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La convergence absolue et la beta-convergence absolue
La convergence traduit la diminution des écarts entre des ensembles d’indicateurs économiques relatifs à plusieurs pays. Le concept de la convergence absolue cherche à déterminer si les niveaux de vie des différentes économies tendent à se rapprocher dans le temps en se référant au fait qu’il y a rattrapage esd pays riches par les pays pauvres. Le problème est le suivant : les économies initialemen pauvres ont-elles connu des taux de croissance par tête plus élevés que les économiesnitialement riches ? Si cette hypothèse est vérifiée, nous pouvons dire qu’il y a convergencebsoluea.
Les tests statistiques réalisés sur un large échantillon de pays et sur près de 40 ans conduisent à rejeter cette hypothèse : sur les années 1960-1997, la croissance des pays initialement les plus pauvres n’a pas été systématiquement plus rapide que celle des pays riches. Les écarts de niveaux de vie entre pays sesont creusés.
Les différentes manières de mesurer la convergencedes revenus par tête se rejoignent ainsi pour rejeter l’existence d’un tel phénomèneua niveau mondial.
Ce résultat a semblé donner lieu, dans un premier emps,t à une remise en cause de la théorie néoclassique de la croissance, représentéepar le modèle de Solow1. Cette remise en cause reposait en réalité sur une erreur, celle deconsidérer que la convergence absolue des revenus par tête entre pays était une implication ud modèle de Solow. La notion de convergence attachée au modèle de Solow est de nature différente et ce modèle peut fournir une explication au phénomène observé au niveau mondial.
On considère qu’il y aβ-convergence lorsque les économies pauvres tendent à croître plus rapidement que les économies les plus riches.
La β-convergence est dite absolue lorsque le rattrapage du PIB par tête d’une économie vers une autre se fait indépendamment des conditions initiales
La convergence conditionnelle et la beta-convergence conditionnelle
Dans le modèle de Solow, le taux de croissance du revenu par tête d’un pays dépend du niveau où ce revenu se situe par rapport au sentier d’équilibre de long terme de l’économie : un pays enregistre un taux de croissance par têted’autant plus élevé qu’il est éloigné de son sentier d’équilibre de long terme. La convergence ‘étend,s ici, comme la convergence de chaque économie vers son propre sentier d’équilibre; il n’est pas question de convergence entre pays. Ces deux notions de convergence ne sont toutefois pas sans lien.
En effet, on voit bien que la convergence absolue entre pays se réalise si les pays ont le même sentier d’équilibre de long terme. Pour cela, il suffit qu’ils aient les caractéristiques structurelles (taux d’investissement, taux de croissance de la population, niveau de la technologie,…) puisque ce sont ces caractéristiques qui déterminent, selon le modèle de Solow2, les sentiers d’équilibre de long terme. Dans ce cas, pour rejoindre le même sentier d’équilibre, un pays le plus pauvre initialement connait une croissance plus rapide qu’un pays riche : il y a bien convergence absolue au sens propre du terme. En revanche, si les pays n’ont pas les mêmes caractéristiques structurelles, leursentiers d’équilibre diffèrent. Dès lors, il se peut que la croissance du pays pauvre soit moins rapide que celle du pays riche si le pays pauvre est plus proche de son équilibre de long terme que le pays riche du sein. Il y a bien convergence au sens du modèle de Solow : les pays convergent vers leur sentier d’équilibre de long terme d’autant plus vite qu’ils en sont éloignés ; mais il n’y a pas convergence absolue.
Pour distinguer les deux notions de convergence, celle attachée au modèle de Solow a été appelée : « convergence Conditionnelle ».
On parle de β-convergence conditionnelle lorsque le rattrapage du PIB par tête d’une économie vers une autre plus développée se fait indépendamment des conditions initiales mais ces économies sont supposées être identiquesn etermes de préférences, technologies, caractéristiques structurelles et d’infrastructures.
Les études empiriques valident cette hypothèse de onvergence conditionnelle autrement dit confirment qu’il existe bien une relation inverse entre taux de croissance par tête et PIB par tête initial dès lors que sont prises encompte les différences de caractéristiques structurelles entre pays. Cette relation signifie, à l’inverse, que l’absence de convergence des revenus par tête provient des différences de caractéristiques structurelles. A partir de là, pour tenter d’enrichir les explications de la « non convergence » et éclairer les conditions du rattrapage, différents travaux se sont attachés à ester l’influence sur la croissance de diverses variables économiques, allant au-delà des seules « caractéristiques structurelles » du modèle de Solow. Il s’agit notamment de variables économiques ou politiques.
Notons au passage que d’autres auteurs tel que Quah3 (1993), Freidman4 (1992) ont institués une définition supplémentaire de la convergence : ils intègrent le concept de dispersion ou encore d’hétérogénéité de la distribuon des revenus par tête initiaux. Pour eux, la beta-convergence n’implique pas une réduction dela dispersion initialement observée. Cette réduction est appelée la sigma-convergence.
Ainsi, on parle de sigma-convergence lorsqu’on note une décroissance de la variance entre les pays au cours du temps. Le test de sigma-convergence se fonde sur l’écart type des revenus par tête. On peut avancer qu’il y a sigma-onvergence si l’écart type en n de période est inférieur à l’écart type en début de période.
Le club de convergence
La notion de club de convergence tente de rebondir sur la mise en évidence d’une convergence absolue au sein de quelques pays. L’idée est qu’il pourrait y avoir convergence entre pays d’un même groupe ou « club » (on pourrait trouver un modèle de croissance commun aux pays appartenant à ce club) et absence d e convergence entre pays appartenant à différents clubs. Dans cette perspective, O. Galor a défini la notion de convergence de la façon suivante: les pays qui partagent les mêmes caractéristiques structurelles peuvent converger dans le long terme seulement si leurs « conditions initiales » sont similaires. Les conditions initiales concernent l’acquis des économies, notamment le capital humain et physique accumulé. Rappelons que dans le modèle néo-classique6, la convergence est liée aux caractéristiques structurelles quelles que soient esl conditions initiales. Au contraire, dans l’approche des clubs de convergence, ce sont ces conditions initiales qui permettent de définir un club de pays parmi lesquels il peut y avoir convergence si les caractéristiques structurelles sont identiques. Alors on pourrait imaginer, à part ir du modèle néo-classique, un équilibre de long terme identique pour tous les pays du monde à condition qu’ils aient les mêmes caractéristiques structurelles, avec les clubs de convergence on aura, même si cette condition est remplie, des équilibres multiples liés aux différences dans les conditions initiales.
Plusieurs raisons ont été avancées pour justifier’importancel de telle ou telle de ces conditions. Les différences dans le stock de capital humain initial doivent notamment conduire à des sentiers de long terme différents. Un pays à niveau d’éducation élevé sera, par exemple, plus à même d’adapter les technologies modernes qu’un pays où ce niveau est insuffisant. De même, un système bancaire peu développé ne permet pas aux entrepreneurs de trouver les financements nécessaires pour des investissements nouveaux. Au total, peuvent être retenues des conditions initiales aussi variésque le développement des infrastructures, les différences de fertilité, l’absence ou la présencedes complémentarités sectorielles, la structure plus ou moins compétitive des marchés. Empiriquement, la diversité des conditions initiales qui peuvent être retenues pour définir un club a conduit à une aussi grande diversité de club.
Bases théoriques
Le modèle de Solow7 apporte un nouvel concept de l’analyse néoclassique de la croissance en proposant un cadre simple pour comprendre la croissance par un processus d’accumulation du capital. En effet, le postulat simplificateur d’un modèle permet d’isoler certains mécanismes et de mieux les comprendre.
Les bases de ce modèle demeurent solides et servent à de nombreuses études sur la croissance, y compris à des travaux en faveur de th éories alternatives (théories de la croissance endogène, évoquées plus loin), c’est pourquoi nous le présenterons ici.
En effet, il s’agit du prolongement de l’équilibre général statique à un cadre dynamique. L’accumulation des facteurs de production privés, à savoir le travail (symbolisé au niveau agrégé dans toute la suite par L) et le apitalc (K) et le progrès technique, en tant qu’input social puisque supposé exogène, sont les euxd sources principales de la croissance.
L’objectif est de démontrer l’aptitude des mécanismes de marché à engager l’économie sur un sentier de croissance équilibrée, c’est-à-dire stable (SCE dans toute la suite) et cela en réponse à un progrès technique exogène, l’adaptation s’effectuant par la substitution du capital et du travail. Le modèle décrit une économie fermée concurrentielle, avec un bien unique, noté Y produit par une technologie néoclassique F (donc à rendements d’échelle constants), supposée ici de type Cobb-Douglas dans un souci de simplification.
Le modèle de base considère une économie avec un comportement de consommation de type « keynésien » (la propension marginale à consommer est constante) et un secteur des entreprises qui produit un bien unique pouvant alternativement servir à l’investissement ou à la consommation. Il y a concurrence pure et parfaite sur le marché du bien comme sur celui des facteurs de production (capital et travail). La production se fait à rendements constants sur l’ensemble des facteurs et donc à rendements marginaux décroissants sur chacun des deux facteurs. La fonction de production est :
Y=F(K,L) où Y est la production nette bien, K : le stock de capital et L le travail. F est une fonction homogène de degré 1. Compte tenu de l’homogénéitée degré 1 de la fonction de production, le produit par tête peut s’écrire comme suit : y = Y/L = F (K / L, 1)= f(k) avec k= K/L
La fonction f, qui ne dépend que du seul stock de capital par travailleur, est à rendement décroissant.
L’accumulation du capital par tête peut alors s’écrire comme suit : dk / dt = – k ( n + d) + i avec i = s . f(k) où s est le taux d’épargne, d est le taux de dépréciation du capital et n le taux de croissance de la population. Cette relation constitue l’équation fondamentale bien connue de Solow, qui a pour seule variable k (car s, d et n sont des constantes), et explique le mécanisme de la croissance économique qui à long terme crée un phénomène de développement équilibré, caractérisé par une régularité des tauxdecroissance. En d’autres termes, l’économie converge vers un état stationnaire k* tel que : K*= s. f(k) / (d+n)
En ce point, le taux de croissance de l’économie est nul.
Cet état régulier vers lequel tend l’équation différentielle fondamentale, est atteint lorsque k*, y* et c* sont constants, ce qui signifie que K, Y et C (niveau de consommation) continuent éventuellement à croître, mais au même auxt que L, c’est- à-dire au taux de croissance démographique exogène, n.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : CADRE D’ANALYSE
CHAPITRE I. NOTIONS ET ELEMENTS DE CADRAGES THEORIQUES ET EMPIRIQUES
I. Eléments de définition et bases théoriques :
II. Les autres approches théoriques et résultats empiriques qui entourent le sujet de convergence
économique
CHAPITRE II. TRANSMISSION DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE ENTRE LES PAYS D’UNE COMMUNAUTE REGIONALE : CAS DE LA SADC
I. La transmission de la politique économique en cas d’interdépendance structurelle entre les
pays
II. Brève aperçue sur la SADC
PARTIE II : CHOIX ET APPLICATION DES METHODES, LES RESULTATS ET LES INTERPRETATIONS
CHAPITRE I. METHODE D’ANALYSE ADOPTEE POUR ETUDIER LA CONVERGENCE AU SEIN DE LA SADC ET L’INTERACTION REGIONALE
I. Choix des méthodes d’analyse de la convergence
II. Choix de la méthode pour l’étude de l’interaction régionale au sein de la SADC
CHAPITRE II. APPLICATION DES METHODES, LES RESULTATS ET LES INTERPRETATIONS
I. L’approche graphique
II. L’économétrie des données de panel pour étudier la convergence
III. Les facteurs qui peuvent être à l’origine de la divergence et les conclusions instructives
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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