Théories psychologiques décrivant les caractéristiques individuelles responsables de l’excès alimentaire et de la prise de poids chronique

Comportement alimentaire

Description générale

Le comportement alimentaire est complexe à définir, à observer et à comprendre. Ce terme désigne un ensemble de conduites intégrées vis-à-vis de la consommation d’aliments. Son expression correspond à la prise alimentaire caractérisée par la nature, la qualité, la diversité et la quantité des aliments consommés. Elle est la résultante de processus physiologiques, de décisions cognitives, de prédispositions génétiques et d’un contexte psychologique, socioculturel et environnemental qui détermine notamment le choix des aliments, la structure et la rythmicité des repas (Etiévant et al., 2010). Cet ensemble concourt à la réalisation d’une triple finalité :
– énergétique et nutritionnelle, assurant la survie et la couverture des besoins biologiques,
– hédonique, d’ordre psychologique, assurant la stabilité affective et émotionnelle,
– symbolique, d’ordre relationnel et culturel, assurant la socialisation et l’adhésion aux valeurs et aux traditions culturelles alimentaires.
Un problème récurrent dans l’étude du comportement alimentaire humain sera ainsi de déterminer l’importance relative de chacun de ses déterminants physiologiques, sensoriels, génétiques, environnementaux et psychologiques, et de ceux agissant sur le court terme et ceux sur le long terme.

Le contrôle homéostatique de la prise alimentaire

Le contrôle physiologique de la prise alimentaire peut être conceptualisé selon trois niveaux (Blundell, 1991; Harrold, Dovey, Blundell, & Halford, 2012).

Les expériences subjectives : la faim et la satiété

Les nombreux signaux physiologiques de mise en jeu de la prise alimentaire sont associés à des sensations et des expériences subjectives caractérisant deux états, la faim et la satiété, qui alternent de façon cyclique et participent à l’organisation épisodique de la prise alimentaire.
Un épisode alimentaire comprend trois phases :
– une phase pré-ingestive caractérisée par la sensation de faim,
– une phase prandiale correspondant à la période de prise alimentaire et au processus progressif du rassasiement,
– une phase postprandiale, caractérisée par l’état de satiété.
Le contrôle de la prise alimentaire peut ainsi intervenir sur la quantité d’aliments ingérés au cours d’un épisode alimentaire, mettant en jeu le rassasiement, et sur la durée de l’intervalle entre deux prises, correspondant à la période de satiété.
La faim répond à un besoin physiologique de manger. Elle se définit par une envie de rechercher et consommer des aliments qui va initier la prise alimentaire. Les sensations physiques les plus marquées qui l’accompagnent sont localisées dans la région épigastrique et sont le plus souvent inconfortables (Monello & Mayer, 1967). L’appétit correspond à l’envie de manger un aliment dont on anticipe du plaisir et de la satisfaction.
Le rassasiement marque le ralentissement de la prise alimentaire au cours d’un repas, qui se traduit par une diminution du rythme d’ingestion et de la palatabilité des aliments, jusqu’à un état de satiété pour lequel la sensation de faim a disparu, et fait place à un état de bien-être et de somnolence (Monello & Mayer, 1967). Le rassasiement sensoriel spécifique se traduit par une diminution de l’appréciation d’un aliment au cours de l’ingestion par rapport aux aliments non consommés (Rolls & Rolls, 1997).

Les signaux périphériques

Le contrôle homéostatique de la prise alimentaire repose sur deux types de signaux périphériques (Halford & Blundell, 2000) : les signaux épisodiques et toniques.
Les signaux épisodiques ont un effet à court terme et sont générés directement en lien avec la prise alimentaire. Leur manifestation est donc périodique et synchronisée sur les épisodes de prise alimentaire. Ils incluent des signaux sensoriels générés avant et après la mise en bouche et des signaux déclenchés par le passage et l’absorption des nutriments dans le tractus gastrointestinal (Badman & Flier, 2005). La majorité d’entre eux inhibent la prise alimentaire et signalent donc le rassasiement et la satiété. Par exemple, la cholécystokinine est une hormone sécrétée par les cellules entéro-endocrines de l’intestin en réponse à la présence d’aliments dans la lumière intestinale et pouvant réduire l’apport alimentaire et la durée du repas. A l’inverse, la ghréline est une hormone circulante qui stimule la prise alimentaire.
Les signaux toniques ont un effet à long terme. Ils sont générés en réponse à l’état des réserves énergétiques, principalement les réserves du tissu adipeux. Les principaux sont deux hormones : la leptine et l’insuline. Certaines cytokines et d’autres substances pourraient avoirégalement une influence. Ils peuvent agir en modulant les effets des signaux épisodiques oudirectement sur le système nerveux central.

Les signaux centraux et les centres de contrôle de la prise alimentaire

L’intégration de tous ces signaux, toniques et épisodiques, se fait au niveau du système nerveux central. Des populations spécifiques de neurones sont dotées de récepteurs pour reconnaître ces différents signaux circulants et sécrètent des neurotransmetteurs et des neuropeptides qui vont inhiber ou stimuler la prise alimentaire. L’hypothalamus, en particulier le noyau arqué, est la structure principale d’intégration de l’homéostasie énergétique (Badman & Flier, 2005). De nombreuses autres régions cérébrales ayant des connexions avec l’hypothalamus sont impliquées dans ce contrôle, notamment le noyau du tractus solitaire de la partie postérieure du cerveau joue un rôle important puisqu’il reçoit les informations neuronales afférentes d’origine vagale, indicatrices de l’état de distension gastrique et du milieu hormonal gastrique et intestinal (Morton, Cummings, Baskin, Barsh, & Schwartz,2006).

La composante hédonique : le circuit de la récompense

La prise alimentaire est aussi influencée par les qualités organoleptiques des aliments comme l’aspect visuel, l’odeur, le goût et la texture qui déterminent la palatabilité des aliments. Ces différentes propriétés sensorielles interviennent avant la mise en bouche par la simple présentation des aliments qui permet notamment à l’individu d’identifier l’aliment et d’anticiper un plaisir ou un déplaisir. Elles interviennent ensuite pendant l’ingestion avec l’appréciation de celle-ci. Ces signaux sensoriels sont intégrés par des réseaux neuronaux du cerveau qui affectent une valeur hédonique à l’aliment ou l’expérience. Cette évaluation de la récompense reposerait sur deux voire trois aspects, la motivation (« wanting »), l’appréciation (« liking ») et l’apprentissage (Berridge, Robinson, & Aldridge, 2009). Elle met notamment en jeu la libération de dopamine (Morton et al., 2006), des opioïdes et des endocannabinoïdes (Harrold et al., 2012). Une activation forte de ce circuit de la récompense par l’anticipation et l’ingestion d’aliments très palatables (agréables au goût) serait capable de supplanter le contrôle homéostatique en levant l’inhibition des signaux toniques des neurones de l’hypothalamus latéral et ainsi stimuler la prise alimentaire (Berthoud, 2011). Inversement, les signaux homéostatiques peuvent moduler l’expérience hédonique. La perception d’un même aliment peut donc être différente suivant l’état physiologique du sujet ; il sera plus apprécié enétat de faim (Rolls, 2012).
Ainsi, la faim et le plaisir, tout comme différents acteurs des systèmes homéostatiques et hédoniques interagissent en synergie ou en antagonisme. La balance entre les signaux épisodiques et toniques, d’une part, et entre les processus homéostatiques et hédoniques d’autre part vont déterminer le choix de manger ou de ne pas manger, le choix des aliments et la quantité consommée. Cependant, il semble de plus en plus évident que cette balance est asymétrique ; la protection contre la déplétion énergétique serait plus efficace que celle contre la pléthore (Berthoud, 2011; Morton et al., 2006). Pendant longtemps, l’objectif principal était, pour la plupart des individus, la subsistance alimentaire. Ainsi, par exemple, des réponses physiologiques orexigènes plus fortes déclenchées par les aliments palatables riches en énergie, constituaient un caractère adaptatif de l’homme pour s’adapter à son environnement.
Pourtant, l’influence des propriétés sensorielles et des signaux homéostatiques varie d’un individu et d’un contexte à l’autre, suggérant l’existence d’autres déterminants du comportement alimentaire.

Génétique

Tout comme l’obésité, le comportement alimentaire serait déterminé en partie génétiquement.
Des études ont ainsi montré une ressemblance entre les apports alimentaires des membres d’une même famille (Faith et al., 2004; Mitchell et al., 2003) ou entre jumeaux (Heitmann, Harris, Lissner, & Pedersen, 1999). Plus récemment, l’étude du génome a permis d’identifier des gènes particuliers codant pour des acteurs du contrôle de la prise alimentaire (Cai et al., 2004; Meyre et al., 2009).

Environnement

L’acte alimentaire ne se limite pas à une fonction biologique, ou même de plaisir, il est aussi un acte social et symbolique. Les normes sociales vont ainsi grandement conditionner les préférences ou les aversions pour certains aliments, mais aussi la structuration et le rythme des repas, qui ne sont donc plus nécessairement alignés sur l’alternance faim/satiété déterminée physiologiquement (Etiévant et al., 2010). Les choix alimentaires sont également influencés par les contraintes budgétaires (Combris, 2006; Epstein, Dearing, Paluch, Roemmich, & Cho, 2007) ou temporelles (Anderson, Butcher, & Levine, 2003). Enfin, l’environnement familial et les attitudes des parents vis-à-vis de l’alimentation du jeune enfant jouent un rôle fondamental dans le développement du comportement alimentaire(Benton, 2004; Birch, Fisher, & Davison, 2003).
A l’échelle du repas, des contraintes et des informations provenant de l’extérieur, liées aux aliments ou à l’environnement immédiat du mangeur, vont moduler la consommation alimentaire. La présence d’autres personnes (Bellisle, Dalix, Airinei, Hercberg, & Peneau, 2009; Hetherington, Anderson, Norton, & Newson, 2006), une distraction telle que la télévision (Robinson et al., 2013), la présentation ou la disponibilité des aliments (Wansink, Painter, & Lee, 2006), ou encore la taille des portions (Ello-Martin, Ledikwe, & Rolls, 2005) sont autant de facteurs extérieurs qui peuvent intervenir dans les choix du mangeur et les quantités consommées.

Psychologiques

Les influences psychologiques peuvent aussi être distinguées selon si elles ont une influence plutôt ponctuelle, à l’échelle d’une prise alimentaire, ou une influence plus durable. Les émotions (Macht, 2008) et les cognitions présentes au moment de l’ingestion, ainsi que la mémoire et l’attention portée aux aliments consommés (Robinson et al., 2013), vont également influencer le choix des aliments, leur fréquence de consommation et la quantité.
Des traits, ou dispositions, psychologiques relativement stables affectent également le comportement alimentaire et le contrôle pondéral et seront abordées dans la partie suivante.
La Figure 2 propose un schéma destiné à intégrer les différents déterminants du comportement alimentaire décrits précédemment.

Théories psychologiques « positives »

Les différentes théories précédemment énoncées se sont focalisées sur des comportements « négatifs » ou « non-adaptatifs » qui auraient conduit certaines personnes à développer et maintenir une obésité. La littérature s’est par conséquent essentiellement focalisée sur ces aspects négatifs. A l’inverse, il existe peu d’information sur des comportements « positifs » ou « adaptatifs » chez certaines personnes qui leur permettraient de maintenir un poids de forme sans conséquences physiologiques et psychologiques néfastes et qui seraient ainsi associés à un état de bien-être physique et psychologique. Par l’étude de comportements alimentaires « positifs », on entend le fait de ne plus chercher à comprendre comment certaines personnes prennent du poids et développent éventuellement une obésité, mais plutôt comment certaines personnes maintiennent un poids de forme. L’étude de ces comportements pourrait ainsi améliorer notre compréhension du lien entre les traits psychologiques individuels et le contrôle pondéral.
Quelques études conduites à partir de programmes de perte de poids ont commencé à s’intéresser à des aspects dits « positifs » ou « adaptatifs ». Dans ces dernières, l’identification de médiateurs des changements de poids à moyen et long terme selon les individus pourrait permettre de mieux comprendre les mécanismes d’une perte de poids réussie, et plus largement les facteurs pouvant prédire un contrôle du poids à long terme (Teixeira et al., 2015). Parmi ces médiateurs, l’image positive du corps (Palmeira et al., 2010), la motivation autonome et l’auto-efficacité (Teixeira et al., 2010) ont notamment été identifiées. L’image positive du corps se réfère aux attitudes et aux perceptions qu’une personne démontre vis-àvis de son corps. La motivation autonome reflète la mesure dans laquelle un individu s’encourage lui-même, ressent qu’il a le choix et attribue une valeur importante à certains comportements. Contrairement à une vision quantitative de la motivation, elle représente plutôt les aspects qualitatifs de l’envie d’agir d’un individu. Elle a également été inversement associée à l’IMC en population générale (Leong, Madden, Gray, & Horwath, 2012). Enfin, l’auto-efficacité représente la confiance d’une personne à réussir ce qu’elle entreprend. Une association inverse entre l’auto-efficacité et l’IMC a également été mise en évidence en population générale (Ovaskainen et al., 2015). Tous ces différents facteurs ont en commun leur rapport à la capacité d’une personne à s’autoréguler.
Ces dernières décennies, deux nouvelles approches vis-à-vis de l’alimentation basées sur les capacités propres d’un individu à s’autoréguler ont été développées : l’alimentation intuitive et l’alimentation consciente, ou plus largement la pleine conscience. La notion d’acceptation, de son corps ou de ses pensées, y est très importante. La première place l’écoute des signaux physiologiques de faim et de satiété comme élément central. La deuxième invite à prendre conscience du moment et des processus de prise de décision, notamment celles relatives à l’acte alimentaire. Elles sont supposées universelles. Autrement dit, tout le monde serait apriori capable de manger intuitivement ou consciemment, ou pourrait être entraîné à le faire.

Alimentation intuitive

Le terme d’alimentation intuitive a été introduit par deux diététiciennes américaines, Evelyn Tribole et Elyse Resch, en 1995 dans leur livre intitulé « Intuitive Eating : A revolutionary program that works » (Tribole & Resch, 1995) où elles présentent les 10 principes pour manger intuitivement (Tableau 2).

La pleine conscience

La pleine conscience peut être définie comme la conscience qui émerge du fait de porter son attention de manière volontaire, dans le moment présent, et sans jugement de valeur surl’expérience qui se déroule, moment après moment (Kabat-Zinn, 2003). Elle peut être innée et plus ou moins s’exprimer au quotidien selon les individus ; elle peut aussi être développée grâce à la méditation. Le terme de pleine conscience s’emploie à la fois pour caractériser un trait de personnalité, un état ponctuel d’une qualité d’attention particulière, et la méthode pour cultiver un de ces deux aspects. Le trait de personnalité correspond à une manière de percevoir le monde innée ou acquise tandis que l’état ponctuel caractérise la qualité d’attention en pleine conscience émergente lors de la pratique de la méditation. La pleine conscience a été utilisée en clinique dès les années 1980 (Kabat-Zinn, 1982) pour gérer la douleur et réduire le stress dû à la maladie, aux douleurs chroniques et aux traitements éprouvants. Ce programme initial, le MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction), a servi de modèle à d’autres programmes adaptés notamment à des troubles psychologiques avec par exemple pour objectif la prévention de récidives des troubles dépressifs majeurs répétitifs(Piet & Hougaard, 2011) ou le traitement des troubles anxieux (Treanor, 2011).
La pratique de la pleine conscience améliore la perception impartiale de soi, ses pensées, ses émotions, ses sensations corporelles, et de ce qui nous entoure. Elle entraîne une capacité de détachement et de flexibilité de l’individu qui lui permet d’avoir une réponse consciente plutôt qu’une réaction automatique face à une situation qui le gêne. Il y a par conséquent de bonnes raisons théoriques de croire que la pleine conscience pourrait être efficace dans le traitement des troubles de l’alimentation et de l’obésité où elle a plus récemment était introduite. Plusieurs interventions ont rapporté des effets positifs mais modérés sur le poids des participants en surpoids ou obèses, avec un maintien (Daubenmier et al., 2011) ou une perte de poids (Tapper et al., 2009; Timmerman & Brown, 2012) par rapport à un groupe contrôle pour un suivi allant jusqu’à 6 mois, donc à relativement court terme. Cependant, d’autres études n’ont pas observé de différences significatives avec le groupe contrôle (Alberts, Mulkens, Smeets, & Thewissen, 2010; Alberts, Thewissen, & Raes, 2012) et en particulier avec des groupes contrôles suivant un traitement alternatif incluant l’éducation à la gestion autonome du diabète, une éducation nutritionnelle ou une thérapie psychoéducative, cognitive et comportementale (Goyal et al., 2014; Kristeller, Wolever, & Sheets, 2013; Miller, Kristeller, Headings, Nagaraja, & Miser, 2012). Il est à noter que ces études s’appuient sur des pratiques variées de la pleine conscience incluant par exemple des exercices spécifiques d’alimentation consciente (Timmerman & Brown, 2012), des exercices d’acceptation (Alberts et al., 2010; Tapper et al., 2009), l’entraînement aux ressentis alimentaires par la pleine conscience (Mindfulness-Based Eating Awareness Training, MB-EAT, (Kristeller et al., 2013; Miller et al., 2012) ou encore une adaptation de la thérapie cognitive basée sur la pleineconscience au contexte du comportement alimentaire (Alberts et al., 2012).

Population

L’étude NutriNet-Santé est une grande étude de cohorte prospective d’observation visant le recrutement d’une très large population d’adultes (plus de 500 000 sujets inscrits pour en inclure réellement 250 000) suivie pendant une période longue d’au moins 10 ans. Les critères d’inscription sont les suivants : âge ≥ 18 ans, avoir accès à internet et disposer d’une adresse e-mail individuelle. Les objectifs sont d’étudier les déterminants des comportements alimentaires ainsi que les relations entre la nutrition et la santé, et plus spécifiquement le risque de pathologies chroniques (Hercberg et al., 2010). Un site internet a été développé www.etude-nutrinet-sante.fr pour suivre l’ensemble des « Nutrinautes ».
L’étude a été lancée en 2009 par une vaste campagne multimédia grand public relayée par denouvelles campagnes régulières, une diffusion par de nombreux sites Internet et de multiples canaux professionnels (médecins, pharmaciens, professionnels,…) ainsi qu’une présence sur différents réseaux sociaux. L’inclusion dans la cohorte est ouverte et se poursuit actuellement.
Au 7 août 2015, 158 819 participants étaient inclus dans la cohorte et 272 011 étaient inscrits. Après le recrutement, des moyens sont mis en œuvre pour fidéliser les participants de la cohorte. Un autre site internet a été mis en place en parallèle du site principal de l’étude spécialement pour les participants de l’étude, le « site des tribus Nutrinautes ». Des forums, des quizz, des films, des jeux et des informations autour de l’alimentation y sont proposés. De plus, le 18 mai 2015 a été lancée l’association des Nutrinautes et Suvimaxiens : www.nutrinautes-asso.fr/. Une procédure de gestion des perdus de vue est également appliquée de façon systématique. Une personne est considérée comme perdue de vue si la date de dernière nouvelle est supérieure à 6 mois. Un premier mail de relance est envoyé. En fonction de la réponse (ou de l’absence de réponse) du Nutrinaute, une équipe est chargée de se mettre en contact par téléphone avec cette personne afin de l’inciter à poursuivre l’étude NutriNet-Santé et de connaître sa décision quant à sa participation. Dans le cas où le perdu de vue souhaite consacrer moins de temps à l’étude, différents types de suivi lui sont proposés et il recevra par la suite uniquement les questionnaires en fonction du type de suivi choisi. Ces types de suivi ont été instaurés depuis novembre 2013.
Toutes les conditions de sécurité informatique et physique des données de la cohorte NutriNet-Santé sont assurées (Avis favorables du Comité de Qualification Institutionnelle (IRB) INSERM 10 juillet 2008, n°IRB0000388 FWA00005831 ; du CCTIRS 11 juillet 2008, n°08.301 ; de la CNIL 24 février 2009, n°908450). L’étude est aussi enregistrée dans EudraCT (n°2013-000929-31). Le consentement écrit informatisé a été obtenu pour chaque participant.

Collecte et traitement des données

Tous les questionnaires sont conçus pour être auto-administrés sur le site internet de l’étude, à l’aide d’une interface HTML sécurisée.
A l’inclusion et une fois par an au cours du suivi, tous les participants remplissent un dossier de base appelé le « kit d’inclusion » comprenant différentes parties : questionnaires alimentaires (3 enregistrements alimentaires de 24h répartis aléatoirement sur 15 jours), anthropométrique, sociodémographique, économique et de mode de vie, activité physique et état de santé. Afin d’être inclus dans l’étude, les participants doivent avoir rempli le « kit d’inclusion » initial. Les participants peuvent compléter ces questionnaires pendant 3 mois à l’exception des questionnaires alimentaires. Pour ces derniers, les participants ont 90 jours pour le tirage au sort des trois dates puis 42 jours après la date correspondante pour les remplir. Ces différentes données sont collectées chaque année et sont donc disponibles à plusieurs points pour la plupart des Nutrinautes.
Dans le cadre de leur suivi, les Nutrinautes reçoivent chaque mois un e-mail automatisé les informant sur l’avancement de l’étude et sur un nouveau questionnaire optionnel à compléter.
Ces questionnaires comprennent les questionnaires de surveillance réguliers sur les nouveaux évènements de santé éventuels (tous les 3 mois), des questionnaires alimentaires de mi-annéemis en place depuis 2012 et enfin des questionnaires sur des thématiques particulières abordant différents déterminants des comportements alimentaires et du statut nutritionnel.

Données sociodémographiques, économiques, de mode de vie et activité physique

Le questionnaire sur les caractéristiques sociodémographiques, économiques et de mode de vie comporte des questions sur le statut matrimonial, le nombre d’enfants ainsi que la composition du foyer (personnes vivant régulièrement dans le foyer y compris le répondant classées selon l’âge), le niveau d’éducation, le statut et la situation face à l’emploi, la catégorie socio-professionnelle, le revenu, la consommation de tabac, d’alcool et de produits de la mer (poissons, coquillages, crustacés). Dans le cas du diplôme, du statut et de la situation face à l’emploi, les participants ont la possibilité de choisir la modalité « autre » et de saisir en clair leur situation. Ces données fournies en clair sont ensuite reclassées selon des décisions formalisées principalement basées sur les données du ministère de l’éducation et de l’INSEE. Cependant, certaines données sont impossibles à reclasser et sont par conséquent considérées comme manquantes.
Le questionnaire sur l’activité physique correspond à la version française de l’International Physical Activity Questionnaire (IPAQ) (Craig et al., 2003). Il se décompose en trois parties portant sur trois types d’activité : l’activité physique intense, l’activité physique modérée et la marche, où le participant doit préciser le nombre de jours dans la semaine qui vient de s’écouler et la durée de chacune de ces activités. La dépense énergétique hebdomadaire exprimée en équivalent métabolique est ensuite estimée et trois catégories d’activité sont définies comme suit : faible (<30 min de marche rapide ou équivalent/jour), modérée (30 -59 min/jour) et forte (≥60 min/jour) (IPAQ group, 2005).

Données anthropométriques

Le questionnaire anthropométrique comporte, en plus des questions sur le poids et la taille, des questions sur l’histoire pondérale (poids maximum et minimum atteint et l’âge correspondant), la pratique de régimes et les raisons, l’auto-perception du poids et l’image corporelle évaluée par les silhouettes de Sorensen (Sorensen, Stunkard, 1983).
Une introduction spécifie aux participants de donner les valeurs de poids et de taille dont ils sont le plus sûrs, par exemple celles obtenues lors d’une visite médicale ou par la médecine du travail. Pour le poids, si les participants ne le connaissent pas ou si la mesure est ancienne, illeur est demandé de prendre la mesure eux-mêmes chez eux s’ils ont une balance. Desinstructions détaillées expliquent comment réaliser une mesure fiable : la balance doit être placée sur une surface plane et dure ; le poids doit être bien réparti sur les deux pieds ; lesparticipants doivent se peser sans chaussures et en sous-vêtements, de préférence le matin.

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Table des matières
Remerciements
Liste des tableaux 
Liste des figures
Liste des abréviations
Valorisation scientifique
Préambule 
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1 Surpoids et Obésité 
1.1 Définition
1.2 Prévalence
1.3 Étiologie de l’obésité
2 Comportement alimentaire
2.1 Description générale
2.2 Le contrôle homéostatique de la prise alimentaire
2.3 La composante hédonique : le circuit de la récompense
2.4 Génétique
2.5 Environnement
2.6 Psychologiques
3 Théories psychologiques décrivant les caractéristiques individuelles responsables de l’excès alimentaire et de la prise de poids chronique
3.1 La théorie psychosomatique
3.2 La théorie de l’externalité
3.3 La théorie de la restriction
4 Théories psychologiques « positives » 
4.1 Alimentation intuitive
4.2 La pleine conscience
4.3 Mise en parallèle de la pleine conscience et de l’alimentation intuitive avec
l’alimentation liée aux émotions, l’externalité et la restriction
5 Objectifs 
PARTIE I
Étude NutriNet-Santé
1 Population
2 Collecte et traitement des données
2.1 Données sociodémographiques, économiques, de mode de vie et activité physique
2.2 Données anthropométriques
2.3 Données alimentaires
2.4 Autres données spécifiques
2.5 Gestion des données manquantes
3 Description générale des échantillons sélectionnés
PARTIE II
Alimentation liée aux émotions et consommations d’aliments riches en énergie : quelle influence de la symptomatologie dépressive? 
1 Introduction 
1 Méthodes
1.1 Échantillon
1.2 Mesures spécifiques à cette étude
1.3 Analyses statistiques
2 Résultats
3 Discussion 
3.1 Alimentation liée aux émotions et consommation d’aliments de snacking riches en énergie
3.2 Effet du sexe sur la relation
3.3 Effet de la symptomatologie dépressive sur la relation
4 Conclusion 
PARTIE III
Alimentation intuitive, consommation alimentaire et statut pondéral 
1 Introduction 
2 Etude de validation du questionnaire d’alimentation intuitive
2.1 Population
2.2 Protocole
2.3 Résultats
2.4 Discussion
2.5 Conclusion
3 Alimentation intuitive et consommation alimentaire 
3.1 Méthodes
3.2 Résultats
3.3 Discussion
4 Alimentation intuitive et statut pondéral
4.1 Méthodes
4.2 Résultats
4.3 Discussion
4.4 Conclusion
PARTIE IV
Pleine conscience et statut pondéral 
1 Introduction 
1 La disposition de pleine conscience
1.1 Méthodes
1.2 Résultats
1.3 Discussion
1.4 Conclusion
2 La pratique de la pleine conscience
2.1 Méthodes
2.2 Résultats
2.3 Discussion
2.4 Conclusion
DISCUSSION GÉNÉRALE 
1 Principaux résultats 
2 Considérations méthodologiques
2.1 Validité des données et erreurs de mesure
2.2 Délais entre les mesures
2.3 Représentativité des échantillons et généralisation des résultats
2.4 Etude en population générale
2.5 Puissance statistique
2.6 Analyses transversales
3 Mise en parallèle de l’alimentation intuitive, de l’alimentation liée aux émotions et de la pleine conscience 
4 Perspectives et conclusions 
4.1 Optimisation des outils de mesure des comportements
4.2 Analyses prospectives
4.3 Implications des résultats en terme de prévention primaire et secondaire de l’obésité
Bibliographie 
Annexes

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