Transformation urbaine fondée autour du développement des transports en commun

Le rôle des institutions et leur aptitude à innover

D’après le Larousse, les institutions caractérisent « l’ensemble des formes et des structures politiques, telles qu’elles sont établies par la loi ou la coutume et qui relèvent du droit public ». Elles pourront prendre la forme d’habitus, de normes, de pratiques, de lois, de règles de comportement, et de sanctions. Ce sont aussi des mécanismes et des processus de socialisation formelle et informelle qui ont atteint un certain niveau de stabilité et de régularité dans le temps (Hillier et al., 2005). Les institutions doivent, en toute logique, permettre la cohésion sociale. À travers cette définition, on remarque que les institutions peuvent être distinguées en deux classes: les institutions formelles ou informelles.

Les institutions formelles peuvent s’apparenter aux lois, réglementations, normes, et contrats qui dictent nos comportements. Ce sont donc des institutions légales. Quant aux institutions informelles, ce sont des conventions, des habitudes, des manières de faire les choses, des schémas de comportements (non écrits ni codifiés). Ce sont davantage des habitudes apprises dans le temps.

L’intérêt de cette dichotomie est de mettre en évidence la transformation possible d’une institution informelle en institution formelle. Par exemple, le fait de rouler à droite ou à gauche provient tout simplement d’habitudes prises, qui diffèrent d’un pays à un autre. Cette habitude fut alors institutionnalisée dans le Code de la route.

Lorsque l’on parle d’innovation institutionnelle, nous faisons référence à un changement dans les « règles du jeu » régissant les comportements humains. Elles peuvent être consensuelles et tenables dans le temps, malgré les contraintes des alternances politiques qui imprègnent l’espace de l’action publique et les aléas liés à la conjoncture économique (Hamdouch & Zuindeau, 2010). Pour qu’elles soient non seulement acceptées mais aussi respectées, il est nécessaire qu’elles jouent leur rôle d’orientation des comportements. Elles pourront alors être perçues comme légitimes, rentrant ainsi dans les mœurs.

Une seconde caractéristique des innovations institutionnelles est le nouvel apport économique et social qu’elles engendrent. Changer, créer des innovations doit nécessairement offrir une nouvelle utilité à la société. Cette nouvelle règle du jeu accorderait un avantage, comparé à l’institution précédente (si elle existait), pour répondre à un besoin non assouvi auparavant, qu’il fût exprimé ou non.

Les innovations sociales 

Lors de ma revue de littérature, j’ai perçu de manière récurrente des similitudes entre innovation institutionnelle et innovation sociale. Selon le Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire (Innovation sociale : de quoi parle-t-on ? , 2020), l’innovation sociale, tout comme les innovations institutionnelles, consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux inédits ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales. Une innovation sociale est avant tout une action, un processus, qui induit de fait des changements visant à améliorer le bonheur humain à plusieurs niveaux de la société : la famille, les groupes et réseaux sociaux, les communautés territoriales, sociales, culturelles, etc. (Hillier et al., 2005).

Il est également intéressant de rappeler qu’une innovation, et dans notre cas une innovation institutionnelle, est contextuelle et se rapporte à des changements dans les programmes et les institutions qui conduisent à inclure des groupes et individus exclus dans les différentes sphères de la société (Hillier et al., 2005). Elle dépend des changements dans la dynamique des relations sociales, y compris dans les rapports de forces, en impliquant la participation et la coopération des acteurs concernés par ces changements. Il est fondamental de préciser que des changements innovants peuvent parfaitement ne pas relever d’une totale nouveauté. Nous pouvons faire référence à des modes d’organisation, des ajustements institutionnels tirés des décennies précédentes qui peuvent pour autant être qualifiées d’innovations dans le sens social. L’innovation sociale peut également signifier un retour vers « d’anciennes » formes institutionnelles (Hillier et al., 2005). Dans le cadre de notre étude, nous considérons l’innovation comme la manifestation d’un changement ayant pour objectif et finalité l’inclusion sociale.

D’après cette définition de l’innovation sociale, il s’avère que l’innovation sociale regroupe un ensemble d’actions, allant d’idées créatives à des actions innovatrices, de changements organisationnels à des initiatives individuelles. Hillier et al. soulignaient déjà en 2005 la nécessité de transformation de dynamiques de gouvernance à plusieurs échelles de la société, nécessité sur laquelle je reviendrai plus tard. Pour faire apparaître plus clairement les liens entre innovation sociale et innovation institutionnelle, on peut commencer par s’attarder sur leurs fondements. Les innovations sociales semblent venir « du bas », et s’accordent à des initiatives généralement localisées (Moulaert et al., 2019). On peut les qualifier de micro dynamique. D’un autre côté, les innovations institutionnelles, elles, partent « du haut ». Comme précisé auparavant, c’est un changement dans les règles de gouvernance, qui s’applique à tous, donc elle s’apparente davantage à une macro dynamique. À partir de cette distinction, on peut concevoir que des innovations institutionnelles peuvent offrir un contexte propice à des innovations sociales plus locales, plus informelles, qui proviennent d’individus. Dans les faits, plus le cadre institutionnel est permissif, plus des innovations sociales sont susceptibles d’apparaître. Dans le cas inverse, une innovation sociale peut parfaitement être institutionnalisée, en passant d’une micro-dynamique à une macro-dynamique. Il est juste de rappeler à nouveau que la durabilité de pratiques reconnues comme socialement innovantes dépend souvent d’une institutionnalisation à une échelle ou à un niveau plus élevé.

Cette évolution pourrait constituer le cœur de mon sujet, créant un lien entre transformation urbaine et innovation institutionnelle. Dans un contexte du développement territorial, Hillier et al. (2005) insistent pour dire que l’innovation sociale correspond aux changements au niveau tant institutionnel que des comportements collectifs et individuels (personnes éminentes, leadership) contribuant à l’intégration sociale. On remarque tout de même la nécessité d’améliorer les relations sociales pour permettre cette évolution, et cela passe par la reconstruction de systèmes de communication, par la prise de décisions transparentes, par la solidarité, la coopération et la redistribution des pouvoirs économique et politique.

Hamdouch & Galvan (2019) affirment que les innovations sociales doivent répondre à trois objectifs :
1. Satisfaire des besoins individuels et collectifs de base, en particulier ceux négligés par les principaux acteurs politiques et économiques
2. L’autonomisation et la mobilisation des citoyens vers la transformation sociopolitique (renforcement de la démocratie au niveau local et au-delà)
3. Améliorer des relations sociales

De mon point de vue, il est judicieux d’étudier ces trois objectifs, pour parvenir à cibler les liens avec la notion de transformation urbaine. Si l’on comprend la visée des innovations sociales, nous pourrons supposer les répercussions que doivent émettre toute transformation urbaine.

Innovations institutionnelles et mobilisation des capitaux

À travers cette approche par l’angle des besoins, nous avons affirmé l’importance des liens sociaux dans notre réflexion sur le rôle des innovations institutionnelles. Moulaert et Nussbaumer (2004) ont constaté le caractère profondément existentiel des rapports humains, qui sont vecteurs d’intégration et d’apprentissage, et cette réponse aux besoins humains doit passer par l’organisation des liens sociaux. Cette remarque fait donc appel à l’importance des formes de gouvernance locales, souples et réactives qui facilitent l’identification des besoins, mais également la mobilisation des différentes formes de capitaux adéquats (Hillier et al., 2005). En effet, puisque les innovations institutionnelles cherchent à favoriser l’inclusion sociale, elles favorisent également le capital social à l’échelle locale, qui rassemble un ensemble de relations sociales, plus ou moins normées, et qui constitue des ressources pour les individus (Bourdieu, 1980). De plus, le capital humain défini par Bourdieu en 1980, qui désigne l’ensemble des savoirs et savoir-faire intégrés par les individus, peut lui aussi être développé grâce à ce type d’innovation. Ahern et al., (2014) affirment que la capacité des territoires à mobiliser et surtout à renouveler ces formes de capital, en comprenant mieux la manière dont elles interagissent les unes avec les autres est un facteur décisif de leur développement.

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Table des matières

Introduction
2. Mise en contexte
3. Méthode et données
4. Cadre théorique des innovations institutionnelles
1.1. Le rôle des institutions et leur aptitude à être innovante
1.2. Les innovations sociales
1.3. Innovations institutionnelles et mobilisation des capitaux
1.4. Les transformations urbaines
1.4.1. Repenser le concept de gouvernance
1.4.2. Les enjeux des transformations urbaines
5. Études de cas
1.5. Présentation de la dynamique du projet Euralille
1.5.1. Historique, spatialisation et présentation générale
1.5.2. Un projet urbain développé par phases successives
1.5.3. Un projet critiqué à ses débuts
1.5.4. Trente ans plus tard : Euralille 3000
1.5.5. Conclusion sur le projet Euralille
1.6. Présentation du projet Ode à la Mer Nature Urbaine à Montpellier
1.6.1. Historique et diagnostic ayant fondé ce projet
1.6.2. Les objectifs du projet Ode à la Mer Nature Urbaine
1.6.1. Un projet labellisé « Écocité – ville intelligente »
1.6.2. Une opération déclinée en deux phases opérationnelles
1.6.3. Une transformation urbaine fondée autour du développement des transports en commun
1.6.4. Le développement commercial comme axe directeur
1.6.5. La mixité des fonctions urbaines en opposition au zoning
1.6.6. Un projet qui ne fait pas l’unanimité : une remise en question à venir ?
1.7. Le mode de gouvernance d’Ode à la Mer Nature Urbaine
1.8. Conclusion sur le projet Ode à la Mer Nature Urbaine
6. Analyse du développement de ces deux transformations urbaines
1.9. Deux projets portés par des métropoles : le phénomène de métropolisation
1.10. Des innovations institutionnelles nécessaires mais limitées
7. Conclusion
Bibliographie

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