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Matériaux et méthode
Afin de pouvoir faire des comparaisons fiables entre deux méthodes de traduction, nous avons commencé par traduire le texte choisi manuellement, puis laissé le service traducteur de Google traduire le même texte. D´abord nous avons laissé Google traduire les phrases séparément, et puis le texte entier comme un seul document pour voir si le service saurait modifier la traduction avec les phrases enchaînées dans leur contexte. Certains mots, auxquels GT a trouvé des équivalents mal placés, ont également été traduits un à un, ce qui a quelquefois donné différents résultats. Il faut mentionner que si on demande à GT de traduire toute une phrase on ne reçoit qu´une solution, et pas de définitions des mots, mais si on lui donne un seul mot, on obtient des définitions alternatives. C’est-à-dire que pour un mot présenté dans le contexte d´une phrase GT décide arbitrairement de la traduction, alors que pour un mot présenté sans contexte, la décision est laissée au traducteur.
L´extrait du texte traduit vient d´un document de l´UNESCO, un rapport mondial, nommé Investir dans la diversité culturelle et le dialogue interculturel, publié en l´an 2010. L´extrait du texte se trouve dans la première partie, intitulée La diversité culturelle et ses enjeux, dans la deuxième chapitre sous la rubrique Le dialogue interculturel (39). Un résumé du chapitre 2 se trouve au début du document (9) et on y précise que ce chapitre examine l’articulation entre diversité culturelle et dialogue interculturel, et rappelle que les préjugés et la discrimination constituent les principaux obstacles à la compréhension interculturelle. Il insiste sur le lien entre la diversité qui existe entre des individus et des groupes et la diversité qui est présente à l’intérieur de chacun d’eux et propose de nouvelles pistes pour promouvoir le dialogue dans un monde multiculturel.
Les auteurs sont énumérés au début du rapport mais il n´y a pas d´information sur qui a écrit quel chapitre. UNESCO souligne que le rapport mondial est un travail d´équipe et que beaucoup d´experts, et représentants de la société civile et les institutions académiques ont été consultés. D´après la description de ce rapport sur un des sites internet de l´UNESCO, il vise à « faire le point sur tout ce qui se dit, se pense et se fait au nom de la diversité culturelle, et à identifier les conditions nécessaires pour faire de la diversité un atout et non une menace ». Le message du document est résumé dans un mot introductif, par le directeur général de l´UNESCO, Irina Bokova : « En essence, notre monde est une synchronie des cultures dont la coexistence et la pluralité forment l´humanité. Il est tout à fait urgent de placer cette floraison de cultures à l´avant-scène de notre réponse globale à la marche du temps, c’est-à-dire le développement. » (5)
Le texte source, la traduction de Google et la traduction manuelle se trouvent dans le document annexe A, répartis dans trois colonnes verticales. Les colonnes sont divisées en cellules, chaque cellule contenant une phrase du texte source et ses traductions. L´analyse est limitée à quelques exemples représentatifs. Afin de ne pas avoir à citer les phrases plusieurs fois, chaque phrase exemple a été analysée sous les angles jugés les plus pertinents pour l’analyse.
Pour la traduction manuelle, une analyse de texte y compris les idées et les buts généraux de l´organisation UNESCO et le « style habituel » de leurs textes a d’abord été faite. Le texte cible doit refléter les avis de l´organisation (il est précisé sur la frontpage que les opinions exprimées par les auteurs cités ne sont pas nécessairement celles de l´UNESCO) et avoir un ton et un niveau stylistique qui correspondent à d´autres textes publiés par l´organisation. Des textes de référence, comme les documents publiés sur le site internet suédois d´UNESCO (http://www.unesco.se/) ont été consultés pour avoir une idée du vocabulaire convenable.
D´autres sources extratextuelles consultées pour la traduction sont le dictionnaire en ligne Linguee.fr, qui a été d´une telle aide qu´il a suffi comme lexique bilingue. On y trouve de nombreux exemples de passages de textes de l´Union européenne (UE) traduits en suédois (ou du moins en anglais). Le vocabulaire de l´UE et celui d´UNESCO se ressemblent, et se trouvent aussi proches au niveau de formalité. SAOB – Svenska Akademiens Ordbok, Larousse dictionnaire de français et Word reference forum, également trouvés sur l´internet, ont aussi été utiles.
De vrais textes parallèles, comme un rapport mondial d´UNESCO sur un autre sujet (l´éducation ou la science par exemple) traduit en suédois, n´ont pas été trouvés. Mais sur le site suédois d´UNESCO, des textes au sujet de la culture et la diversité culturelle sont publiés qui ont aidé dans la tâche de traduction. « Mångfaldskonventionen » et « Världsarv i Sverige » en sont deux exemples.
Le texte cible (traduit manuellement) a été rédigé plusieurs fois. Les bénéfices de traduire le texte cible avec des théories et méthodes de traduction en tête sont nombreux. En regardant de près chaque passage sous les angles de la structure, la variation du vocabulaire, le sémantisme et la pragmatique la traduction manuelle a été améliorée, même si une traduction n´est jamais finie.
Après avoir présenté nos objectifs et nos matériaux dans l’introduction, nous donnerons un arrière-plan théorique à notre travail dans le chapitre 3 avant de passer à l’analyse de nos matériaux dans le chapitre 4. Le mémoire se terminera par une brève conclusion dans le chapitre 5. Une bibliographie se trouve à la fin.
Cadre théorique
Les traductions automatiques
« Utiliser l’ordinateur pour dépasser la barrière des langues est un rêve ancien. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, des sommes colossales ont été investies pour élaborer une ‘machine à traduire’» écrit Caroline Champsaur dans The Journal of Specialised Translation (2013 : 19). Les traductions automatiques deviennent de plus en plus avancées, et traduire tout un document en quelques minutes ne pose plus de problème. Comme elles sont aussi bon marché, quelques fois gratuites, ce n´est pas étonnant que leur utilisation gagne du terrain. D´après Champsaur Google Translate, ou Google Traduction en français, lancé en 2006, est le site le plus populaire parmi ceux proposant des traductions en ligne immédiates et gratuites (2013 : 21). Cet outil propose des traductions automatiques dans plus de cent langues. En 2012 GT a été, selon le site, le plus grand fournisseur de traductions du monde. Aujourd´hui il permet même de traduire en certaines langues à l´aide de la camera d´un smartphone, il suffit d´installer l´application Google Traduction et photographier le texte qu´on souhaite traduire.
Mais il y a des inconvénients. Rune Ingo rapporte dans Konsten att översätta qu´avec le temps on a vu que les traductions automatiques fonctionnent le mieux pour les textes factuels, comme les bulletins météorologiques et les textes techniques. L´UE les utilise par exemple souvent pour donner un aperçu rapide du texte à traduire, mais la rédaction subséquente du texte est normalement requise (2007 : 353). Une forme de coopération que Mathieu Guidère placerait sans doute sous le terme de traductique ; un mot qui réunit traduction et informatique, et qui désigne « l´ensemble des activités de traduction qui recourent à l´ordinateur ». Il constate que « les deux camps ont appris à cohabiter en harmonie comme les deux volets complémentaires d´une même discipline » (2008 : 37).
Seleskovitch critique dans Interpréter pour traduire les recherches précédentes sur la traduction automatique pour, il lui semble, avoir ignoré qu´on se parle en se communiquant des idées par le moyen d´une langue et non en échangeant tout simplement des fragments d´une langue, et qu´on traduit en transmettant les messages d´un texte et non en transformant seulement les langues (2001 : 116). Elle évoque aussi les efforts qui ont été mis dans les sous-programmes syntaxiques et morphologiques sans que la machine soit toutefois toujours en mesure de traduire, au vrai sens du terme. Le livre a quelques années d’âge, mais cette assertion semble toujours correcte. D´après Seleskovitch c’est dû au fait que les systèmes n´ont pas été fondés sur l´observation de la traduction humaine ou sur la reproduction des procédés qu´elle applique, mais que tous les systèmes partent de l´hypothèse implicite qu´il est possible de traduire des textes en traduisant la langue, et qu´aucun ne tient compte des connaissances extralinguistiques que le traducteur apporte à l´accomplissement de sa tâche. Croire que la traduction humaine peut être expliquée à partir de bases linguistiques l´enferme dans l´analyse sémantique et grammaticale – ce qui ne suffit pas (2001 : 117). Seleskovitch se demande si on peut demander à une machine autre chose que de transcoder, c’est-à-dire substituer le mot d´une langue au mot d´une autre langue, et si la machine atteindra un jour le sens des textes – « l´objet même que le traducteur doit réexprimer ». (En d´autres termes le sujet du présent mémoire). Elle conclut que c’est dans la symbiose entre l´intelligence de l´homme et la rapidité d´exécution de l´automate qu´une machine à traduire pourrait se réaliser (2001 : 123).
Analyse du texte source
Newmark suggère qu´il faut commencer par trouver l´intention du texte, c’est-à-dire l´attitude de l´écrivain (dans ce cas les écrivains et l´envoyeur UNESCO) envers le sujet traité (1988 : 12). Christina Schäffner l´exprime ainsi :
Dans le mot introductif d´Investir dans la diversité culturelle et le dialogue interculturel, Bokova (directeur général de l´UNESCO comme mentionné plus haut) marque le ton et donne la position à adopter en traduisant :
La diversité culturelle est une richesse considérable, une ressource inhérente au genre humain, qui doit être perçue et reconnue comme telle. Il n’existe, par ailleurs, aucune échelle de valeurs entre les cultures : elles sont toutes égales en dignité et en droit, quels que soient le nombre des populations qui s’y réfèrent ou l’étendue des territoires où elles se fondent. (Bokova, « Mot introductif » ; III)
Le texte cible doit alors être positif, et présenter les défis dont il parle comme des défis raisonnables. Le sens global du texte peut être résumé par une citation du rapport :
[…] la diversité culturelle a pour corollaire le dialogue interculturel, dont les initiatives doivent se démultiplier à tous les niveaux. La diversité culturelle renvoie au processus dynamique par lequel les cultures se transforment tout en demeurant elles-mêmes, dans une ouverture permanente les unes aux autres (5).
D´après Newmark, Nida appellerait sans doute ce texte un texte de discussion, puisqu´il contient des traitements des idées, met l’emphase sur les substantifs abstraits, les verbes de pensée, l’activité mentale, les arguments logiques et des connecteurs. (Newmark 1988 : 13)
Texte cible et lecteurs cibles
La traduction manuelle a eu pour balise les idées de Christiane Nord sur les aspects de fonction et de loyauté. En bref, le texte cible devrait fonctionner « in the intended way in the target situation » et en même temps « show loyalty to the source-text sender, the target-text adressees and the initiator ». (Nord 1997 : 126) Nord soulève aussi l´aspect démocratique qui doit préférablement être pris en considération pour la traduction – le texte doit être compris par « tout le monde ». (1997 : 137). En ce qui concerne les récepteurs imaginés du texte, on peut supposer que ceux du texte source et ceux du texte cible se ressemblent. Sans doute ont-ils à peu près le même âge, niveau de formation, niveau de vie et façon de regarder le monde. Les différences culturelles ne devraient donc pas poser de problèmes pour ce genre de texte.
Sur un plan général les mots clés que donne Newmark pour écrire le texte cible: « dexterously, clearly, economically and resourcefully » ont aidé à la rédaction de la traduction manuelle (1988 : 3). De nombreuses phrases ont été réécrites avec moins de mots et un sens plus facile à trouver. De cette facon, nous rejoignons l’idée de Ingo lorsqu’il cite Nida et Taber qui précisent que « translating consists in reproducing in the receptor language the closest natural equivalent of the source language message, first in terms of meaning and secondly in terms of style. » (2007 : 14). Cette idée est un bon guide pour traduire un texte idéologique. Le traducteur doit focaliser le message – mais ne pas oublier le style, qui influence la manière dont le texte est perçu.
Style
Dans un texte idéologique il s´agit normalement de convaincre le lecteur (plus ou moins), et un texte bien écrit a plus de chance de réussir. Le lecteur est influencé par l´atmosphère et l´esthétique du texte, à côté du message explicite. Newmark suggère qu´on analyse le texte source pour trouver le bon niveau de formalité, de généralité (ou spécificité) et d’émotivité en traduisant. Pour le degré de formalité la traduction manuelle voudrait se placer entre celui formel et celui neutre. Pour le degré de généralité, neutre – éduqué semble le meilleur choix. Finalement, pour le degré d´émotivité l´ambition a été de le placer entre chaleureux et factuel. (1988 : 14)
Pour des textes parallèles nous n´avons pas trouvé de texte traduit en français et en suédois par l’UNESCO, mais sur le site internet de la branche suédoise divers documents suédois sont publiés, qui ont donné une idée du ton et du style à chercher. En traduisant manuellement, le défi a surtout été de trouver les mots qui communiquent les valeurs de l´UNESCO correctement dans la langue cible. L´organisation coopère et partage ses valeurs avec l´UE (Europa. Une constitution pour l’Europe) et le vocabulaire cible est influencé par celui de l´UE. Les textes des deux organisations se correspondent bien au niveau du style et de la formalité.
La traduction idéale serait conçue comme crédible, fiable et sérieuse. Elle devrait aussi être claire, pour que le message soit facile à comprendre. Le côté de loyauté au texte source demande prudence et réflexion – deux aspects qu´une traduction automatique ne peut pas prendre en considération.
Sens
Dans un article Georges L. Bastin (2004 : 157) donne cette simple définition du mot sens, comme utilisé dans le champ de la traductologie: « l´appréhension du vouloir-dire (dans l´esprit de l´énonciateur), et la réexpression de ce dernier pour devenir sens (dans l´esprit du destinataire). » Newmark (1988 : 5) constate qu´une traduction devrait rendre « the meaning of the text into another language in the way that the author intended the text ». Il y a une distinction entre la signification des mots et leur sens contextuel, ce que Hong Van précise :
Le sens n’est pas à confondre avec la signification des mots d’une langue; il naît dans une situation d’interlocution ou de communication où s’unissent le savoir linguistique et le savoir extralinguistique pour permettre la compréhension. […] Le traducteur doit distinguer le sens, objet de son activité, de la signification décrite dans les dictionnaires; il doit garder toujours à l’esprit que, isolé de tout contexte, un mot ou même une phrase n’a que des virtualités de sens. (Hong Van 2010 : 146)
Nida l´éxplique ainsi : « the meaning of any word or discourse can be adequately determined only on the basis of the total set of communication contexts in which it may occur. » (1979 : 101)
Le sens transmis dépend de beaucoup de facteurs comme compréhensibilité, connotations et style. Les aspects de la traduction qui ont été discutés et précisés dans ce cadre théorique vont donc nous donner une bonne base pour l’analyse des traductions du chapitre suivant.
Analyse
Dans ce chapitre nous allons examiner dans quelle mesure Google Traduction arrive à transmettre l´intention du texte en question, surtout ce qui se passe avec les dénotations et les connotations des mots. D´autres aspects soulevés sont les changements grammaticaux et structurels. Toutes les phrases ne sont pas commentées, mais nous avons essayé de choisir des phrases exemples qui représentent bien les difficultés de GT. Les mots ou parties ciblés dans l´analyse de la phrase sont en italiques. Il arrive à Google de ne pas traduire des petits mots simples. Cela influence la compréhensibilité et la lisibilité de manière négative, mais GT trouve des équivalents langagiers pour tous les mots plus pertinents. Ces mots ne correspondent pas toujours aux dénotations du mot source, comme on le verra, mais sont des traductions correctes d´un des sens possibles du mot. Les deux ou trois mots que Google n´a pas pu traduire en suédois ont été traduits en anglais.
Connotations
Quelquefois ce sont des aspects plus subtils, comme les connotations des mots qui influencent le texte. Le choix de GT de traduire liés par kopplade paraît ici un peu étrange. Normalement on n´associe pas le mot kopplade à människor, s´il ne s´agit pas d´une construction technique. Le mot förhållande quand il s´agit d´êtres humains n´est pas tout à fait mal placé, mais il nous semble qu´aujourd´hui on l´emploie le plus souvent quand il s´agit de relations amoureuses, et Wiktionary – source qui devait pouvoir être conçue comme fiable quand il s´agit de la langue quotidienne – confirme cette impression. Les mots relaterar et relation devaient être de meilleures alternatives. Changements grammaticaux
On voit que Google a mis du travail sur la grammaire – même si les changements grammaticaux ne sont pas toujours conséquents, ni n´améliorent toujours le texte. Dans cet exemple les êtres humains perd son article et devient människor au lieu de människor-na. Cela fonctionne bien dans le texte – sans doute que GT a compris une particularité grammaticale du français – l’article défini indique les êtres humains en général. Mais il répète la stratégie sans raison apparente pour la culture, qui devient odling (dénotation discutée plus haut). Par contre, le mot la société au milieu de la phrase a gardé sa forme définie, GT traduit par företag-et. Ces problèmes peuvent être dus à la construction sur une base statistique, car il arrive souvent que la traduction à la forme indéfinie soit plus idiomatique en suédois. Dans plusieurs des cas la traduction « incorrecte », ou libre, de GT est identique à la traduction manuelle, et ne pose alors aucun problème. Mais dans les cas où cela ne fonctionne pas, le lecteur a du mal à suivre le texte et son sens.
Changements grammaticaux
La grammaire de cette phrase source est avancée et les choix grammaticaux de GT la rendent entièrement incompréhensible. Les verbes décrivons et analysons sont dans le texte source conjugués avec le pronom nous, sans que nous soit répété. GT les a traduit à l´infinitif ; beskriva et analysera. Pourtant, dans un texte français, la conjugaison de la traduction suédoise qu´il faut est évident – décrivons devrait être traduit vi beskriver ou beskriver. De même pour analysons qui devrait devenir analyserar. Les résultats sont les mêmes quand on donne les mots seuls à GT, mais si on ajoute nous devant le verbe la conjugaison suédoise est correcte : beskriver, analyserar. (Vi devrait être ajouté au début, comme c’est inclut dans la conjugaison française.) Résultats un peu étonnant, puisque ce sont des exemples de grammaire « de base ».
Structure et grammaire
L´utilisation de ces/dessa/de här nous semble beaucoup plus courante en français qu´en suédois. Une recherche sur google.fr et une autre sur google.se paraissent confirmer cette impression avec 730 000 000 résultats pour ces, et 227 000 000 résultats pour dessa respectivement 7 470 000 pour de här ». Les résultats ne sont pas tout à fait sûrs (CES est utilisé comme abréviation, il y a quelques résultats en anglais etc.), mais une si grande différence devrait dire quelque chose. Dans la version manuelle nous avons choisi d´utiliser la forme indéfinie pour översättningar, au lieu de traduire ces.
Dénotations et connotations
La traduction de caractères endogènes n´est pas évidente et le choix entre les deux traductions relativement libres de lokala sedvänjor et inhemska företeelser ne l´est pas non plus, mais ce dont aucun Suédois ne doute c’est que dans ce texte les deux expressions sont meilleures que endogen karaktär. Linguee.se montre que l´expression lokala sedvänjor a souvent été utilisé par l´UE. Comme on n´a pas la possibilité de discuter le texte avec les auteurs, on n´a qu´à espérer que cette expression correspond suffisamment bien à l´idée originelle.
La première version de la traduction manuelle était : Dessa översättningar smälter samman med inhemska företeelser och nya traditioner föds inom ramen för det komplexa byggandet av kulturer och civilisationer. Mais l´idée d´insérer ram pour traduire aussi littéralement que possible a été laissé de côté, afin de construire une phrase plus économique et plus claire.
Le mot tectonique est souvent utilisé en géologie, en français comme en suédois (tektonik). Dans SAOB on trouve qu´on peut employer le mot tektonik pour byggnadskonst. Byggandet est une simplification qui semble nécessaire et rend le texte compréhensible à plus de lecteurs. Une culture ou une civilisation ne peut pas être tektonisk, comme dans la traduction de GT. Nous trouvons soutien chez Newmark « Le traducteur doit traduire – même si ça veut aussi dire simplifier, réduire, clarifier. » (1988 : 12) et Nida qui propose que « la traduction consiste à produire dans la langue d’arrivée l’équivalent naturel le plus proche du message de la langue de départ, d’abord quant à la signification, puis quant au style » (Gonzalez 2003).
Grammaire et structure GT a bien réussi cet aspect de la traduction, il n´y a que le den au lieu d´un det avant samspelet qui ne fonctionne pas. Compréhension, dénotations et connotations La phrase source est complexe, et nous ne sommes pas sûrs de la traduction manuelle. Mais c’est certain que la traduction trans länkar pour liens transculturel n´est pas bonne. Il y a sans doute une meilleure alternative que kulturöverskridande samband, mais comme on a déjà constaté : le traducteur doit traduire, faire de son mieux. L´interprétation de la phrase est un peu incertaine – s´agit-il de l´interaction complexe d´identités multiples à l´intérieur d´un individu ? Il faudrait alors écrire inom au lieu de mellan. Le choix de mångfacetterade pour remplacer multiples ne rend pas la phrase très claire, mais l´altérnative mångfaldiga ne fonctionne pas si on consulte SAOB et multipla identiteter donne à penser à la schizophrénie. Dans la tâche de traduire il faut chercher ici et là et mångfacetterade trouve soutien dans le document même, dans les mots.
Dénotations
Un exemple dont les problèmes ressemblent à ceux de l´exemple 122. La première partie de la traduction est bonne, mais il est difficile de voir la logique derrière la deuxième partie. Les mots voyages d´études d´un semestre sont étrangement traduits – la phrase de GT fait croire que les participants vont étudier la danse. Et pourtant tous ces mots sont courants et faciles à traduire. Y a-t-il une faute humaine dans la programmation informatique ?
Conclusion
La vitesse avec laquelle Google est capable de traduire un texte de 3000 mots est impressionnante, que ce soit possible en une langue de peu d’envergure comme le suédois aussi. Sans doute la qualité aurait-elle été meilleure lors d´une traduction du français en anglais. Mais pour la traduction de ce texte comme un tout, Google Traduction a provoqué beaucoup de confusion. Si on voulait se servir du programme pour traduire des textes semblables à celui-ci dans un cadre professionnel la rédaction du texte produit aurait sans doute demandé plus de temps que la traduction manuelle directe.
L´étude de cette traduction de Google montre clairement l´importance de connaître le thème du texte pour pouvoir bien traduire, ainsi que l´importance des détails et de la grammaire – traduire correctement les mots clés ne porte pas loin, mais si les mots clés sont mal traduits, l´effet est important. Le plus souvent GT comprend les mots, mais n´arrive pas à réexprimer leur sens dans la phrase. Le programme a aussi beaucoup de difficultés avec la concordance des temps et d´autres problèmes grammaticaux.
« Apprendre à traduire serait, en définitive, apprendre à penser pour rendre fidèlement les idées d´un autre » écrit Jean Delisle (1984 : 18) dans un article sur l´analyse du discours comme méthode de traduction. Les « textes d´idées » sont alors, comme nous avons déjà constaté, mal adaptés pour les traductions automatiques. La traduction de Google donne souvent un aperçu du sujet, ce à quoi Ingo remarque que les traductions automatiques sont souvent utiles (2007 : 353) – et il y a des phrases qui ont été presque parfaitement traduites – mais la différence entre les deux traductions est grande et il faut dire que, à quelques exceptions près, GT n´arrive pas à transmettre l´intention des écrivains. Le message est modifié, et souvent tellement changé qu´on ne pourrait pas deviner les pensées du texte source. Quelquefois cette différence est due à la polysémie ou à l´homonymie. Dans d´autres cas c’est plus subtil, comme des connotations mal placées. Mais la perte du sens est souvent due à des difficultés grammaticales qui rendent le texte trop étrange, trop fatiguant à lire. On tend aussi à ne pas faire confiance à un texte si mal composé, qui mène à tant de questions et tant d´incertitudes. Cela dit, comme mentionné plus haut, Google Traduction est un programme utile comme dictionnaire, même s´il y en a de meilleurs en ligne. La traduction de GT est un bon exemple de ce que Lederer (2001 : 292) appelle « transcodage », et comme mentionné dans l´introduction elle trouve que le transcodage rend la communication plus difficile. Mais il y a des cas, d´après Lederer, ou le transcodage est licite, et d´autres où il faut recréer les équivalences. Son jugement paraît toujours vrai : les programmes automatiques, comme les banques de données terminologiques peuvent « soulager les traducteurs du travail mécanique de recherche purement terminologique, tandis qu´ils continuent à fournir le travail de comprendre le sens d´un argument pour trouver la forme qui l´exprime clairement dans l´autre langue » (2001 : 293).
D´après Lederer « les idées, les arguments et les raisonnements supportent mal la transposition directe » (2001 : 286). En lisant la traduction de Google on se rend rapidement compte que le document n´est pas bien adapté pour ce programme. On peut peut-être en conclure que GT n´est pas en premier lieu construit pour traduire les textes idéologiques, mais plutôt les textes commerciaux et techniques.
Un des points forts des traductions automatiques est qu´elles sont objectives, ce qui pourrait être considéré comme un avantage par l´auteur d´un texte idéologique. Mais, il paraît peu probable qu´un ordinateur puisse bientôt traduire un texte idéologique objectivement. Les chaînes d´idées dans un tel texte sont trop complexes. Il y a trop d´associations possibles, dans trop de champs différents, il y a trop de chemins que le texte peut prendre.
En somme GT n´a pas pu interpréter l´intention ou les valeurs morales et politiques qui ont guidé les auteurs, et les problèmes au niveau grammatical diminuent la lisibilité du texte. Ces difficultés ensemble donnent un texte cible impossible à comprendre comme un tout, bien que, si on connaît le contexte – le thème et l´envoyeur – on puisse deviner le message au travers des phrases énigmatiques qu´a créées GT. L´impression globale du programme est que ses possibilités sont surprenantes, mais pour avoir ce que Seleskovitch appelle une (vraie) machine à traduire, il reste du travail à faire à Google (2001 : 123).
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Table des matières
1. Introduction
1.2. Objectif et question de recherche
2. Matériaux et méthode
3. Théorie
3.1. Les traductions automatiques
3.2. Analyse du texte source
3.3. Texte cible et lecteurs cibles
3.4. Style
3.5. Sens
4. Analyse
5. Conclusion
6. Bibliographie
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