Tératogénicité des médicaments antiépileptiques

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Dialectique Epilepsie- Grossesse

La stigmatisation des patients épileptiques retentit sur leurs choix relatifs à la santé de la reproduction. La stérilisation des patients épileptiques était légale dans certaines régions des Etats-Unis jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle, et jusqu’en 1980, certains Etats disposaient encore de lois interdisant aux épileptiques de se marier (14). Même aujourd’hui, malgré la croissance substantielle de notre compréhension de la grossesse et de l’épilepsie, beaucoup de femmes épileptiques reçoivent encore des informations erronées. Ces informations sous-tendent qu’elles ne devraient pas envisager la grossesse, ce qui peut les dissuader d’aborder la question cruciale de la santé reproductive avec leurs médecins traitants.
Souvent, les femmes méconnaissent les effets tératogènes des médicaments antiépileptiques et leurs interactions avec les œstroprogestatifs, et nombreuses sont les grossesses non planifiées (10). Par crainte des effets de l’épilepsie et des médicaments antiépileptiques, les patientes peuvent éviter la grossesse ou diminuer voire arrêter leur médication, lorsqu’elles tombent enceintes (26). Par conséquent, il est important pour les neurologues d’aborder tôt les questions-clés que sont la contraception et la grossesse, et ceci de façon régulière au cours du suivi. Une minorité de femmes déclare que ces discussions sur la contraception et la grossesse sont initiées par leurs médecins traitants, et plus d’un tiers disent que ces points ne sont jamais abordés (45). La plupart des femmes épileptiques auront besoin de garder leur traitement durant la grossesse. Il est indispensable d’informer sur les risques liés aux crises durant la grossesse, les crises tonico-cloniques exposent le fœtus à l’anoxie et augmentent le risque de traumatismes maternels (38). Les contractions utérines et les variations du rythme cardiaque fœtal ont été démontrées durant les crises focales avec perte de conscience (38). Les crises durant la grossesse peuvent donc augmenter le risque d’accouchement prématuré et de nourrissons avec retard statural par rapport à l’âge gestationnel (8).
L’enquête confidentielle menée au Royaume-Uni sur les décès maternels a démontré dix fois plus de mortalité parmi les femmes épileptiques durant la grossesse et la période du post-partum. La majorité de ces décès était attribuée à la mort inattendue soudaine en cas d’épilepsie (SUDEP), qui souligne la nécessité de l’observance thérapeutique et de la surveillance thérapeutique de même qu’un counseling prénatal.
Bien que les risques liés à la prise de médicaments antiépileptiques durant la grossesse existent, ces risques peuvent être réduits au minimum par un counseling anténatal précoce. En effet, la plupart des grossesses ne sont pas programmées. Le counseling prénatal doit débuter en même temps que la prescription du 1er antiépileptique à une femme en âge de procréer, ce qui est souvent bien avant que la patiente n’exprime l’intérêt de tomber enceinte.

Tératogénicité des médicaments antiépileptiques A. Médicaments antiépileptiques (MAE)

Au cours de la grossesse, les concentrations plasmatiques des médicaments antiépileptiques peuvent fluctuer à cause des modifications physiologiques d’absorption, de l’augmentation de la clairance rénale, de l’altération de la clairance hépatique, de l’augmentation de la distribution du volume plasmatique et de l’induction enzymatique hépatique des hormones stéroïdes féminines [Leppik and Rask, 1988]. Ces paramètres varient en fonction des médicaments antiépileptiques utilisés. Pendant la grossesse, l’absorption peut être altérée du fait de la diminution du tonus et de la motilité gastrique; cependant, ceci n’a pas été prouvé dans les études. Les nausées et vomissements peuvent affecter l’ingestion des médicaments, spécialement durant le 1er trimestre. Le volume de distribution augmente avec la prise de poids et l’augmentation du volume plasmatique. Une augmentation du volume corporel total en eau aboutit à une augmentation de 40% du volume plasmatique [McAuley and Anderson, 2002]. En outre, les changements dans l’activité enzymatique des médicaments hépatiques, le débit sanguin et les protéines de transport peuvent affecter l’élimination hépatique des médicaments antiépileptiques [Zhao et al.2014]. Ces modifications sont principalement marquées pour les médicaments antiépileptiques métabolisés par nicotinamide adeninedinucleotide phosphate (NADPH), cytochrome P450 reductase enzymes, uridinediphosphate glucose (UDP) glucuronosyltransferases et pour les médicaments antiépileptiques éliminés par excrétion rénale. En général, l’augmentation de la clairance peut modifier les concentrations sanguines et requiert l’ajustement des doses afin de maintenir les taux circulants antérieurs à la grossesse. Une réduction des taux sanguins de MAE supérieure à 35% par rapport aux valeurs initiales (avant la grossesse) peut entrainer une augmentation de la fréquence des crises chez certaines patientes [Reisinger et al. 2013]. Idéalement, les concentrations plasmatiques cibles des MAE doivent être déterminées individuellement pour chaque patiente en se basant sur l’historique des crises et les concentrations thérapeutiques pendant la période de préconception. L’objectif est de maintenir ce taux cible de MAE durant toute la grossesse dans le but d’éviter les crises ; les doses de MAE peuvent être modifiées si nécessaire.
Les MAE qui entrainent moins de malformations congénitales majeures comme la Lamotrigine (LTG), le Lévétiracétam (LEV) et l’Oxcarbazépine (OXC), sont souvent préférées chez les femmes épileptiques envisageant la grossesse. Ces MAE ont une clairance élevée avec modifications des concentrations plasmatiques durant la gestation et requièrent une surveillance étroite. Plusieurs études ont montré une augmentation de la clairance de LTG et LEV durant la grossesse [Tran et al. 2002 ; Reisinger et al. 2013 ; Petrenaite et al. 2009 ; Pennel et al. 2008]. Une étude observationnelle de 53 femmes enceintes sous LTG a révélé que la clairance moyenne totale de LTG avait augmenté à 94% au 3e trimestre par rapport à celle des femmes épileptiques non enceintes. De plus, les auteurs ont démontré, au cours du 2e semestre, qu’une concentration de LTG inférieure à 65% de la concentration cible initiale de l’individu peut prédire l’aggravation des crises [Pennell et al. 2008]. Une autre étude a également révélé que la clairance maximale moyenne de LTG augmentait de 191% pour 69 femmes épileptiques sous LTG en monothérapie et de 207% pour 15 patients sous monothérapie LEV au cours du deuxième trimestre de grossesse comparée à la clairance des femmes épileptiques non enceintes [Reisinger et al. 2013]. Il est intéressant de noter que, dans cette même étude, il a été démontré que la clairance des LTG avait une variabilité marquée suivant la grossesse, suggérant que les changements de clairance de LTG observés lors de la première grossesse peuvent ne pas être reproduits dans la 2e grossesse pour la même patiente [Reisinger et al.2013]. Une autre étude évaluait le taux de clairance orale de LTG durant la grossesse et la période du postpartum avec une approche basée sur un modèle ; 60 grossesses ont été étudiées et 2 sous-populations ont été identifiées. On observait une augmentation marquée de la clairance de LTG chez la majorité des femmes (77%) alors que 23% avaient une augmentation minimale de la clairance de LTG par rapport au niveau de base [Polepally et al. 2014]. Les auteurs de cette étude suggèrent que la variation génotypique peut affecter l’activité et l’induction de UGT1A4 ; néanmoins, il faut d’autres études pour clarifier cela [Polepally et al. 2014]. Ces études soulignent l’importance de la surveillance des concentrations en MAE pendant la grossesse pour prévenir l’augmentation des crises.
La clairance de LEV augmente également pendant la grossesse. Dans une étude, les concentrations maximales de LEV au cours du troisième trimestre avaient baissées de 60% par rapport aux concentrations initiales hors grossesse, chez 7 des 14 femmes, sans modification de la posologie (p<0,001) [Tomson and Battino 2007]. Pour 12 grossesses, la clairance de LEV était significativement élevée durant le 3e trimestre.
En ce qui concerne OXC, il y a une augmentation de l’élimination du métabolite actif 10-monohydroxy-10, 11-dihydro-carbamazépine (MHD) par rapport aux niveaux de pré-grossesse. Une étude prospective de 13 patients sous OXC montrait une augmentation de l’élimination de MHD comparé aux concentrations de pré-grossesse. Les auteurs ont déterminé que le rapport concentration-dose de MHD diminuait de 26,2% durant le 1er trimestre, de 36,5% durant le 2e trimestre et de 38,2% durant le 3e trimestre [Petrenaite et al. 2009]. Cette diminution de MHD était associée à une augmentation des crises chez près de 64% des patientes.
Le Registre International des Médicaments Antiépileptiques et du groupe d’étude de la Grossesse (EURAP) a rapporté que 58,5% des patients sous OXC en monothérapie avaient des crises pendant la grossesse ou l’accouchement. En outre, dans l’étude EURAP, la prise d’OXC en monothérapie était associée à un risque élevé de crises convulsives par rapport aux autres MAE [EURAP, 2006]. En dépit de multiples facteurs qui favorisent l’utilisation des médicaments antiépileptiques de deuxième et troisième génération, de nombreux patients dans le monde n’ont accès qu’aux anciens MAE. La pharmacocinétique de ces MAE, tels que la Carbamazépine (CBZ), le Phénobarbital (PB), la Phénytoine (PHT) et le Valproate (VPA), durant la grossesse a été très peu étudiée. Des études ont révélé une baisse de la concentration plasmatique totale des MAE « classiques » au cours de la grossesse avec un pic au 3e trimestre [Leppik and Rask, 1988].
La Carbamazépine est disponible dans le monde entier et est souvent prescrite durant la grossesse. Les données sur la pharmacocinétique de la CBZ sont mitigées ; certains affirment que la clairance de la CBZ augmente tout au long de la grossesse et d’autres qu’il n’y a pas de différence significative. Dans une étude, les concentrations de CBZ et Carbamazépine epoxide (CBZ-EPO) libres et totales ainsi que la fréquence des crises ont été comparées chez 15 grossesses (12 patientes) par rapport à celles de femmes non enceintes et à chaque trimestre. Ils n’ont trouvé aucun changement significatif dans la clairance de la CBZ et de la CBZ-EPO libres et totales au cours de la grossesse.
Les concentrations de CBZ libre diminuaient par rapport au niveau de base au 1er trimestre (p=0, 03), mais cela ne persistait pas au 2e et 3e trimestre [Johnson et al. 2014]. Une autre petite étude (n=6) a montré des résultats similaires et le traitement par CBZ n’a montré aucune augmentation de la clairance pendant la grossesse [Reisinger et al. 2013]. Contrairement à ces résultats, une étude avec un grand échantillon (n=35) a montré que la CBZ totale diminuait durant la grossesse. Les auteurs ont rapporté que la CBZ diminuait par rapport au niveau initial (avant la grossesse) au 3e trimestre de 23, 9 µM à 21 µM [Tomson et al. 1994]. Certainement, les données sur la clairance de CBZ sont mitigées et de plus larges études peuvent aider à clarifier la pharmacocinétique de la CBZ durant la grossesse.
A part la CBZ, les autres MAE couramment utilisés dans le monde sont la Phénytoïne (PHT), le Valproate (VPA) et le Phénobarbital (PB). Ces MAE ne sont pas idéaux durant la grossesse, cependant ils sont souvent les seuls disponibles dans plusieurs pays en voie de développement. Une étude a rapporté que les concentrations plasmatiques totales de VPA, PHT et PB diminuaient significativement durant la grossesse [Yerby et al.1992]. La concentration totale de PB baissait de 55% pendant la grossesse, avec un pic noté au 1er trimestre, et une concentration de PB non lié abaissée de 50%. La concentration totale de PHT diminuait de 56-61%, avec une baisse maximale au 1er trimestre et celle de PHT non liée diminuait de 18-33% au cours de la grossesse [Yerby et al. 1992]. Une autre étude a noté une diminution similaire de PHT [Tomson et al. Pennel et al. 2008 soulignent que la surveillance des concentrations plasmatiques des MAE est efficace avec certains MAE dans la prévention de l’aggravation des crises chez les femmes pendant la grossesse. Cette surveillance est cruciale durant la grossesse chez les femmes épileptiques [Patsalos et al. 2008]. La surveillance des concentrations de MAE au cours de la 1994]. Par rapport au niveau de base, la concentration plasmatique totale de PHT avait baissé de 61% à la fin du 3e trimestre mais pour la concentration de PHT libre, on notait seulement une baisse de 18%. Ces baisses de concentration n’étaient pas associées à une augmentation de la fréquence des crises [Tomson et al. 1994]. Les concentrations de VPA ont diminué de 39% pendant la grossesse et celles de VPA non liée de 22% [Yerby et al. 1992]. De nombreuses études ont identifié un risque élevé de tératogénicité et troubles neurocognitifs avec le VPA. Pour certaines femmes avec épilepsie généralisée, le VPA peut être le seul médicament pouvant contrôler leurs crises. Certains médecins préfèrent la formule à libération prolongée de VPA pour une meilleure conformité et une concentration plasmatique possible.

Malformations congénitales majeures (MCM)

Elles ont été étudiées dans plusieurs registres de grossesse dans le monde. Ces registres sont des études prospectives observationnelles. Les malformations congénitales majeures sont généralement définies comme «des anomalies structurelles d’importance chirurgicale, médicale ou cosmétique» qui apparaissent durant l’organogenèse au cours du premier trimestre [Tomson, 2012]. Les registres les plus connus sont le Registre Nord-américain des Antiépileptiques durant la Grossesse (NAAPR), le Registre de l’Epilepsie et Grossesse du Royaume Uni, et l’EURAP. Les données sur les registres de grossesse ont régulièrement montré, dans la monothérapie comme la polythérapie, que l’acide valproïque (VPA) est associé aux taux plus élevés de MCM, suivi du Phénobarbital (PB) et du Topiramate (TPM) [Hernandez-Diaz et al. 2012; Tomson et al. 2011]. Des doses élevées de VPA entrainent des taux des MCM encore plus élevés. L’exposition intrautérine à la polythérapie antiépileptique a été associée à des taux plus élevés de MCM fœtales comparée à la monothérapie antiépileptique en général, mais les publications les plus récentes soulignent qu’il s’agit d’un excès de simplification.
Le NAAPR a examiné le risque de MCM identifiées jusqu’à 12 semaines après la naissance après exposition aux antiépileptiques au premier trimestre de la grossesse. En 2012, le registre a rapporté 5667 femmes enceintes sous monothérapie antiépileptique et les a comparées à 479 femmes non exposées aux antiépileptiques [Hernandez-Diaz et al. 2012]. Le risque global de MCM 12 semaines après la naissance avec exposition aux antiépileptiques au premier trimestre était plus élevé pour le Valproate (VPA) à 9,3%, suivi du Phénobarbital (PB) à 5,5%, le Topiramate (TPM) à 4,2%, la Carbamazépine (CBZ) à 3,0%, et la Phénytoïne (PHT) à 2,9%. Le risque de MCM le plus bas était noté pour la Lamotrigine (LTG) à 2,0% et le Lévétiracétam (LEV) à 2,4%. Le groupe non exposé aux antiépileptiques avait un risque de MCM de 1,1%.
Des doses élevées de VPA supérieures à 1500 mg/jr étaient associées à une augmentation du risque de MCM (>25%) comparé aux doses inférieures à 1500 mg/jr, bien que le risque était toujours élevé à environ 10% pour le groupe recevant 501-1500 mg/jr. Cette relation dose-dépendante était notée avec les autres antiépileptiques dans le registre américain. En plus, la VPA était associée à un risque élevé d’anomalies du tube neural (1,2%) et d’hypospadias (3,1%).
Les anomalies cardiaques étaient plus fréquentes avec le VPA (2,5%) et le PB (2,5%). La fente palatine était de 10‰ chez les fœtus exposés au PB, au TPM et au VPA par rapport à n’importe quelle population de référence où la fente palatine était de 1‰. Dans cette population de patientes, la fente palatine était la plus fréquente dans le groupe sous PB (2%) suivi du TPM (1,4%) et le VPA (1,2%). Les résultats du registre américain montrent que le risque de MCM était plus élevé avec l’exposition au VPA et encore plus exagéré avec des doses plus élevées.
L’EURAP couvre 42 pays et son objectif est de déterminer la prévalence des MCM détectées dans les 12 mois après la naissance après exposition in utero aux antiépileptiques. Il a rapporté des taux de MCM après exposition in utero à la CBZ, la LTG, le VPA ou le PB en monothérapie avec analyse des intervalles de doses [Tomson et al. 2011]. Les données de 3909 grossesses exposées aux quatre MAE les plus communément utilisés en monothérapie avaient montré un taux global de MCM de 6% (n = 230). L’observation la plus importante était que les doses plus élevées de MAE au moment de la conception étaient associées aux pourcentages plus élevés de MCM. La LTG à une dose inférieure à 300 mg/jr avait les taux les plus bas à 2% et, à une dose supérieure ou égale à 300 mg/jr le taux des MCM était de 4,5%. Le VPA avait le taux de MCM le plus élevé de 5,6% à moins de 700 mg/jr, 10,4% pour une dose supérieure ou égale à 700 mg/j à moins de 1500 mg/jr, et 24,2% pour une dose supérieure ou égale à 1500 mg/jr. La CBZ avait un taux de MCM de 3,4% à une dose inférieure à 400 mg/jr, 5,3% pour une dose entre 400 et 1000 mg/jr et 8,7% pour une dose supérieure ou égale à 1000 mg/jr. Enfin, le PB avait un taux de MCM de 5,4% à moins de 150 mg/jr et 13,7% pour une dose supérieure ou égale à 150 mg/jr. Les anomalies cardiaques étaient plus communément rapportées après exposition à ces 4 antiépileptiques : PB >150 mg/jr avait le pourcentage le plus élevé (8%) suivi du VPA (7%). Un antécédent de MCM chez les parents était associé à un risque 4 fois plus élevé de MCM chez le fœtus. Enfin, les convulsions tonico-cloniques généralisées au cours du premier trimestre n’étaient pas associées à un risque plus élevé de MCM.
Le Registre d’Epilepsie et de Grossesse du Royaume-Uni est une autre étude prospective observationnelle qui rapporte les MCM décelées dans les 3 mois de vie chez les fœtus exposés aux antiépileptiques. Le taux global des MCM chez les fœtus après exposition in utero aux antiépileptiques était de 3,5% [Campbell, 2014]. Les résultats actualisés du Registre de Grossesse du Royaume Uni et de l’Irlande rapportent que le risque de MCM associé au VPA en monothérapie est de 6,7%, ce qui confère un risque élevé comparé à la LTG à 2,3% et la CBZ à 2,6% [Morrow et al. 2006]. En plus, ce rapport souligne que les doses élevées de LTG entrainent un risque plus bas de MCM comparé à n’importe quelle dose de VPA. Dans ce rapport publié en 2006, le risque global des MCM associé aux autres antiépileptiques en monothérapie est de 0% pour le LEV, 7,1% pour le TPM, 3,2% pour la Gabapentine (GBP) et 3,7% pour la PHT [Morrow et al. 2006]. Le groupe non exposé aux antiépileptiques avait un risque de MCM de 3,5%. Les taux de MCM associés à la LTG étaient dose-dépendants; une dose journalière moyenne de LTG (352,4 mg versus 250,6 mg) était significativement associée aux MCM. Cet effet dose-réponse n’était pas significatif avec le VPA et la CBZ.
Le Registre de Grossesse du Royaume-Uni et de l’Irlande a récemment rapporté un risque bas de MCM associées à la LEV, qui est communément utilisée durant la grossesse chez les femmes épileptiques [Mawhinney et al. 2013]. Dans cette étude, 671 grossesses avaient été suivies, parmi lesquelles 304 étaient exposées à la LEV en monothérapie et 367 au LEV en combinaison avec un autre antiépileptique. Dans le groupe avec LEV en monothérapie, on notait 0,70% de MCM. Le groupe sous polythérapie avait un taux global de MCM de 6.47%. L’association LEV et LTG avait le taux de MCM le plus bas à 1,77%, suivie de l’association LEV et VPA à 6,90%, et plus élevé avec l’association LEV et CBZ à 9,38%.
Les rapports récents démontrent que les pourcentages de MCM pour la polythérapie antiépileptique varient énormément avec le type de polythérapie pour l’exposition in utero. Le risque élevé des MCM chez les enfants exposés à la polythérapie antiépileptique comparé à la monothérapie avait été souligné dans les rapports du registre du Royaume-Uni [Morrow et al. 2006; Holmes et al. 2011]. Les taux de MCM étaient plus élevés à 6% avec l’usage de la polythérapie en comparaison avec 3,7% dans la monothérapie, cependant les taux des MCM étaient les plus élevés quand la polythérapie contenait du VPA [Morrow et al. 2006]. Dans le registre Nord-Américain, les enfants exposés à l’association LTG-VPA avaient un risque de MCM de 9,1% alors qu’il était de 2,9% (95% IC 0.7–3.0) pour l’association LTG avec n’importe quel autre antiépileptique [Holmes et al. 2011]. Le risque était plus élevé à 15,4% pour les enfants exposés à l’association CBZ-VPA, et 2,5% pour l’association CBZ et tout autre antiépileptique [Holmes et al. 2011].

Troubles cognitifs et comportementaux

L’exposition fœtale aux MAE est associée à un risque élevé de déficits neurodéveloppementaux. Bien que ce sujet important ait précédemment retenu peu d’attention, la « tératogénicité cognitive » a été soulignée dans de récentes études. Ce sujet a été rigoureusement abordé sur les Effets Neurodéveloppementaux des Médicaments Antiépileptiques (NEAD) [Meador et al. 2013] ; NEAD était une étude observationnelle prospective du développement cognitif des enfants exposés in utero à la monothérapie par VPA, LTG, CBZ, PHT. Un suivi de 6 ans de 224 enfants a montré que le quotient intellectuel (QI) à l’âge de 6 ans était plus faible chez les enfants exposés au VPA (moyen 97) par rapport à la CBZ (moyen 105), LTG (moyen 108) ou PHT (moyen 108) en monothérapie. L’exposition au VPA à des doses supérieures à 1000 mg par jour a eu un impact négatif sur la capacité verbale, la capacité non verbale, la fonction exécutive et la mémoire chez les enfants exposés.
La régression dose-dépendante du développement cognitif avec exposition in utero n’a pas été remarquée avec la LTG, la CBZ et la PHT. Les importants prédicteurs du quotient intellectuel d’un enfant étaient le type et la dose de MAE, l’âge gestationnel tardif, la prise périconceptionnelle de folâtes et le QI maternel plus élevé. Les enfants de mères prenant de l’acide folique périconceptionnel avaient un QI moyen plus élevé (108) par rapport aux enfants de mères qui ne prenaient pas d’acide folique périconceptionnel. Une fois que les femmes aient été vues cliniquement durant la grossesse, pratiquement toutes ont bénéficié d’une supplémentation en acide folique.
Dans une autre étude prospective, les troubles neurocognitifs ont été l’objet d’une enquête dans une cohorte d’enfants nés de femmes épileptiques sous traitement (n=201) ; ces enfants été suivis jusqu’à l’âge de 6 ans [Bromley et al. 2013]. Certains de ces enfants ont été inclus dans les rapports de l’étude NEAD. Ils ont trouvé que les troubles neurodéveloppementaux étaient plus fréquemment retrouvés chez les enfants nés de mères épileptiques (7,46%) par rapport au groupe contrôle (1,87%). Les enfants exposés au VPA en monothérapie (12%) ou VPA en polythérapie (15%) avaient un risque élevé de troubles neurodéveloppementaux, et les troubles du spectre autistique étaient le diagnostic le plus fréquent. Cette augmentation du risque n’était pas observée avec la CBZ ou LTG [Bromley et al. 2013]. Une autre étude récente a utilisé l’Echelle d’Evaluation de l’Autisme de l’Enfance (CARS) pour déterminer le risque d’autisme de 103 enfants exposés in utero aux MAE ; ils ont déterminé que l’utilisation de doses plus élevées de VPA était associée à des traits autistiques [Wood et al. 2015]. Les scores CARS étaient plus élevés dans le groupe exposé au VPA en polythérapie (47%) et VPA en monothérapie (7,7%). Les données de ces études peuvent être utilisées pour éduquer les femmes épileptiques désireuses de procréer ou identifier les enfants exposés aux MAE qui peuvent avoir des troubles neurodéveloppementaux.

Population de l’étude

Critères d’inclusion

Toute femme épileptique en grossesse sous traitement anti épileptique débuté avant la grossesse.

Critères de non-inclusion

Toute femme épileptique enceinte et sous traitement non consentante et dont le suivi était irrégulier.

Déroulement de l’étude

Une note informative concernant le déroulement de l’étude était adressée au personnel médical et paramédical en neurologie, ainsi qu’aux sages-femmes exerçant dans toutes les structures qui prennent en charge les femmes enceintes dans la région de Dakar.
Tous les cas d’épilepsie et grossesse documentés et répondant aux critères étaient inclus dans l’étude. Une fiche de recueil de données standardisée était élaborée et soumise aux patientes au moment de l’enquête. Le consentement éclairé des patientes était de rigueur, la confidentialité étant respectée.
Lors de l’inclusion, l’investigateur dirigeait le questionnaire sans influencer les réponses de la patiente. Puis, les données relatives au bilan clinique et paraclinique étaient reportées dans le dossier voire complétées, l’évolution et la prise en charge de la pathologie mentionnées. Les paramètres évalués étaient la croissance intra-utérine, le poids de naissance, l’APGAR, la taille et le périmètre crânien.

Analyse des données

Les données recueillies ont été analysées et traitées grâce aux logiciels SPSS, Word et Excel.

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Table des matières

INTRODUCTION
Objectifs
I. Définitions
II. Dialectique Epilepsie- Grossesse
III. Tératogénicité des médicaments antiépileptiques
A. Médicaments antiépileptiques (MAE)
B. Malformations congénitales majeures (MCM)
C. Troubles cognitifs et comportementaux
NOTRE ETUDE
I. METHODOLOGIE
A. Type d’étude et Période de l’étude
B. Cadre de l’étude
C. Population de l’étude
1. Critères d’inclusion
2. Critères de non-inclusion
D. Déroulement de l’étude
E. Analyse des données
II. RESULTATS
A. Nombre de malades
B. Age moyen des patientes
C. Age de la grossesse au moment du recrutement
D. Type d’épilepsie
E. Début de l’épilepsie
F. Durée de l’épilepsie avant la grossesse
G. Thérapie antiépileptique
H. Déroulement de la grossesse
I. Déroulement de l’accouchement
J. Nouveau-né
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES

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