Tests rythmiques avec un objectif medical

TESTS RYTHMIQUES AVEC UN OBJECTIF MEDICAL 

Pour évaluer notre hypothèse que la musique indienne pourrait être apaisante, nous avons rencontré, le 15 juin 2017, Edith Lecourt, professeur émérite de psychologie clinique à l’Université Paris-Descartes (V). Elle est également musicienne, musicothérapeute et co-fondatrice de l’Association française de musicothérapie . Nous avons longuement discuté avec elle de la relation entre le rythme et Alzheimer, et le professeur Lecourt nous a confortés dans les choix stratégiques et méthodologiques initiaux de notre recherche.

Environnements d’écoutes sonores hindoustani et carnatique

Concert in-situ de validation

Nous présentons ici le déroulé de notre démonstration, qui débute par les résultats d’une recherche qualitative, car nous avons en effet effectué différentes phases d’investigation sur l’écoute rythmique, et c’est à partir de ces résultats et de ces discussions que nous avons analysés, par comparaison, ces études. Pour cela, nous avons procédé à différentes sessions d’écoute sonore en groupes, sous forme de concerts ou de diffusions d’enregistrements audionumériques, et ce afin d’évaluer la manière dont ce type de musique généralement inconnu était reçu par un public occidental.

La première écoute était un concert joué par John Boswell au pakhâwaj et au tabla, et par Philippe Bruguière, au rudra-vina. La performance a pris place le 03 février 2017 à la Cité internationale des arts à Paris pendant 1 h 21min 51s (20). Elle a été réalisée dans le cadre d’un événement de lancement de la nouvelle chaire Arts & Sciences portée par l’EnsAD et l’Ecole polytechnique et financée par la fondation Carasso. L’événement s’est déroulé pendant trente-six heures non-stop. Nous y avons été invités par Valérie Pihet, co-fondatrice de Dingdingdong, un Institut de coproduction de savoir sur la maladie de Huntington. L’objectif final était de réaliser un sondage auprès du public sur les différents effets que pouvait produire la musique indienne. La salle faisait vingt-cinq mètres carrés, et des matelas et coussins étaient disposés au sol ; il n’y avait qu’un seul fauteuil, et la lumière était un peu tamisée. Vingt-deux personnes âgées de vingt-cinq à cinquante ans ont participé au sondage, dont huit hommes et quatorze femmes, sans trouble cognitif connu. Un questionnaire de quatorze questions orientées vers leur ressenti du rythme pendant l’écoute sonore a été distribué aux auditeurs .

Avant de commencer l’écoute, une introduction de vingt minutes sur l’objectif de la recherche a été donnée, poursuivie par une présentation des musiciens et de leurs instruments. Chacun des intervenants a ensuite introduit les notions de râgas et de tâlas, à l’aide de démonstrations individuelles. John Boswell a ainsi mis en avant les différences entre la musique carnatique et la musique hindoustani et a évoqué la notion des sept temps dite Djuna (swing, comme une balançoire) : « 123, 12, 12, 123, 12… ». Lors de sa démonstration, il a également effectué des variations de tempo avec les tablas en modifiant les cycles de temps (écoute sonore). Philippe Bruguière a, quant à lui, présenté le Rudra-vina, dont il a appris à jouer pendant ses dix années passées en Inde ; c’est un instrument très peu utilisé aujourd’hui, bien qu’il ait été joué dans les cours mongoles, indiennes et musulmanes. C’était un instrument de cour qui se jouait debout, mais le prince accordait occasionnellement au musicien le droit de jouer à genoux, avec l’instrument porté sur le dos. Il en existe une représentation datant de la fin du Vème siècle, sur une fresque dans une grotte à Ajanta, dessinée sous la forme d’un tube avec résonateur, mais sa conception a évolué vers le XVIIIème siècle. Cependant, c’est au XIXème siècle que le sitar et le vinai sont apparus et ont pris le devant de la scène en reléguant le Rudra-vina à l’arrière-plan. Philippe Bruguière nous a proposé un Drupade, qui est un genre musical ancien issu du XVème siècle, lorsque des musiciens venant du Sud et du Nord de l’Inde se sont réunis afin d’élaborer une méthodologie pour accorder le chant et le vinai ; c’est un travail fait dans la lenteur.

Les deux musiciens nous ont donc proposé deux râgas : un d’après-midi et un de matinée. Il s’agissait d’un alāp en trois mouvements sur les trois octaves de l’instrument, suivi d’une composition en douze temps avec le pakhâwaj, au bout de dix-huit minutes. Les intervenants ont ensuite expliqué au public les cycles de temps pour le tâla, ainsi que les râgas – qui sont des séquences de notes ascendantes et descendantes (« colorer l’esprit ») -, puis l’accordage de l’instrument et ses différentes variations de tons. Avant de jouer, ils ont expliqué le lien entre les femmes enceintes et la notion de flux pour les relaxer, et nous avons finalement donné quelques informations sur la musicothérapie et son efficacité.

La troisième phase de la séance consistait en l’écoute musicale d’un morceau très lent, avec quelques variantes de notes et parfois quelques accélérations du pakhâwaj ; celle-ci a duré vingt-cinq minutes.

Nous avons ensuite demandé au public de répondre à un sondage par écrit. Au bout d’une vingtaine de minutes, les auditeurs nous ont rendu le questionnaire et réclamé un autre morceau avant de finir le concert. Voici les principales réponses des auditeurs.

• Pour la question « Croyez-vous aux bienfaits de la musicothérapie ? », vingtdeux sur vingt-trois participants ont répondu positivement aux bienfaits de la musicothérapie. En revanche, en ce qui concernait les explications sur la structure musicale, trois sondés ont pensé que cela avait manqué d’images : ils auraient souhaité voir différents types de musiques, plus de détails à propos de l’influence sur le système neuronal et davantage d’explications sur les structures musicales.
• Pour la question concernant le temps d’écoute choisi (24 min), nous avons obtenu l’unanimité ; les auditeurs ont apprécié et auraient même souhaité qu’elle dure encore plus longtemps, allant d’une à deux heures.
• La question traitant du sujet des variations de tempo (lent/rapide) a montré que seulement quatre personnes ne les avaient pas ressenties ; cependant, les autres avaient toutes perçu la fluctuation entre les tempos lent et rapide.
• Pour la question « Comment décririez-vous les sensations ressenties à l’écoute des tâlas ? », nous avions proposé des réponses à choix multiples, et quatorze personnes sondées ont ressenti de la relaxation, dix-huit, de l’apaisement, deux, de l’irritation et le dernier, rien du tout.
• Par rapport à l’influence du ressenti à travers le rythme, vingt-et-une personne ont répondu favorablement, tandis que deux n’ont rien ressenti.
• Nous avons également questionné les participants sur leur degré d’apaisement, à l’aide d’une échelle allant de 0 à 10 (0 pour aucun, 1 pour faible, 10 pour fort). Quatorze personnes ont eu un ressenti fort (8 à 10), cinq personnes ont mis une moyenne de 6 à 7, et les autres n’ont rien répondu. Du fait qu’il y avait trois instruments de percussion, nous souhaitions savoir quel était l’instrument qui semblait le plus offrir une sensation d’apaisement : les tablas ont obtenu quatre réponses favorables, le pakhâwaj, sept, et le Binkar, treize.
• Nous les avons également interrogés sur les manières d’expérimenter à nouveau l’événement. Quatorze personnes étaient pour réessayer – dont deux régulièrement-, quatre, dans une posture allongée, deux, en train de danser ou de faire des mouvements avec une immersion totale, deux autres encore, sans lumière. Certains nous ont parlé du manque de commodités dans la salle et d’autres auraient même souhaité vivre l’expérience chez eux. Seulement trois personnes n’ont rien répondu à cette question.
• A propos des avis sur l’expérience musicale, les commentaires suivants se sont démarqués : « très chaude et profonde, travail somatique, envoûtante, intéressante avec les explications, apaisement, nouvelle, intime, cool relaxante, très positif, bonne sensation du rythme, joyeux, participatif, découverte d’autres cultures ».
• En ce qui concerne la dernière question, quinze personnes conseilleraient ce type d’activité d’écoute musicale à leurs parents ou grands-parents, deux ont répondu «non » et cinq étaient sans avis.

Cette séance d’écoute nous a donc permis de cibler en profondeur notre recherche des points de vue rythmique et mélodique, de mettre en place la structure de la future composition carnatique, et de choisir le type d’instrument à privilégier en fonction de son rendu sonore (tessiture).

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Table des matières

INTRODUCTION
A. SOMMAIRE
B. REMERCIEMENTS
C. PRESENTATION
I. NOTE À L’INTENTION DU LECTEUR
II. PRÉLUDE
III. PROBLÉMATIQUE
IV. HYPOTHÈSE
V. CONTRIBUTIONS
VI. STRUCTURE
D.Tala Sound, perceptions des rythmes carnatiques dans un contexte extra-européens auprès des patients Alzheimer et Seniors
I. CONTEXTE D’UNE RECHERCHE EN DESIGN SONORE MEDICAL PEDAGOGIQUE EN LIEN AVEC UNE CULTURE EXTRAEUROPEENNE
1. Faculté d’exécution musicale du cerveau de l’homme
1) Cerveau sonore
2) Ecoute musicale
3) Alzheimer et trouble mental
2. Histoire des musicothérapies française et indienne
1) Musicothérapie
2) Musique carnatique et hindoustani
3) Design sonore
3. Contexte du design médical et de sa méthodologie pédagogique
1) Design médical
2) Dispositif médical
3) Pédagogie
II. TESTS RYTHMIQUES AVEC UN OBJECTIF MEDICAL
1. Environnements d’écoutes sonores hindoustani et carnatique
1) Concert in-situ de validation
2) Evaluation en milieu associatif
3) Evaluation dans une résidence privée
2. Perceptions extra-européennes
1) Rythme ancestral
a) Musique carnatique
b) Perceptions sonores et musicale
c) Perception de la musique indienne
2) Le cinéma indien comme lien culturel rythmique
a) Perception rythmique
b) Perception rythmique et musique indienne
c) Rythme et mouvement
3) Perception métrique
a) Métrique européenne
b) Métrique indienne
3. Construction d’un cahier de charges rythmiques
1) Mise en situation
a) Enregistrement rythmique
b) Composition
c) Perception en Europe d’un autre monde rythmique
2) Anamnèse culturelle dans Tala Sound
a) La transe carnatique
b) Rythme dans la musique du cinéma indien
III. TESSITURE SONORE ET CONSTRUCTION D’UNE CULTURE SONORE
1. Tabla et mridangam, choix instrumental
1) Instruments caractéristiques
a) Présentation
b) Timbre
c) Standardisation
2) Le temps de deux mondes
a) Europe
b) L’Inde
3) Hôpital Paul Brousse
a) Caractéristiques de l’étude Tala médical en milieu médicalisé
b) Données
c) Bilan
2. Les rythmes du musicothérapeute
1) Musique et mouvement
2) Les musicothérapeutes
3) Sondage sur la perception des rythmes en musicothérapie
4) Une pratique contestée
3. Cross Culture
1) Etrangeté culturelle
2) Croisement métissé
3) Cohésion culturelle rythmique
CONCLUSION

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