Traditions : facteur favorisant ou frein au développement rizicole. Cas de la Commune rurale de Tsararano

Approche conceptuelle 

Faire appel à des approches sociologiques semble être de mise pour expliquer les faits sociaux que le terrain de stage présente. La première section se rapportera de ce fait à une approche sociologique pour comprendre et interpréter les actions et interactions sociales. La seconde, quant à elle, visera à trouver un lien culturel entre le développement et les traditions, ce qui soulignera l’importance de l’implication des acteurs face aux innovations à entreprendre.

Approche sociologique 

Individualisme méthodologique
Forgée par Joseph Schumpeter, l’expression « individualisme méthodologique » désigne les méthodes qui analysent les phénomènes sociaux comme le produit d’actions individuelles agrégées. Les travaux en affinité avec les principes de l’individualisme méthodologique peuvent être regroupés en trois principales tendances :

• Ceux qui considèrent les actions de l’individu comme toujours motivées par une rationalité sans faille et réduisent la réalité sociale à des transactions guidées par le seul calcul des avantages et coûts. Les principaux représentants de cette tendance sont George C. Homans, Mancur Olson, l’Ecole du Public Choice.
• Ceux qui comme Herbert A Simon et James G. March, Albert O. Hirschman, Michel Crozier assouplissent ces hypothèses en reconnaissant à l’individu une rationalité non plus absolue mais relative et limitée.
• A la manière de François Bourricaud et Raymond Boudon, il y a ceux qui proposent, comme autre variante, la rupture avec la rationalité parfaite : on considère que la capacité limitée d’information, de décision et de simulation de l’individu est liée à la position qu’il occupe vis-à-vis des autres individus.

Cette théorie est illustrée dans « La logique du social » de Raymond Boudon. L’objectif de l’ouvrage est de « constituer une introduction à l’analyse sociologique ». Pour l’auteur, l’objet de la sociologie est d’élaborer des théories, qui, par l’analyse des systèmes d’interactions, permettent de rendre compte des actions logiques et non logiques des individus. La sociologie repose alors sur les trois postulats fondamentaux suivants :
• L’individu, et non le groupe, est « l’atome logique » de l’analyse sociologique,
• La rationalité de cet individu est généralement de type complexe : on ne peut en rendre compte à l’aide des seuls schémas des actions logiques au sens de Pareto,
• Les individus sont inclus dans des systèmes d’interaction dont la structure fixe certaines des contraintes à leurs actions (d’autres contraintes étant par exemple représentées par leurs ressources cognitives ou économiques)  .

Cette démarche comporte une conséquence importante. Elle indique que le sociologue se donne le droit de recourir à une psychologie universaliste. L’applicabilité de la méthode introspective suppose en effet que l’observateur puisse légitimement se substituer à l’observé. La particularité du contexte où est placé l’observé ne peut affecter sa psychologie au point que son comportement devienne inintelligible à l’observateur. Si le comportement de l’observé apparaît comme difficilement compréhensible, ce n’est pas dû au fait que leurs psychologies soient différentes mais, par exemple, à ce que certains éléments du système d’interaction auquel appartient l’observé échappent à l’observateur.

Pour Boudon, l’individu est « l’atome logique de l’analyse » car il constitue, à ses yeux, l’élément premier de tout phénomène social. Comprendre le social, c’est analyser les rationalités des individus, puis saisir leurs « effets de composition », c’est-à-dire la façon dont l’ensemble des actions individuelles s’agrègent pour créer un phénomène social. Boudon a mis ainsi ce qu’il nomme des « effets pervers », c’est-à-dire des « phénomènes de composition » où l’addition d’actions individuelles rationnelles produit des effets inattendus et contraires aux intentions de chacun. Partir d’une interprétation assez étroite de l’individualisme méthodologique, proche de la théorie de l’acteur rationnel standard, telle qu’elle existe en économie, Boudon a depuis les années 1990 élargi son analyse. A la place de cette rationalité instrumentale, où l’acteur maximise son utilité, Boudon a ainsi insisté sur l’importance des croyances dans l’action individuelle, développant les concepts de rationalité axiologique et de rationalité cognitive.

Raymond Boudon va d’abord définir la sociologie comme issue de deux intuitions fondamentales, celle de Pareto et celle de Durkheim :
• Pour Pareto, la théorie de l’action utilisée par l’économie est insuffisante à l’explication des actions « non logiques » des individus, c’est à dire celles qui ne semblent pas rationnelles. Celles ci constituent le champ d’action du sociologue ; l’économiste se consacrant à l’analyse des actions logiques.
• Pour Durkheim, d’après R. Boudon, la tâche du sociologue est d’expliquer comment les « structures sociales » orientent les comportements des individus. Le sociologue doit donc s’efforcer d’analyser l’effet de la structure et des changements de l’environnement sur l’action individuelle.

L’auteur va d’abord montrer, à l’aide d’exemples, qu’établir une frontière entre actions logiques et non logiques, est difficile ; les actions non logiques relevant souvent d’une rationalité établie en fonction de la position de l’acteur. R. Boudon en déduit alors l’objet de la sociologie, élaborer des théories, qui, par l’analyse des systèmes d’interactions, permettent de rendre compte des actions logiques et non logiques des individus. L’auteur va ensuite démontrer la complémentarité qui peut exister entre l’histoire, qui explique des faits singuliers par des faits singuliers, et la sociologie, qui dégage derrière des événements singuliers des structures générales. Il proposera alors plusieurs exemples pour illustrer ses propos, notamment une analyse du déclenchement de la première guerre mondiale sous forme de théorie des jeux. Puis Raymond Boudon approfondit la notion de système d’interaction en distinguant les systèmes fonctionnels et les systèmes non fonctionnels qu’il appelle systèmes d’interdépendance. Il met en évidence la notion fondamentale d’effets émergents ou effets d’agrégation. Cet approfondissement sera réalisé en trois étapes :
• Il définit d’abord la notion de système fonctionnel comme le processus d’interaction entre les rôles sociaux des individus. Après avoir précisé la notion de rôle social et ses limites, notamment par rapport au fonctionnalisme, l’auteur propose des exemples de systèmes fonctionnels, dont une analyse par Michel Crozier des relations entre directeurs et contrôleurs financiers, des filiales du « Monopole industriel » dans son livre « Le phénomène bureaucratique »,
• Tous les systèmes n’étant pas issus de l’interaction de rôles sociaux, il donnera ensuite des exemples de systèmes non fonctionnels, ce qu’il qualifie de systèmes interdépendants (par exemple les individus qui font la queue pour entrer dans un cinéma ou les épargnants qui retirent leurs économies de la banque).
• Raymond Boudon développe alors la notion essentielle d’effets émergents ou effets d’agrégation qu’il définit comme des effets non explicitement recherchés par les agents d’un système, mais qui résultent de leur interdépendance. L’auteur dresse une typologie des effets d’agrégation les plus fréquents, dont certains sont de véritables effets pervers. Ainsi les épargnants qui, par peur de la faillite de leur banque, la provoque en retirant leurs économies…

Solidarité organique

En contradiction avec la précédente théorie, il en est tout autrement de la solidarité que produit la division du travail. « En effet, d’une part, chacun dépend d’autant plus étroitement de la société que le travail est plus divisé ; et d’autre part, l’activité de chacun est d’autant plus personnel qu’elle est plus spécialisée » (de Durkheim dans « la division du travail »). Ici donc, la société devient plus capable de se mouvoir avec l’ensemble, en même temps que chacun de ses éléments a plus de mouvements propres. Le mouvement de l’individu dépend du mouvement social qui conditionne l’interaction entre chaque membre de la société. Cette théorie tend donc vers l’interdépendance et l’interaction sociale. Il en résulte de ce fait un phénomène de cohésion sociale et de dynamique de groupe. En étendant cette vision, cette théorie se complète avec la pyramide de Maslow où le groupe, au sommet de la pyramide, constitue un élément permettant à la réalisation de soi, qui est un besoin essentiel pour l’individu dans son développement propre.

Le terrain fait aussi montre que, l’action de chacun tend en fonction de la tendance sociale du groupe, puisqu’il n’y a de réaction que s’il n’y a pas d’action. Il est ici question de cause à effet. En effet, le sentiment d’appartenance à un groupe influence la prise de décision du fait de vouloir mettre en conformité ses actions avec celles des autres. De ce fait, la réalité sociale est la causalité de l’action entreprise par chaque individu du groupe. Ainsi, il incombe à la solidarité mécanique que la notion de valeur de chacun est le fruit de la notion de valeur de l’ensemble. Il y a, de ce fait, une conscience collective où chaque membre de la société évolue selon les valeurs que respecte la collectivité sociale. Alors, plus le travail se spécialise, plus l’individualisme s’installe. La présence de la spécialisation dans l’agriculture entraine ainsi une division sociale dans le sens où chaque individu est accaparé dans ses activités économiques entrainant ainsi un isolationnisme entre les membres de la société. Outre la dissolution de la solidarité de la société, il entraine aussi une concurrence involontaire entre les individus, de par la nécessité d’avoir un statut social et d’estime entre membres de la société.

Approche culturelle

L’étude du terrain et les besoins du thème requièrent qu’une approche culturelle soit établie pour que la recherche ne soit pas exhaustive. En se fixant une vision sur cette approche que Marie Roué dans son introduction : « Entre culture et nature »  écrivit : « Au Sommet mondial du développement durable (Johannesburg, 2002), le besoin urgent de réduire la fracture conceptuelle entre culture et nature a été, pour la première fois, mis au sommet de l’agenda international. La montée du mouvement environnementaliste, l’intérêt croissant de nombreux secteurs de la société, pour un développement durable qui permet aux sociétés d’avoir une relation moins destructrice avec leur environnement naturel, incitent en effet à dépasser la dichotomie entre le biologique et le social, la nature et la culture. On admet aujourd’hui que la nature est aussi ce que les sociétés en font et en feront, et que le devenir de toute société est intimement lié aux milieux naturels et anthropisés dans lesquels elle évolue. La vision du monde holiste des sociétés traditionnelles, loin de la dichotomie entre nature et culture spécifique à notre société judéo-chrétienne, suscite aujourd’hui un intérêt renouvelé. La diversité culturelle est un point d’ancrage essentiel pour une action mondiale en faveur du développement durable. » Tant de vaines paroles sont aujourd’hui proférées en invoquant une dimension participative de pure forme. Le développement durable ne commence vraiment que par la prise de parole des acteurs concernés. Il faut donc prendre en compte des savoirs et savoir-faire locaux et autochtones dans la gestion des ressources. Sinon, l’implantation de projets de développement peut entrer en contradiction avec les visions du monde et les savoirs spécifiques des cultures autochtones, en imposant une vision du monde qui est celle de la majorité.

Domaine à étudier

Historique de la Commune de Tsararano 

Selon le Plan Communal de Développement (PCD), le nom de Tsararano, littéralement « de l’eau pure qui a bon goût », est apparu vers le début de l’année 1920 avec l’arrivée d’une équipe de colons étrangers, venus s’y installer. Ces derniers, ayant bu l’eau que leur ont servie les habitants du village, à leur arrivée, ont émis la remarque que cette eau avait un goût particulier et était de loin la meilleure et la plus pure qu’ils aient jamais goûté. D’où l’appellation de Tsararano. Les Sakalava étaient les premiers occupants du village de Tsararano. D’autres populations vinrent s’y installer plus tard, notamment avec l’arrivée des colons qui avaient décidé d’y implanter leurs activités, des projets de recherches en particulier. En plus des esclaves qui les accompagnaient, ces derniers avaient recruté un grand nombre de mains d’œuvre et des employés d’origines ethniques différentes. D’où l’hétérogénéité de la population locale de Tsararano. Quant au statut administratif de Tsararano :
• Il s’agit d’un village rattaché au Canton d’Ambolomoty
• Vers 1960, Tsararano devint une Commune et reçut son premier Maire, en la personne de Mr RAJAONANDRASANA Toussaint
• En 1976, avec l’avènement de la deuxième République, Tsararano reçut l’appellation de « FIRAISAM-POKONTANY »
• Suite à l’avènement de 1991, et par le biais de la constitution de 1992, Tsararano devint une Commune Rurale.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Partie I : CADRE THEORIQUE
Chapitre I : Approche conceptuelle
Chapitre II : Monographie
PARTIE II : EXPLICATION DE LA PROBLEMATIQUE ET VERIFICATION DES HYPOTHESES
Chapitre III : Explication de la problématique
Chapitre IV : Tradition, facteur de développement ?
Chapitre V : Tradition, moyen d’excuse ?
PARTIE III : APPROCHE PROSPECTIVE ET RECOMMANDATIONS
Chapitre VI : études
Chapitre VII : bilan
Chapitre VIII : solutions
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
Table des matières
Liste des acronymes
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste de graphe
Annexes
CV et Résumé

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