Tennis et patriotisme – Roland Garros : culte de la nation ou culte du sport ?

Quelles limites ?

La première des limites de mon sujet est l’évocation des grandes figures du tennis, du tournoi de Roland Garros. Ma volonté première était d’éviter au maximum de se rapprocher d’une histoire hagiographique des athlètes pour se consacrer à l’événement qu’est le tournoi. Néanmoins au fur et à mesure de mes recherches il m’est apparu impossible de ne pas évoquer les figures récurrentes de ce tournoi. Tout d’abord parce que les athlètes sont le cœur même de l’événement et qu’il est en fait impensable de percevoir l’événement sans eux et ensuite parce que chaque changement, évolution, permanence sont en lien avec des noms d’athlètes au sein de mes sources.
Ils apparaissent ainsi autant comme des points de repères historiques (la période de domination de Borg, la période de domination de Nadal, la période de domination de Graf) mais ils sont également des repères dans les consciences collectives, des repères au sein du public. Par ces deux aspects il est donc apparu impossible d’évoquer les grands champions qui ont marqué ce tournoi. Je me ferai cependant l’économie de la biographie de ces champions au sein de ces pages hormis quand cela sert le propos comme cela sera le cas pour Yannick Noah ou Björn Borg.
La seconde limite que j’ai pu rencontrer est celle concernant l’appréciation de la violence symbolique présente au sein de l’espace des tribunes de Roland Garros. Cette appréciation est très complexe à mettre en œuvre en raison de sa subjectivité intrinsèque, elle sera évoqué comme un fait au travers physique sans que l’on puisse prouver la violence symbolique éprouvé dans les tribunes.
Il aurait fallu pour cela disposer d’un sondage à très grande échelle sur les personnes s’étant rendu à Roland Garros malheureusement j’ai connu un semi-échec dans la diffusion du questionnaire que j’ai créé. A cette limite de la perception de la violence symbolique s’ajoute celle de la connaissance des goûts en fonction de la classe sociale, ceci est presque impossible à déterminer sans un sondage d’une grande ampleur et il faudrait alors appliquer ce sondage à une échelle historique. On ne peut par conséquent pas déduire les goûts d’une classe sociale en fonction de leur présence dans le tournoi de Roland Garros ou en fonction du prix des places ou encore en fonction du nombre de place réservées pour les partenaires.
La troisième limite concerne la lecture chronologique de ma période et le choix qui a été fait de passer par un plan thématique. Il est apparu assez difficile de mettre en place une chronologie globale de l’événement qu’est le tournoi de Roland Garros. On perçoit une évolution année après année mais sans que de réelles ruptures chronologiques n’interviennent de façon pertinente pour le propos. La seule rupture chronologique pertinente aurait été de diviser mon travail en trois parties avant les années 1980, les années 1980, temps de la massification et après les années 1980. J’ai un temps pu envisager ce découpage mais au vue de la faiblesse des sources pour la partie située entre 1968 et 1980 et le déséquilibre temporel entre la décennie 1980 et les 28 ans restants auraient formé un plan bancal et sans grand intérêt pour le lecteur.

Conventions d’écritures

Nous allons dans le travail qui va suivre utiliser plusieurs expressions propres à mon sujet qu’il convient d’expliciter avant le corps du texte. Le tournoi de Roland Garros a connu plusieurs séries de travaux sur lesquelles nous reviendrons plus tard et le court principal a pu changer de nom ou d’appellation au fur et à mesure des années. Néanmoins l’appellation la plus convenue est celle de court central et c’est celle que je m’efforcerai de maintenir tout au long de ce mémoire. A cette convention d’écriture, à cette connivence du milieu tennistique s’ajoute le mot quinzaine qui est utilisé fréquemment pour désigner l’ensemble du tournoi et qu’on comprendra comme un synonyme de celui-ci.
On utilisera également sans distinction les concepts de stade et de complexe sportif pour désigner l’enceinte de Roland Garros. Un débat peut exister sur la perception de Roland Garros comme d’un stade en raison de la multiplicité des matchs qui peuvent avoir lieu en même temps et de la diversité des atmosphères à un instant T en fonction du court ou de l’intensité du stade. Cet amalgame entre les deux concepts de stade et de complexe permet ainsi de questionner ce qu’est un stade. S’agit-il d’un dispositif uniquement visuel qui permet d’observer à un groupe de personnes important de suivre un événement sportif, compétitif en même temps. Ou bien s’agit-il du lieu d’une pratique sportive : le fait que chacun se déplace dans un espace restreint pour assister aux matchs, à un événement sportif permettrait ainsi d’appeler le complexe entier stade et ce même si les expériences de chacun des spectateurs sont différentes.
Enfin il apparaît important de préciser que tout passage du discours de la première personne du pluriel à la première personne du singulier est une marque de subjectivité des recherches que j’ai pu mener et non une volonté distinctive égotique.
Le travail qui fait suite consistera ainsi principalement dans une étude du tournoi de Roland Garros comme un élément central du spectacle sportif. Cette question du sport-spectacle, du sportévénement apparaît ainsi central au sien de nos sociétés occidentales contemporaines au vue de l’importance qu’ont pris ces cultures sportives au cours du demi-siècle dernier. Ces culture sportives ont ainsi pu influencer grandement les choix politiques et culturelles et véhiculent un ensemble de modes de vie qu’il convient de mettre à jour tant dans leurs conditions de diffusion que dans les messages véhiculés pour comprendre la société construite par le biais du spectacle sportif. Mon travail est ainsi une esquisse, une tentative bien maigre pour tenter de comprendre la société qui peut se comprendre et se prendre en modèle au travers de l’élaboration du spectacle sportif tennistique depuis 1968. Il faut évidement nuancer cette question de projet de société par le biais du sport spectacle en raison notamment de l’écho limité sur le territoire que peut avoir le tournoi de Roland Garros. Néanmoins il est intéressant d’étudier les discours et les coulisses d’un tel événement pour comprendre ce qu’il nous dit de notre société.
Cette question de l’analyse de l’événement se fera en trois temps, en trois mouvements, en trois sets en fait. Un score sans doute trop sec pour un sujet très complexe. La première manche sera ainsi consacrée à l’étude du comportement des spectateurs au sein des tribunes et de la distinction qui peut se mettre en place au sein de celle-ci. Il s’agit en fait, plus ou moins, de comprendre les pratiques spectatrices, les pratiques des tribunes qui peuvent exister autour du tournoi. Cette question de la réception sera suivie de celle de la médiation par une analyse des différents discours proposés sur le tournoi. Enfin, c’est le versant de la production du tournoi et de son organisation qui nous intéressera.

Quelles sont les pratiques spectatrices ?

Roland-Garros fait bien plus penser à spectateur qu’à supporter néanmoins il existe une très grande variabilité des pratiques supportrices et spectatrices au cours de la quinzaine, au sein des tribunes des différents courts. Ce premier chapitre a pour objectif de créer une typologie, la plus exhaustive possible, des pratiques supportrices au sein des tribunes du tournoi. Ces pratiques se présentent généralement comme des manifestations physiques spontanées en réaction au spectacle sportif qui est en train de se dérouler sur le court, au cœur de l’arène. Elles mettent donc en jeu autant des émotions, qu’un espace mais également tout un ensemble de transferts culturels depuis d’autres sports, d’autres milieux.

Du spectacle du bruit et des gens

Les tribunes de Roland-Garros, et celles de tennis en général, traînent derrière elles la réputation d’être des espaces sans aucun bruit, sans aucune ambiance, au contraire d’autres sports comme le football par exemple. Ce silence a pu être qualifié à moult reprises de « manque d’ambiance » et ce en raison de la définition festive que prend le terme d’ambiance dans cette expression. On n’emploiera donc pas cette expression et on tentera ici de mettre en lumière cette ambiance si particulière qu’est celle du tennis.

Un spectacle silencieux et normé

Cette réputation du tennis n’est pourtant pas usurpée. C’est bel et bien un spectacle silencieux. Ce silence est imposé par la foule à elle-même et parfois par le maître de cérémonie, le monsieur loyal du spectacle qu’est l’arbitre de chaise. Cependant il témoigne d’une discipline collective propre à ce sport. Ainsi dès 1968, et même avant, les reportages sur les courts de RolandGarros font acte de ces temps de silence pendant le jeu, auquel se succèdent, ou non des applaudissements une fois le point remporté par l’un ou l’autre joueur. Ces temps de silence pendant le jeu sont une marque de respect vis-à-vis des joueurs et des autres spectateurs, un véritable trait de bienséances, un élément indispensable pour le bon suivi de jeu. Cet élément indispensable pour le suivi du jeu s’explique notamment par le fait que les joueurs de tennis entendent et écoutent les coups de leurs adversaires afin de savoir quel est le coup joué. Nous sommes donc face à un spectacle sportif qui nécessite le silence pour être pratiqué de façon optimale.
Il m’est cependant apparu au cours de mes lectures que tous les sports procédaient d’une certaine forme de rituel. Il s’agirait alors d’un rituel au moins cinquantenaire qui procèderait d’une alternance entre silence et bruit. Ainsi lors du match entre Nadal et Bolelli en 2018 et au cours de n’importe quel autre match de cette édition du tournoi on observe encore cette alternance entre silence et son. Le silence est l’essence de ce rituel à Roland-Garros. Il est impensable de ne pas faire silence pendant les échanges et les manifestations bruyantes sont elle-mêmes codifiées en terme de pratique et de temporalité. Cette question rituelle se retrouve autour de pratique très normées comme l’applaudissement, soit une manifestation collective bruyante, succédant à un long silence collectif. La pratique spectatrice est ainsi séquencée et réglementée par des règles de bienséance à l’égard des joueurs mais aussi des autres spectateurs qui écoutent le match.
Ces règles de bienséance s’appliquent également sur les allers et venues des spectateurs dans les gradins. Il est impossible d’entrer ou de sortir du stade au cours d’un échange. Le seul moment où les entrées et sorties sont autorisées est lors des changements de côté. Ceci nécessite donc une organisation de la part de la Fédération, avec la présence d’hôtes et d’hôtesses d’accueil à chacune des portes de chaque court Ceci nécessite également une discipline collective de la part des spectateurs. Le tennis se déroulant sur les courts de Roland-Garros à la fin du mois de mai et au début du mois de juin répond ainsi au standards optimaux de conforts de jeu pour les athlètes.
Confort de jeu qu’il convient de rapprocher de la veine proprement bourgeoise, aristocratique du tennis ce qui expliquerait la force des règles de bienséance sur le court par rapport à d’autres sports.

Le bruit du changement (de côté)

Ce temps du changement de côté participe du rituel du tennis autrement que par les entrées et sorties des spectateurs. Il est un temps de relâchement et de détente qui participe à l’animation des tribunes par bien des aspects. Tout d’abord il faut revenir sur la régulation et la temporalité de ces pauses. Jusqu’en 1994 un repos de 10 minutes était autorisé aux joueurs à la fin du troisième set ; jusqu’en 2000 des pauses d’une minutes trente pour les changements de côté étaient autorisées à la fin de chaque jeu impair (1°, 3°, 5° etc. …). Aujourd’hui ce repos existe encore mais le repos à la fin du premier jeu a été supprimé pour laisser place à un temps de repos de deux minutes à la fin de chaque set. Ainsi il existe un temps très court pour laisser la foule s’exprimer et ce en vertu du principe de continuité du jeu qui régit le tennis.
Le premier moyen d’expression de la foule au cours de ces arrêts de jeu n’est autre que la discussion. Cette discussion est présente tout au long de ma période et encore plus lorsque la période de repos de 10 minutes existait comme en 1979 lors du match entre Connors et Dibbs . Ce temps de repos, ce temps de pause laisse donc place à de longues discussions au cours desquelles le si silencieux court Central devient un immense lieu de débat et de discussion. Ainsi au moment où les échanges sont terminés et où les joueurs rejoignent leurs chaises le spectacle est suspendu et les discussions peuvent commencer. Celles-ci ne font pas partie du spectacle au sens où elles ne sont pas au centre de l’arène mais on peut néanmoins émettre l’hypothèse qu’elles constituent une prolongation du spectacle en tribune et une forme de principe de continuité du jeu puisqu’elles apparaissent comme des commentaires faits aux voisins sur le spectacle fait.
A ce brouhaha critique s’ajoute quelques encouragementsad hominem. Ces interpellations, ces apostrophes ciblent l’un ou l’autre joueurs afin de l’encourager dans son effort ou dans son jeu.
Elles n’étaient pas présente au début en 1968 (ou bien la qualité des microphones de l’époque n’a pas permis de les capter) et apparaissent au fur et à mesure de celle-ci notamment en fonction du calibre et de la nationalité des joueurs en place sur le court. Un joueur français reçoit quasisystématiquement plus d’encouragement que son adversaire, étranger, et un une star du tennis mondial aura bien plus tendance à fixer les encouragements sur elle plutôt qu’un joueur inconnu du public. Il faut donc que le joueur détienne une forme de famamais aussi une forme de connivence avec le public pour qu’il puisse être le récipiendaire de ces apostrophes. On note une augmentation croissante de cette pratique tout au long de cette période avec l’utilisation de plus en plus grande de surnoms et du prénom du joueur, ou de la joueuse, afin de créer une forme de proximité avec lui.
Ces encouragement ont également progressivement pris place au cours des préparations de set.

Roland-Garros : creuset de transfert culturel depuis le football

Certes mon sujet porte exclusivement sur le public de Roland-Garros. Cependant, le football comme sport le plus populaire (populaire signifiant ici à la fois qu’il est issu du peuple et massif) au cours d’une période marquée par la massification sportive est un élément incontournable dans l’évolution et le changement des pratiques au sein des tribunes.

La ola : un exemple caractéristique de l’évolution des pratiques

Cette pratique autrement appelée Mexican Wave, possède plusieurs origines ; les campus américains au cours des années 1960, 197 est sans doute l’option la plus probable. Néanmoins, une chose est à peu près certaine, cette pratique a éclaté à la face du monde lors de la coupe du monde 1986 au Mexique, d’où son nom de Mexican Wave, ensuite rebaptisée ola (vague en espagnol). Cela consiste à ce qu’un groupe de personnes se lève en même temps puis se rassoit rapidement tout en transmettant le droit de se lever à ses voisins . Le fait de se lever rapidement et de se rasseoir comme toutes les personnes assises devant et dernières nous donne ainsi l’impression d’une vaguequi se répand et circule dans les tribunes. Il est intéressant de noter que bien souvent toutes les couches des gradins participent même les tribunes présidentielles et les loges.

Des femmes moins régulières que les hommes ?

La question de la régularité de la présence des femmes ou des hommes est un argument couramment utilisé pour expliquer l’intérêt premier en faveur du discrédit qui est porté au tennis féminin par les spectateurs. J’ai donc essayé de comparer la récurrence de la présence des unes et des autres au cours du tournoi. Pour se faire j’ai collecté tous les participants et toutes les participantes des huitièmes de finale du tournoi année après année. J’ai choisi ce stade car le niveau du tournoi est assez élevé pour voir apparaître les mêmes noms et éviter qu’ils ne soient noyés dans la masse. Ceci correspond donc à 16 noms pour chaque sexe et chaque année du tournoi.
Cette expérience est fondée sur l’hypothèse que le tournoi fonctionne de la même façon qu’une série télévisée. C’est-à-dire que les (télé)spectateurs ont besoin de retrouver année après année une part des noms qui les ont captivé l’année précédente, les années précédentes. Ceci participe ainsi à la dynamique du spectaculaire et à l’intérêt porté au tournoi La non récurrence de championnes serait également un indicateur du niveau du tournoi puisque n’importe qui serait ainsi à même de l’emporter.
Le titre de ce graphique, quelques peu obscur signifie en fait que nous avons relevé tous les noms des tableaux féminins et masculins atteignant les huitièmes de finale sur chacune des périodes présentes sur le graphique. Le fait de les rentrer dans le tableau a permit de tirer une récurrence des noms présents d’une année à l’autre. On conclut ainsi de cette étude que cette rumeur populaire est absolument infondée et que le tennis féminin comme le tennis masculin ont chacun connu des creux générationnels. Néanmoins, ces creux générationnels masculins ne signifient pas que le tennis féminin prenne une place plus important que le tennis masculin à ce moment là. On remarque cela notamment au cours de la période 1989-1999 que les noms présents au sein du tournoi féminin sont bien plus récurrents on pense ici notamment à Arantxa Sanchez, Conchita Martinez, Steffi Graf, Monica Seles ou encore Gabriela Sabatini. Cependant ce sont les hommes qui font les gros titres et qui occupent le plus de place dans la presse, L’Équipene consacrant encore une fois, en moyenne, qu’une seule page au tournoi féminin et le triple voire le quadruple au tournoi masculin en fonction des journées.
Par ce simple exemple on constate ainsi le sexisme mis en place au sein des discours portés sur le sport-spectacle qu’est le tournoi de Roland Garros. Le stars, les vedettes, du tennis mondial sont ainsi les joueurs masculins, et ce peu importe les succès ou la qualité de jeu proposé par les femmes par rapport à leurs homologues masculins.

Le double et le tennis-fauteuil

Le double a connu un sport bien différent des femmes, son sexe n’est pas responsable. C’est plutôt, ici, son traitement par les médias et donc par les compétitions qui l’est.

Un spectacle moins spectaculaire ?

La première question à soulever quand on évoque la représentation sportive qu’est le tournoi de RG est évidement la dimension spectaculaire de celui-ci. Peut-on objectivement affirmer que le tournoi de double est moins spectaculaire que celui de simple masculin dans le jeu proposé ? Sur place certainement pas, en raison de la vitesse du jeu qui ne laisse que très peu place à l’ennui et du nombre de points joués au filet en comparaison au simple sur terre battue. Ainsi le spectaculaire
de ce tournoi semble être quelque chose de construit, notamment par les logiques médiatiques, mais pas seulement.
Cette construction médiatique s’est écoulée sur le long terme. En 1968 les plus gros joueurs du tournoi jouaient le double, cette année là le tournoi de simple et de double masculin fut remporté par le même homme : Ken Rosewall. Ceci n’a été fait qu’une fois depuis, en 1996, par Evgueni Kafelnikov. Encore aujourd’hui les vainqueurs du tournoi de double reçoivent une dotation inférieure pour un jeu qui est exigeant physiquement et qui ferait perdre de l’énergie pour le tournoi de simple, bien plus rentable et bien plus prestigieux, mais aussi pour les tournois à venir. Cette gestion de l’énergie du sportif peut difficilement être conciliable avec un tournoi de double qui ne permet pas de s’épanouir comme joueur de tennis reconnu en raison de l’exposition médiatique. Ces deux élément n’ont pas favorisé la venue des grands noms du circuits sur le tournoi de double à Roland Garros. A cela s’est ajouté une défection en demie finale en 1975 par la paire Pecci – Borg qui a privé leurs adversaires de ce tour et le public de ce spectacle. Depuis ce moment là on remarque que très peu de têtes de série du simple participent au tournoi de double chez les hommes. Chez les femmes cette pratique est bien plus fréquente mais est loin d’être la norme également. Avec l’absence récurrente des favoris les prix et l’intérêt médiatique vont également en s’amenuisant et ne permettent pas une pérennisation de la médiatisation du tournoi. On remarque que quelques joueurs et joueuses restent très attachés à ce tournoi de double sans que cela soit systématique pour autant : Chris Evert, Martina Navratilova, Evgueny Kafelnikov, les sœurs Williams.
Cette absence des grands héros au sein du tournoi de double est donc vécue comme une constante depuis 1975 et les quelques fulgurances comme des moments d’exception qui sont loin d’être la norme. La professionnalisation des athlètes et la précision du jeu qu’il faut avoir ne laisse plus que très peu de place à cette tentative de doublé. La non-médiatisation du double est donc au cœur d’un cercle vicieux entre gain de tournoi, prestige des joueurs et médiatisation. Ra pellons que le double n’est parfois pas du tout évoqué au sein des colonnes de L’Équipe au cours d’un tournoi entier. La norme veut qu’un article soit public pour évoquer le vainqueur de la finale masculine.
Face à cela les publics, ne sont pris que comme un faire-valoir face à ces évolutions, une justification. Justification de l’absence de grands noms en raison du désintérêt supposé du public. Cependant le désintérêt du public naît également de ce manque de médiatisation. Le rôle éducatif des médias est à nouveau interrogé ici. Ce rôle éducatif va ainsi de paire avec la vedettisation constante des joueurs de tennis afin de vendre du papier en servant des repères communs au public mais aussi des récits extraordinaires. Ces récits sportifs extraordinaires s’incarnent souvent, même en sport collectif, dans la recherche d’un personnage principale pour porter ce récit et ces exploits.
Le double ne peut être le récit d’un personnage unique et est donc mis sur le côté par la médiatisation.

Constructions des discours de presse

Les discours de presse portant sur le tournoi de Roland Garros se structure de deux façons principales : une logique économique de vente et une logique de lecture négative de ces contenus qui nous permettent de comprendre les publics ciblés par les organes de presse par le formatage des discours.

Une logique économique

Une importance croissante donnée au sport

Le sport a prit une place croissante dans la vie des Français au fur et à mesure de ma période. Cette imprégnation des cultures sportives au sein des mentalités françaises se retrouve principalement au sein des colonnes du Monde qui augmenta petit à petit les pages consacrées au tennis au sein de ma période.
Que ce soit dans les colonnes de L’Équipe ou bien dans celles du Monde on remarque ainsi un plus grand nombre d’articles au sein Cette augmentation progressive du nombre d’articles consacrés au tournoi de Roland Garros peut aisément s’expliquer par la croissance qu’a prit le sport dans les mentalités collectives françaises au cours de cette période. Le sport est ainsi progressivement devenu un élément de vente des journaux, un élément mercantile. Le sport, en tant que feuilleton doit se retrouver dans chaque édition du journal car un élément important ressort toujours.
A cette importance du sport dans les colonnes du Mondes’ajoute une stagnation du nombre d’article par an au cours des années 2000 et une baisse impressionnante du nombre d’articles directement consacrés au tournoi en 2018. Cette baisse du nombre d’article peut s’expliquer par un élément : l’avènement d’internet. Le sport est l’un des derniers éléments à ne pas pouvoir souffrir d’une diffusion en direct en raison de l’effet de surprise recherché pour connaître le vainqueur. Cet effet de surprise est l’élément narratif essentiel des articles sportifs des journaux. Cependant comme en atteste des publicités au sein de L’Équipe, des systèmes de diffusion de résultats en ligne apparaissent dès les années 2000. Les journaux, seulement distribuer le lendemain sont trop lents pour contrecarrer cette quête du résultat. Internet a joué un rôle dans la place des journaux papiers au sein de notre société.

La place du tournoi

Le tournoi a également connu différentes places au sein des discours sportifs. On parle parfois d’explosion du tournoi dans les médias à partir de 1976. Cette information n’est pas entièrement corroborée par les statistiques en nombre d’articles par an puisque l’explosion médiatique au sein des colonnes de L’Équipe arrive en 1980. Cette explosion médiatique apparaît également par le biais du nombre de sujet principal de la une consacrés au tournoi, la majeure partie de ces unes comporte d’ailleurs une photographie ce qui fait du tournoi l’une des informations prioritaires de ce moment. L’année la plus caractéristique de cette tendance est l’année 2009 au cours de laquelle le tennis n’est présent qu’une fois au cours de la première semaine alors qu’il est présent les cinq jours de la seconde semaine.
Cette priorisation du tennis sur la première page a d’ailleurs connu une évolution au sein des choix éditoriaux du quotidien sportif. A partir de 2005 on constate une quasi disparition de une composite.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières
Premier set : Pratique du stade, pratiques des publics
◦ Chapitre 1 : Quelles sont les pratiques spectatrices ?
◦ Chapitre 2 : L’échange du court au tribunes ; théâtre et don de soi
◦ Chapitre 3 : Tennis et patriotisme – Roland Garros : culte de la nation ou culte du sport ?
◦ Chapitre 4 : Roland Garros et la distinction sociale
 Deuxième set : Médiations du spectacle tennistique
◦ Chapitre 5 : Les Héros de la Terre
◦ Chapitre 6 : Constructions des discours de presse sur le tournoi
◦ Chapitre 7 : Une construction télévisuelle du sport-spectacle
 Troisième set : Une certaine organisation de la fête
◦ Chapitre 8 : Temporalité et spatialité de la fête
◦ Chapitre 9 : Victoires et mémoires – un culte sportif
◦ Chapitre 10 : Les logiques économiques du sport-spectacle

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *