Longtemps grand industriel avec l’extraction du charbon, le bassin minier a longtemps bénéficié d’un développement économique et démographique sans précédent, ce qui faisait de lui la « première usine de France ». Depuis 40 ans, la fin simultanée des houillères et des industries sidérurgiques, qui étaient une source très importante d’emploi, a engendré une grave crise économique, occasionnant de grandes difficultés structurelles. Même si il bénéficie aujourd’hui d’une position stratégique au cœur de l’Europe (croisement des flux vers l’Angleterre et le Benelux), et que le territoire a entamé sa reconversion paysagère, il n’en reste pas moins que les traces de la crise économique se sont perpétuées dans le temps. En effet, le taux de chômage du territoire reste très élevé (18 % contre une moyenne nationale de 10%). Ces caractéristiques sont davantage accentuées dans un secteur situé entre les communes de Douai et Valenciennes, qui constituera notre périmètre d’étude. Cela entraîne des difficultés majeures pour la population de s’équiper notamment en véhicules de transport individuel. Ainsi, ils souffrent d’un manque crucial d’accessibilité. Cela constitue un véritable frein au développement du territoire, et surtout à la réinsertion sociale de population, davantage connue pour sa « peur de l’inconnu ». Cette spécialisation sociale et l’accessibilité de cette population fait l’objet de notre étude et de nos propositions d’aménagement. Dans un premier temps nous allons décrire procéder à une analyse socio-économique du territoire qui nous permettra de dégager quels sont les pôles générateurs de déplacement et les flux qu’ils engendrent. Ensuite, nous présenterons la desserte du site d’étude par les transports en commun avant de juger de l’efficacité de ces derniers.
Analyse socio-économique du territoire
Situation géographique
Le bassin minier du Nord est un territoire de la nouvelle région Hauts-de-France qui a été marqué dans tous ses aspects par l’exploitation intensive de la houille (communément appelé charbon). Il s’étend sur 1 200 km² et regroupe 31 % de la population de l’ancienne région Nord Pas-de-Calais.
Cette délimitation coexiste avec un ancien gisement qui se prolonge au-delà de la frontière française.
Un territoire dont l’héritage de son passé de « grand exploitant » minier se perpétue dans le temps
Un bref historique du bassin
Le bassin minier du Nord s’est créer à partir de 1720. Le point de départ a été la découverte de charbon dans la ville de Fresnes-sur-Escaut. Après cette date d’autres découvertes de gisements de charbon entraineront la création de plusieurs compagnies minières, qui se partageront les ressources. Durant toute la période de l’exploitation jusqu’à la fin des années 80, ces compagnies minières ont laissé leur propre empreinte architecturale et urbaine dans le paysage.
Dans l’industrie minière, le chevalement est la structure qui sert à descendre et remonter les mineurs, ainsi que le minerai, via une cage d’ascenseur. Deux principales compagnies ont existé, la compagnie minière d’Anzin (comprenant notamment la commune de Valenciennes), et la compagnie minière d’Aniche. Afin de contrôler et de rationaliser la production, a lieu en 1944 la nationalisation des anciennes compagnies minières. À partir du début des années 70, quelques usines les moins rentables ferment leurs portes. Ces fermetures entraînent la peur des mineurs qui entrent en grève. En 1990, les deux dernières usines ferment leur porte. La deuxième moitié des années 90 ont été marqué par la volonté des acteurs de guérir les traces que l’exploitation massive a laissées sur les paysages, les villes et l’économie. Aujourd’hui, de nombreux espaces de friches industrielles ont été reconquis. Ces dernières années, les pouvoirs publics ont pris conscience du patrimoine bâti du bassin, cela a permis au bassin minier d’être classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2012.
Des traces économiques toujours visibles aujourd’hui dans le bassin
L’arrêt des mines a porté un coup très dur à l’essor économique du bassin minier. Aujourd’hui, cet espace a entamé une reconversion majeure. En effet, le Nord a rattrapé son retard en termes de tertiarisation des emplois (63 % des emplois aujourd’hui). Cependant, le développement de la région est très inégal. En effet, c’est aujourd’hui la métropole lilloise qui concentre une large partie des services et qui concentre près de la moitié des services supérieurs de la région. Le reste du territoire nordiste affiche encore de mauvais marqueurs sociaux. Cela se traduit notamment par une espérance de vie de trois ans inférieure à la moyenne nationale, et l’amélioration de l’état de santé est plus qu’ailleurs. Cela a des répercussions au niveau social. Concrètement cela se caractérise par une espérance de vie de trois ans inférieur à la moyenne nationale, due à un mauvais accès à la santé. D’autre part l’amélioration de l’état de santé est plus lent qu’ailleurs. Enfin, le chômage sévit particulièrement puisqu’il est de 13 % contre 10 à l’échelon national, et 18 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, contre 13 en France. De plus, comme nous le verrons, de vastes disparités socio-spatiales sont présentes. Ainsi, si le bassin minier a entamé une reconversion paysagère, en témoigne de son passage du « pays noir » au « pays vert », sa mutation économique se fait toujours attendr.
L’ouest du bassin minier aujourd’hui : dynamiques territoriales
Cette portion du bassin minier se compose lui-même de deux partitions administratives distinctes, et pourtant bien liées entre elles comme nous le verrons par la suite. Nous allons ici dans un premier dégager une caractéristique commune : la forte spécialisation sociale.
Spécialisation sociale des territoires autour d’un même axe
Présentation du Douaisis
Situé au cœur de l’ancienne région Nord-Pas-de-Calais, le Douaisis se trouve au carrefour de plusieurs agglomérations : Lille au Nord, Cambrai au Sud, Valenciennes à l’est, et Lens à l’Ouest. À l’échelon administratif, le territoire est défini, par le SCOT du Grand Douaisis, comme comprenant 65 communes, regroupées au sein de quatre intercommunalités : la Communauté d’agglomération du Douaisis (CAD), et les communautés de communes d’Espace en Pévèle (CCEP), Cœur de Pévèle (CCCP) et du Cœur d’Ostrevent (CCCO). Cette dernière est concernée par la première phase du projet d’extension de la ligne de transport collectif en site propre.
Le Douaisis bénéficie d’une bonne accessibilité, puisqu’il est desservi par l’autoroute A1 qui le relie au sud à Paris en un peu moins de 2h, et au nord vers la métropole lilloise. L’autoroute A21 passe au plus près de l’agglomération douaisienne et la relie à Lens et l’ouest de la région, ainsi que vers Valenciennes et la Belgique (Bruxelles) à l’est.
Un territoire où règne une forte spécialisation sociale
Le Grand Douaisis connaît un vieillissement de sa population, mais elle reste en revanche plus jeune que la moyenne nationale. Un solde naturel nettement positif permet de compenser le manque d’attractivité du territoire, ce dernier se traduisant par un solde migratoire négatif. Si les pôles nord et sud bénéficient d’un regain d’attractivité, on peut dégager un axe où règne une grande fragilité démographique. La cartographie ci-dessous met en évidence une zone bleue présentant cette caractéristique.
On peut dégager de cette cartographie un axe de communes où l’attractivité diminue. Dans la suite du rapport nous définirions cette axe « l’arc minier ». De façon plus générale, nous allons voir que l’arc minier laisse apparaître un axe urbain central qui coexiste avec l’emplacement de l’ancien bassin minier, qui concentre les populations les plus fragiles, et souffrant de handicaps majeurs : faible qualification, moindre mobilité, forte dépendance au système d’aide sociale.
Le Valenciennois, ou le prolongement de l’arc minier à l’est
Le Valenciennois est situé au cœur de l’axe Nord Européen Paris – Bruxelles (il est traversé par l’autoroute A2 joignant les deux villes). Il se caractérise par une importante urbanisation, et surtout par une géographie atypique. En effet, contrairement à la majorité des schémas territoriaux qui s’organisent autour d’une ville importante, le Valenciennois n’accueille dans son chef-lieu que 12 % de sa population et présente une géographie multipolaire.
Les pôles générateurs de déplacements et les flux qui en découlent
Comme dit précédemment, l’arc minier présente une organisation spatiale multipolaire, mais qui est cependant hiérarchisée, et qui ne génère pas nécessairement le même type de flux de déplacement. Ces flux ont pour origine/destination des pôles générateurs de déplacement. Les pôles générateurs de déplacements sont des entités géographiques qui, par la concentration de leurs fonctions (emplois, commerces, administrations, lieux d’étude…) constituent des pôles d’attractivité, et de ce fait engendre des déplacements. Parmi ces pôles, on retrouve : les centres commerciaux majeurs (grande surface), les équipements administratifs (mairie par exemple), les collèges, les lycées, les équipements sportifs et loisirs… On distingue dans un premier temps trois pôles majeurs que sont Douai, Valenciennes, ainsi que la métropole lilloise. Ces pôles sont avant tout des lieux d’emplois pour les actifs du bassin.
On observe cependant, comme dis précédemment, la présence de pôle secondaire qui concentre des fonctions comme l’emploi, mais aussi les centres commerciaux et culturels.
Nous avons choisi de représenter ci-dessus le nombre d’établissements actifs par commune de plus de 10 salariés car ce sont qui vont générer le plus de déplacements, étant donné le nombre plus important de personnes qui y travaillent. Il en ressort que deux pôles intermédiaires se distinguent, il s’agit des communes de Somain et Denain. La commune de Denain se distingue par sa grande taille et donc permet la concentration d’emploi, la commune de Somain propose des emplois en son centre mais également à la périphérie de la ville, au niveau de la zone d’activité de Somain – Aniche.
|
Table des matières
1. Introduction
2. Analyse socio-économique du territoire
2.1 Situation géographique
2.2 Un territoire dont l’héritage de son passé de « grand exploitant » minier se perpétue dans le temps
2.1.1 Un bref historique du bassin
2.1.2 Des traces économiques toujours visibles aujourd’hui dans le bassin
2.3 L’ouest du bassin minier aujourd’hui : dynamiques territoriales
2.1.3 Spécialisation sociale des territoires autour d’un même axe
2.1.4 Les pôles générateurs de déplacements et les flux qui en découlent
3. Les transports de l’arc minier
3.1 L’offre en infrastructures routières
3.2 L’offre en transport en commun
4. Le projet d’extension
4.1 Un projet dont le point de départ est l’extension de la ligne A
4.2 Renforcer le poids et la centralité du pôle Somain – Aniche
4.3 Remise en service de la ligne 105 Hornaing – Denain
4.4 Aménager les stations de manière à délivrer une information visuelle visant à rapprocher les usagers des transports collectifs
4.5 L’attractivité du réseau améliorée avec une meilleure visibilité de la tarification
5. Conclusion
6. Annexes
7. Bibliographie
Télécharger le rapport complet