Théorie du développement social chez l’enfant

Dans nos sociétés occidentales, la musique devient progressivement un outil utilisé dans divers domaines, et les bienfaits qu’elle procure ont déjà pu être observés à de nombreuses reprises. A l’inverse, dans des pays tels que l’Afrique ou encore l’Asie, la musique constitue et est à la base de la communauté depuis déjà bien longtemps. Dans ces cultures, elle est source d’apprentissages tels que la vie en communauté et les règles de bonne entente entre les enfants.

La musique est également un moyen d’expression et de communication entre les hommes. Elle est d’ailleurs le premier moyen de communication chez les nourrissons. Le nouveau-né crée des relations avec ses pairs et en particulier avec sa mère en communiquant à l’aide de sons et de gestes. Le partage et l’accordage des sons sont au centre de cette interaction. Ces premiers contacts avec les autres individus sont le début de l’apprentissage et du développement social chez l’enfant. De plus, cette capacité à communiquer est un point central dans le développement de l’enfant tant pour son devenir intellectuel que pour son devenir en tant que citoyen.

L’école a aussi une grande responsabilité concernant la socialisation de l’enfant dans la société. De nombreux chercheurs se sont questionnés sur les moyens et les outils permettant à l’enfant de se socialiser à l’école. Ils en ont déduit que la musique joue un rôle majeur dans ce développement chez l’enfant et particulièrement chez les plus petits. Mais actuellement, aucun moyen didactique n’existe pour aborder tous les aspects de la musique en classe.

La dimension sociale
La musique est omniprésente depuis des millénaires dans notre société. Elle est un moyen universel de communication entre les différents pays, cultures… Et malgré les nombreux changements et transformations qu’elle a subis, elle est appréciée, jouée et rassemble depuis toujours les différents groupes sociaux de notre société en créant des liens affectifs et émotionnels entre les individus. De plus, elle réunit les gens lors de divers événements tels que les mariages, les anniversaires, les fêtes ou encore les enterrements. Dans nos sociétés occidentales, elle joue un rôle secondaire, alors que dans certaines cultures telles qu’en Afrique ou en Asie, la musique occupe une place primordiale au quotidien. Elle fait partie du patrimoine culturel et chaque individu baigne dans celle-ci depuis tout petit.

La musique à l’école
Dans son article : La genèse et le développement de l’éducation musicale à l’école : entre l’enseignement de l’art et l’éducation par l’art en Suisse romande, François Joliat amène les éléments suivants:

L’enseignement de la musique obligatoire dans les classes des écoles en Suisse romande en 1874 a, à ces débuts, surtout une fin patriotique et religieuse. Dans les classes, le chant est l’élément central des leçons de musique alors que le rythme, l’écoute ou encore le solfège n’ont pas encore leur place dans les cours appelés Chant des années 1870 aux années 1945. Cette discipline subit de nombreux changements et de nombreuses influences depuis ses débuts jusqu’à nos jours. Ces influences viennent particulièrement de l’enseignement musical «à la française», inspiré par «l’enseignement spécialisé de l’art» prôné par l’École Normale (Martenot, 1996).

Avec l’introduction de la discipline musique à l’école populaire, de nombreuses questions se posent concernant l’introduction de l’art à l’école ainsi que la formation des instituteurs pour l’enseignement de cette branche. Cependant, malgré les questionnements toujours actuels concernant l’engagement de musicien pour garantir l’enseignement de la musique à l‘école, ce sont des enseignants généralistes qui se chargent d’éduquer les enfants à la musique depuis de nombreuses années.

Le pédagogue genevois Jaques-Dalcroze (1917) met en doute l’enseignement de la musique par des généralistes dont la formation est insuffisante et qui font preuve parfois d’incompétence. Durant cette période, on met l’accent sur le développement de la perception et la reproduction qui sont source de plaisir et qui créent ainsi le sentiment musical. Cependant, aucun moyen d’enseignement n’est prescrit aux enseignants, à eux de choisir leur méthode.

Maurice Martenot (1996), pédagogue d’un Conservatoire, développe en France, dans les années 1950-1960, l’approche psychopédagogique de l’apprentissage de la musique. Selon lui, le fait que l’enfant soit en contact direct avec la musique favoriserait chez lui la créativité. Il explique que les enseignants généralistes auraient pour tâche de développer l’éveil, l’imagination créatrice, le sens humain… chez l’enfant. Il serait, « un éducateur par l’art et non «un éducateur d’art» (Martenot, 1996).

Les années 1970 en Suisse romande sont marquées par la création du premier moyen d’enseignement pour l’éducation de la musique ; « A vous la musique » (Bertholet et Petignat, 1976/1979/1982/1984). Celui-ci permet de coordonner et d’harmoniser l’éducation musicale en Suisse romande ainsi que de soutenir les instituteurs dans leur travail. Cette méthodologie est fondée sur l’éveil musical ludique, l’imitation musicale ainsi que l’apprentissage musical.

Le GRAP, Groupe romand pour l’Aménagement du Programme, ancien plan d’étude en vigueur de 1989 à 2012, avait créé une nouvelle présentation des objectifs et était un outil permettant une meilleure «appréhension des programmes dans leur ensemble et qui aide à mieux en maîtriser la gestion» (GRAP, 1989). Le GRAP, dans son plan d’études, abordait les notions musicales en les subdivisant en trois domaines différents ; le chant, l’audition et les techniques vocales, comme l’ont fait M. Petignat et N. Bertholet dans «A vous la musique». Car, comme le dit si bien Jean-Louis Petignat (1997):

«Il est primordial de prévoir un enseignement musical qui ne soit pas en dehors de la vie. L’enfant doit trouver des points de comparaison avec ce qui fait sa vie extrascolaire, mais, aussi, doit former son esprit critique envers l’univers sonore qui l’entoure et souvent l’agresse. Il faut une véritable « éducation musicale » et non une heure de chant.» (Schumacher, J. p. 6). De plus, le chant est «un moyen d’expression individuel et collectif qui répond à un besoin de l’enfant. Il est un élément essentiel de l’équilibre affectif». (Cité par Joliat, 2009).

Aujourd’hui, aucun autre moyen qu’«A vous la musique» n’a vu le jour. En revanche, l’arrivée du Plan d’études romand (PER) dans les écoles de Suisse romande a été un appui pour les enseignants dans la conception de leur enseignement musical. En s’aidant des objectifs et des progressions mentionnés dans le PER, l’instituteur a une vision des finalités de cette discipline et peut ainsi réaliser son programme pour l’année scolaire. Le PER prescrit d’autres activités pour enseigner la discipline «Musique», il propose aux enseignants des séquences de mouvements dans l’apprentissage de la lecture des codes musicaux, une méthode active qui favorise cet apprentissage.

Rôle de l’école enfantine dans le développement de l’enfant
La dimension sociale chez l’enfant est favorisée par la mise en place d’activités telles que les comptines ou les rondes en classe. Ces pratiques musicales permettent à l’enfant de s’intégrer dans une culture commune et de partager des émotions identiques, ce qui par conséquent, crée des interactions et des liens sociaux. De plus, le travail de l’écoute en classe décentre l’enfant de «son monologue collectif» comme l’appel Piaget, et favorise son développement social. C’est donc en apprenant des chansons, des comptines et des rondes à l’école, que l’enfant va appréhender la musique. L’éveil musical, dès la naissance du nourrisson, est également un facteur favorisant le développement de l’enfant.

Ainsi, l’école enfantine joue un rôle primordial dans les apprentissages et le développement de l’enfant. Ces premières expériences influencent l’enfant, tant pour son parcours scolaire, que dans son aptitude à appréhender le futur. Son devoir est de développer, de manière globale, le cognitif, l’émotionnel, le social, le moteur et l’affectif de l’enfant afin qu’il puisse devenir le nouveau citoyen de notre société. L’école enfantine prend son essor dans les années 1950. Après la Deuxième Guerre mondiale, les mères partent travailler et délèguent à l’école le soin d’éduquer et de former leur enfant à la vie en société. De plus, l’éclatement des familles causé par les séparations et les divorces accentue le besoin et le rôle prépondérant de l’école enfantine pour la socialisation des enfants. Les activités organisées à l’école enfantine développent les facultés créatrices, le vivre en communauté. Elles favorisent l’épanouissement de l’enfant. De nos jours, l’école enfantine conserve le rôle de garde afin que les parents puissent aller travailler. En plus, elle a également la responsabilité de préparer l’enfant à l’entrée à l’école primaire. Elle guide l’enfant dans son développement social en favorisant et créant des situations d’interactions entre les pairs afin que ceux-ci assimilent de nouveaux apprentissages sociaux, qu’ils émergent de leur égocentrisme et développent la notion d’empathie, de générosité, de partage… qui ne peut que s’acquérir par des interactions entre individus.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1. PROBLEMATIQUE
1.1 IMPORTANCE DE L’OBJET DE RECHERCHE
1.1.1 Question de départ
1.1.2 Motivation
1.2 ÉTAT DE LA QUESTION /CHAMP THEORIQUE ET CONCEPTS
1.2.1 Théorie du développement social chez l’enfant
1.2.2 L’intersubjectivité en musique
1.2.3 Neurones miroirs
1.2.4 La protoconversation
1.2.5 Éducation formelle et apprentissage informel
1.2.6 L’apprentissage et l’enseignement par l’énaction
1.2.7 L’éveil musical
1.2.8 La comptine
1.2.9 La mimorythmie
1.2.10 Communication sensorielle et Silent Way
1.3 QUESTION DE RECHERCHE
1.3.1 Objectifs de recherche
CHAPITRE 2. METHODOLOGIE 
2.1 FONDEMENTS METHODOLOGIQUE
2.1.1 Type de démarche
2.1.2 Type d’approche
2.1.3 Type de recherche
2.2 NATURE DU CORPUS
2.2.1 Récoltes de données
2.2.2 Procédure et protocole de recherche
2.2.3 Échantillonnage
2.3 METHODES ET/OU TECHNIQUES D’ANALYSE DES DONNEES
2.3.1 Transcription
2.3.2 Traitement des données
3.1 PÔLE 1: DONNÉES PERSONNELLES
3.2 PÔLE 2: RAPPORT DE L’ENSEIGNANT À LA MUSIQUE
3.3 PÔLE 3: PRATIQUES ET ACTIVITÉS MUSICALES
3.4 PÔLE 4: MOYENS UTILISÉS PAR LES ENSEIGNANTS
3.5 PÔLE 4: INFLUENCE DE LA MUSIQUE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT
CONCLUSION

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