Traitement de la tuberculose

Traitement de la tuberculose

Description et รฉpidรฉmiologie

La tuberculose est une infection bactรฉrienne contagieuse et perilleuse provoquee par le complexe mycobacterium tuberculosis incluant principalement mycobacterium tuberculosis, mycobacterium bovis, mycobacterium africanum, mycobacterium microti et mycobacterium canetti [Heym, et al, 2007, Oscar et al. 2008] Peu de temps aprรจs la mise en รฉvidence du caractรจre infectieux et contagieux de la tuberculose par J. A. Villemin, R. Koch identifia le bacille responsable de la maladie (1882) : M. tuberculosis. Les travaux initiaux de A. Calmette et C. Guรฉrin (1908) aboutirent en 1921 ร  la mise au point du vaccin BCG, seul vaccin utilisรฉ ร  nos jours [George Coumba Yoya. 2010] en 1944, S. Waksman dรฉcouvrit le premier antibiotique actif contre la tuberculose : la streptomycine. Durant les 20 annรฉes suivantes (1944-1965) de nombreux antituberculeux virent le jour. Cinq de ces antibiotiques, lโ€™isoniazide, lโ€™รฉthambutol, la rifampicine, le pyrazinamide, et la streptomycine sont dits majeurs ou de premiรจre ligne [George Coumba Yoya. 2010]

A ce jour, malgrรฉ lโ€™existence dโ€™un vaccin (le BCG) et dโ€™une polychimiothรฉrapie efficace mise en place dรจs les annรฉes 70, la tuberculose reste la premiรจre cause de mortalitรฉ due ร  un agent infectieux unique [George Coumba Yoya. 2010] La tuberculose pulmonaire (phtisie) est la plus frequente et la seule contagieuse [Enarson et al, 2000]. Cependant il existe dโ€™autres formes de tuberculose extra-pulmonaire, qui peuvent toucher dโ€™autres parties du corps humain. Ces dernieres peuvent entrainer des atteintes osseuses (mal de pott, tumeur blanche du genouโ€ฆetc), renales, intestinales, genitales, meningees et cutanees. Lorsque la maladie atteint plusieurs organes, on parle de tuberculose dissรฉminee ou demiliaire [Enarson et al, 2000] La source essentielle de dispersion de Mycobacterium tuberculosis provient des patients atteints de tuberculose pulmonaire et dont les crachats contiennent des bacilles acido-alcoolorรฉsistants (BAAR). [T. May, et al, 2005] La plupart des cas ont รฉtรฉ constatรฉs dans les rรฉgions africaines, de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental, avec des taux de 35 %, 30% et 20% respectivement. On estime que les VIH-positifs reprรฉsentent entre 11 et 13% de l’ensemble des nouveaux cas de TB, la Rรฉgion africaine comptant pour environ 80% de ces cas. [Rapport 2010 sur la lutte contre la tubeculose dans le monde]

Nouveaux mรฉdicaments antituberculeux

Malgrรฉ l’urgence et l’augmentation du nombre des cas de tuberculose dans le monde, les principaux mรฉdicaments antituberculeux disponibles sont encore ceux qui ont รฉtรฉ introduits entre 1950 et 1970. Depuis lors, aucun mรฉdicament majeur n’a รฉtรฉ mis sur le marchรฉ. La raison en est, entre autres, la difficultรฉ de la recherche sur un germe ร  croissance trรจs lente et le peu d’intรฉrรชt de l’industrie pharmaceutique pour un marchรฉ peu rentable en termes รฉconomiques. En outre, un certain nombre de mรฉdicaments dits de seconde ligne, utiles pour le traitement des cas devenus rรฉsistants aux mรฉdicaments de base (isoniazide et rifampicine) ont un coรปt si รฉlevรฉ qu’ils ne peuvent pas รชtre utilisรฉs dans les pays oรน ils seraient indispensables, ou ne sont simplement plus disponibles sur le marchรฉ. [P. Leuenberger. et al, 2004]

Depuis plus de vingt ans, le schรฉma thรฉrapeutique antituberculeux fait appel ร  une combinaison de mรฉdicaments administrรฉs pendant six ร  huit mois. Mรชme qualifiรฉ de ยซcourtยป par l’OMS, ce schรฉma est trรจs long pour le malade, associรฉ ร  des effets indรฉsirables parfois importants, et trรจs coรปteux si les mรฉdicaments doivent รชtre achetรฉs au prix du marchรฉ libre. Depuis quelques annรฉes cependant, sous la pression des autoritรฉs sanitaires internationales, OMS et Union internationale contre la tuberculose en tรชte, l’industrie et la recherche se sont mises ร  nouveau au travail. Si aucun mรฉdicament vraiment nouveau n’a vu encore le jour, on enregistre cependant quelques progrรจs encourageants. [P. Leuenberger, et al, 2004]

La recherche a permis de trouver de nouveaux antituberculeux (soit parmi les antibiotiques connus, soit de nouvelles molรฉcules), actuellement en phases cliniques chez lโ€™homme, avec des rรฉsultats inattendus. Parmi les molรฉcules dรฉjร  commercialisรฉes, on retrouve la moxifloxacine, la gatifloxacine, le linรฉzolide, la rifapentine et la rifabutine. Dโ€™autres รฉtudes sont nรฉcessaires pour mieux positionner lโ€™utilisation de ces fluoroquinolones. Lโ€™efficacitรฉ du linรฉzolide est contrebalancรฉe par ses effets secondaires. Quant aux rifamycines, leur activitรฉ est confirmรฉe et elles sont dรฉjร  utilisรฉes dans plusieurs pays. Parmi les nouvelles molรฉcules, ont รฉtรฉ sรฉlectionnรฉes le PA-824, lโ€™OPC-67683, la diarylquinolone TMC207, la diamine SQ109 et les dรฉrivรฉs pyrroles. Pour la plupart, leur mรฉcanisme dโ€™action nโ€™est connu que partiellement. Autant le PA-824 nรฉcessite dโ€™autres รฉtudes cliniques pour confirmer son efficacitรฉ, autant les autres nouveaux composรฉs sont en attente de phases II (OPC-67683, TMC207, SQ109) et de phase I (les dรฉrivรฉs pyrroles). Plusieurs molรฉcules sont en phase dโ€™รฉvaluation prรฉclinique. [Marigot-Outtandy D, et al, 2009]

Rifapentine La rifapentine, dรฉrivรฉe de la rifampicine, possรจde une demi-vie beaucoup plus longue et se prรชte de ce fait ร  une utilisation intermittente, par exemple une fois par semaine, ce qui permettrait de rรฉduire le risque d’erreur ou d’interruption liรฉe au traitement quotidien. Diverses รฉtudes ont รฉtรฉ entreprises pour รฉvaluer l’utilitรฉ de la rifapentine, en gรฉnรฉral accompagnรฉe de l’isoniazide, dans la phase d’entretien de la chimiothรฉrapie antituberculeuse. La comparaison est faite avec le rรฉgime habituel associant la rifampicine et l’isoniazide. Dans un modรจle animal de tuberculose chez la souris, la monothรฉrapie de rifapentine en administration hebdomadaire pendant six mois permettait de stรฉriliser les lรฉsions aprรจs une phase initiale de traitement quotidien associant au moins trois mรฉdicaments pendant deux mois ou en association hebdomadaire avec l’isoniazide aprรจs une phase de trithรฉrapie quotidienne pendant deux semaines.

L’association avec la moxifloxacine a permis d’obtenir un taux de guรฉrison similaire ร  celui de l’association avec l’isoniazide. [Lounis N, et al, 2001] Dans un essai clinique chez l’homme, l’association d’isoniazide et de rifapentine en une seule dose hebdomadaire pendant la phase d’entretien รฉtait associรฉe ร  un taux plus รฉlevรฉ d’รฉchecs (9,2%) que l’association de rifampicine et d’isoniazide administrรฉs deux fois par semaine (5,6%) [Benator D, et al, 2002] Le taux sรฉrique d’isoniazide influenรงait le rรฉsultat thรฉrapeutique [Weiner M, et al, 2003] Dans une autre รฉtude, oรน le rรฉgime initial comprenait la streptomycine, le taux d’รฉchecs รฉtait รฉgalement plus รฉlevรฉ dans le groupe traitรฉ une fois par semaine par l’association de rifapentine et d’isoniazide que chez les malades recevant trois fois par semaine une association de rifampicine et d’isoniazide, indรฉpendamment du taux sรฉrique d’isoniazide.[ Tam CM, et al, 2002]. La place exacte de la rifapentine dans le traitement de la tuberculose n’est donc pas encore รฉtablie. [Rieder HL, et al, 2001]

Nouvelles quinolones

Les quinolones possรจdent une activitรฉ bactรฉricide contre M. tuberculosis et un profil de sรฉcuritรฉ intรฉressant, mais leur emploi รฉtait jusqu’ici rรฉservรฉ aux cas de rรฉsistance ou d’intolรฉrance aux antituberculeux majeurs ou aux traitements d’attente chez les patients suspects d’รชtre atteints de germes multi rรฉsistants. Jusqu’ร  prรฉsent, les deux dรฉrivรฉs les plus utilisรฉs รฉtaient la ciprofloxacine et l’ofloxacine, qui diffรจrent peu en termes d’efficacitรฉ et de tolรฉrance. Parmi les autres quinolones, la lรฉvofloxacine, la gatifloxacine et la moxifloxacine ont รฉgalement une activitรฉ antimycobactรฉrienne. La moxifloxacine possรจde le profil le plus intรฉressant, du fait que le rapport de la concentration sรฉrique maximale ร  la concentration minimale inhibitrice (Cmax/CMI) est le plus รฉlevรฉ (5 ร  10 fois celui de la ciprofloxacine) et que le temps pendant lequel la concentration sรฉrique se situe au-dessus de la concentration minimale inhibitrice est trois ร  quatre fois plus long que pour les autres quinolones.

La moxifloxacine possรจde un pouvoir bactรฉricide proche de celui de l’isoniazide et pourrait mรชme devenir un des mรฉdicaments antituberculeux de base. [Ginsburg AS, et al, 2003] En outre, son profil permet de l’utiliser aux doses usuelles (400 mg/j) et non ร  la dose double de la dose habituellement recommandรฉe, comme pour les autres quinolones. Si l’effet bactรฉricide et la longue durรฉe d’action se confirment, l’association de moxifloxacine et de rifapentine en administration hebdomadaire pendant la phase de continuation du traitement permettra peutรชtre de simplifier le schรฉma thรฉrapeutique en rรฉduisant la durรฉe du traitement et le nombre de doses.

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Table des matiรจres

Introduction
I. Les mycobactรฉries: Caractรฉristiques generals
1. Classification selon Bergeyโ€™s
2. Classification selon lโ€™importance Clinique
3. Les mycobactรฉries : ร  lโ€™origine de la tuberculose
II. La tuberculose
1. Description et รฉpidรฉmiologie
2. Evolution de lโ€™incidence
3. VIH et la tuberculose
4. Infection et transmission
III. Traitement de la tuberculose
1. Les mรฉdicaments antituberculeux
2. Traitement de la tuberculose chez les patients infectรฉs par le VIH
3. Traitement de la tuberculose rรฉsistante
4. Nouveaux mรฉdicaments antituberculeux
4.1.Nouveaux dรฉrivรฉs ou nouvelles indications de mรฉdicaments existants
4.1.1. Rifapentine
4.1.2. Nouvelles quinolones
4.1.3. Linรฉzolide
4.2.Nouvelles molรฉcules
IV. BCG et mise au point de nouveaux vaccins
V. Problรจme de la rรฉsistance
1. Rรฉsistance primaire
2. Rรฉsistance secondaire ou acquise
3. La multi rรฉsistance
4. ร‰pidรฉmiologie des rรฉsistances
5. Mรฉcanisme de rรฉsistance
5.1. Isoniazide
5.2.Rifampicine
5.3.Pyrazinamide
5.4.Ethambutol
6. Facteurs favorisant la rรฉsistance aux antituberculeux
VI. Recherche de nouvelles molรฉcules ร  effet anti-mycobactรฉrien
1. Synthรจse de molรฉcules chimiques
2. Activitรฉs des extraits des plantes
3. Activitรฉ des principes actifs produit par les microorganismes Matรฉriel et mรฉthodes
1. Matรฉriel biologique
1.1.Souches bactรฉriennes utilisรฉes
2. Mรฉthodes
2.1.Milieux de cultures
2.1.1. Milieu LB liquide
2.1.2. Milieu LB solide
2.1.3. Milieu TSB
2.1.4. Milieu TSB modifiรฉ liquide
2.1.5. Milieu TSB modifiรฉ solide
2.2.Cultures bactรฉriennes
2.2.1. Culture de la bactรฉrie indicatrice M. smegmatis
2.2.2. Culture des bactรฉries ร  tester
3. Test de conservation de lโ€™activitรฉ des souches isolรฉes aprรจs repiquage
4. Extraction et concentration des molรฉcules bioactives du surnageant de culture
5. Test de lโ€™activitรฉ antimycobactรจrienne des extraits
5.1.Technique des disques
5.1.1. Rรฉalisation dโ€™une suspension
5.1.2. Prรฉparation de la gรฉlose
5.2. La technique des puits
6. Etude physico-chimique des principes actifs
6.1.Sensibilitรฉ des principes actifs au traitement thermique
6.2.Sensibilitรฉ des principes actifs ร  la protรฉinase K
7. Analyse des extraits par chromatographie sur couche mince de silice (CCM) 8. Essai de localisation des bandes actives aprรจs CCM
9. Essai de purification des bandes actives aprรจs CCM
10. Dรฉtermination du spectre dโ€™action des principes actifs des souches AF et AV
11. Extraction dโ€™ADN
11.1. Premiรจre mรฉthode Protocole classique au phรฉnol- chloroforme
11.2. Deuxiรจme mรฉthode : Extraction dโ€™ADN par microonde
11.3. Troisiรจme mรฉthode
11.4. Quatriรจme mรฉthode
12. Amplification de lโ€™ADN 16 S par la rรฉaction de polymรฉrisation en chaine (PCR
12.1. Amorces utilisรฉes
12.2. Mรฉlange rรฉactionnel
12.3. Conditions de la rรฉaction PCR
13. Analyse des produits de la PCR par รฉlectrophorรจse sur gel dโ€™agarose 13.1. Prรฉparation du gel dโ€™agarose
13.2. Dรฉpรดt des produits dโ€™amplification
13.3. ร‰lectrophorรจse Rรฉsultats et discussions
1. Test de conservation de lโ€™activitรฉ antimycobactรจrienne des souches AF et AV aprรจs repiquage
2. Test dโ€™activitรฉ des extraits
3. Sensibilitรฉ des principes actifs au traitement thermique et ร  la protรฉinase K
4. Chromatographie sur couche mince (CCM
5. Spectre dโ€™action des principes actifs des extraits des souches AF et AV 6. Extraction dโ€™ADN et amplification par PCR
Conclusion et perspectives
Rรฉfรฉrences
bibliographiques
Annexe

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