La situation de subversion au niveau du système politique contamine la sphère socio-économique de la nation ; la reconduction de décisions électorales ajourne la résolution de la crise surtout sur le plan institutionnel. La politique, réduite à la subjectivité, est corrompue par le jeu d’intérêt personnel et de la géopolitique. Des malaises sociaux se refoulent par la criminalité et la délinquance; des troubles dûs au chômage, à l’inflation des produits de première nécessité, déterminant le quotidien des 80 % des Malgaches qui représentent la proportion de la population vivant sous le seuil de la pauvreté. Ce tourment contextuel malgache que manifeste le non contrôle dans le circuit économique a pour effet l’anarchie d’exploitation terrestre, souterraine et humaine par des conquérants étrangers. De même que dans le domaine d’exportation et d’importation. Autrefois, la société malgache s’est unie par le partage de valeurs, de morale, des idées, des manières de penser et d’agir en commun, à l’instar du fihavanana, un modèle de base sociétale qui maintient l’équilibre intergénérationnel, interinstitutionnel et intergroupe. Avec l’évolution, ce sont les rapports sociaux de production qui cimentent la société (indépendantes de la volonté individuelle) selon la pensée néo-marxiste (C’est-àdire des relations afférantes aux activités de production afin d’assurer la subsistance et la survie matérielle de la collectivité). Pour Karl Marx : « le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus social, politique et spirituel dans son ensemble. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être, c’est au contraire leur être social qui détermine leur conscience ». On est passé à « trano atsimo sy avaratra » (des maisons sud-nord, qui se mettent côte à côte) à « inona no takalony» (…mais à l’échange du service !) signifiant une collaboration, une négociation et un affrontement. Toutefois, l’évolution apporte à nos jeunes un monde éphémère de satisfaction avec les gadgets de la technologie ; qui commencent à changer les modes d’action dans les institutions tant privées que publiques. Ils entrent en force dans la tournure du changement face à l’intégration de Madagascar dans la mondialisation.
Ambohimanarina, une des collines qui illustrent un pont de transaction traditionnelle à la modernité existant dans la Région d’Analamanga. Bien que le quartier fasse partie de la Commune Urbaine d’Antanarivo, il montre une société qui est encore bien sauvegardée culturellement, unissant la société et les êtres qui y vivent. Aussi, c’est un endroit victime du bouleversement politique qui engendre une insécurité telle que la prolifération du banditisme et du problème foncier.
CADRE THEORIQUE
Notre étude se veut être une étude objective et scientifique, elle est dirigée par les théories adoptées au sujet de mémoire.
La tradition « mitsapa » est examinée à deux niveaux distints qui s’enchevêtrent conjointement: le niveau macro (la société engendrée depuis la tradition qui peut être désigné par l’instance du Fokonolona) et le niveau micro (l’individu sujetacteur) ; qui se réagit à des certains moments. Elle est considérée comme un fait social, où on observe la place dominante de l’obligation dans une cohésion sociale réalisée avec le « fitsapam-pokonolona maraina». Elle a ce pouvoir coercitif envers les individus qui agissent au nom du « fihavanana » à travers la maxime « tsimbalivaly ifanaovana» (un échange de don à l’occasion de ce rite d’où survient le principe d’action individuelle négative ou positive résulte une réaction sociale négative ou positive). On assiste également à « izay manao ihany no hanaovana » (seulement ceux qui participent auront en retour l’intervention des autres) et ceci est valable au niveau structurel c’est-à-dire que le « Fokontany » se manifeste seulement aux gens qui agissent positivement. Il n’y a pas d’exception, toutes personnes que se soient «zanatany » (habitants originels) ou des « mpihavy » (des étrangers) sont traitées semblablement. Les individus sont pris inconsciemment à la contrainte d’agir à cette coutume. Tant au niveau micro que macro, on enregistre une action ajustée et une réaction logique de l’individu et/ou de la collectivité pour intérpréter une interaction. Avec notre ligne directrice de démarche analytique : concept-dimension-indicateur (par essence de sa généralité : concept-modèle-théorie), on accède à un niveau d’étude plus scientifique et cohérente. Cependant, les notions de représentation et de fonction contribueront aussi à l’analyse et qui cimentent la relation existante entre ces deux niveaux ci-dessus. Éventualité .
Eventuellement, une analyse systémique du « fitsapana », qui découle tout un système d’action, un univers de système de représentation, et un système de culture, peut être aperçue. De ce fait, l’étude du « fitsapam-pokonolona maraina » se siège à l’égard de sa structure, de sa fonction et de son processus. Ainsi les explications et les interprétations de l’analyse s’orientent dans cette perspective tout en assimillant le modèle conceptdimension-indicateur. Cependant, entamons d’abord la notion de culture pour mettre en évidence nos théories d’approche.
LA NOTION DE CULTURE
La culture se définit comme « un ensemble lié de manière de penser, de sentir et d’agir plus ou moins formalisé, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent d’une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte. » .
Ces manières de penser, de sentir et d’agir soulignent que les modèles, les valeurs, les idées, les pensées s’étendent dans toutes les formes d’expressions de sentiments aussi bien qu’aux règles qui régissent des actions objectivement observables. La culture s’adresse donc à toute activité humaine, qu’elle soit cognitive, affective ou conative (c’està-dire l’action au sens strict) ou même sensori motrice. Ces manières qui sont très formalisées dans un code de lois, dans des formules rituelles, des cérémonies, un protocole, etc. elles le sont moins et à des degrés divers dans les arts, droit coutumier, dans certains secteurs des règles de politesse. Notamment, elles entrainnent des relations interpersonnelles. Moins les manières de penser, de sentir et d’agir sont formalisées, plus la part d’interprétation et d’adaptation personnelle est permise ou même requise.
Ces manières sont partagées par une pluralité de personne : l’essentiel est que des façons d’être soient considérées comme idéales ou normales par un nombre suffisant de personne pour qu’on puisse reconnaitre qu’il s’agit bien de règle de vie ayant acquis un caractère collectif et donc social. L’acquisition de la culture résulte de divers modes et mécanisme, d’apprentissage, c’est un héritage social. Elle est tout ce qu’un individu doit apprendre pour vivre dans une société particulière.
La culture est objective dans son sens où les manières dont des personnes ont en commun établissent entre elles des liens que chacune ressent comme bien réel. D’où l’approche d’Emile Durkheim sur la solidarité sociale et d’Auguste Comte sur le consensus social. Elle est tout aussi symbolique avec les manières collectives de penser, de sentir et d’agir ayant un symbole de communication et surtout de participation. Par exemple l’adhésion à des valeurs, qui symbolise l’existence à une collectivité donnée. Car s’abstenir de participer à des réunions de porter un insigne, de signer une pétition, etc., manifeste symboliquement qu’on se détache d’un parti, d’un syndicat ou d’une association. Un dernier caractère est que la culture est un ensemble lié, c’est-à-dire de constituer ce qu’on peut appeler « un système » . Lorsque des changements s’effectuent dans un secteur d’une culture, ils entrainent des changements dans d’autres secteurs de cette culture. Ils se manifestent sous l’effet des liens et des rapports ressentis subjectivement pat les membres d’une société. La cohérence d’une culture est donc en liaison avec toute une réalité subjectale, c’est-à-dire vécue subjectivement par les membres d’une société. C’est d’abord chez les sujets et pour les sujets qu’une culture prend le caractère d’un système.
En d’autres termes :
a. La culture concerne toute activité humaine, c’est parce qu’elle est conforme à une culture donnée que l’action d’une personne peut être dite action sociale.
b. Les manières de penser, de sentir, d’agir peuvent être très formalisée (lois, cérémonies) ou moins formalisée (politesse, …)
c. La culture est partagée par une pluralité de personne
d. La culture n’est pas héréditaire, son acquisition se fait par apprentissage », « la culture est « tout ce qu’un individu doit apprendre pour vivre dans une société particulière », (document fournit par l’AESM, quelques notions de sociologie, année universitaire 2006-2007).
Selon Guy Rocher, « la culture permet et favorise l’adaptation de l’homme et de la société à leur environnement et à l’ensemble des réalités avec lesquels ils doivent vivre … c’est à travers la culture que l’homme prend contact avec lui-même, avec son milieu physique et social qu’il exerce des contrôles sur lui-même, ses sentiments, ses besoins, ses impulsions, qu’il manipule les choses et les êtres et les asservit à ses besoins et à ses fins ». On peut dire donc que la culture est comme le prisme à travers lequel l’homme perçoit la réalité pour la contrôler. Par conséquent, la culture est propre à l’homme parce qu’il seul peut développer suffisamment de la fonction symbolique et accumuler un réservoir de symbole de divers niveau d’abstraction. En retour, la culture permet à chaque individu de devenir homme, en le faisant bénéficier des acquis accumulés et qui ne pouvait s’inscrire dans l’organisme biologique. Au-delà du physique et du social, ou plus exactement à travers eux, la culture affirme sa fonction la plus fondamentale qui est de permettre à l’homme de s’humaniser.
Quant à Radcliffe Brown, il définit la culture comme étant le « processus par laquelle une personne acquiert, au contact d’autre personne ou d’objet comme les livres ou les œuvres d’art, des connaissances, des idées, des croyances, des goûts, des sentiments ; l’adaptation culturelle est le processus social par lequel un individu acquiert des habitudes et des caractéristiques mentales qui lui permettent d’occuper une place dans la vie sociale et le rendent apte à participer à ses activités » . C’est par l’existence de la culture et des traditions culturelles que la vie sociale humaine diffère fondamentalement de la vie sociale des autres espèces animales. La transmission de manières acquises de penser, de sentir et d’agir qui constitue le processus culturel, trait spécifique de la vie sociale de l’homme, n’est sans doute qu’une partie de ce processus total d’interaction entre les personnes, ou processus social qui constitue la réalité sociale elle-même. La permanence et le changement des formes de vie sociale définissent l’objet de recherche de la sociologie comparative, la permanence et le changement des traditions culturelles sont parmi les faits qui doivent être pris en compte.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : MODELE THEORIQUE ET SPATIAL DE LA RECHERCHE
Chapitre 1 : CADRE THEORIQUE
Chapitre 2 : LOCALISATION SPATIALE DE LA RECHERCHE
PARTIE II : RESULTATS D’ENQUETES ET ANALYSE
Chapitre 3 : RESULTATS D’ENQUETES
Chapitre 4 : TRADUCTION SOCIOLOGIQUE DU PHENOMENE CULTUREL « MITSAPA »
PARTIE III : TRADITION FACE À LA MODERNITÉ : LA PROSPECTIVE
Chapitre 5 : POSTURE CONCEPTUELLE
Chapitre 6 : VERS UNE DETERMINATION DE LA COUTUME FUNÉRAIRE DU “FITSAPANA”
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
ANNEXE