GENERALITES SUR LA FAMILLE DES ANNONACEAE
Les Annonaceae constituent une grande famille de plantes ligneuses représentées sous différentes formes : arbres, arbustes, arbrisseaux, buissons sarmenteux ou lianes (Le Thomas, 1969). Elles sont très proches des Magnoliaceae dont elles ne différent que par la structure de la graine qui possède un albumen ruminé chez les Annonaceae (Deysson, 1976). Certains auteurs adoptent une subdivision de la famille en deux sous familles : les Annonoïdeae qui ont des carpelles libres arrangées en spirale et les Monodoroïdeae qui ont des carpelles soudées arrangées de manière cyclique (Scheldeman, 2002). Pour beaucoup d’auteurs, la famille des Annonaceae est la plus importante numériquement (avec celle des Lauraceae), avec plus de 2100 espèces reparties dans 122 genres (Gaussen et al., 1982 ; Guignard, 1994). Fries (1959), cité par Geurtz (1981), répertoriait 119 genres et plus de 2000 espèces tandis que Popnoe (1974) décrivait 40 à 50 genres et plus de 500 espèces. Quant à Mabberly (1990), il estime qu’il y a 2500 espèces et 140 genres. Selon Geurtz (1981), 109 des 119 genres répertoriés par Fries (1959) sont originaires de l’Amérique tropicale et les 10 autres de l’Afrique. Les espèces commerciales connues appartiennent toutes aux genres Annona et Rollinia (Sanewski, 1991). Cette famille est représentée au Sénégal par les genres Hexalobus et Annona, très communs dans les forêts Soudaniennes, ainsi que par les genres Uvaria et Xylopia, tous deux d’origine Guinéenne (Kerharo, 1974). Selon Dièye (2002), au Sénégal les espèces les plus connues des herboristes avec leurs fréquences de citation respectives sont : Annona senegalensis (100%), Xylopia aethiopica (100%), Uvaria chamae (75%), Hexalobus monopetalus (70%), Annona glabra (37,5%), Annona muricata (21,43%). Créé par Linné en 1753, le genre Annona regroupe plus de 120 espèces de plantes. Il appartient parmi les Annonaceae à la sous famille des Annonoïdeae, tribu des Unoneae, sous tribu des Annonideae. Dans plusieurs espèces d’Annona, Rupprecht et al. (1990) avaient isolés des acétogénines (composés lipophiles à longues chaines qui dérivent d’acides gras). Ce sont des composés d’un usage très intéressant au regard de leurs importantes activités biologiques. En effet, les acétogénines sont douées d’activités pesticides, antimicrobiennes, larvicides et avicides, mais leurs propriétés les plus remarquables sont les propriétés antitumorales et cytotoxiques (antitumorale par cytotoxicité) (Rupprecht et al., 1990). Ces espèces renferment aussi d’autres composés naturels : il s’agit par exemple des alcaloïdes (Leboeuf et al., 1982 ; Chen et al., 2001), des cyclopeptides (Morita et al., 1999 ; Wélé et al., 2002), des acides gras et des huiles essentielles (Wélé et al., 2004). Elles ont une grande importance socio-économique et pharmacologique. Leurs fruits charnus sont comestibles (Maheshwari et al., 1965 ; Popenoe, 1974 ; Georges et al., 1993) tandis que leurs feuilles, leurs écorces et leurs racines sont utilisées dans la médecine traditionnelle pour soigner beaucoup de maladie comme les dermatoses, les diarrhées, le paludisme (Raponda-walker et al., 1961 ; Kerharo, 1974 ; Burkill, 1985). Cependant une forte prévalence de syndromes parkinsoniens atypiques dans les Caraïbes a été reliée à la consommation d’infusions de feuilles d’Annonaceae (Annona muricata et Annona squamosa). En effet les acétogénines et les alcaloïdes contenus dans les graines et les feuilles de ces plantes pourraient représenter les composés neurotoxiques impliqués dans ces maladies (Caparos-Lefebvre et al., 2006).
EMPLOIS DE LA PLANTE
Les fruits de Annona muricata se mangent crus ou cuits. Cueillis avant maturité, séchés et réduits en poudre, ils sont utilisés pour combattre la dysenterie (Berhaut, 1971). La pulpe blanche du fruit possède une saveur agréable, douce, et un peu acidulée : elle est entremêlée de fibres qui rappellent le coton. On évite les fibres en passant la chair à la presse purée. On obtient alors une crème qu’on peut consommer nature ou mélanger de vin et de sucre. Cette pulpe est rafraichissante, fébrifuge et antiscorbutique, de même que le suc qui en est extrait. Ce suc subit rapidement la fermentation alcoolique et devient enivrant. (Berhaut, 1971). Les fruits immatures sont utilisés contre la malaria, le chancre-moux, les œdèmes, les ulcères, la colique, certaines maladies de la peau et la dysenterie (Khan et al., 1997). Les graines sont astringentes et émétiques (Berhaut, 1971). L’infusion de feuille est considérée en médecine populaire comme hypnogène, béchique et fébrifuge. Certaines populations de Basse Casamance utilisent des emplâtres de feuilles pilées de Annona muricata pour les plaies de la circoncision (Kerharo, 1974). On donne en décoction 15 feuilles par litre, comme sudorifique contre la fièvre et la dysenterie. La tisane est recommandée comme fébrifuge à raison d’un verre par jour (Berhaut, 1971). Les jeunes feuilles sont consommées crues en cas de diarrhée, et données en infusion en cas de rhume. Au Caraïbe, le bain des feuilles est traditionnellement utilisé pour calmer les nourrissons (il baigne les enfants trop nerveux dans une infusion de feuille). L’infusion des feuilles est utilisée chez l’adulte comme somnifère et comme sédatif. Elle est également réputée stomachique et antispasmodique. En usage externe, des cataplasmes de feuilles sont appliqués sur les brûlures occasionnées par les coups de soleil (Longuefosse, 1995) Le décocté pris per os, est utilisé contre la toux et l’insomnie par les Ewé du sud du Togo (Adjanohoun et al., 1986), ce même décocté soignerait l’agitation (Lavergne, 1989), l’hypertension artérielle (Adjanohoun et al., 1983), et associé aux feuilles de Spondias mombin (le prunier mombin), il est utilisé per os dans le traitement des ictères, des hémorragies du post-partum et des convulsions (Adjanohoun et al., 1989). Les feuilles de Annona muricata auraient la propriété de chasser les punaises des appartements (Berhaut, 1971 ; Stoll, 1983). Les fleurs et les pétales cuits sont utilisés dans le traitement de l’inflammation des yeux (Calzavara et al., 1987). La décoction des racines est employée comme contrepoison (Berhaut, 1971). Cette décoction est administrée à la Guadeloupe dans les empoisonnements occasionnés par les poissons vénéneux, ainsi que dans l’épilepsie et les crises nerveuses (Daruty, 1911). Chez les Mina du sud du Togo, on administre per os dans le traitement de l’ictère, une grande quantité du décocté aqueux de racines de cette Annone et du cocotier (Adjanohoun et al., 1986).
Précipitation par le réactif de Stiasny
Les tanins condensés précipitent à chaud par addition à l’extrait de réactif de Stiasny. En cas de présence de tanins hydrolysables l’addition de chlorure ferrique à 2 % (FeCl3) sur le filtrat donne une coloration bleu-noire. A 15 ml de l’extrait, sont ajoutés 8 ml de réactif de Stiasny. Après chauffage pendant 30 mn au bain-marie, l’apparition d’un précipité montre la présence de tanins condensés. A 1 ml du filtrat saturé par l’acétate de sodium sont ajoutées quelques gouttes d’une solution de chlorure ferrique à 2 %. L’apparition de coloration bleu-noire indique la présence de tanins hydrolysables non précipités par le réactif de Stiasny.
Recherche des hétérosides cardiotoniques
Les hétérosides cardiotoniques constituent des substances très homogènes par leur structure et par leur activité pharmacologique. Sur le plan chimique se sont des O-hétérosides dont la génine est de nature stéroïdique. 1 g de poudre est mis en contact deux fois de suite avec 4 ml d’éther de pétrole pendant 3 mn, ensuite la poudre est décantée puis séchée à l’air libre. La poudre dégraissée est introduite dans un tube à essai. L’extraction est effectuée par macération pendant 30 mn avec un mélange chloroforme/éthanol (4-1 v/v). Le filtrat recueilli est reparti dans trois tubes à essai. Ensuite, sont versés respectivement dans chaque tube :
tube 1 : 0,5 ml de réactif de Baljet (acide picrique : trinitrophénol) ;
tube 2 : 0,5 ml de réactif de Kedde (acide dinitro 3-5 benzoïque) ;
tube 3 : 0,5 ml de réactif de Raymond marthoud (dinitro benzène).
Dans chaque tube, sont ajoutés 2 gouttes de lessive de soude diluée au 1/5 dans l’alcool à 95º. Après avoir secoué énergiquement, nous avons vérifié si le pH est alcalin. L’apparition de colorations rouge-orangée stable dans le tube 1, rouge pourpre dans le tube 2 et violette fugace dans le tube 3 montre la présence d’hétérosides cardiotoniques.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I. GENERALITES SUR LA FAMILLE DES ANNONACEAE
II. RAPPELS SUR ANNONA MURICATA L
II.1- Caractéristiques botaniques
II.1.1- Classification
II.1.2- Synonymes et noms vernaculaires
II.1.3- Description botanique
II.2- Chimie
II.3- Emplois de la plante
II.4- Activités pharmacologiques
II.5- Toxicité
III. RAPPELS SUR L’ETUDE DE LA TOXICITE AIGUE ET SUBAIGUE
III.1- Toxicité aiguë
III.2- Toxicité subaiguë
DEUXIEME PARTIE: ETUDE EXPERIMENTALE
I. CADRE DE L’ETUDE
II. MATERIELS
II.1- Matériel végétal
II.2- Les animaux
II.3- Appareillage
III. METHODOLOGIE
III.1- Préparation de l’extrait
III.2- Screening chimique
III.2.1- Recherche des alcaloïdes
III.2.2- Recherche des tanins
III.2.3- Recherche des hétérosides flavoniques
III.2.4- Recherche des hétérosides anthracéniques
III.2.5- Recherche des hétérosides cardiotoniques
III.2.6- Recherche des saponosides
III.3- Etude toxicologique
III.3.1- Toxicité aiguë
III.3.2- Toxicité subaiguë
III.3.2.1- Les tests biologiques
IV. RESULTATS
IV.1- Rendement de l’extraction des feuilles de Annona muricata
IV.2- Screening chimique
IV.3- Etude toxicologique
IV.3.1- Toxicité aiguë
IV.3.2- Toxicité subaiguë
V. DISCUSSION
V.1- Screening chimique
V.2- Etude toxicologique
VI.2.1- Toxicité aiguë
V.2.2- Toxicité subaiguë
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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