A l’aube de la sociologie des entreprises dans les années 80, l’organisation est définie comme un ensemble humain structuré, autonome, géré et finalisé (elle se définit par son objectif) qui existe pour produire un résultat qui lui est extérieur, et qui ne peut être rattaché à tel ou tel membre en particulier. Les organisations ont d’abord été définies comme des réponses techniques et rationnelles aux contraintes extérieures. L’accent a ensuite été mis sur la composante humaine. En effet, l’individu, grâce à sa capacité à nouer des relations sociales avec autrui est ainsi ouvert à une sociabilité externe intervenant dans un certain nombre de lieux privilégiés à l’exemple des associations.
L’association est définie comme un groupement de personnes de statuts privés, librement constitué pour un objectif déterminé, et sans but lucratif (Lexique de Sociologie : 2007). Ce groupement de personnes est par ailleurs mu par des actions déterminées par leurs pensées culturelles c’est-à-dire que les membres perçoivent de la même manière, ils partagent le même répertoire symbolique (CASSIRER : 1923).
Or, selon Robert SIMON, James MARCH et Richard CYERT, les organisations sont nécessairement « imparfaites » car les individus opèrent des choix et prennent des décisions sous l’égide d’une « rationalité limitée » sujette à variations selon la personnalité de chacun des membres.
L’hypothèse de la rationalité limitée stipule que « la contrainte exercée par les structures sur les individus est une contrainte faible qui laisse l’individu libre de ses actes bien que, compte tenu de cette contrainte tout ne lui soit pas possible » (SIMON : 1947). Autrement dit chacun a une stratégie (théorie du choix rationnel) qui se heurte à des contraintes et du même coup, a sa façon de les neutraliser.
Théories et associationnisme dans l’ère moderne
Dans les faits, toute organisation fonctionne comme une entreprise avec les mêmes contraintes d’efficacité économique et la même exigence dans la gestion des ressources humaines. Nous souhaitons nous intéresser à la question de l’équité dans les milieux organisationnels. Le réseau de relations d’une association comprend les « usagers » ou membres et l’organisation elle-même, avec sa structuration hiérarchique, que nous caractériserons comme un réseau de relations, de registres, de normes et de réciprocité qui informent les pratiques sociales dans un groupe, comme des formes et normes sociales .
La dynamique associative
Chaque acteur a des origines différentes, des besoins différents. C’est en partant de ce constat et en appui sur la théorie de Maslow, que nous allons tenter de définir les relations sous l’angle de l’équité entre les salariés et les bénévoles d’une organisation.
Enjeux de la sociologie des organisations
La sociologie des organisations, en étudiant le phénomène organisationnel, soulève certaines problématiques récurrentes, qui sont souvent liées aux tensions qui affectent les organisations. Elles ont donné lieu à différents thèmes d’études. Par exemple :
• La cohésion. Les études s’inscrivant dans cette thématique s’efforcent de comprendre comment les organisations parviennent à maintenir leur structure et leur identité, malgré les tensions internes et externes qu’elles subissent.
• L’étude de la structure formelle et informelle. Nombre d’études ont cherché à clarifier les liens entre la structure formelle et les relations sociales informelles au sein des organisations.
• L’adaptation. Comment les organisations gèrent-elles l’innovation et comment l’intègrent-elles pour s’adapter à leur environnement technique et social ? Certaines études tentent de comprendre comment et pourquoi la structure formelle évolue, à travers les processus qui gouvernent la création et la modification des règles. D’autres s’intéressent à l’intégration des innovations techniques dans les organisations. D’autres enfin, se focalisent sur les changements culturels.
• La hiérarchie et les relations de pouvoir. Les thèmes abordés sont l’autonomie des acteurs, les différents types d’organisation (matricielle, horizontale, pyramidale), la gestion du pouvoir, la répartition des ressources, la négociation, etc.
• Le lien social et identitaire, ainsi que les phénomènes culturels.
• L’étude de la circulation de l’information et les outils de communication.
• Les situations conflictuelles ou pathologiques. Conflits syndicaux, situation de stress, précarité, phénomène du placard, baisse de la productivité, recherche des causes, des blocages au sein des organisations, etc.
Les approches sociopolitiques en sociologie des organisations
La théorie de l’acteur stratégique
La théorie de l’acteur stratégique, élaborée par Michel CROZIER et Erhard FRIEDBERG suppose qu’il n’est pas possible de considérer que le jeu des acteurs n’est déterminé que par la cohérence du système ou par les contraintes environnementales. On doit chercher en priorité à comprendre comment se construisent les actions collectives à partir de comportements et d’intérêts individuels parfois contradictoires entre eux. Donc, au lieu de relier la structure organisationnelle à un ensemble de facteurs externes, cette théorie l’appréhende comme un construit humain, rejoignant en cela une démarche qui situe les déterminants causals comme allant principalement de l’individu vers la structure (l’individualisme méthodologique) et non de la structure vers l’individu (structuralisme).
La théorie de la régulation sociale
L’analyse stratégique reste assez imprécise sur la façon dont se construisent les règles. Elle met surtout en avant les stratégies des acteurs vis-à-vis des règles déjà en place, et insiste principalement sur le comportement rationnel des acteurs vis-à-vis de ces règles. La théorie de la régulation sociale de Jean-Daniel REYNAUD essaie de combler cette lacune, tout en restant dans la continuité de l’analyse stratégique, en étudiant les mécanismes qui interviennent dans la production, le maintien, la destruction et l’application des règles dans les organisations. Il tente donc de comprendre comment s’effectue la construction des règles, celles par lesquelles un groupe social se structure et devient capable d’actions collectives. En cela, il conduit à envisager l’ordre social non plus de manière statique, mais au contraire à la manière d’un ordre négocié et dynamique.
Le rôle positif du conflit au sein d’une organisation
COSER s’est appuyé sur les travaux de Simmel et a analysé le conflit comme un élément inhérent à l’ordre social. Il a appliqué le fonctionnalisme à l’analyse du conflit. Ainsi le conflit sous ses différentes formes a une fonction structurelle dans la vie sociale. En effet, toute étude du comportement des groupes fait appel à la dynamique de groupe , en particulier aux interactions qui se produisent dans de petits groupes engagés dans des activités sociales ou professionnelles. La dynamique de groupe a pour objet d’étudier la structure et le fonctionnement des groupes sociaux, et les types de rôles joués par les membres du groupe. Ces rôles sont flexibles et susceptibles de changer lorsque les objectifs ou les activités du groupe se modifient.
Ainsi, il est « une interaction qui manifeste ouvertement un antagonisme dans une relation sociale » . Donc tout ordre social est porteur de conflits parce qu’il suppose des différences de prestige, de richesse ou de pouvoir, mais tout ordre social a besoin de conflits pour changer quand les circonstances lui imposent d’innover.
|
Table des matières
Introduction générale
1ère partie : Approche contextuelle et conceptuelle des organisations dans les cadres sociaux
Chapitre 1 : Théories et associationnisme dans l’ère moderne
Chapitre 2 : Etats des lieux de la CECOM
2ème partie : Le vécu associatif conjugué avec l’individualité au sein de la CECOM
Chapitre 3 : Problématiques structurelles et finalités de l’association
Chapitre 4 : Intervention des données culturelles
Chapitre 5 : Evaluations critiques de l’approche organisationnelle
3ème partie : Réorientations législatives et comportementales des membres des organisations
Chapitre 6 : Cadrage éthique en rapport avec l’utilité sociale des associations
Chapitre 7 : Pragmatique de valorisation communautaire
Conclusion générale
Bibliographie
Table des matières
Liste des abréviations
Liste des tableaux
Liste des figures
Annexes