Théorie didactique de l’écriture 

Théorie didactique de l’écriture 

Choix du sujet

  Dès les premières semaines de notre formation à la Haute Ecole pédagogique de Lausanne, la perspective de devoir écrire un mémoire est une préoccupation presque quotidienne. Le choix de la discipline et l’orientation vers une thématique de plus en plus précise devient un enjeu conséquent et quasi émotionnel. En effet, le premier motif qui nous oriente vers un sujet plutôt qu’un autre est que celui-ci nous plaît. Il n’en a pas été autrement dans notre cas. Nous nous sommes donc tout logiquement dirigées vers la didactique du français et plus particulièrement les réflexions autour de l’écriture et de la réécriture. Quelles sont les raisons de cet attrait? Mis à part notre attachement pour la langue française, nous avons toutes les deux été principalement attirées par la possibilité de travailler sur un fonds d’archives et d’avoir accès à une littérature brute, ainsi qu’à toutes les étapes de composition d’une oeuvre littéraire. Rares sont les occasions d’entrer pareillement dans l’intimité d’un auteur, de parcourir ses dossiers, de découvrir les témoignages de son effort, de contempler la trace de son écriture. Est venu s’ajouter à cela le plaisir de côtoyer un auteur proche de nous géographiquement et dont certains récits évoquent des lieux qui nous sont familiers. Finalement, nous avons également été attirées par des textes à priori moins modernes et moins attractifs et un auteur dont les productions sont peu présentes aussi bien dans le milieu universitaire que dans le milieu scolaire. Les chemins les moins pratiqués sont souvent les plus tentants!Mais cette introspection sur les raisons de notre choix ne serait pas complète si nous n’évoquions également les perspectives qui nous étaient offertes d’exploiter le fruit de nos recherches en classe. Nous sommes en effet persuadées de l’importance de travailler sur les processus d’écriture et de réécriture avec les élèves et des enjeux sous-jacents. La capacité à envisager l’écriture non seulement dans son immédiateté mais aussi comme l’aboutissement d’un travail sans cesse remis sur le métier est une compétence que nous aimerions transmettre à nos élèves. La recherche des outils ici nécessaires a également été pour nous source de motivation.

Génétique des textes

  La génétique des textes est un courant de théorie littéraire qui analyse les manuscrits, les classe et les déchiffre. Elle consiste en une analyse de tous les documents utilisés ou produits par l’auteur lors d’une création littéraire. Ce dépouillement a pour but de déchiffrer et classer ces documents dans un ordre chronologique afin de mieux comprendre la démarche de l’écrivain. Dans un deuxième temps, la génétique textuelle s’emploie à interpréter les résultats de cette première analyse. Ainsi, après un important travail de structuration des divers documents, la génétique des textes relève les différences entre les versions et apporte une interprétation de ces modifications afin de mieux comprendre le cheminement de l’auteur au travers de son travail de création. Par ces deux étapes, la génétique textuelle cherche à reconstituer dans sa globalité le processus de conception et de rédaction d’une oeuvre.Dans nos recherches, nous avons été confrontées à d’autres terminologies se rapportant au même processus, comme par exemple celle de « critique génétique ». Les différents auteurs traitant ce sujet éprouvant, eux-mêmes, des difficultés à s’accorder sur un terme unique, nous avons décidé, par soucis de clarté, de nous cantonner à l’appellation « génétique des textes » pour mentionner ce concept. Nos recherches portant principalement sur les études de PierreMarc de Biasi, nous avons pris le parti d’employer sa terminologie. 

Ratures

  La rature est un instrument de l’écrivain. Elle peut révéler de nombreux mécanismes. Quatre d’entre eux désignent des gestes fondamentaux de l’écriture comme : la substitution,l’ajout, la suppression, ainsi que le transfert. Il existe néanmoins d’autres opérations qui désignent des processus beaucoup moins courants et que nous n’aborderons pas dans notre mémoire car nous ne les avons pas rencontrées. Nous allons maintenant observer plus en détail ces quatre opérations afin de clarifier leur définition, leur rôle et leurs conséquences possibles. La rature fait partie intégrale du travail de l’écrivain. Lors d’une étude sur la génétique textuelle, il est essentiel de connaître ces différents processus et de comprendre leur usage. Dans l’analyse du dossier génétique, nous utiliserons ces diverses opérations pour étayer et expliquer nos interprétations.
Rature de suppression
La rature de suppression est très souvent représentée par une biffure dans le texte. Cette opération résulte simplement d’une décision de supprimer une partie plus ou moins longue du texte. Celle-ci peut concerner la suppression d’un seul et unique mot, pour éviter une répétition par exemple, ou d’une phrase, d’un paragraphe, voire même d’une page complète. Cette rature a pour but d’éliminer de façon définitive une partie du texte et a pour conséquence de raccourcir la longueur de celui-ci.
Rature de substitution
La rature de substitution a également pour base une biffure. Dans un premier temps, l’auteur décide de supprimer une part du texte, mais cette fois-ci, il la remplace par un segment substitutif. En d’autres termes, cette rature peut être décomposée en deux opérations: la suppression, en barrant une partie du texte et l’ajout en inscrivant à la place une nouvelle partie de texte. Il existe trois types de rature de substitution. La substitution place pour place a pour particularité que la partie supprimée est exactement de la même longueur que la partie substituée. La substitution pour ellipse consiste en un segment biffé beaucoup plus long que le segment substitué. Et la substitution pour ajout se compose d’un ajout plus long que la fraction du texte qui est tracée. Cette rature a pour but de remplacer un segment du texte par un autre.
Rature de l’ajout
Quant à lui, l’ajout ne comprend aucune biffure. Cette opération consiste uniquement en l’addition d’un segment de texte de longueur variable. Elle peut se traduire par l’ajout d’un seul mot, d’une phrase, d’un paragraphe, d’une page ou même d’un chapitre intégré dans l’histoire. Une telle action a pour conséquence de rallonger la longueur du texte.
Rature de transfert
La rature de transfert, également nommée rature de déplacement, est l’action de déplacer un segment de texte à un autre endroit dans l’écrit. Cette opération peut être traduite de nombreuses manières dans les manuscrits en fonction des préférences de l’auteur. On trouve parfois des segments encadrés reliés par des flèches à l’endroit indiqué comme le nouvel emplacement du segment. On peut observer aussi des segments biffés, puis ajoutés à une place différente. Ces ratures se retrouvent également souvent comme de simples permutations de mots dans une phrase, mais elles peuvent être aussi de grands chamboulements dans la structure d’un texte. On peut, en outre, considérer le transfert comme une rature de suppression suivi d’un ajout positionné différemment dans le texte. Quelque part dans le récit un segment est biffé par l’écrivain, puis, à un endroit différent, ce même segment, ou presque, y est ajouté.

Chronologie et plan

  Les documents rassemblés autour des manuscrits de la Louve du Noirmont fournissent un très bon exemple de la manière dont Bernard Clavel couche sur le papier les premières idées qui lui viennent pour un nouveau récit et la réflexion qu’il mène quant à la structure interne qu’il souhaite donner à son texte. Ces documents peuvent prendre différentes formes. Premièrement, nous voyons sur la page de garde du feuillet cartonné renfermant le manuscrit autographe, sous le titre « la louve du mont noir », le résumé suivant: « Une louve et son petit fuient après la mort du père. La meute des chasseurs s’acharne. Fuite. Blessure. Furie. Le petit est tué. Après la mort de son petit, la louve devient folle de douleur et parvient à égorger le chien et le chasseur qui ont tué son petit. Après elle peut mourir »13. Nous avons ici la trame principale du roman, qui ne variera que peu par la suite, même si, par exemple, il n’est pas fait mention des deux petites louves. S’agit-il de la trace d’une première idée de récit ou d’un petit résumé faisant suite à la première version du texte? Nous n’avons pas d’arguments nous permettant de trancher pour une hypothèse plutôt qu’une autre, mais nous relevons la nécessité, pour l’écrivain, de circonscrire en quelques mots l’essentiel de l’histoire. Deuxièmement, nous avons une liste de phrases, qui semblent se succéder dans un ordre respectant, dans les grandes lignes, la trame du texte final, mais qui nous apparaissent plus comme une suite d’idées, d’épisodes à insérer dans le récit. Voici un extrait de cette liste:
a rencontré le mâle en février. (hurlements)
fin avril met au monde trois petits.
un an passe.
en octobre les petits chassent ce sont trois beaux louvarts – 2 femelles et un mâle.
fin octobre égorge un mouton.
Nous retrouvons ici certains éléments qui ne changeront plus: la louve personnage principal, l’importance donnée au parallèle entre la temporalité de l’histoire de la meute et celle des saisons et des mois qui s’écoulent, la haine des hommes. D’autres éléments, par contre, seront modifiés par la suite comme, par exemple, le lieu du Noirmont qui apparaît ici comme un mont noir.

Troisièmement, on trouve également deux plans mentionnant les trois parties du récit. Le premier est très succinct puisqu’il ne donne que les titres des trois parties, la belle vie, le sang des bêtes et la neige rouge, ainsi que leur relation aux saisons, printemps-été pour la première, automne pour la deuxième et hiver pour la troisième. Le  deuxième plan est lui plus détaillé, puisqu’il subdivise ce premier découpage en sept sous-chapitres supplémentaires, indiquant chacun les éléments principaux les composant. Ainsi, par exemple, le chapitre 1 de la 1ère partie porte les détails suivants: Le hurlement. Arrivée du solitaire. Février

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Table des matières

1. Première partie : introduction
1.1. Choix du sujet 
1.2. Problématique 
1.3. Méthodologie 
1.4. État de la recherche 
2. Deuxième partie : théorie
2.1. Théorie génétique des textes 
2.1.1. Génétique des textes
2.1.2. Dossier de genèse
2.1.3. Avant-texte
2.1.4. Brouillon
2.1.5. Phases de travail
2.1.6. Ratures
2.2. Théorie didactique de l’écriture 
3. Troisième partie : analyse du corpus
3.1. Analyse du travail préparatoire 
3.1.1. Chronologie et plan
3.1.2. Personnages
3.1.3. Choix du titre
3.2. Analyse des modifications
3.2.1. Additions
3.2.2. Substitutions
3.2.3. Suppressions 

3.3. Interprétations et hypothèses
4. Quatrième partie : didactisation
4.1. Piste didactique 
4.1.1. Éveil de l’intérêt
4.1.2. Planification et personnages
4.1.3. Production initiale
4.1.4. Travail des opérations
4.1.5. Réécriture
5. Cinquième partie : conclusion 
6. Bibliographie 
7. Annexes
7.1. Annexe 1
7.2. Annexe 2
7.3. Annexe 3
7.4. Annexe 4

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