Trajectoire des connectivités et déconnectivités hydrologiques depuis 1830 dans le sousbassin du Guer amont 

Un paysage agricole bocager

Histoire du bocage

La Bretagne aussi bien pour l’Armor que pour l’Argoat, est marquée par une activité essentiellement agricole, ce qui se traduit dans son paysage. Ce dernier correspond à un paysage de bocage associant l’enclos végétal à la dispersion des habitats [Brunet, 1992].
Le bocage est le fruit d’un paysage construit par ceux qui le travaillent. Un objet complexe dans sa forme, car il n’y a pas de réelle géométrie du bocage, les haies et les talus encadrent de petites parcelles de formes aléatoires, de 60 ares en moyenne [Meynier, 1976], parfois elles laissent de grandes prairies à découvert. Cependant, le bocage n’est pas propre à la Bretagne, on en retrouve également dans d’autres régions comme le Jura, ou à l’étranger à l’image de l’Ecosse.
Un paysage qui s’est construit de manière réfléchie. En effet, en 1966 André Meynier, géographe français écrivait :
« Ainsi les traits les plus habituels du parcellaire breton, loin d’obéir à un aveugle hasard, ne font à ce hasard qu’une certaine part (d’ailleurs assez considérable). » [Meynier, 1966].
Définir l’origine du bocage breton est complexe et suscite de nombreux débats chez les géographes. Si certains remontent la création du bocage à la préhistoire, bon nombre s’accordent pour dire que le développement du bocage s’est fait durant le Moyen-Âge.
Cependant toute la Bretagne n’est pas que bocage, en effet on retrouve dans certains territoires de grands champs ouverts d’openfield, dit méjou en breton. La distinction entre le méjou et le bocage ne résulte pas dans des différences de nature de sol, mais bel et bien dans des structures sociales différentes [Meynier, 1943]. Ainsi le paysage d’enclos, correspond à un pays au tempérament individualiste, contrairement au paysage de champagne qui traduit une économie collective basée sur le partage des biens.
Par conséquent définir le bocage, ne se cantonne pas qu’à la simple observation de champs clôturés par des haies. Le bocage fait l’objet de nombreuses études menées par les géographes depuis plusieurs décennies, de sorte que plusieurs définitions fleurissent pour le qualifier. La plus rigoureuse synthétise l’ensemble des définitions issues de divers travaux :« […] renvoie à un paysage d’enclos végétaux associé à un habitat dispersé, à un dense réseau de chemins, à un régime agraire individualiste et à une forme relativement massive et irrégulière des parcelles […]. » [Watteaux, 2005].
Le développement du bocage breton se situe entre le XIème et le XIIIème siècle, dès lors on voit apparaître des délimitations végétales clôturant les champs.
Le début du bocage au XIème siècle coïncide avec l’essor des fermes familiales, lié à une grande croissance démographique dans le pays. Les clôtures végétales permettent alors de marquer les limites de propriétés, mais aussi d’avoir une réserve de bois, permettant de chauffer l’hiver.
Au cours du XIIIème siècle, l’augmentation du prix des terres agricoles, et le manque à gagner pour les seigneurs vis-à-vis des petites fermes familiales, vont favoriser le développement d’un nouveau mode d’exploitation, les métairies, autrement appelées Quévaise, très répandues dans le Trégor.
Il s’agit d’un contrat par lequel un propriétaire de terre, bien souvent un seigneur, cède à un paysan, moyennant une rente annuelle, l’une de ses terres. Une rente estimée pour le seigneur « à un peu plus de 3 livres par tenues, le prix d’un mouton. » [Bourgès, 1951]. Cette pratique a été mise en place afin de développer le peuplement et la mise en valeur agricole des terres incultes, comme les landes, en incitant les fermiers à les défricher.
La métairie se compose d’une vingtaine de parcelles agricoles, sa superficie peut varier de 20 à 60 hectares. La closerie, également très répandue dans la région, correspond à un modèle réduit comparé à la précédente, d’une superficie allant jusqu’à 10 hectares. Ces deux types d’exploitations se lisent dans le paysage agraire : « La métairie créée un bocage d’autant plus lâche qu’elle comporte de plus grandes parcelles, la closerie s’entoure d’un réseau de haies d’autant plus dense qu’elle-même et les parcelles qui la composent sont plus petites. » [Antoine, 1999].
Les paysans, locataires des terres seigneuriales, vont peu à peu planter à leur charge des haies afin de protéger les cultures des animaux qui divaguent librement. Au Moyen-Âge une amende était infligée aux paysans dont les bestiaux vagabondaient librement dans les terres. La clôture végétale a donc une double vocation, marquer et défendre sa propriété, et surtout surveiller le bétail pour qu’il ne s’échappe pas de l’enclos, évitant ainsi des fortes amendes. Finalement, seules les terres qui jouissent d’une utilisation collective, comme les landes et les bois, ne font pas l’objet d’enclosure.
La question des haies en Bretagne fit également l’objet d’une enquête en 1768 qui conclut que : « La question des clôtures se confonde avec celle de la mise en valeur des terres incultes, des landes, si étendue en Bretagne, de leur défrichement, qui ne peut guère se faire que grâce à des afféagements, […], et que les landes dépendent des seigneurs, qui en laissent généralement, l’usage à leurs vassaux, tout en s’en réservant une partie, grâce à l’usage du triage ou du cantonnement. » [Sée, 1928].
L’histoire du bocage en Bretagne se confond avec celle des forêts. Longtemps considérée aussi mystérieuse qu’impénétrable, la forêt bretonne ne va pas échapper, comme le bocage, à des modifications causées par l’Homme. En effet, la forêt va subir aux cours des siècles de nombreux défrichements, permettant ainsi l’édification d’abbayes, ou bien encore de villas romaines [Nouailhat, 1979]. Au XV ème siècle, la forêt va être considérée par les seigneurs comme une terre agricole pouvant générer une source de revenus. A cet égard des droits de pacage vont se mettre en œuvre, permettant aux paysans de faire vaquer leur bestiaux à certains endroits de la forêt.
De multiples zones de futaies vont être incendiées et laissées aux bêtes. Le piétinement des animaux va causer un dé-lavement et une acidification du sol, ne permettant pas la constitution d’humus [Nouailhat, 1979]. C’est ainsi que la forêt va peu à peu laisser place aux landes, caractéristiques du paysage breton.
Les landes sont importantes en Bretagne, en effet elles recouvraient en 1768 entre 2/5ème voir 2/3 de la région [Meynier, 1943]. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, elles ne sont pas liées uniquement à un sol inculte, mais à une logique dans le rouage du système agraire breton.
Ce système repose sur une polyculture extensive dans lesquelles les landes sont partiellement intégrées dans les rotations culturales. Elles conservent donc un rôle primordial qui permet d’assurer le bon fonctionnement du système [Antoine, 1999].
Le système agraire breton fut pendant longtemps « critiqué » par le reste du territoire Français.
Le bocage négativement connoté, était vu comme quelque chose d’archaïque. A l’inverse les bretons voyaient dans les cultures de grands champs des « vestiges des temps barbares » [Meynier, 1943]. Même si, à l’instar des terres labourées, les landes sont peu utilisées, elles permettent aux paysans d’y créer de l’engrais, d’y couper de la litière pour le bétail, et d’y faire paître les troupeaux.
L’achèvement du bocage a lieu au XIXème siècle, traduisant l’apogée de la civilisation agricole. A cette période la Bretagne comptait 2,3 millions d’habitants, une population essentiellement paysanne. En effet quand, pour le reste de la France 1 français sur 2 est paysan, dans les Côtes duNord c’est les ¾ de la population qui est paysanne. La campagne bretonne est fortement marquée par le bocage. La haie marque la propriété foncière et la division du parcellaire. L’élevage prend une part de plus en plus importante dans l’agriculture, développant ainsi les haies vives, permettant de protéger le bétail, et de lui offrir un abri en cas d’intempérie. L’achèvement du bocage voit s’amorcer le repli de la forêt, cette dernière se réfugie dans le tissu des talus, constituant l’essence même du bocage. L’essor de l’industrie des forges, liée à la richesse du sous sol breton va contribuer peu à peu à la diminution de la surface forestière.
Le schéma illustre l’ensemble des processus de l’évolution du bocage. De la prédominance du méjou au XIème siècle à la période post-remembrement fin XXème siècle. Le paysage représenté s’inspire librement de la zone d’étude. On peut retrouver par exemple les éoliennes existantes actuellement dans la commune de Pont-Melvez.
Au cours de ces 4 périodes, on peut observer l’évolution du paysage, au début assez ouvert et qui va par la suite se refermer petit à petit. Les mouvements d’enclosure marquent ainsi le paysage des vallées, et aboutissent à un quadrillage quasi-total du paysage. Le bétail se retrouve lui aussi enfermé dans des enclos.
La période post-remembrement, laisse place à un paysage plus ouvert, comme il l’était finalement avant le bocage. Seulement les champs sont plus larges permettant de produire en grande quantité dans la logique actuelle d’agriculture intensive. De nouvelles productions apparaissent comme la production hors-sol avec l’élevage porcin. Quelques haies subsistent, mais elles ne sont plus plébiscitées par les agriculteurs, car leur présence requiert de l’entretien.
Cependant, il est important de préciser que le schéma ne traduit pas trait pour trait la réalité actuelle du terrain, car en effet de nombreux projets ont été mis en place afin de redonner à la haie sa place d’antan.
Malgré cela le schéma permet d’avoir une représentation assez concrète des dynamiques qui se sont observées et qui peuvent s’observer dans la zone d’étude.

Le remembrement, un enjeu économique et social

Le remembrement, un outil de développement ?

Le paysage bocager breton va se transformer apre s la Seconde Guerre Mondiale, par la modernisation agricole, autrement appele e la révolution agricole. Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, la Bretagne pauvre, est en retard sur le reste des re gions françaises. L’e tat œuvre pour de senclaver la re gion. Pour pallier a son retard de nouvelles priorite s vont e tre de finies comme l’acce s a l’eau potable et a l’e lectricite : en 1945 seulement la moitie des fermes bretonnes sont dote es d’e lectricite dans la region.
La revolution agricole va amener une nouvelle façon de cultiver les terres, par l’arrive e des machines agricoles, mais aussi des engrais chimiques. La création des premieres CUMA (Coope rative d’achat de mate riel agricole) en 1955 en Bretagne est l’un des symboles des premieres mutations agricoles de la re gion, permettant ainsi aux agriculteurs d’acheter des machines agricoles a plusieurs. Une initiative qui va permettre aux paysans bretons de se doter de nouvelles machines comme les tracteurs, les moissonneuses batteuses.
Le bocage encore tre s pre sent fin des anne es 40 devient de plus en plus lourd a entretenir, et n’est finalement plus en ade quation avec l’e poque. Les tracteurs et autres machines agricoles, sont imposants et difficiles d’utilisation dans le maillage serre du bocage. Les parcelles doivent alors s’adapter a cette me canisation agricole, la pe riode du remembrement commence de s 1950, incite e en paralle le par un decret de 1955 qui subventionne l’arasement des haies juge es comme un obstacle a l’utilisation rationnelle du sol. [Le Du-Blayo et al, 2004].
Les ope rations de remembrement ont le vent en poupe dans les anne es 60 si bien qu’en 1970 la superficie totale remembre e dans le de partement des Cotes d’Armor atteint 97 533 hectares [Guellec, 1971]. Agne s Guellec, geographe, e crit en 1970 a propos du remembrement dans les Co tes d’Armor :
« Même si le bocage s’aère, il ne disparaît pas complètement : ses mailles s’élargissent, ses talus s’effacent en partie seulement. En un certain sens, le remembrement bien compris sauvegarde le bocage ». [Guellec, 1971].
L’auteur souligne egalement le fait que ces ope rations de remembrement comportent aussi bien des effets positifs que negatifs, mais elles permettent avant tout de soulager le travail des agriculteurs. « Ils ont conscience de leur retard et ils ont le désir d’améliorer des conditions de travail et de vie en général défavorable. » [Guellec, 1971].
En effet leur travail est facilite par l’ouverture des parcelles, aussi leur production est augmente e, leur permettant d’avoir un meilleur revenu et donc de meilleures conditions de vie. On comprend donc que les ope rations de remembrement ont e te incite es par le manque a gagner induit par le bocage : lourd d’entretien, ne permettant pas aux machines de passer… Mais en est-il la seule raison qui a pousse les agriculteurs des Co tes d’Armor , par exemple, a supprimer 45 000 km de haies en seulement 13 ans ?

Les causes multiples du remembrement

Les exploitations agricoles bretonnes, demeurent de petites tailles, même si leur surface augmente à partir des années 50. Le tableau ci-dessous permet d’avoir des renseignements historiques concernant la taille des exploitations agricoles des Côtes d’Armor, territoire de notre étude.
Les résultats provenant du ministère de l’agriculture permettent de conclure que les exploitations sont essentiellement de petites tailles, pas seulement dans la zone d’étude mais pour l’ensemble du département. A l’aide du tableau, on peut remarquer que jusqu’en 1967 les exploitations de moins de 10 hectares concernent la moitié des exploitations.
Il est intéressant de comparer ces résultats à d’autres départements bretons. L’Ille-et-Vilaine, contrairement aux Côtes d’Armor a des exploitations de plus en plus grandes au fil des années : en effet plus de la moitié de ces exploitations sont supérieur à 10 hectares à partir de 1963.
Cependant malgré des exploitations légèrement plus grandes pour l’Ille-et-Vilaine, les deux départements voient leur nombre d’exploitation total chuter au fil des ans. Ainsi, les Côtes d’Armor et l’Ille-et-Vilaine perdent chacune 10 000 exploitations entre 1955 et 1967. Une réduction qui frappe principalement les exploitations de 10 hectares [Kerouredan, 1969].
Ainsi, ces informations conduisent à de nouvelles explications du phénomène de remembrement. Fin des années 60, la Bretagne reste composée essentiellement de petites exploitations agricoles. Cependant l’âge avancé des agriculteurs amène peu à peu à une diminution du nombre de ces exploitations, faute de repreneurs. Le remembrement se met alors en place pour agrandir les parcelles et pour faire évoluer les structures agricoles. La chambre régionale d’agriculture de Bretagne conclu par :
« Le remembrement a permis de restructurer 315 500 hectares à fin 1967 pour l’ensemble de la Bretagne, 174 communes ont été concernées. Cependant un effort très important reste à faire dans ce domaine. ». [Kerouredan, 1969].
Ainsi les causes du remembrement reposent sur plusieurs facteurs : Economiques et sociales. En effet le retard Economique de la région, l’age avance des agriculteurs, le manque de repreneurs, la petite taille des parcelles, la diminution du nombre d’exploitations et l’entretien lourd du bocage, sont autant de variables qui poussent a la solution du remembrement. De s lors les machines agricoles permettant de produire d’avantage peuvent circuler dans les parcelles. D’autre part, le remembrement permet de relancer Economie bretonne et de valoriser le métier d’agriculteur dans la région, incitant plus de jeunes a se lancer dans cette voie professionnelle.
Finalement le remembrement fait peu a peu disparaître l’opposition traditionnelle et historique entre l’Argoat et l’Armor. Le lineaire de haies se réduit passant de 123000km en 1968 a 78000km en 1981 dans le de partement des Cotes d’Armor.
Le remembrement diminue a la fin des années 70 a la suite de critiques de nonçant les effets environnementaux négatifs lie s a l’arrachage des haies et a l’ouverture en open field des parcelles agricoles. Le 10 juillet 1976 une loi relative a la protection de la nature impose que des études d’impacts soient mené es avant de réaliser des ope rations de remembrement sur un milieu.

Le modèle agricole breton

A la faveur du remembrement et de l’agrandissement des parcelles agricoles, l’agriculture bretonne va observer une croissance spectaculaire. Le système de production jusqu’alors très familiale, à usage également familial, va voir sa production prendre de l’ampleur jusqu’à devenir un exportateur majeur dans l’approvisionnement national. L’agriculture bretonne devient intensive : par les productions végétales spécialisées (artichauts, choux-fleurs, pomme de terre), l’importance des labours (maïs par exemple) et des productions hors -sol (volaille, porc…) [Canévet, 1992]. Le « modèle agricole breton », fait de la Bretagne en quelques décennies la première région agricole française.
Les industries laitières et porcines prennent notamment de l’envergure dans la région, par exemple entre 1950 et 1997 le nombre de porcins a doublé pour atteindre 14,5 millions de têtes, ainsi un porc sur deux est issu d’un élevage breton. De plus l’intensification fourragère par la généralisation des prairies temporaires, permet d’augmenter le nombre d’élevage bovins, et d’avoir une masse nutritive plus importante qu’avec l’ancien système agricole. Ainsi l’activité agricole et agro-alimentaire sert de moteur économique pour la région, lui permettant de rattraper son retard par rapport au reste du pays.
Les années 80 amènent une diminution des politiques de remembrement, mais le territoire en est d’ores et déjà impacté. Les différents travaux de recherche menés afin d’endiguer le phénomène de remembrement, vont amener à une prise de conscience quant à l’intérêt des haies sur talus pour les territoires. Ainsi le phénomène de remembrement s’essouffle et laisse place à des programmes bocagers : le premier dans les Côtes d’Armor à lieu en 1984 et consiste en un plan de soutien et d’aide financière pour les actions en faveur des haies [Bocher, 2005].
Dans les années 90 on observe une recrudescence des inondations dans les villes bretonnes, ce qui permet de repenser au rôle du talus et de le reconsidérer dans la trame paysagère des aménagements. Ainsi de nombreux kilomètres de talus vont être replantés en Bretagne : 487 kilomètres de talus en plus entre 1995 et 2003 [Bocher, 2005.

Un paysage de bocage qui subsiste

Le linéaire bocager actuellement

Le moteur Economique de la Bretagne réside dans son agriculture, véritable « locomotive du développement breton » [Flatre s, 1986]. Le mode le agricole actuel repose sur intensivité , combinant des productions vege tales spécialise es (choux-fleurs et artichauts par exemple) et des élevages hors sol (porcs et poulets).
Le mode le repose également sur un système d’utilisation du sol fonde sur les labours et les prairies temporaires [Cane vet, 1994]. Ainsi le paysage agraire se compose d’une mosaïque de champs cultive s et de prairies. Véritable identité du paysage breton, le bocage subsiste toujours mais sa densité reste moindre que par le passe . Aujourd’hui le bocage repère sente un héritage historique mais aussi un enjeu majeur pour l’environnement.
Depuis 1996 jusqu’à 2015, le linéaire de haies est en constante diminution, et est évalué récemment à 114 500 km. Les données de 2015, ont été obtenues par photo interprétation, lors d’un rapport d’étude sur la biomasse bocagère en Bretagne réalisé par l’IGN. L ’exactitude des données chiffrées est remise en question par les auteurs car cela fait « intervenir un grand nombre d’hypothèses et de coefficient technique » [IGN, 2018]. Pour notre étude, nous n’allons pas les prendre en compte, compte tenu de leur valeur trop hypothétique, cependant cela permet d’avoir un ordre de grandeur du linéaire bocager en Bretagne actuellement.
Sur l’ensemble des départements bretons, c’est le Morbihan qui est le moins pourvu en haies, avec seulement 35 868 km de linéaire bocager en 2008. Les Côtes d’Armor, territoire que nous allons étudier, est le deuxième département breton, après le Finistère, à posséder le plus de linéaire bocager en 2008, avec 48 299km de haies. Le graphique précédent indique également pour l’ensemble des départements, des linéaires de haies en baisse comparés aux données de 1996 (186 526 km en 2008 comparé à 207 398km en 1996). Seulement depuis le début des années 90, le remembrement est de plus en plus encadré pour éviter les arrachages sauvages qui sortent du cadre légal du remembrement, on peut alors se demander pourquoi les densités de haies continuent de baisser ?
En outre, il est important de préciser que depuis 2005 le remembrement à proprement parlé n’existe plus, il a été remplacé dans la loi par une procédure « d’aménagement foncier agricole et forestier ».
Pour pallier les effets du remembrement et la diminution constante du linéaire total des haies, un ensemble de programmes et d’aides sont mises en place a différentes échelles.
Au niveau Europe en, la politique agricole commune (PAC) tend a protéger les haies, en obligeant depuis 2015 que tous les bénéficiaires d’une aide de la PAC maintiennent les haies présentent sur leur exploitation.
Au niveau régional, le programme Breizh Bocage crée en 2008 a pour objectif de concevoir de nouvelles haies bocageres ou talus, dans le cadre d’ope rations collectives.

Rôles et fonctions du bocage

Ainsi on comprend donc que la haie est l’élément central du paysage bocager breton. Ce dernier se compose de parcelles clôturées par un réseau de talus surmonté par des haies et bordées pour la plupart d’un fossé.
Les talus correspondent à des levées de terres de 1 à 2 m de hauteur [Mérot et al, 2005]. Comme on peut le voir sur la figure 6 ci-dessus, le talus est surmonté par une haie bordée par un champ d’un côté et par un fossé de l’autre. Le fossé sert à évacuer le surplus d’eau qui n’a pas été bloqué et infiltré par les haies, il récupère également l’eau ruisselant sur les chemins . Sur la photographie le fossé ne draine pas d’eau car il est obstrué en amont, l’eau circule donc sur le chemin jusqu’a u cours d’eau situé en bas du versant.
De nombreuses études ont été faites au sujet des haies pour montrer leurs multiples qualités dans l’objectif de dénoncer les effets du remembrement. « L’analyse bibliométrique globale a montré un accroissement sensible de la production depuis 1995, un changement de perspective qui abandonne le rôle de la haie sur la production agricole pour se tourner vers la haie elle-même comme système écologique, voire comme système de maintien des ressources (biologiques, en eau, en sol, en carbone…). ». [Mérot, Bridet-Guillaume, 2006].
Effectivement, la haie ainsi que l’ensemble des éléments constituant le bocage comme les talus, les fossés, les taillis etc. assurent 5 grandes fonctions écologiques et productives [Soltner, 1995] , synthétisées dans le tableau ci-dessous.
La haie détient donc différentes fonctions servant à différents usages. Pour l’Homme elle lui assure une réserve de bois et lui permet de protéger ses cultures contre les vents avec son rôle de brise vent.
Pour les espèces animales, la haie a autant un rôle de refuge, de garde-manger que de corridor écologique. En effet, elle permet aux espèces de circuler d’un milieu à un autre, en ce sens elle sert de continuum écologique et assure la migration des espèces. En outre, elle peut servir de lieu de refuge pour le bétail quand celui-ci vient s’abriter des aléas climatiques.
Pour le territoire, la haie assure également une fonction de régulation hydrologique. En effet, elle permet de bloquer les ruissellements de l’eau en favorisant son infiltration dans le sol. D’autre part, les talus sont des éléments essentiels qu’il faut également prendre en compte dans le bocage, et qui permet d’assurer aux haies leur fonction de régulation hydrologique . Effectivement, les talus implantés de manière perpendiculaire au sens de la pente permettent de bloquer les ruissellements. Ainsi d’un côté du talus, on retrouve des particules érodées riches en matières organiques et amenées par les ruissellements piégées contre le talus. De l’autre côté du talus on peut observer des départs de matériaux érodés. En somme cela créer des différences de niveaux entre les deux côtés du talus. [Mérot et al, 2005]. Les haies présentent sur les talus, vont permettre d’accélérer le phénomène d’infiltration de l’eau grâce à leur système racinaire développé. A l’inverse, un talus orienté de façon parallèle à la pente ne va d’être d’aucune utilité contre l’érosion.
L’ensemble des effets induits par les éléments du bocage, révélé grâce à de nombreuses études, a permis une certaine prise de conscience quant à leur utilité. La haie loin d’être uniquement un élément esthétique et figuratif du paysage bocager, comporte aussi bien des fonctions nécessaires au maintien de certaines espèces et au bon fonctionnement de l’écosystème.

L’hydrosystème

Les parcelles agricoles, les cours d’eau, les haies et talus, sont autant d’éléments contenus dans un bassin versant breton et liés les uns aux autres. Le tout est compris dans un ensemble que l’on peut désigner comme étant un hydrosystème. Ce dernier peut être défini pour qualifier un bassin versant dans lequel s’organise un réseau hydrographique que l’on veut étudier de manière systémique. En tant que système il comprend d’un côté des caractères naturels et physiques et de l’autre des caractères anthropiques. Certains définissent l’hydrosystème comme équivalent à l’écosystème aquatique.
L’écosystème est un concept proposé en 1935 par Sir Arthur Tansley, il combine des éléments biotiques et abiotiques, reliés par des flux de matières et d’énergie. Il se définit comme étant un système local composé d’une biocénose (êtres vivants) et d’un biotope (conditions physicochimique) et de leur interrelation.
L’hydrosyste me peut ainsi s’expliquer comme e tant l’ensemble des caracteristiques naturelles (cours d’eau, faune, flore) et anthropiques (occupation du sol, amenagements) contenu au sein d’un bassin versant, et qui sont en interactions les uns avec les autres. Le schema qui suit reprend ces differents me canismes (Figure 10).
Au sein d’un bassin versant le biotope et la bioce nose sont en interaction l’une avec l’autre. La socie te , qui prend part egalement dans l’hydrosyste me, n’a pas la me me forme d’interact ion que les deux precedentes. Par ses actions elle transforme le milieu et pre le ve dans la bioce nose. En retour le biotope peut impacter la societe avec des degre s plus ou moins fort (tempe tes, inondations…).

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Table des matières
Remerciements 
Résumé 
Abstract 
Sommaire
Introduction 
I. D’un paysage de bocage aux enjeux de connectivités hydrologiques
II. Un regard historique sur les mutations paysagères
III. Analyse des connectivités hydrologiques actuelles à partir du modèle LASCAR
IV. Trajectoire des connectivités et déconnectivités hydrologiques depuis 1830 dans le sousbassin du Guer amont
Conclusion générale 
Bibliographie 
Logiciels utilisés 
Table des figures 
Table des matières

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