TRANSFERT DES TOMBEAUX ET DES FISOKINA (POTEAUX SACRIFICIELS)

SITUATION SOCIOCULTURELLE

                  Nous allons voir dans cette étape la structure et l’organisation sociale des villages d’Ambohimarina et de Sahafilo, hameaux du Tailings. Tout d’abord, ces deux villages, en tant que tels, sont dirigés par un chef de village ou sefom-pokontany (chef de la communauté villageoise) ainsi que pour les tangalamena ou ray aman-dreny an-tanàna (notables du village) et le fokonolona (la communauté villageoise). Ces catégories d’hommes travaillent ensemble pour diriger la cité. Le tangalamena honore le chef de la communauté villageoise et celui-ci respecte aussi les ray aman-dreny. A ce propos, lisons un passage de Hubert DESCHAMPS : « Le pouvoir politique est exercé, dans les villages, par les chefs de famille qui dictent en fait les décisions du fokon’olona, la réunion des habitants1». Ces gens travaillent ensemble pour un bon développement du village. On peut souligner qu’à l’intérieur de cette organisation règne le fihavanana (l’amitié, la parenté, la convivialité) et l’entraide. Dans la société, les hommes s’unissent comme une grande famille. Puisqu’ils gardent toujours en tête l’idée que : « l’union fait la force » (Ny firaisan-kina no hery). Ils travaillent tous la main dans la main2 .Pour la vie culturelle, les gens du Tailings respectent le fihavanana d’une part, et donne de la valeur à Dieu et aux ancêtres, d’autre part. Les habitants du Tailings croient en Dieu sans oublier les ancêtres. Pour eux, il n’y a pas de distinction entre Dieu et les ancêtres. C’est pour cette raison qu’ils appellent toujours les deux lors d’une invocation (jôro). Ils montrent très bien le respect à Dieu et aux ancêtres3 . Grâce à la confiance à la divinité, ces gens du Tailings gardent de jour en jour la sagesse de leurs ancêtres. Ils ne mangent pas des choses interdites par ces derniers: le cas de l’anguille et de l’hérisson, par exemple1.Quant au fihavanana, les habitants de cette localité le valorisent également. Enfin, les habitants du Tailings croient aussi en l’existence de forces surnaturelles comme le tromba (culte de possession), le sikidy (la géomancie). Ils respectent également les jours interdits (andro fady). A titre d’exemple, les gens du Tailings ne vont jamais aux champs le mardi et le jeudi, étant donné que les deux jours sont des jours interdits pour le travail des champs.

Les caractéristiques physiques

a) Le climat :Le climat de la région est du type tropical chaud et humide. Comme dans la région de Toamasina, Vohitrambato est une région pluvieuse. Il pleut presque toute l’année. Il y a une expression malgache qui affirme cette saison de pluie : « Toamasina mitomany » (Tamatave pleure). Avec ce temps, les cultivateurs sont heureux parce que leurs semences ont besoin de pluie pour pousser très vite. Cela veut dire qu’il n’y a pas de période sèche. En général, la température moyenne annuelle à Toamasina est environ de 24°C2. La moyenne du maximum du mois le plus chaud est de 33°C. Il est noté que les plus fortes chaleurs sont enregistrées en décembre au février. Tandis que la température du minimum du mois le plus froid est de 14°C. Donc, la moyenne des minima se situe entre 16° et 17°C durant les mois de juillet, août et septembre3.
b) Le type du sol : En ce qui concerne le sol dans le site de relocalisation, il est de nature ferralitique, typique rouge1. Il fournit des récoltes peu abondantes. A cause de déforestation et les feux de brousse, les sols riches en humus et fertiles se dégradent. Cela entraîne la diminution des terres cultivables. Or la plupart des habitants s’intéressent à la culture. Et ils demandent toujours d’avoir accès à la pratique des feux de brousse, alors que le projet et l’ONE l’interdisent, puisque la végétation joue un rôle important dans le développement de la culture. Voici ce que nous pouvons lire dans l’IRAM : « Les surfaces boisées sont parmi les meilleures zones de cultures »2. Avant la relocalisation, la forêt tropicale dense dominait dans ce site. Avec la pratique de la culture itinérante sur brûlis, les forêts sont devenues des forêts secondaires jusqu’à nos jours. Alors, les « ravinala » dominent cet endroit. Dans ce cas, les surfaces obtenues à partir de l’essartage sont souvent réservés aux cultures maraîchères. Il existe dans le village de Vohitrambato des divers produits de subsistances tels que le maïs, le manioc et la patate douce.

LES CORRESPONDANCES ENTRE LES DEUX ZONES D’ETUDES

LEURS RESSEMBLANCES D’après les informations que nous avons eues, ces deux terrains d’études ont beaucoup de ressemblances. Tanandava et Vohitrambato sont deux villages sisent dans la commune Toamasina sub-urbaine, district de Toamasina II. Situées par rapport à la RN2 (Route Nationale 2), ces deux zones ont à peu près les mêmes distances si on marche à pied. C’est environ entre une heure et deux heures de marche. C’est la raison pour laquelle, ces populations ont accepté d’être relocalisées à Vohitrambato. Les types du sol et la variété des cultures ainsi que le calendrier cultural sont presque les mêmes. Le sol de Tailings et celui de Vohitrambato sont de type ferralitique rouge. Leur mode de culture ainsi que la saison sont tous identiques. Il en est de même, pour les activités socio-professionnelles. La majorité des gens sont des cultivateurs ayant comme activités secondaires l’élevage, le commerce et la fabrication de charbon. Les principales cultures sont la riziculture irriguée. Les activités secondaires sont la culture maraîchères et la fabrication ainsi que la commercialisation de charbon de bois. Elles font parties des traditions de la population de Tanandava et de Vohitrambato. Elles leur permettent de combler les lacunes dans leur budget familial, notamment en période de soudure. L’agriculture est l’une des activités secondaires pratiquées par ces habitants des deux sites. Certains sont aussi des journaliers et des fonctionnaires1. Pour la pratique des rites ancestraux, les populations de Tailings et de Vohitrambato ont les mêmes traditions. Ils pratiquent différentes sortes de rites traditionnels appelés fomban-drazana (rites reçus des ancêtres), comme la circoncision, le tsiakafara (accomplissement d’un vœu) et la célébration de la fête des morts pendant les mois de novembre. Pour ces populations, il y a des jours fastes (andro tsara) et des jours néfastes (andro ratsy). Ils croient en leurs ancêtres en respectant les jours mauvais. Le mardi et le jeudi, ils ne travaillent pas pendant ces jours, c’est-à-dire qu’ils ne vont pas dans les champs, puisque c’est le sandran-drazana (défendu par les ancêtres). Sinon, cela entraînera une mauvaise récolte pour eux : cela veut dire que le rendement deviendra de plus en plus faible1. Enfin, comme la plupart des Malgaches, les populations des deux sites, lorsqu’elles pratiquent n’importe quel rite, il faut consulter le mpimoasy (devin) pour savoir le jour favorable à la réalisation de la cérémonie. Ou encore, ils cherchent le devin pour le bonheur et la maladie. Si on veut pratiquer le transfert des ossements ou des fisokina, il faut faire le sikidy (art de la divination) d’abord. Et après, si on est satisfait, on convient d’une date2 .
LEURS DIFFERENCES Quand on parle de la différence des deux sites, on peut souligner que : Pour les surfaces : Tailings est environ de 1 400 ha et Vohitrambato est de 1 040 ha. Au Tailings, la population compte 172 ménages. Parmi ces ménages 70 d’entre eux sont des occupants des terrains domaniaux fonciers, le reste n’en possède pas. Ils occupent les parcelles à titre de travailler les champs. Seul 15 personnes ayant des titres fonciers. Lorsqu’ils arrivent dans le site de relocalisation à Vohitrambato, ils ont reçu la parcelle minimum pour ceux qui n’ont pas de titre foncier et la même surface pour ceux qui en possèdent au Tailings. De même pour les anciens habitants de Vohitrambato. C’est la raison pour laquelle la surface du site de relocalisation est strictement suffisante pour toutes ces PAPs. Le Projet Ambatovỳ prend charge de s’occuper des tires foncières de leurs parcelles ainsi que de la maison d’habitation offerte par ce Projet. Concernant l’éducation, la scolarisation des enfants de Vohitrambato est faible par rapport aux enfants du Tailings. Ils sont peu avancés. La plupart des enfants vont à l’école en ville. Ils restent à Toamasina pendant les jours de classe. Ils rejoignent leurs parents durant les week-ends et les vacances. Enfin, les gens de Vohitrambato pratiquent le rite quand il y a un nouveau-né. Ils font les relevailles (mivoaka am-patana). Avant ce moment, ils ne donnent pas de nom au bébé qui vient de naître, mais ils attendent encore une semaine après l’accouchement car ils ne savent si le bébé sera mort ou vivant. Mais ceux du Tailings ne font pas cette pratique. Tel est donc ce qui concerne la première partie de notre travail. Nous allons voir maintenant la seconde partie qui constitue la base fondamentale de ce travail

Les périodes et les critères lunaires

                   Pour les habitants de Vohitrambato, le mois de juillet est le mois le plus important pour les rites ancestraux, puisque les cultivateurs closent les travaux agricoles. Ce mois est un mois de retour au village après un séjour temporaire de quelques mois sur l’aire de culture. Cependant, pour le transfert des tombeaux, ceci ne dépend pas de cette période. Les cadavres du Tailings ont été transportés au mois de janvier 2008, tandis que les nouveaux cadavres, sont enterrés dans un autre tombeau hors du Tailings. Mais il doit récupérer quand les ossements seront secs. Ceci est fait pour éviter les odeurs pendant le transfert. Les familles à transférer à Vohitrambato ont fait un accord avec les propriétaires des tombeaux ailleurs à titre d’emprunt pour les étrangers. Un dicton malgache dit: « Alevina amin’ny fasam-bahiny, rehefa maina dia hentin’ny fianakaviany amin’ny fasan-drazany » (On enterre dans le tombeau des étrangers, et quand le cadavre est sec, on le transportera dans son tombeau familial). Les tombeaux du Tailings sont transférés dans le même endroit que celui de Vohitrambato : Ambodihazomamy. Lorsque la lune est dans sa phase de décroissante (maizimbolana ou davôla-maizina), la cérémonie de transfert peut se démarrer, puisque c’est le moment favorable pour les ancêtres. En effet, la cérémonie rituelle de transfert ou d’installation des fisokina (poteaux sacrificiels), la circoncision, le tsiakafara (accomplissement d’un vœu) ne commencent qu’à partir de cette période lunaire, c’est-àdire : dans la phase décroissante de la lune1 . Généralement, c’est pendant la période fraîche qu’on pratique les cérémonies rituelles relatifs aux tombeaux pour éviter les odeurs, qui peuvent entraîner des maladies pour les vivants, et cela non seulement pour le transfert des tombeaux mais aussi pour n’importe quel rite ancestral. Pourtant, le transfert dans le site de relocalisation est un cas spécial et involontaire pour les habitants du Tailings. Les tangalamena et ces gens ont reconnue le cas. Quand le moment de transfert est venu et ils ne veulent pas laisser leurs ancêtres là-bas. Ils vont se relocaliser d’abord, et après le transfert de leurs tombeaux. Ici, il n’y a pas de transfert des tombeaux avant le transfert physique de la population. Cela veut dire que les morts ne peuvent pas aller avant les vivants. Parce que ce sont les vivants qui s’en occupent d’eux1.

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Table des matières

DEDICACE
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : DESCRIPTION DES DEUX ZONES D’ETUDES
CHAPITRE I : PRESENTATION GENERALE DU PROJET AMBATOVỲ 
I.IDENTITE
II. OBJECTIFS
III. DESCRIPTION ET SITUATION DU PROJET
IV. ESTIMATION DES RESSOURCES ET ASPECTS ECONOMIQUES DU PROJET
V. POLITIQUE DU PROJET
VI. ASPECTS JURIDIQUES
CHAPITRE II : SITUATION GEOGRAPHIQUE DE TANANDAVA 
I.LOCALISATION
1.La situation administrative
2. La superficie
3. Le climat et la température
4. Le sol et le calendrier cultural
5. La forêt
6. La population
II. SITUATION HISTORIQUE DE TANANDAVA
LOCALISATION ET CARTE DE TANANDAVA
1. HISTORIQUE D’AMBOHIMARINA SUD
2.HISTORIQUE DE SAHAFILO
III. SITUATION SOCIOCULTURELLE
CHAPITRE III : SITUATION GEOGRAPHIQUE DE VOHITRAMBATO 
I. LOCALISATION
LOCALISATION ET CARTE DU SITE
DE RELOCALISATION DE VOHITRAMBATO
1. Délimitation et superficie
2.Les caractéristiques physiques
a)Le climat
b)Le type du sol
3.Le calendrier de culture
4. Les activités socioéconomiques
5. Situation démographique
II. SITUATION HISTORIQUE
III. SITUATION SOCIOCULTURELLE
CHAPITRE IV : LES CORRESPONDANCES ENTRE LES DEUX ZONES D’ETUDES
I.LEURS RESSEMBLANCES
II. LEURS DIFFERENCES
DEUXIEME PARTIE : LE DEROULEMENT DES CEREMONIES 
CHAPITRE I : LE TRANSFERT DES TOMBEAUX
I.DEFINITION
II. LA PHASE DE PREPARATION
1.Les périodes et les critères lunaires
2. La réunion de négociation
3. La décision finale
4. Les invitations
5. La répartition des tâches
6. Le koko (annonce aux morts)
III. LE JOUR DE LA CEREMONIE
1. Le tsimandrimandry (veillée)
2. Le rasa vôlaña (discours)
3. Le jôro manta (invocation sur le cru)
4. Le jôro masaka (invocation sur le cuit)
5. Le repas
6. Aller au cimetière
7. Le ramassage des ossements
8. Le lendemain de la cérémonie
IV. LES REGLES A SUIVRE
CHAPITRE II : LE TRANSFERT DES FISOKINA (POTEAUX SACRIFICIELS) 
I. DEFINITION
1. Le fisokina (poteau pointu)
2. Le tangalamena
3. Le vavanjaka
II.LE RITE DE TRANSFERT
1.Le recensement des fisokina (poteaux sacrificiels)
2. La discussion de la date
3. La préparation faite par la famille
4. La recherche du jiro (poteau)
III. LE RITE D’INSTALLATION DU NOUVEAU POTEAU POINTU
1. Le choix de la date
2. Le rasa vôlaña (discours)
3. Mandavo aomby ou jôro manta (l’offrande de zébu ou invocation sur le cru)
4. Le sôrontsôroño (offrande du cuit)
5. L’installation du nouveau jiro (poteau)
6. L’emplacement du poteau
7. Le rava lanonana (fin de la cérémonie)
8. Le kaoko ahitra (nettoyage)
IV. LES REGLES A SUIVRE
TROISIEME PARTIE : ANALYSE PHILOSOPHIQUE DU TRANSFERT DES TOMBEAUX ET DES FISOKINA 
CHAPITRE I : LA VALEUR DU TRANSFERT 
I. La coopération et la relation entre les vivants, les morts et Dieu
II. Relation entre les vivants eux-mêmes et respect du fihavanana
III. Bénédiction aux ancêtres
IV. Analyse sur la mort
CHAPITRE II : LA VALEUR DU TRANSFERT DES FISOKINA
I. Source de la tranquillité des tangalamena
II. Communication entre les vivants et les morts, vivants eux-mêmes et Dieu
III. Réalisation de la tradition malagasy
CHAPITRE III : LES PROBLEMES CAUSES PAR CES TRANSFERTS 
I. Considération des Betsimisaraka face à la mort
II. La mort comme rupture
III. Problèmes de temps
IV. Problèmes économiques et matériels
V. Problèmes de santé et de sorcellerie
VI. Défaut du transfert des fisokina
CHAPITRE IV : LES AVANTAGES APPORTES PAR CES TRANSFERTS
I. Respect de la tradition
II. Rencontre et adhésion sociale
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES GENERAUX
II. SITE WEB
III. DOCUMENTAIRE
IV. VERSION ELECTRONIQUE
INDEX GLOSSAIRE
ANNEXES

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