Introduction
Les infections bactériennes figurent depuis des siècles parmi les problèmes majeurs de santé publique, certaines même étaient une fatalité [1]. Mais avec l’avènement des antibiotiques dans les années 1940 on a pu baisser considérablement le taux de mortalité lié à ces infections. Les infections courantes qui tuaient des millions de personnes chaque année pouvaient désormais être guéries [1]. Des maladies graves comme la syphilis, la gonococcie, la lèpre et la tuberculose étaient devenues moins meurtrières. Le risque de mourir d’une affection aussi commune qu’une angine à streptocoque ou qu’une écorchure au genou pour un enfant avait pratiquement disparu. On assiste globalement en un demi-siècle à une amélioration spectaculaire des conditions de vie et une grande augmentation de l’espérance de vie des populations [1]. Les antibiotiques sont des substances naturelles ou synthétiques possédant la propriété de tuer (bactéricide) ou de limiter la propagation (bactériostatique) des bactéries [2]. De nos jours, la place des antibiotiques dans la thérapeutique devient un défi mondial vu l’augmentation de plus en plus croissante de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques. Dans l’union européenne, 25000 personnes décèdent tous les ans à la suite d’une infection bactérienne grave et résistante, généralement acquise sur les lieux de soins médicaux, appelées infections nosocomiales [3]. En Afrique, la prévalence des infections liées aux soins varie entre 10 et 60% et celles-ci représentent la troisième cause de mortalité maternelle, la deuxième cause de mortalité prénatale précoce, et la première cause de morbidité postopératoire. Cette prévalence est estimée à 10.9% au Sénégal, 12% en Côte d’Ivoire, 10% au Benin et 14% au Mali [4]. En France des études ont montré que le risque de contracter une infection liée au soin en service de réanimation est bien supérieur à celui encouru par les patients en hospitalisation conventionnelle. L’enquête nationale de prévalence de 2006 portant sur 2 337 établissements révèle que plus d’un patient sur cinq (22.4 %) hospitalisé en réanimation est porteur d’une infection liée aux soins (contre 5.4 % pour la totalité des patients enquêtés, toutes spécialités confondues).
Historique :
En 1928 un médecin britannique du non de Sir Alexander Fleming découvrait les propriétés antibiotiques de la pénicilline. L’importance de cette découverte, ses implications et ses utilisations médicales ne furent comprises que dans les années 1940. Alexander Fleming travailla pendant plusieurs années à essayer de purifier la pénicilline sans y parvenir, mais ce furent deux autres chercheurs, le pharmacologiste Howard Florey et le biochimiste Ernst Chain qui y parvinrent en 1939. Les travaux de ces différents chercheurs ont en effet marqué le début des antibiotiques modernes et ont permis de faire un grand pas dans la lutte contre les maladies infectieuses. C’est ainsi qu’en 1943 fut découverte la streptomycine par Waksman et permis le traitement de la tuberculose, dont le bacille est insensible à la pénicilline. Vers 1945, la pénicilline était disponible dans toutes les pharmacies Américaines. Les premiers antibiotiques furent extraits de cultures de champignons : penicillium (pénicilline), streptomyces (streptomycine). De nos jours en plus des origines naturelles, ils peuvent être fabriqués par synthèse chimique. On estime que les antibiotiques ont augmenté l’espérance de vie des personnes qui y ont accès d’environ 15 ans.
Spectre d’activité :
Le spectre d’activité d’un antibiotique est l’ensemble des bactéries sur lesquelles ce produit est habituellement actif. Le spectre d’activité antimicrobienne d’un antibiotique repartit les espèces bactériennes en trois classes, selon leur comportement vis-à-vis de l’antibiotique :
– Les espèces sensibles : composées des souches naturellement sensibles à l’antibiotique, c’est-à-dire inhibées par les concentrations atteintes après l’administration du médicament aux posologies validées par l’autorisation de mise sur le marché ;
– Les espèces modérément sensibles ou de sensibilité intermédiaire : l’antibiotique est modérément actif sur la majorité des souches appartenant à ces espèces. Des résultats cliniques satisfaisants peuvent être observés lorsque les concentrations de l’antibiotique au site de l’infection sont supérieures à la concentration minimale inhibitrice (CMI) ;
– Les espèces résistantes : l’échec thérapeutique doit être attendu car elle est constitué de souches naturellement résistantes à l’antibiotique où d’une majorité de souches ayant acquis une résistance. Le spectre d’activité concourt donc à une meilleure information sur le médicament, à orienter le choix du prescripteur vers une antibiothérapie adaptée, et à contribuer ainsi à l’amélioration de la prise en charge des malades.4
Toxicités et effets secondaires des antibiotiques :
Effets indésirables des pénicillines : Les pénicillines peuvent entrainer des :
– réactions d’hypersensibilité : réactions allergiques de type cutané, fièvre, choc anaphylactique ;
– manifestations digestives à type nausées, vomissements, diarrhée et douleurs abdominales ;
– manifestations neurologiques : convulsions, myoclonies, obnubilation et coma.
– risques de surdosage cationique (Na ou K) lors de l’administration assive de pénicilline G ;
– réactions à la procaïne (pénicilline G) peuvent survenir lors d’une injection par voie IM : goût atypique, palpitations, troubles auditifs et visuels, vertiges, sensation de mort imminente ;
– troubles hématologiques (thrombopénie) ;
– troubles rénaux.
Effets indésirables des céphalosporines : Les céphalosporines peuvent entrainer des :
– réactions allergiques ;
– veinites perfusionnelles : douleurs au point d’injection ;
– rares cas de troubles hématologiques ;
– troubles de la coagulation ;
– pseudo lithiase biliaire (ceftriaxone) ;
– néphrotoxicité.
Effets indésirables des aminosides : Les aminosides peuvent entrainer :
– une ototoxicité ;
– une néphrotoxicité ;
– des rares manifestations allergiques (rash, urticaire) ;
– des perturbations biologiques (leucopénie, thrombopénie) ;
– une cytolyse hépatique.
Effets indésirables des macrolides Les macrolides entrainent des :
– troubles digestifs (nausées, gastralgies, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales) ;
– rares réactions allergiques : syndrome de Lyell, et Stevens-Johnson, érythème polymorphe ;
– réactions d’intolérance hépatique ;
– vertiges, bourdonnements d’oreille, surdité.
Effets indésirables des Fluoroquinolone : Les fluoroquinolones peuvent entrainer :
– des troubles gastro-intestinaux (nausées, vomis, diarrhées, douleurs abdominales et gastralgies) ;
– des roubles dermatologiques (prurit, œdème de Quincke, urticaire) ;
– une photosensibilisation ;
– des troubles oculaires ;
– des troubles neurologiques ;
– des douleurs musculaires et tendineuses ;
– une altération des cartilages de conjugaison donc contre indiqué chez femme enceinte et enfant.
Effets indésirables des tétracyclines : Les tétracyclines peuvent entrainer :
– des troubles gastro-intestinaux (nausées, gastralgies, vomissements, diarrhées) ;
– des réactions de photosensibilisation ;
– une toxicité hépatique et rénale ;
– une pigmentation gris jaunâtre des dents ;
– un retard de croissance ;
– une candidose buccale et vaginale ;
– des réactions cutanées allergiques ;
Effets indésirables des sulfamides : Les sulfamides peuvent entrainer :
– des réactions d’hypersensibilité (éruptions cutanées) ;
– le syndrome de Steven-Johnson (atteinte cutanée et muqueuse invalidante) ;
– le syndrome de Lyell (lupus érythémateux) ;
– des atteintes hépatiques et rénales ;
– des troubles digestives ;
– des troubles musculo-squelettiques ;
– des troubles hématologiques (agranulocytose, thrombopénie..) ;
– l’ictère nucléaire chez le nouveau-né.
Effets indésirables des glycopeptides : Les glycopeptides peuvent entrainer :
– le syndrome de Flush associé à l’injection IV rapide (rash maculopapuleux, prurit de la face, hypotension) ;
– des troubles digestives ;
– une toxicité neurologique : troubles auditives, vertiges
– une toxicité rénale ;
– une réaction d’hypersensibilité, avec choc anaphylactique.
Effets indésirables des Phénicolés : Ce sont :
– des troubles digestifs ;
– des cytopénies.
Effets indésirables des Polypeptides : Ce sont :
– une néphrotoxicité ;
– une neurotoxicité.
– des troubles digestives ;
– des rares réactions cutanées.
Effets indésirables des Nitrofuranes : Ce sont :
– des troubles digestifs ;
– des troubles neurologiques : vertiges, neuropathie périphérique ;
– une pneumopathie aigue ;
– des rares réactions allergiques.
Effets indésirable de la rifampicine : La rifampicine peut entrainer :
– une coloration rouge des urines, du crachat, du liquide lacrymal ;
– une anorexie ;
– rarement manifestation hépatique, et hématologique
Prescription des antibiotiques :
Pendant notre étude 61,4% des malades ont bénéficié d’une prescription d’antibiotiques. Notre résultat se rapproche de l’étude menée par le (Cclin) en2011 en France [41], qui a montré que 56,6% des patients en hospitalisation dans les unités de réanimation bénéficient d’une prescription d’antibiotique. Cette forte prescription d’antibiotiques s’explique par le fait que le risque infectieux est plus élevé en réanimation [5] du fait des facteurs propres aux malades (âge, état immunitaire, pathologie sous-jacente, gravité à l’entrée), et d’utilisation prolongée des matériels médicaux. Notre résultat est supérieur à celui de LY A [7] qui a trouvé 47,07%, mais inférieur à celui de Gakou F [9] qui a trouvé 100% de prescription d’antibiotique. Au cours de notre étude 80% des ordonnances contenaient des antibiotiques, contrairement à celui de Diarra L [38] soit 36,2% des ordonnances au CHUGabriel Touré en 2008, et de Guindo A[39] soit 46,5% au centre de référence de la commune III, mais se rapproche de N’Diaye, S [40] du Sénégal qui a trouvé 79,9% dans une clinique des maladies infectieuses. La famille d’antibiotiques la plus prescrite a été celle des céphalosporines avec 39,7%, contrairement à Diarra L[ 38] soit 60,2% de pour les bêtalactamines. La ceftriaxone a été la molécule la plus utilisée avec 37%, comme pour Diarra L qui a trouvé 36,7% de prescription de ceftriaxone, mais contraire à celui de Tall D dont l’amoxicilline a prévalu soit 48,6%, Gakou F [9] dont la ciprofloxacine a prévalu avec 44,48%, et en France Gennai, S [42] a trouvé 35,1% de prescription de pénicilline au CHU de Voiron à Grenoble.
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Table des matières
1 Introduction
2 Objectifs
2.1 Objectif général
2.2 Objectifs spécifiques
3 Généralités
3.1 Historique
3.2 Définition des antibiotiques
3.3 Cibles bactériennes des antibiotiques
3.4 Activité antibiotique
3.5 Spectres d’activité
3.6 Classification
3.7 Toxicités et effets indésirables des antibiotiques
3.8 Principes généraux du choix d’un antibiotique
3.9 Dispositions générales de la prescription des antibiotiques
3.10 Combinaisons d’antibiotiques
3.11 Antibioprophylaxie
3.12 Résistance bactérienne
3.13 Bactéries pathogènes pour l’homme
4 Méthodologie
5 Résultats
6 Commentaires et discussion
7 Conclusion et recommandations
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