Theories de gestion des ressources naturelles

THEORIES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES 

Une ressource naturelle n’est « ressource » que pour autant qu’elle fasse l’objet d’un usage. Une exploitation durable de ces ressources passe essentiellement par le contrôle des prélèvements, qui doivent rester inférieurs à la capacité de reproduction de l’écosystème. Plusieurs théories ont été élaborées afin de garantir la pérennité des ressources et de gérer les conflits éventuels.

Tragédie des communs

Dans un article célèbre paru en 1968 dans la revue Science, Garrett Hardin, alors professeur d’écologie humaine à l’Université de Californie à Santa Barbara, a montré que les ressources naturelles seraient inévitablement surexploitées et dégradées, parce qu’il est rationnel pour les individus d’exploiter ces ressources aux dépends des autres. Ils peuvent tirer des bénéfices de leur usage tout en ne supportant qu’un coût minimal pour une exploitation additionnelle de cette ressource. Hardin citait l’exemple de « communs» , tels qu’un pâturage communal sur lequel chaque tête de bétail supplémentaire génère des bénéfices additionnels pour le propriétaire de la bête. Mais cet animal supplémentaire réduit aussi la quantité d’herbe sur le pâturage, ainsi il diminue par conséquent les bénéfices globaux des autres usagers, parce que l’herbe n’y sera plus disponible pour leurs bêtes. Malgré cela, pour chacun des bergers, le bénéfice tiré d’une tête de bétail supplémentaire sur la pâture sera supérieur à une perte de profit causée par la diminution de la quantité d’herbe pour le reste de son troupeau. Il est ainsi rationnel pour chacun des bergers d’augmenter son troupeau. Mais ce qui relève d’une stratégie rationnelle à court terme et pour les individus, débouche sur une surexploitation, voire sur une disparition de la ressource collective. C’est ce que nous appelons « tragédie des communs » .

Dans le secteur forestier, si l’abattage du bois dans une forêt est en accès libre, un agent ne va prendre en compte que le coût de l’abattage et pas celui de la régénération de la forêt. Ceci va avoir pour conséquences que l’agent va accepter un prix relativement faible pour le bois puisqu’il sous-estime les coûts, que l’offre de bois va être trop importante, baissant encore les prix et que la forêt va être surexploitée, jusqu’`a ce qu’elle ne soit plus productive. Au final la communauté des agents qui pouvaient abattre les arbres a tout perdu.

La tragédie des communs soutient que l’intérêt personnel à court terme prévaudra toujours dans l’usage de ces ressources et conduira inévitablement à leur dégradation et finalement à leur perte pour tous. Par ailleurs, des critiques de Hardin lui-même ont mis en évidence que son raisonnement repose sur une ambiguïté. La « tragédie » n’est pas due au fait que les ressources soient communes (propriété commune), mais à leur accès libre. Si l’accès en est limité, la surexploitation n’est pas inévitable. Présupposant l’impossibilité d’une action collective, le raisonnement basé sur la « tragédie des communs » a incité un appel à la privatisation des forêts. La privatisation des ressources peut envisager techniquement, mais elle engendre un coût social certain, pour les populations qui se voient exclues de certaines de ses ressources. En outre, elle n’est guère une solution efficace d’un point de vue économique parce que les ressources sont :
– dispersées : le coût de l’exclusion des autres acteurs, par clôture, surveillance, etc. serait trop important
– mobiles : comme les animaux sauvages.
– ou même aléatoires comme les ressources pastorales en milieu aride.

Régime de propriété commune

Les réactions à la thèse de Hardin ont suscité de multiples études visant à la réfuter. Les multiples études ont permis de disposer, dans l’immense diversité des situations, un certain nombre de principes et de conditions pour une gestion en commun. Le concept de « propriété commune » (ou « bien collectif » , «bien commun» , «bien public» , «communs» , «ressources communes» ,« ressources de propriété commune» , etc.…) fait référence à quelque chose qui est utilisé comme s’il appartenait à tous les membres d’un groupe. Ce groupe peut être large ou restreint. Le fait qu’aucun des membres ne puisse être exclu de l’usage de cette ressource constitue un aspect fondamental de la propriété commune. Nous entendons par « régimes de propriété commune » , l’ensemble des droits et devoirs qu’un groupe d’utilisateur partage par rapport à une ressource donnée, ainsi que les institutions qui définissent les conditions d’accès, de contrôle, et les biens et services issus de cette ressource. Ces droits et devoirs, et ces institutions peuvent prendre différentes formes, en fonction de la nature de la ressource, de la taille du groupe, de la culture locale et des systèmes politiques, économiques et sociaux qui influencent le foncier dans un pays donné. Parfois, les droits d’usage d’une ressource sont tant et si bien établis sur le long terme, dans de tels cas, la ressource peut s’hériter d’une génération à l’autre et même se louer ou s’acheter et se vendre. Il est possible par ailleurs, qu’aucun droit ne soit établi au profit d’un individu ou d’un groupe, et que l’accès/l’usage soient ouverts à tout un chacun. Le concept de « propriété » relatif à ce type de ressource en « accès libre » équivaut à une « non propriété » : si un bien appartient à tout le monde, il n’appartient de fait à personne. Ceci débouche souvent sur un usage répété et abusif de la ressource, et il n’existe pas d’autorité sociale qui détermine ou applique de manière efficace les droits des individus ou des groupes. Si tel est le cas, chaque usager ignore habituellement les conséquences de ses actes pour les autres, et nul ne se sent tenu d’investir dans la gestion ou la conservation de cette ressource.

Entre ces deux cas extrêmes, il existe toute une série de « ressources d’accès limité» , auxquelles seul un groupe particulier de personnes a accès. C’est ce à quoi l’on se réfère habituellement lorsqu’on parle de « propriété commune » . Le concept de « propriété » (property en anglais) s’applique ici, parce qu’il donne des droits exclusifs à certaines personnes et exclut les autres. Le caractère exclusif des droits incite les gens qui en bénéficient à investir et à gérer leur bien au mieux de leurs intérêts. Ce régime de propriété équivaut à une propriété privée partagée. Les principales caractéristiques des ressources gérées en propriété commune sont les suivantes [Ostrom 1990] :

❖ Aucun des membres du groupe n’a de droit d’usage exclusif sur la ressource, et aucun d’entre eux ne peut être exclu de cet usage (bien que cet usage puisse en être limité).
❖ Les membres du groupe jouissent d’un accès sécurisé à l’usage futur de la ressource.
❖ Il existe des critères de fonctionnement quant à l’appartenance au groupe.
❖ Des règles définies s’appliquent à l’usage de la ressource.
❖ Il y a un mécanisme chargé de faire respecter ces directives et de contrôler les infractions aux règles.

La possibilité d’exclusion de certaine personne montre la faiblesse du régime en propriété commun, alors que la ressource en commun doit être accessible à tous. La propriété d’impossibilité d’exclusion entraîne le problème dit « free rider ou opportuniste ou passager clandestin » .

Passager clandestin

La théorie du « passager clandestin » , développée par Mancur Olson [1965], porte sur les conditions dans lesquelles des individus vont se comporter afin de parvenir à des objectifs communs, et à des conditions permettant une action collective. L’argument de départ c’est qu’au sein d’un groupe ou d’une société, nul ne peut être exclu de l’usage des biens publics. Les individus sont alors incités à se comporter en « passagers clandestins » c’est-à-dire à utiliser un bien sans contribution à sa production ou à sa gestion. Il est par conséquent difficile de mobiliser les individus pour une action collective de production du bien en question; le bien désiré est alors produit de manière insuffisante, voire pas produit du tout. La théorie du passager clandestin s’inscrit dans un cas de figure où une fois qu’un tel bien collectif est mise à disposition, les bénéfices seront accessible à tous. Elle suppose aussi que les individus fondent leurs décisions purement en termes de bénéfices financiers personnels. Dans ces conditions, nul ne paiera les coûts de l’installation et de la conservation de cette ressource ou bien collectif, à moins que l’un des individus concernés ne prévoie un bénéfice personnel supérieur à ces coûts.

La théorie suppose qu’une quantité optimale de bien collectif ne peut être obtenue que lorsque les coûts sont partagés dans la même proportion que les bénéfices. Elle propose donc comme solution unique visant à éviter les « passagers clandestins » et la dégradation de la ressource, d’introduire des mesures d’incitations pour les contributeurs et/ou des sanctions pour les « passagers clandestins » . Dans la gestion de ressources naturelles, il s’agit de limiter l’accès aux usagers qui apportent une contribution et d’introduire des mesures incitatives individuelles pour des usagers spécifiques du groupe, pour rendre la ressource exclusive et divisible. La théorie du « passager clandestin » suppose un comportement individuel égoïste dans l’usage des biens publics. De ce point de vue, il est « rationnel » pour les individus de se comporter en « passagers clandestins » . Les individus rationnels, soucieux de leur propre intérêt, ne vont pas contribuer de manière volontaire à la réalisation de l’intérêt commun ou du groupe ; au lieu de cela ils préfèrent laisser les autres payer le coût de biens qui vont profiter à tous. La théorie du « passager clandestin » est reprochée par son hypothèse d’individus isolés prenant leurs décisions seuls sans influence aucune du comportement des autres acteurs. Elle ignore le fait que la coordination d’une action collective puisse accroître les bénéfices des individus et motiver ces derniers à s’y engager. De fait, les interactions entre membres peuvent changer leurs attitudes et comportements. La théorie exclut toute possibilité d’altruisme, c’est-à-dire la capacité des individus à engager une action collective, même s’ils n’attendent aucun bénéfice personnel. Le recours à d’autre théorie capable d’analyser les interactions entre les usagers de ressources naturelles s’avère indispensable, cela fait appelle à la théorie de jeux.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
Chapitre 1 : THEORIES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
I.1. Tragédie des communs
I. 2. Régime de propriété commune
I. 3. Passager clandestin
Chapitre 2 : THEORIE DES JEUX ET STRATEGIES DES ACTEURS
II.1. Jeux non coopératifs et coopératifs
II.2. Dilemme du prisonnier
II.3. Equilibre de Nash
Multiplicité des équilibres de Nash
Application de l’équilibre de Nash au GRN
II.4. Jeux dynamiques et conflit de temporalité
Jeux dynamiques
Conflit de temporalité
DEUXIEME PARTIE
Chapitre 3 : ANALYSE DES ACTEURS MULTIPLES
III.1. Méthodologie d’analyse
La matrice 3R
La Carte de relation
III.2. Le site d’étude
III.3. Réalisation de l’analyse des parties prenantes
Les parties prenantes
Les questions spécifiques
a. Qui profite de la forêt?
b. Qui a quels droits et responsabilités sur la forêt?
c. Quels rapports les différentes parties prenantes entretiennentelles ?
III.4. Résultats de l’analyse et commentaires
Qui profite de la forêt ?
Qui a le droit sur la forêt ?
Quels rapports les différentes parties prenantes entretiennent-elles?
III.5. Application de jeux
Hypothèse
Illustration
Relation de Matrice
Chapitre 4 : FAIRE FACE AUX REALITES DE NOUVEAU SYSTEME DE GESTION
IV.1. La Restauration du Paysage Forestier
IV.2. Négocier la mise en place de cette nouvelle structure de gestion représentative
IV.3. Faire face au conflit temporel et au développement
IV.4. Nouveaux partenariat pour la nouvelle gestion
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES

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