2Fournir la compagnie pour le service quotidien
2.La conquรชte de la Saรดne
A)Les compagnies detransport
1La restructuration du transport inter-urbain
2Le transport intra-urbain
B)Les relations des ยซ mouches ยป avec ces compagnies
1Les accords commerciaux
2La toute puissance des ยซ mouches ยป
3.Les Lyonnais et le service des bateaux omnibus
A)La compagnie des ยซ mouches ยป dans le quotidien des Lyonnais
1Le fonctionnement du service
2Le pittoresque du transport fluvial
B)Les aspects sociaux et culturels du transport fluvial
1Un service vite devenu indispensable
2Portrait du voyageur
3Un transport demasse ?
Deuxiรจme partie : la Saรดne, un espace singulier
1.Lyon et la Saรดne
A)L’occupation de la Saรดne et la baisse des pratiques sรฉdentaires
1ร‰tablissements sรฉdentaires
2La vapeur sur les cours d’eaux
B)La ยซ domestication du fleuveยป
1La ceinture de quais
2Les ponts de la Saรดne
C)Un nouveau regard sur l’espace fluvial, le Rhรดne etla Saรดne
1Lyon tourne le dos ร  ses cours d’eau
2Vers une occupation rรฉcrรฉative de l’espace fluvial
2.La Saรดne et les ยซ mouches ยป
A)Les difficultรฉs de la navigation sur laSaรดne
1Les dangers sur la riviรจre
2Les deux grands accidents
B) Aspects techniques dela navigation
1L’invention de la navigation ร  vapeur
2La supรฉrioritรฉ du bateau ร  hรฉlice
Troisiรจme partie : transport public et gouvernance urbaine
1.La gestion d’un espace urbain singulier
A)La place de la municipalitรฉ dans la gestion de l’espace fluvial
1L’รฉmancipation du pouvoir municipal et rรฉpublicain
2Un encadrement ร  plusieurs รฉchelles
B)Le poids des autres acteurs dans les politiques locales
1Le rรดle de l’expert
2Les acteurs รฉconomiques
2.La gestion d’un service public
A)Les hommes de la rรฉpublique face au service de transport
1Le systรจme de la concession
2Libรฉralisme et service public
B)Le conflit autour de la redevance municipale
1La compagnie victime de son succรจs
2La compagnie des ยซ mouches ยป liรฉe ร  la compagnie lyonnaise de transport
3Les annรฉes 1880 et la taxation de la surface
Quatriรจme partie : La fin d’un service de transport collectif
1.La concurrence du rail
A)L’essor du rail
1La mise en placedu tramway
2L’impossible connexion entre l’eau et lerail
B)Tramway et progrรจstechnique
1La vapeur
2Lโ€™รฉlectricitรฉ
2.L’action des entrepreneurs du rail
A)La politique de l’OTL
1Une stratรฉgie d’entreprise
2L’impuissance de l’administration municipale
B)La suppression d’unservice public
1Suppression d’un service populaire
2La restructuration du transport fluvial
Conclusion
Inventaire des sources consultรฉes
1.Sources imprimรฉes
2.Sources manuscrites
Archives municipales de Lyon
Archives dรฉpartementales du Rhรดne
Archives de la Chambre de Commerce et d’Industrie
Bibliographie
1.Instruments detravail
2.Ouvrages dโ€™histoire gรฉnรฉrale
3.Histoire urbaine
4.Histoire deLyon
5.Histoire des acteurs des transformations urbaines
6.ร‰tudes sur les transportset la mobilitรฉ
A)Gรฉographie des transports
B)Ouvrages non scientifiques
7.ร‰tudes sur les usages des cours d’eau
A)Ouvrages non scientifiques
8.Autres
Documents annexes

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