Traitement numerique des images satellitaires
Problematique
Cette etude conduite conjointement par le CIRAD-emvt et par le CIRAD-amis, sโinscrit dans le programme europeen DARCA (Desertification and Regeneration : Modelling the Impact of the Market Reforms on Central Asian Rangelands) reunissant une equipe pluridisciplinaire autour dโune thematique commune. Celle-ci concerne la transition du systeme politique et economique des pays dโAsie centrale issus du demantelement de lโUnion Sovietique, et ses impacts sur lโorganisation des hommes issus du milieu rural et sur leur environnement. Le volet que nous allons ici aborder concerne lโevolution et lโetat du couvert vegetal dโun ancien Kolkhoze, Ravnina, situe dans le sud-ouest du desert du Karakoum, au Turkmenistan. Lโannee 1991, sera une charniere pour cette analyse, marquant lโeffondrement de lโUnion Sovietique et la naissance dโun nouvel Etat independant, le Turkmenistan. Comme pour la majorite de ces โชjeunesโซ Nations issues de lโEmpire sovietique, la transition du systeme communiste vers une economie de marche a entraine de profondes restructurations politiques et economiques. Les anciennes structures kolkhoziennes qui reunissaient les eleveurs se sont effondrees, et la plupart dโentre-elles ont ete partiellement โชprivatiseesโซ.
Les consequences directes ont ete la baisse des effectifs humains qui sโest accompagnee dโune chute generale du cheptel, et de lโabandon des parcours. Depuis 1997, une reprise du paturage sโest mise lentement en place. En marge des heritieres des Kolkhozes โชArindaโซ, dont le fonctionnement est proche des cooperatives agricoles que nous connaissons en Europe, de nombreux eleveurs prives se sont etablis. Pour lโensemble de ces eleveurs un meme constat sโest impose : les grandes migrations saisonnieres dont le transport par train ou camion etait alors assure par lโEtat centralise a laisse place au pature local a proximite des puits. Ces changements de parcours dans un milieu fragile quโest le desert ont entraine un surpaturage dans certaines zones – autour des puits, des villages, le long des routes et des cours dโeau – dont la manifestation de la degradation sโobserve par lโeradication des plantes perennes et par le developpement de dunes mobiles depourvues de vegetation. Ce processus de modification de lโenvironnement mise en relation avec les changements economiques et sociaux sera un des fils conducteurs qui nous guidera tout au long de notre etude.
En effet, parler de transformation du milieu ne peut se faire sans y integrer le role de lโactivite humaine qui se trouve au coeur de ce processus. Cโest elle qui modele et transforme son environnement. Les populations autochtones y trouvent leurs ressources de survie, le bois de feu, mais aussi les patures necessaires a leur activite principale quโest lโelevage extensif de moutons โช Karakul โซ, de bovins et de dromadaires. Apprehender, mesurer ces signes de changements pour ne pas briser un equilibre entre lโhomme et son milieu est lโobjectif que nous nous sommes fixes. Lโutilisation des donnees satellitaires issues de la teledetection haute resolution spatiale (donnees Landsat et Spot) est lโoutil que nous avons privilegie pour realiser ce travail. Le but etant de tester les applications de la teledetection spatiale dans une perspective operationnelle dโevaluation et de suivi du couvert vegetal dans la zone du sud-est du desert du Karakoum. Nous essaierons ainsi de voir les possibilites et les limites quโoffre cette science a ce type de recherche.
Donnees geographiques
Le Karakoum fait partie de ce vaste desert dโAsie centrale connu sous le nom de la zone Touranienne. Avec ses 3000 km dโest en ouest et ses 2000 km du nord au sud, il occupe la vaste depression Aralo-caspienne et forme une plaine dโage quaternaire. Le Karakoum (โช kara โซ = noir; โช koum โซ = sable) se localise dans sa partie la plus meridionale (Figure 1). Il est situe entre 37ยฐ – 42ยฐ Nord, et 56ยฐ – 64ยฐ Est. Avec ses 350 000 km2, le Karakoum occupe environ 80% de la superficie totale du Turkmenistan et voit sa partie nord-est se prolonger vers le Kyzylkoum en Ouzbekistan, et le Moyunkum au sud du Kazakhstan. Encadre au sud par la chaine de montagne de Kopet-Dagh, au nord-nord-ouest par le plateau gypseux dโUst-Urt et au nord-est par la riviere Amou-Daria, le Karakoum turkmene se subdivise en trois regions naturelles : au Nord, le Zaunguz Karakoum, le Karakoum central et enfin le Karakoum du sud-est. Pour notre etude (Figure 2), nous avons travaille dans la region de lโancien Kolkhoze de Ravnina qui se localise dans la partie du sud-est du Karakoum. (N37 57.013 E62 39.013). Cโest une commune situee a 100 km au nord-est de Mary qui a heritee de ses anciennes limites administratives et qui sโetend sur 346 000 ha. Approximativement son territoire sโetend sur 45 km dโest en ouest et sur 50 km du nord au sud (Behnke, 2002).
Il constitue une zone relativement irriguee, traversee par le canal du Karakoum et limitee a lโest par la riviere du Murgab. Essentiellement constituee de sol sableux et profond, la topographie de cette partie du desert se caracterise par une succession de dunes fixees par la vegetation orientees sud-ouest / nord-est, dont lโaltitude ne cesse dโaugmenter a mesure que lโon se dirige vers le sud-sud-est, pour atteindre 300 a 350 m. Les espaces sablonneux sont separes par deux types de grandes depressions : les takirs, grandes depressions salees et planes, appelees aussi solontchak lorsquโelles sont depourvues de vegetation, que lโon localise surtout au nord du canal, et les grands creux interdunaires qui en allant vers le sud font apparaitre des sols limono-sableux (Babaev, 1999). Ces depressions constituent de veritables reservoirs dโeau naturelle, qui lorsque le taux de salinite le permet favorisent lโinstallation de puits.
Donnees climatiques
Le desert du Karakoum se caracterise par un climat continental extremement sec a tendance mediterraneenne, avec une forte amplitude thermique annuelle et journaliere. Situe a la latitude sud de lโEurope, il est recouvert lโete par lโair anticyclonique subtropical et lโhiver par lโair anticyclonique siberien a vents de nord-est. Lโessentiel des precipitations est apporte par dโeventuels cyclones atlantiques venus de lโouest. Or lโocean est a 5000km : lโaridite de la region est donc fondamentalement une aridite dโeloignement continental aggravee ensuite par lโabri des obstacles montagneux proches : Caucase, Armenie et Elbourz. Les temperatures expriment fidelement cette continentalite dโun โช tempere โซ aride dit โช aralien โซ (J. Demangeot, 1989). Des temperatures moyennes de 14ยฐ a 16ยฐC cachent une variabilite inter-annuelle importante. Avec des etes aux temperatures situees entre 35ยฐ et 40ยฐC, le mois de juillet est le plus chaud. Des maxima absolus a plus de 50ยฐC ont ete releves a Uch Hadzi, situe dans notre zone dโetude (Figure 3 et 4). Pendant cette saison, on enregistre une chute de lโhumidite de lโair de 20 a 30% (Suslov, 1994) qui sโexprime par une evaporation du sol et des plantes de 2300 mm par an, chiffre superieur a la quantite annuelle de pluies. Le mois le plus froid est janvier avec des temperatures moyennes de 3ยฐC et des minima absolus qui varient entre -13ยฐ et -29ยฐC (UNFCCC, 1995).
Des precipitations (pluie et neige) rares et irregulieres caracterisent egalement ce milieu difficile. La moyenne des precipitations est de 150 mm par an pour le Karakoum du sud-est. Elles sโobservent en hiver (environ 59 mm) et au printemps (environ 55 mm) avec un pic generalement au mois de mars. Le climat est donc de type mediterraneen a hiver tres froid. Le mois de juin marque la fin de cette saison des pluies et le debut dโune periode de secheresse qui se prolonge generalement jusquโau mois dโoctobre. Cette distribution des temperatures et des pluies est tres variable selon les annees (Figure 5). Les trois dernieres annees, 1999, 2000 et 2001, sont connues pour avoir ete specialement seches. Lโannee 2002, en revanche, semble avoir enregistree des records de precipitations. La pluies et les nuages nous ont suivi pratiquement tout au long de ces deux mois passe sur le terrain. J Pour une observation a le plus long terme, une etude realisee par lโUNFCCC (1995) sur lโevolution du climat a observe une faible hausse generale des temperatures moyennes entre 1931 et 1990 : + 0.6ยฐC dans le Nord et + 0.3ยฐC a Merv. Les precipitations, elles, auraient connu une legere tendance a la hausse confirmee par nos donnees climatiques acquises aupres de lโinstitut du desert (Annexe 2). Cependant, cette hausse ne concernerait que le mois de janvier. En effet, au printemps et en automne, elles ont legerement diminue.
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Table des matiรจres
1 Presentation du stage
1.1 Cadre du stage
1.1.1 Lโentreprise dโaccueil
1.1.2 Le deroulement du stage
1.2 Sujet du stage
1.2.1 Problematique et objectifs
1.2.2 Demarche, methode et outils
2 Description de la zone dโetude
2.1 Caracteristiques geoclimatiques principales
2.1.1 Donnees geographiques
2.1.2 Donnees climatiques
2.2 Caracterisation du milieu etudie et du terrain
2.2.1 Caracteristiques de la vegetation et les facteurs de degradation qui la menacent
2.2.2 Les releves de vegetation sur le terrain
3 Traitement numerique des images satellitaires
3.1 Analyse diachronique des donnees issues des images Landsat
3.1.1 Les pre-traitements
3.1.2 Analyse diachronique de lโevolution du couvert vegetal
3.2 Etude de lโetat de la vegetation a partir de lโimage SPOT du 31 mai 2002
3.2.1 Les indices de vegetation
3.2.2 Mise en relation des mesures de vegetation (LIM et biomasse) avec les indices de vegetation
Conclusions
Bibliographie
Annexes
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