Les abeilles domestiques ainsi que de nombreuses espèces sauvages constituent le groupe de pollinisateurs prédominant et le plus important en termes économiques dans de nombreuses régions du monde. Elles assurent la pollinisation de nombreuses plantes à fleurs. On estime ainsi que 87,5 % des espèces de plantes à fleurs dépendent de la pollinisation animale (zoogamie) (Ollerton et al., 2011). Une bonne pollinisation peut aussi permettre de réduire les délais entre floraison et nouaison, et ainsi atténuer les risques d’exposition des fruits aux nuisibles, aux maladies, aux intempéries, aux produits agrochimiques, et diminuer la consommation d’eau (PNUE, 2010). Pour garantir l’efficacité de la pollinisation et une production agricole optimale, il faut donc compter sur le travail de diverses populations d’espèces d’abeilles. Cependant, les abeilles mellifères ont été rudement éprouvées ces dernières années, alors qu’en même temps, le nombre de cultures agricoles dépendant de la pollinisation a progressivement augmenté (Kremen and Miles, 2012; Garibaldi et al., 2013).
Depuis ces dernières années, les populations d’abeilles connaissent un déclin manifeste et alarmant. Le syndrome de l’effondrement des colonies a été identifié comme un problème majeur au début des années 1990. Depuis, on parle d’une véritable « crise de la pollinisation » due à l’extinction localisée de pollinisateurs, voir à un déclin du nombre et de la viabilité des espèces pollinisatrices à l’échelle mondiale (Abrol, 2012). Les scientifiques et les apiculteurs parlent, notamment, d’affaiblissement, d’effondrement, de mortalité, de surmortalité, de dépeuplement ou dépopulation (Haubruge et al., 2006). Ce problème d’affaiblissement des ruches se pose en Algérie avec acuité depuis les années 1990. Le monde de l’apiculture s’inquiète de l’état de santé des colonies d’abeille et des possibilités de disposer et d’appliquer des traitements médicaux adéquat. La société se sensibilise à la biodiversité et à la qualité de l’environnement, dont l’abeille peut être un indicateur (DSA, 2012). Leurs disparitions ont été souvent signalées dans plusieurs pays du monde. En France depuis 1995, presque 30% des colonies d’abeilles disparaissent chaque année (UNAF, 2012). Au Canada, la mortalité hivernale a été de 21,3 % entre 2009 et 2010 (Boucher, 2009). L’Espagne et l’Italie enregistrent des mortalités d’environ 30 % chacune (Baaklini, 2010).
De l’avis général, la dégradation des populations d’abeilles et de leur santé résulte de facteurs multiples, connus ou non identifiés, pouvant agir séparément ou en combinaison (Williams et al., 2010; Potts et al., 2010). Les principales raisons (avérées ou supposées) du déclin des abeilles sont : l’intensification de l’utilisation des sols liée aux méthodes agricoles industrielles et entraînant une perte d’habitat, les agents pathogènes (maladies et parasites), les changements climatiques, l’utilisation de pesticides toxiques pour les abeilles et l’utilisation d’herbicides en bordure des champs, pratiques qui détruisent les fleurs sauvages desquelles se nourrissent les abeilles. Le dernier facteur peut affamer les abeilles (Tirado et al., 2013), avec des effets potentiellement préjudiciables sur elles qui ont besoin de trouver un équilibre nutritionnel optimal pour garantir leur croissance et leur reproduction (Vanbergen et al., 2013).
Présentation du matériel biologique
Position systématique
Les abeilles appartiennent à l’ordre des Hyménoptère regroupées dans la super famille des Apoidea qui comporte environ 16000 espèces décrites jusqu’à ce jour et 1197 genres et sous genres (Michener, 2000). La distribution de cette faune dépend de plusieurs facteurs, tels que le climat, la végétation et aussi l’aptitude des abeilles à se disperser et à atteindre des aires convenables. Les mieux connus et les plus utilisées en apiculture sont dans le genre Apis et font partie de l’espèce Apis mellifera mellifera comportant plusieurs races géographiques qui peuplent actuellement l’Europe, l’Afrique, l’Asie occidentale, l’Amérique du nord, l’Amérique du sud, l’Australie et la Nouvelle Zélande (Michener 2000). L’abeille Algérienne appartenant à la lignée africaine est représentée en Algérie par deux races: Apis mellifera intermissa (Buttel-Reepen, 1906) et Apis mellifera sahariensis (Baldenspenger, 1923). La première est la plus répandue et son aire de répartition s’étend le long de l’Afrique du nord : Maroc, Tunisie et Algérie (Cornuet et al., 1988 ). Sa position systématique est la suivante:
Embranchement : ……………Arthropodes
Sous embranchement : …….. Mandibulates
Classe : ……………………… Insectes
Sous classe : ………………… Ptérygotes
Ordre : ……………………… Hyménoptères
Sous ordre : ………………… Apocrites
Section : …………………….. Aculéates (Néoptéres)
Famille :…………………….. Apidés
Genre :……………………….. Apis
Espèce : ……………………… mellifera
Sous espèce : ………………… intermissa (Buttel-Reepen, 1906).
Biologie de l’abeille : les castes
Les membres de la colonie
Trois castes structurent la société des abeilles : la reine, les ouvrières et les faux bourdons (Figure 1). Différents sur le plan morphologique comme dans leur espérance de vie, les membres de chaque caste assurent une tache particulière. Chez les abeilles, chacun travaille dans l’intérêt du groupe, et de la vitalité de ce dernier dépend la survie de chacun. Au sein de la ruche, aucun individu ne peut vivre seul (Clément, 2009). En fonction de la taille et du stade de développement de la colonie, l’effectif de la population peut varier de 20000 à 80000 individus, dont : une reine, 1000 à 4000 mâles (présents uniquement d’avril à septembre), le reste étant constitué par les ouvrières (Le Conte, 2002).
La reine
Issue d’un œuf similaire à celui d’une ouvrière, mais pondue dans une cellule royale accrochée aux rayons, la larve de la reine est nourrie uniquement avec de la gelée royale (dont la composition complexe permet aux ovaires de se développer) et naît seize jours après (Marchenay & Bérard, 2007). Seule vraie femelle dans la ruche, la reine donne naissance à la colonie toute entière. Elle ne butine pas, ni ne construit d’alvéoles, pas plus qu’elle ne s’occupe de sa progéniture. La ponte est sa seule occupation (Marchenay & Bérard, 2007). Adaptée à la reproduction, la morphologie de la reine lui permet de pondre des œufs mai aussi de réguler les activités de la colonie grâce aux phéromones que sécrètent ses glandes mandibulaires .
Son système reproducteur est formé de deux ovaires hypertrophiés et d’une spermathèque aux qualités exceptionnelles qui permet à la reine, une fois fécondée par plusieurs mâles au cours du vol nuptial, de conserver les spermatozoïdes actifs durant toute sa vie (en moyenne trois à quatre ans). Son dard, lisse et donc rétractable, est différent de celui de l’ouvrière ; il lui permet d’occire (tuer) toutes les autres reines prétendantes juste après sa naissance. Hormis le vol de fécondation, la reine vit cloîtrée dans la ruche où elle ne cesse de pondre (jusqu’à deux mille œufs par jour) (Clément, 2009).
|
Table des matières
I)INTRODUCTION
II) GENERALITES
III) METHODOLOGIE
IV) RESULTATS
V) COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VI) CONCLUSION
VII) REFERENCES
ANNEXES
RESUME