Thérapies Cognitivo-Comportementales
Articulation gléno-humérale, anatomie et mécanisme de luxation
Le complexe de l’épaule est composé de trois articulations vraies, la gléno-humérale (GH) qui fait l’objet de ce travail, la sterno-costo-claviculaire, seule attache ostéoarticulaire de la ceinture scapulaire au tronc, et l’acromio-claviculaire. Il existe aussi deux plans de glissement, la syssarcose scapulo-thoracique et la bourse séreuse acromiodeltoïdienne. Lors d’un mouvement du membre supérieur, toutes ces articulations fonctionnent en synergie pour donner à l’épaule sa grande mobilité (Kapandji & Tubiana, 2005, p. 22). La configuration articulaire de la GH est régulièrement représentée par une sphère en équilibre instable sur un petit socle, telle une balle de golf sur un tee (Jacquot, 2007 ; Rouxel, 2015). On parle aussi d’articulation « suspendue » (Dufour & Pillu, 2015, p. 291). Les structures anatomiques de cette région donnent à l’épaule une grande mobilité, mais cela a pour conséquence de diminuer sa stabilité (Dufour & Pillu, 2015, p. 292). La stabilité de la GH repose sur plusieurs paramètres : – l’orientation des surfaces articulaires, – la tension active ou passive des ligaments, – la stabilité active des muscles de la coiffe des rotateurs, – la congruence articulaire, augmentée par un fibro-cartilage appelé le labrum, – un vide intra-articulaire (Gamulin, 2000). Lors de traumatismes, les surfaces articulaires de la GH peuvent perdre contact totalement. On parle alors de luxation. Si les surfaces articulaires perdent partiellement contact, on parle plutôt de subluxation (Wainsten, 2012).
Épidémiologie et mécanismes de luxation de la gléno-humérale
Les luxations de l’articulation GH sont les plus fréquentes de l’organisme (Dufour & Pillu, 2015, p. 292). Elles touchent 1,7% de la population générale (Lädermann et al., 2016) et peuvent être de différents types : antérieure, postérieure, inférieure, supérieure (extrêmement rares) voire multidirectionnelle (Gamulin, 2000). Le type de luxation le plus fréquent suite à un traumatisme est la luxation antérieure, elle représente en effet 97% des cas (Brownson et al., 2015). Ce type de luxation intervient surtout chez le jeune sportif et plus souvent chez l’homme que chez la femme (2,5 pour 1 d’après Brownson et al. (2015). Il est souvent lié à une activité sportive, récréative (48,3%) ou parfois à un accident de la voie publique (Zacchilli & Owens, 2010). Quatre mécanismes sont décrits : – une chute sur la paume de la main avec le bras en extension et rotation externe (rattrapage lors d’une chute postérieure par exemple), – une abduction et rotation externe forcées, – une traction sur le bras en abduction et rotation externe, – plus rarement avec un choc direct sur le moignon de l’épaule (sports de contact) (Saragaglia, 2003). Ces différents mécanismes peuvent occasionner des lésions de certaines structures de l’épaule. 2.1.3. Lésions associées à une luxation antérieure Lésions capsulo-ligamentaires La lésion habituelle est la désinsertion du labrum au niveau du pôle inférieur de la glène, qui a lieu dans 89% des primo-luxations d’après Habermeyer, Gleyze, & Rickert (1999), appelée lésion de Bankart. 5 Lésions osseuses Elles sont le plus fréquemment localisées au niveau du rebord inférieur de la glène, on parle alors de lésion osseuse de Bankart. Dans ce cas, c’est l’impact de la tête humérale sur le bord inférieur de la glène qui provoque la perte osseuse. Elles peuvent aussi être situées au niveau de la tête humérale, dans le cas d’une lésion de Hill-Sachs. Dans ce cas, il s’agit plutôt d’un impact sur la tête humérale par le rebord antéro-inférieur de la glène lors de la luxation. Plus il y a de pertes osseuses lors d’une luxation, plus la surface articulaire est diminuée, et plusle risque de récidive est augmenté (Rabinowitz, Friedman, & Eichinger, 2017). Lésions nerveuses Les luxations de l’articulation GH, selon la gravité, peuvent léser le plexus brachial se trouvant à proximité, et particulièrement le nerf axillaire dans 8,8% des luxations d’après Shields et al. (2018). 2.1.4. Prise en charge actuelle de la luxation antérieure de GH Actuellement, les patients ayant subi une luxation antérieure de la GH suivent deux types de prise en charge : le traitement conservateur (physiothérapie) ou la stabilisation chirurgicale suivie d’une rééducation en physiothérapie. Le traitement conservateur commence par une période d’immobilisation d’environ 3 à 4 semaines avec une polysling (attelle) d’après le protocole des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) (Cohendet, Gallice, & Holzer, 2016), puis continue par un suivi en physiothérapie avec pour objectif la stabilisation musculaire de la tête humérale dans la glène. Toutefois, il existe une grande variation dans les protocoles de rééducation, et aucun n’a démontré une efficacité supérieure (Gibson, Growse, Korda, Wray, & MacDermid, 2004). La stabilisation chirurgicale de l’épaule consiste à empêcher la tête de l’humérus de sortir de son emplacement naturel. Deux techniques chirurgicales sont principalement utilisées dans le monde : – La procédure de Bankart, – La technique de Latarjet (Garcia, Taylor, Fabricant, & Dines, 2016). 6 Dans la procédure de Bankart, le labrum qui a été désinséré de la glène lors du traumatisme, est resuturé et fixé grâce à des ancres par le chirurgien orthopédique (Hendawi, Milchteim, & Ostrander, 2017). Dans la technique de Latarjet, l’extrémité du processus coracoïde (22 à 25mm) est prélevé, déplacé et vissé en avant de la glène. Les structures insérées dessus peuvent être ou non réséquées mais plusieurs variantes existent (Mizuno, Denard, Raiss, Melis, & Walch, 2014 ; McHale et al., 2017). Ceci a pour but d’augmenter la surface articulaire et de créer ainsi une butée qui empêche la récidive. Ces deux méthodes opératoires peuvent être réalisées aussi bien à ciel ouvert que sous arthroscopie. À Genève, la répartition de ces deux techniques est la suivante : – Procédure de Bankart dans 10% des cas, – Procédure de Latarjet dans 90% des cas (d’après le Dr. Cunningham). Cette répartition n’est pas toujours identique selon le pays. Par exemple, la chirurgie de Bankart est préférée à celle de Latarjet aux États-Unis (Riff et al., 2017), notamment au vu des risques de complications et de l’entraînement requis. En France, la technique de la butée osseuse est largement préférée par les chirurgiens (Thomazeau et al., 2010 ; Riff et al., 2017).
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Table des matières
1. INTRODUCTION
1.1. Contexte et objectifs de ce travail
1.2. Méthodologie de recherche de la littérature existante
2. CADRE THÉORIQUE
2.1. Articulation gléno-humérale, anatomie et mécanisme de luxation
2.1.1. Anatomie
2.1.2. Épidémiologie et mécanismes de luxation de la gléno-humérale
2.1.3. Lésions associées à une luxation antérieure
2.1.4. Prise en charge actuelle de la luxation antérieure de GH
2.2. Kinésiophobie et appréhension
2.3. Thérapies Cognitivo-Comportementales
2.3.1. Présentation
2.3.2. Explication des techniques
3. MÉTHODE / DESIGN
3.1. Design de l’étude
3.2. Setting et localisation de l’étude
3.3. Participants
3.3.1. Investigateur principal
3.3.2. Recrutement des thérapeutes et des examinateurs
3.3.3. Recrutement des sujets
3.3.4. Critères d’inclusion et d’exclusion
3.4. Randomisation et assignation
3.5. Aveuglement
3.5.1. Thérapeutes et sujets
3.5.2. Examinateurs
3.6. Contenu de la prise en charge dans les groupes
3.6.1. Groupe Contrôle (GC
3.6.2. Groupe Intervention (GI
3.7. Outcomes
3.7.1. Outcome primaire
3.7.2. Outcome secondaire
3.7.3. Autres informations récoltées
3.8. Méthode de récolte des données
3.9. Follow-up
3.10. Analyses Statistiques
3.10.1. Taille de l’échantillon
3.10.2. Traitement des données
3.11. Éthique
3.11.1. Consentement
3.11.2. Risques et contraintes
3.11.3. Égalité des traitements
4. DISCUSSION
5. CONCLUSION
6. RÉFÉRENCES
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
ANNEXE I : Lettre d’information aux participants
ANNEXE II : Formulaire de Consentement
ANNEXE III : Questionnaires
ANNEXE IV : Tableau des outcomes, outils de mesure, timing, et notation dans les
tableaux de données
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