Théories et revue de la littérature sur l’agriculture, l’industrie et la croissance économique

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La performance et la domination des IDE

Avant le second mandat du Président Marc RAVALOMANANA, l’ère était celle des IDE qui favorisaient la ZFI20. Cette dernière consiste en un ensemble d’entreprises exemptées de droit de douane qui exerce leur activité dans les branches d’activités de fabrication (manufacturière). Il s’agit principalement du secteur d’industrie légère exportatrice. Depuis le second mandat, les investissements tournaient plutôt autour de la branche d’activité extractive.
Cette branche acquérait une position dominante dans les investissements effectués à Madagascar. En effet, à la fin de l’année 2012, le stock d’IDE (
Tableau 2. Cf. Annexe) reçu par la branche « activités extractives » a été évalué à 8 900,7 milliards d’ariary, soit l’équivalent d’environ 4,1 milliards de dollars américains. Ce qui a représenté 68,4 pour cent de l’ensemble du stock d’IDE. La mise en place des grandes exploitations minières s’est accompagnée d’une remontée considérable d’autres branches d’activités mais aussi le dépassement de l’ère de la manufacture. En effet, la branche des « activités de fabrication »,  auparavant à la première place, a reculé dans le rang pour se mettre à la quatrième place. Par ordre décroissant, le taux d’accroissement du stock d’IDE à chaque branche se présentait comme suit : « activités extractives » 9,2 % par rapport à l’année 2011, « activités financières » 8,7%, « télécommunication » 5,3%, « activités de fabrication » 4,2%, « construction et BTP 3,4%, hôtels et restaurants » 2,0% et la « distribution de produits pétroliers » 2,0% du stock21.

Les investissements opérant dans le domaine agricole

Le secteur agricole emploie 70 % de la population active. La quasi-totalité de la population rurale pratique une agriculture vivrière (riz, manioc, patate, haricot sec, maïs) dont seuls les surplus sont commercialisés sur un marché domestique cloisonné aux nombreux dysfonctionnements. Les secteurs agro-industriels sont en profonde restructuration (sucre : 10 500 t) ou restent encore marginaux (coton fibre : 7 000 t). La production rizicole (3,5 Mt) ne suffit pas à répondre à la consommation nationale. À côté de l’agriculture de subsistance existent des filières d’exportation (crevettes et produits halieutiques : 20 000 t, litchis : 18 000 t, vanille : 1 900 t) qui permettent des rentrées de devises importantes. Toutefois, Madagascar reste en deçà de ses potentialités pour la plupart des spéculations (épices, huiles essentielles,  20 Zone Franche Industrielle fruits et légumes). La profession agricole malgache s’est organisée au sein d’associations paysannes regroupées en quatre fédérations nationales (le réseau SOA – Syndicat des organisations agricoles, la CPM22, la Confédération des Koloharena, la plate-forme FIFATA23). Ces organisations paysannes sont appuyées par des ONG, dont AFDI (Agriculteurs français et développement international), présente à Madagascar depuis 15 ans24.

Analyse comparative du poids du secteur agricole et de l’industrie à Madagascar

Tous les économistes reconnaissent le rôle moteur que joue l’industrie dans le développement d’un pays. L’histoire économique des pays développés et des pays émergents montre bien que le secteur industriel contribue énormément à la création d’emplois, à l’investissement et aux exportations. En outre, l’industrie est le lieu principal des innovations technologiques et des gains de productivité et elle exerce un effet d’entraînement puissant sur l’ensemble des activités économiques, en particulier par ses consommations intermédiaires.
Elle peut également avoir un rôle stratégique en termes d’indépendance. Même si la part des services dans l’économie s’accroît, une industrie solide est nécessaire à un équilibre vertueux de la balance commerciale et de la croissance. Ainsi, l’importance de l’industrie doit être évaluée sur un périmètre correspondant à l’ampleur de son impact économique réel.
Mais avant de faire l’analyse de la part de l’industrie, il faut, pour atteindre les objectifs fixés
25, observer également la situation de l’agriculture et son impact sur l’économie.

Les industries manufacturières : cas des entreprises franches

Le secteur industriel malgache a connu un dynamisme sans précédent depuis la mise en place du régime de zone franche industrielle au début des années 1990. Les entreprises opérant sous ce régime bénéficient, en effet, d’importants avantages fiscaux et d’autres incitations. Le nombre de ces entreprises franches industrielles passait de 12 en 1990 à 191 en 2000 et elles étaient à l’origine de la forte croissance du secteur industriel au cours de cette période (5% en moyenne). Elles représentent près du tiers du PIB industriel et 30%  des exportations industrielles en 2003. Elles sont également la branche la plus créatrice d’emplois avec près de 80 000 employés en 200434. Ce chiffre est passé à 120 000 en 2007. La réduction du volume des exportations malgaches combinée à l’augmentation du taux de chômage suite à la crise politique de 2002 démontre le rôle important de la Zone Franche dans l’économie du pays. Selon l’Economic Development Board of Madagascar (EDBM). Les EF sont surtout orientées vers la production de vêtements comme les pullovers, les tshirts ainsi que les articles de prêtàporter masculin et féminin35. En effet, 64% des EF enregistrées s’opèrent dans les textiles et habillement (voir figure 1). La dynamique du secteur est déterminée par les accords commerciaux bilatéraux ou multilatéraux. Il s’agit surtout de profiter de l’accès préférentiel au marché des pays développés dans le cadre de l’Accord Multifibre et de la loi Américaine sur les opportunités et la croissance en Afrique (AGOA). A l’heure actuelle, Madagascar est devenu le deuxième pays plus grand exportateur des produits d’habillement dans la région de l’Afrique Subsaharienne, et les exportations vers les USA ont augmenté de 10% entre 2005 et 2006, grâce à l’AGOA36.

L’industrie et ses approches

L’industrie fait essentiellement partie du secteur secondaire ; elle produit des biens matériels. On distingue l’industrie manufacturière et les industries d’extraction.
En économie, le
secteur secondaire, parmi les trois secteurs économiques définis dans la comptabilité nationale, regroupe les activités liées à la transformation des matières premières issues du secteur primaire.
L’industrie manufacturière est un sous-ensemble du secteur secondaire, et un sous-ensemble de l’industrie (sachant que toute l’industrie ne fait pas partie du secteur secondaire). L’industrie manufacturière regroupe les industries de transformation des biens, mais aussi la réparation et l’installation d’équipements industriels ainsi que des opérations en sous-traitance :
Industries alimentaires ;
Fabrication de boissons ;
Fabrication de produits à base de tabac ;
Fabrication de textiles ;
Industrie de l’habillement ;
Industrie du cuir et de la chaussure ;
Travail du bois et fabrication d’articles en bois et en liège, à l’exception des meubles ; fabrication d’articles en vannerie et sparterie ;
Industrie du papier et du carton ;
Imprimerie et reproduction d’enregistrements ;
Cokéfaction et raffinage ;

Les théories sur les sources et obstacles à la croissance économique et à la croissance des industries locaux

Dans cette partie, nous allons traiter des théories d’auteurs et de courant de pensée en économie sur la croissance industrielle et économique. Il existe alors trois approches auxquelles nous devons faire référence, à savoir : la théorie des avantages comparatifs de l’économie internationale, l’imperfection du marché relative à l’industrialisation, et enfin les approches idéologiques et culturelles selon l’économie institutionnelle.

La théorie des avantages comparatifs selon l’économie internationale

Il est ici question, quand nous parlons de l’avantage comparatif, des investissements directs étrangers et de leurs activités dans les pays d’accueil. Les analyses portant sur les interactions entre IDE et investissements domestiques portent surtout sur les effets des premiers sur les seconds ainsi que sur l’efficacité de l’un par rapport à l’autre.
Borenstein, De Gregorio et Lee
42 (1998) ont découvert que les flux d’IDE exerceraient un effet positif sur les investissements nationaux. Et De Soysa et Oneal43 (1999) ont montré que les IDE renforcent l’investissement domestique. Ils ont mis en évidence une forte relation entre l’IDE et l’investissement privé dans les pays d’accueil de l’Afrique subsaharienne. Mais ils ont également montré que l’impact de l’investissement privé national est plus fort et plus durable que celui de la relation inverse dans cette zone. Ce qui suggère qu’un niveau élevé de l’investissement privé national est un signal de rendement élevé du capital investi attirant ainsi l’IDE. Par conséquent, les efforts de renforcement de l’investissement privé contribuent à rendre ces pays d’accueil plus compétitifs aux regards des investisseurs directs étrangers.
Par ailleurs, il est également énoncé que les « IDE seraient plus efficaces que les investissements intérieurs en raison des liens des firmes multinationales avec les marchés internationaux tant pour les approvisionnements que les débouchés, les technologies et les compétences de gestion auxquelles elles ont accès »
44. Récemment, dans une analyse portant sur un échantillon de pays en développement, Razin45 (2005) a montré que l’effet des flux d’IDE sur l’investissement domestique des pays hôtes se révèle plus significatif que celui des autres formes d’investissements internationaux. De même, il a également vérifié que l’impact de l’IDE sur la croissance du PIB est plus élevé que l’impact des autres formes de flux internationaux de capitaux.
Lorsque l’IDE pourrait stimuler la croissance économique des pays d’accueil, ces effets de croissance peuvent être durables si seulement si l’IDE encourage l’utilisation des facteurs de production nationaux surtout en créant plus d’emplois locaux et en incitant l’investissement privé domestique.
En répartissant leurs activités entre les pays en fonction des différents avantages comparatifs, en établissant par exemple les étapes de la production les plus intensives en travail, comme les travaux d’assemblage, dans les pays où les coûts de la main d’œuvre sont peu élevés, les firmes multinationales engendrent des importations de biens intermédiaires et des exportations de biens finals entre le pays d’origine et le pays d’accueil et des échanges intra- firme importants.
Aussi faut-il signaler que dans la mesure où les IDE verticaux ainsi occasionnés et motivés par des différences de dotations factorielles, renforcent, non seulement, la division internationale du travail mais approfondissent également les spécialisations de type interbranche pouvant entraîner l’enfermement des pays en développement en retard dans des activités traditionnelles (Dupuch, Jennequin et Mouhoud, 2004).
Quant aux relations entre IDE et politique commerciale dans les pays hôtes, la littérature économique affirme que les politiques protectionnistes dans le pays d’accueil inciteraient les flux d’IDE de type horizontal qui sont surtout motivés par l’obligation de contourner les barrières tarifaires et par l’existence des marchés locaux d’implantation.
Certains auteurs
46 ont montré que les politiques commerciales orientées vers la promotion des exportations favoriseraient plus l’entrée des IDE dans pays d’accueil que les politiques de substitution aux importations.
Par exemple, Mai, (2001) stipule que « l’orientation vers l’exportation dans les pays asiatiques s’est accompagnée de politiques actives de transferts de technologies étrangères vers le secteur national ». D’une façon globale, l’effet des IDE sur le commerce extérieur se révèle primordial pour les pays en développement dans lesquels l’insuffisance de devises reste un problème à résoudre.
Mais faut-il également noter que les flux d’IDE pourraient entraîner un affermissement du déficit commercial des pays hôtes en développement. En effet, l’afflux d’IDE dans ces pays irait souvent de pair avec l’accroissement des importations de biens d’équipement par les firmes multinationales.

Revue de la littérature sur la contribution de l’industrie à la croissance économique49

CREAM : Beaucoup de littératures théoriques et empiriques appuient la conclusion que les industries sont un moteur de croissance économique. Dans cette étude, l’hypothèse de Kaldor sur la croissance économique (KEG) a été testée pour le cas de Madagascar en utilisant les techniques de cointégration et de causalité au sens de Granger pour identifier une relation de long terme et de causalité entre la production industrielle, en termes de valeur ajoutée, et le PIB réel. Les résultats empiriques indiquent que le secteur industriel et la croissance économique sont cointégrés et ont une relation de long terme. Le test de causalité de Granger montrait qu’il existe un lien de causalité unidirectionnelle allant  de la croissance économique vers le secteur industriel, à la fois à court et à long terme. A travers cette causalité bidirectionnelle entre le secteur industriel et la croissance économique,  l’hypothèse de Kaldor sur la croissance (KEG), soutenant que le secteur industriel est le moteur de la croissance économique, est vérifiée pour le cas de Madagascar. Toutefois, l’hypothèse d’un développement industriel qui conduit à la croissance économique n’est vérifiée que sur le long terme. Ce résultat pourrait provenir, d’une part, de la faible corrélation sur le court terme entre la croissance du secteur manufacturier/industriel et la progression du PIB, par rapport à la contribution des autres secteurs agricoles et particulièrement des services à la croissance de ce dernier. D’autre part, des effets néfastes des crises politiques et cycliques sur le développement de l’industrie à Madagascar. En effet, à chaque fois que l’industrie entame une phase de décollage, elle est toujours jalonnée de crises politico- économiques cycliques qui freinent son élan et réduisent à néant les efforts entrepris soit par l’Etat, soit par les Industriels. Néanmoins, avec les avancées de ces dix dernières années que l’on peut qualifier de résultat d’une ébauche de politique industrielle qui va jeter les bases d’une vraie politique industrielle, le constat d’échec des différentes phases de  politique industrielle et de systèmes économiques (passage d’une période d’industrialisation par le remplacement des importations aux périodes de réformes axées sur les mécanismes de marché) qui se sont alternés depuis l’Indépendance du pays, a fragilisé l’industrie en général et n’a pas permis à Madagascar d’ériger un tissu industriel lui permettant de construire unebase solide pour son développement économique. Beaucoup reste à faire à Madagascar en matière d’industrialisation si l’on veut inverser la tendance au déclin de la majeure partie des industries qui restent non compétitives/non performantes faute de l’absence de stratégies claires et d’une politique industrielle qui placent les industries comme un réel moteur de développement économique. D’ailleurs, la classification des branches d’activité du secteur industriel en 4 groupes distinctes50 nous a permis d’identifier deux branches d’activités porteuses51, 6 branches d’activités à forte potentialité52, 7 branches d’activités stagnantes et en déclin53, et 2 branches d’activités non performantes54. Toutefois, la limite de notre méthodologie de classification par branches est qu’elle est encore trop agrégée et ne permet pas de dégager une analyse détaillée de la situation des filières composant ces branches identifiées en termes de i) taille, croissance, et emploi ; ii) d’avantages comparatifs et d’effet d’entraînement sur les autres branches, iii) d’intensité technologique et énergétique ; et iv) de positionnement de ces branches et leur potentiel en termes de marché (national et international), en vue d’identifier les branches prioritaires, les branches à promouvoir et les nouvelles branches industrielles à fort potentiel de croissance.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Partie I : ETAT DES LIEUX, THEORIES ET REVUE DE LA LITTERATURE
Chapitre 1 : Secteur agricole et Secteur Industriel
Section 1 : Analyse de la situation de l’investissement à Madagascar
Section 2 : Analyse comparative du poids du secteur agricole et de l’industrie à Madagascar
Chapitre 2 : Théories et revue de la littérature sur l’agriculture, l’industrie et la croissance économique
Section 1 : Concept de l’agriculture et de l’industrie
Section 2 : Les théories sur les sources et obstacles à la croissance économique et à la croissance des industries locaux
Section 3 : Revue de la littérature sur la contribution de l’industrie à la croissance économique
Conclusion de partie
PARTIE II : RECREER L’HISTOIRE INDUSTRIELLE A MADAGASCAR
Chapitre 1 : Échafaudage d’un secteur agricole plus performant
Section 1 : Intervention exogène de l’Etat au secteur agricole et industriel
Section 2 : Intervention endogène au secteur agricole : un modèle cadre pour l’agriculture, promotion de l’activité agricole et autofinancement du secteur
Chapitre 2 : Reconstruction du système industriel
Section 1 : Politique industrielle
Section 2 : Politique scientifique et technologique
Section 3 : Politique de promotion de la recherche
Conclusion de partie
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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