La médecine par les plantes résulte d’une longue expérience transmise de génération en génération. Elle présente un apport thérapeutique moins coûteux que les soins de santé moderne. Les plantes ont toujours constitué la source majeure de médicaments et l’intérêt que l’Homme leur porte n’a cessé de croître. Que ce soit pour l’avantage qu’il peut en retirer pour les progrès de son industrie, pour leur utilité dans le soulagement des maux qui l’affligent ou soit pour la subsistance qu’elles lui procurent (Gautier, 1822). De plus, avec l’augmentation du coût des soins de santé modernes, plus de 80% de la population africaine vivant dans les régions rurales se tournent vers la nature pour leurs soins de santé (Sofowora, 2010). Les plantes sont ainsi consommées comme médicament, introduites dans l’alimentation à l’état brut ou en complément alimentaire.
Cependant, cet engouement pour la phytothérapie ne tient pas compte du caractère non exhaustif des recherches liés à l’utilisation thérapeutique des plantes. Ainsi, il n’existe pas de réel consensus sur le mode d’administration ainsi que les doses utilisées par les populations. Cette imprécision dans les posologies nous impose donc une surveillance accrue afin de réduire les nombreuses intoxications dues aux plantes médicinales. Leptadenia hastata figure en bonne place parmi les plantes les plus couramment utilisées en Afrique subsaharienne. De ce fait, une étude de toxicité approfondie sur Leptadenia hastata s’avère nécessaire pour donner l’assurance de sa sécurité.
Leptadenia hastata
Généralités
Synonymes et Noms vernaculaires
➢ Synonymes (Arbonnier M., 2009)
Leptadenia hastata est encore appelée Cynanchum hastatum Pers. ou encore Cynanchum lancifolium Wight et Arn.. D’autres auteurs l’appellent Leptadenia lancifolia (Schumach et Thonn.) Decne. à cause de la forme lancéolée de ses feuilles.
➢ Noms vernaculaires (Kerharo et al., 1964)
Balanté: broindé ;
Bambara : Nzongnè ;
Bassari; ñadam;
Bissa: titi-bari ;
Cameroun: Zaradji;
Diola: busumba amata ;
Fon: Sogeti sokwa;
Haousa: yadiya ;
Mooré: lelongo ;
Ndoute: tati;
Peul: tapatoy, sapatoy, kasubi, sabato, safarodje ;
Sérère: hasub, nghasub ;
Wolof : tiakhat, tiahat, mbunsehet, mbum tété ;
Zarma (Niger): hanam.
Description de Leptadenia hastata (Arbonnier, 2009 ; Berhaut, 1971)
Leptadenia hastata est une plante volubile, sarmenteuse à longues tiges rampantes de couleur vert pâle s’entremêlant et formant des buissons bas (figure 1). C’est une liane de la famille des Apocynaceae atteignant 20 m de haut et 10 cm de diamètre à feuilles persistantes. Quand elle ne rampe pas sur le sol, elle s’enroule autour d’un arbre et dans ce cas son tronc blanchâtre, moelleux, parcouru de fines gerçures acquiert une belle taille.
Son écorce est liégeuse plus ou moins molle, beige claire à ocre, à tranche verte. Le latex est translucide et plus ou moins jaunâtre. Ses rameaux sont gris-vert, finement pubescents. Les feuilles sont opposées presque glabres à finement pubescentes gris-vert, de forme et de tailles très variables linéaires, orbiculaires ou plus ou moins triangulaires (en forme de fer de lance) de 5 à 10 cm de long et 1 à 7 cm de large, à sommet pointu, en coin aigu ou en coin court à base arrondie, cordée ou auriculée. Le pétiole est long de 7 à 15 mm pouvant atteindre 30mm. La nervation est plus ou moins palmée à la base puis pennée, à quatre à dix paires de nervures secondaires se raccordant et plus ou moins translucides à l’état frais (figure 3). Ses fleurs sont fasciculées, disposées au bout d’un pédoncule de 6 à 10 mm de long à l’aisselle des feuilles. La corolle, jaune verdâtre à cinq lobes linéaires de 5 à 6 mm de long, pubescents contient 5 sépales couverts de poils de 7 à 10 mm de diamètre (figure 4). Le fruit est un follicule verdâtre solitaire, lisse, allongé à sommet en pointe plus ou moins émoussée longue de 7 à 10 cm et large de 1,5 à 2 cm (figure 5). La graine est ovale et plus ou moins aplatie, rousse de 3-4mm de long portant une aigrette de soies blanchâtres au sommet (figure 2).
Habitat
Leptadenia hastata est une plante particulièrement vivace et résistante à la sécheresse. Elle a une forte croissance pendant la saison sèche et ralentie pendant la saison des pluies. La floraison est très étalée dans le temps, généralement en fin de saison sèche et en saison des pluies. L’espèce est très répandue des savanes sahéliennes à soudaniennes sur tous types de sol. Ainsi, elle est retrouvée en Mauritanie, au Sénégal, en Gambie, au Mali, en Côte d’Ivoire, en Centrafrique, au Ghana, au Bénin, au Nigéria, au Cameroun, en Egypte, en Ethiopie et en Afrique centrale (Kerharo et al., 1974 ; Arbonnier, 2009).
Chimie
Le criblage phytochimique réalisé par Bello et al. sur les feuilles de Leptadenia hastata révèle la présence de glycosides phénoliques, de tanins, de flavonoides, de proanthocyanidines, d’alcaloides et de saponines ; tous ces éléments en proportion variable selon que le solvant d’extraction soit l’ethanol, le méthanol ou l’eau (Bello et al., 2011). Par ailleurs l’extrait chloroformique de l’écorce contient des mélanges de dérivés de l’ester polyoxypregnane, le 12-O-acetylsarcostin, la gagaminine, le kidjolanin, le metaplexigenin, le cynanforidin et six esters nouveaux (Aquino et al., 1996). L’extrait méthanolique des racines quant à elle contient des tanins et des flavonoides (Seck et al.,2015). Une autre étude, mais cette fois sur le latex, montre la présence des triterpènes comme le lupéol, l’acétate de lupéol et le palmitate de lupéol (Nikiéma et al., 1997). Leptadenia hastata est également riche en phosphore, en glucose, en cellulose, en vitamine B1, B2, B3, C et en amino-acides (Nacoulma/Ouédraogo, 1996 ; Sena et al., 1998 ; Freiberger et al., 1998).
Pharmacologie
Leptadenia hastata a été testée in vitro pour son activité oestrogénique par l’utilisation d’une procédure développée par Hâggblad. Le résultat montre un contenu possible d’environ 1 à 10 % d’une substance qui peut rivaliser avec l’estradiol pour les récepteurs humains d’oestrogène (Hâggblad et al., 1995). Les feuilles riches en polyphénols possèdent un potentiel inhibiteur significatif de l’alphaglucosidase et peuvent donc être source de composés principaux dans la gestion du diabète sucré et/ou d’autres maladies pouvant être provoquées par le stress oxydatif (Aliero et al., 2011). Les extraits de feuilles auraient aussi un possible effet hypolipidémiant (Muhammad et Zubaida, 2015). Vanderjagt signale la présence d’inhibiteur de protéase dans les feuilles, inhibiteur pouvant atteindre l’intestin grêle et bloquer l’activité des protéases telles que la trypsine qui catalyse normalement l’hydrolyse des protéines alimentaires, un facteur obligatoire dans le processus de digestion et d’absorption des protéines (Vanderjagt et al., 2000). Hwang parle même d’une possible activité antibactérienne qu’auraient les dérivés de la gagaminine issue de l’écorce (Hwang et al., 1999). Une étude visant à rechercher une activité antifongique des extraits de Leptadenia hastata avec Aspergillus niger et Fusarium oxysporum montre que l’extrait méthanolique supprime la croissance de F.oxysporum et A.niger à 80 mg/ml. Par contre l’extrait acétonique de la plante avait un plus faible pourcentage d’inhibition (Aliero et Wara, 2009). L’étude sur l’activité antiandrogénique des feuilles effectuée par Bayala et al. a montré qu’à faible dose L.hastata augmentait l’activité du propionate de testostérone et à dose plus élevée inhibait son action. Ces résultats confirment ceux de leur précédente étude qui concluaient que l’espèce impactait sur le traitement du cancer de la prostate et la santé de la reproduction (Bayala et al., 2011; Bayala et al., 2012). L’utilisation topique du latex pour la guérison des plaies a pu être justifier. En effet, Nikièma a examiné l’activité anti-inflammatoire des triterpènes isolés du latex et en a conclu qu’ils induisent une réduction significative des oedèmes. Le lupéol s’est avéré plus actif (80%) que l’indométhacine (73%) (Nikièma et al., 2001). Enfin, Seck dans son étude de l’activité antifalcémiante d’extraits des racines de L.hastata montre que l’extrait méthanolique provoque une réversibilité de 80% de la falciformation à la dose 5mg/ml en 120 minutes (activité à dose dépendante) (Seck et al., 2015 ).
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : Revue bibliographique
I°) Leptadenia hastata
I.1°) Généralités
I.1.1) Synonymes et noms vernaculaire
I.1.2) Description
I.1.3) Habitat
I.2°) Chimie
I.3°) Pharmacologie
I.4°) Utilisations
I.5°) Toxicité
II°) Tests de toxicité
II. 1°) Toxicité aiguë
II.2°) Toxicité subaiguë
DEUXIEME PARTIE : Etude expérimentale
Chapitre I : MATERIELSET METHODES
I.1°) Cadre et objectif de l’étude
I.2°) Matériels et méthodes
I.2.1 °) Préparation de l’extrait
I.2.2 °) Préparation de la solution d’essai
I.2.3 °) Animaux de l’essai
I.2.4 °) Protocole expérimental
I.2.4.1) Toxicité aiguë
I.2.4.2) Toxicité subaiguë
Chapitre II : RESULTATS
II. 1°) Rendement
II.2°) Toxicité aiguë
II.3°) Toxicité subaiguë
II.3.1) Evolution du poids corporel
II.3.2 °) Biologie
II.3.2.1 °) Tests urinaires
II.3.3.2 °) Tests sanguins
II.3.3.2.1 °) Tests hématologiques
II.3.3.2.2 °) Tests biochimiques
Chapitre III : DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE