Discussion
Effet de la complémentation sur la consommation
Effet de la complémentation sur la consommation alimentaire
Allant du taux d’incorporation 25 à 50%, l’ingestion des animaux variait entre 2,75 à 2,64% PV. Ces valeurs sont supérieures à celles trouvées chez les moutons nourris avec de la paille d’orge complémentée par de cactus inerme (Habteab et Tritschler, 2009). Dans cet essai, l’ingestion des moutons varie entre 2,19 à 2,07% PV. En revanche, les agneaux nourris avec du foin de Cynodon, de tourteau de soja, de maïs et de Nopalea cochenillifera ont eu une ingestion plus élevée (Cardosoa et al., 2018). Pour un taux de substitution de 30 et 45%, l’ingestion de ces agneaux a été respectivement de 3,98 et 3,81% PV. De même, de 25 à 75% de complémentation de cactus rouge, l’ingestion des caprins oscillait entre 2,21 à 2,75% PV. Or, chez les ovins nourris avec du maïs et d’O. ficus indica, elle variait entre 4,5 à 4,7% PV (Costa et al., 2012).
Dans ce travail, l’inclusion de cactus rouge dans la ration n’a pas affecté le taux de MSI, sauf pour T75 qui est significativement inférieur aux autres traitements. Par contre, certains auteurs, dans des essais similaires, ont signalé que l’apport volontaire de la MS a augmenté de manière significative avec le niveau de cactus (Ben Salem, 1996).D’ailleurs, dans l’essai de Tegegne et al.(2005a) et Tegegne et al.(2005b), la MSI total a également augmenté à mesure que la proportion d’O. ficusi ndica a été augmenté jusqu’à 60% dans la ration des ovins. De même, Siqueira et al. (2017) ont également observé une augmentation de l’absorption de MS jusqu’à 339 g / kg d’inclusion de cactus sans épines remplaçant le foin Tifton chez les bovins. Par contre, Costa et al. (2012), Mathur et al. (2014), Felix et al. (2016), Mathur et al.(2017) ainsi que Cardosoa et al. (2018) ont remarqué que la complémentation en cladode de cactus n’a pas eu d’effet sur l’ingestion.
Ceci dit, l’apport volontaire en matière sèche est lié au potentiel d’absorption de l’aliment, à l’aliment en question ainsi qu’à la demande d’éléments nutritifs de l’animal (Coleman et Moore, 2003). En tout cas, les foins complémentés avec les cactus rouges a permis aux caprins d’avoir une ingestion considérable. Nous pouvons avancer ainsi que le niveau d’ingestion des caprins dans notre essai a été correcte. Sirohi et al (1997) et Nefzaoui et Ben Salem (2001) ont affirmé que la faible teneur en fibre et la palatabilité élevée des cactus contribuent à leur plus grande consommation. D’ailleurs, Nefzaoui et Ben Salem (1998) ont avancé que les cactus sont caractérisés par une forte appétibilité et attirance au tant que produit consommable.
34 sur 48 Effets d’incorporation du cactus rouge (Opuntia stricta) dans l’alimentation des caprins D’une part, l’ingestion moins élevée des animaux du T75 est probablement dû à la forte teneur en eau du cactus rouge (tableau 4) mais aussi par l’effet substitutif ou associatif des foins par une source très soluble de glucides à forte proportion. D’autre part, la réduction de la prise de MS chez ce lot à partir de la 12ème semaine indiquerait que ces animaux ont subit des troubles digestifs. Cela signifie que la consommation de cactus rouge à un taux élevé après plusieurs semaines a des effets gênant sur les animaux. Ceci est probablement dû à la faible teneur en fibre (14,14 %CB) de la ration (Tableau 8).Dans le cas d’insuffisance en fibre, le rumen dysfonctionne. En effet, les fibres jouent un rôle important dans la digestion. Elle altère les proportions d’acides gras volatils, stimule la mastication et maintient le pH à des niveaux adéquats pour l’activité microbienne (Mertens, 1992).
Effet de la complémentation sur la consommation d’eau
Nos résultats ont montré que la consommation d’eau était liée à la ration. La consommation d’eau était élevée lorsque les caprins ont été nourris uniquement avec du foin. Effectivement, il y avait une diminution significative de la consommation d’eau avec l’augmentation progressive de cactus rouge. Ces constatations étaient en bon accord avec les travaux précédents (Abidi et al., 2009; Ben Salem et al., 1996 ; Costa et al., 2009 ; Costa et al., 2012 Felix et al.,2016 ; Gebremariam et al., 2006 ; Louacini et al., 2015 ; Tegegne et al., 2005a ; Vieira et al., 2008) qui ont signalé que la consommation d’eau diminuait de manière significative avec l’augmentation de l’inclusion de cactus dans les régimes alimentaires à base de fourrages grossiers. Ce phénomène s’explique par la forte teneur en humidité des cactus (environ 90%). Dans notre étude, Ceci a entraîné une variation de l’humidité des régimes de 16,7 à 85,5% allant du T0 à T75. L’eau provenant des régimes contenant de cactus rouge fournissait une bonne partie des besoins en eau des animaux.
Conformément à cette conclusion, Ben Salem et al. (1996) ont indiqué que lorsque la quantité de cactus (Opuntia ficus indica var. Inermis) disponibles était supérieure à 300 g de MS par jour, les moutons ne consommaient pratiquement pas d’eau. Dans les régions où l’eau est une ressource vitale pendant la saison sèche, comme Ambovombe, la forte teneur en eau des cactus pourrait jouer un rôle important dans la réduction de la pénurie d’eau de boisson. La réduction de la consommation d’eau volontaire dans notre essai était de 250g à 750 g / jour. Considérant un troupeau de 100 caprins cette économie d’eau serait de 25 à 75 litres par jour. Cette fonctionnalité est très importante pour la partie Sud de Madagascar où les éleveurs n’abreuveraient plus leur bétail qu’une fois tous les quatre à cinq jours.
Composition chimique de la cladode d’Opuntia stricta
Les cladodes d’Opuntia stricta dans notre étude présentaient une teneur en MO proche à celle des Opuntia spp de 84% (Robles Cruz et BozaLópez, 1993) et de86,9% (López-García et al., 2001). En revanche, une teneur en MO légèrement supérieure (environ 90%) a été rapportée par Azócar et Rojo (1991) et Fuentes-Rodríguez (1997) pour les O.ficus-indica. Enfin, des concentrations plus faibles de MO ont été mesurées chez O. engelmanii(68,4%), O. lindheimeri(74,5%) et pour O. rastrera(59,9%) (Fuentes-Rodríguez, 1997).
Concernant la teneur en matière azotée, nous avons constaté que celle des cladodes d’Opuntia stricta était largement supérieurs à celle des cladodes d’Opuntia Ficus-indica rapportée par d’autres auteurs: 4,6% (Boza et al., 1995 ; Nefzaoui et Ben Salem, 2001). Fuentes-Rodríguez (1997) a également trouvé des concentrations plus faibles pour O.engelmanii (3,3%), O.lindheimeri (4,1%), O.rastrera (2,8%), O. ficus-indica(3,8%) ainsi que chez O.robusta(4,4%). Par contre, une teneur légèrement plus élevée de matières azotées (8,5%) a été mesurée par Gregory et Felker (1992) pour le cultivar mexicain Opuntia ficus-indica. En tout cas, le pourcentage de protéines des cladodes d’Opuntia stricta étudiés était conforme aux exigences de maintenance des ruminants (7%). Au-dessous de ce seuil, il y a dysfonctionnement de l’activité microbienne dans le rumen (Misra et al., 2005).
Les différences entre ces résultats sont certainement liées à l’espèce d’Opuntia. Ceci dit, par rapport aux autres variétés, Opuntia stricta possède des valeurs nutritives plus attrayantes. Ainsi, son utilisation dans l’alimentation des bétails est plus intéressante.
C’est connu que la teneur en MS dépend de la saison de récolte. Selon Le Houérou (2002), le contenu en MS des cladodes âgées de 1 à 3 ans variait de 10% à 15% pendant la saison des pluies et de 15% à 25% pendant la saison sèche. Ce fait complique les comparaisons directes de nos résultats avec celles d’autres études. Par ailleurs, Souza et al. (2017) ont avancé que selon la variété, la densité et le niveau de fertilisation, les cactus fourragers ont une productivité de 6,3 à 17,8 tonnes de matière sèche (MS) / ha tous les deux ans après la plantation.
En raison de leur faible teneur en MS et en fibre, les cladodes de cactus ne sont pas recommandés comme aliment unique pour les ruminants (Boudechiche, 2012 ; Chekir et al. 2013 ;Le Houérou, 2002). Par conséquent, les animaux nourris avec des régimes à base de cactus y compris le cactus rouge ont besoin de source en fibre supplémentaire. Ainsi, l’utilisation de foin de Cynodon (40,08% de CB) et de Brachiaria (40,88% de CB) dans notre essai était acceptable pour l’équilibre des apports en 36 sur 48 Effets d’incorporation du cactus rouge (Opuntia stricta) dans l’alimentation des caprins nutriment. Quant aux farines de Cajanus qui ont été utilisées comme source supplémentaire d’azote, elles ont une valeur nutritive intéressante (21% de MAT).
Elles peuvent ainsi servir de complément pour apporter des nutriments pour la flore microbienne du rumen. Bien que la teneur en MS des cladodes du cactus rouge soit faible, sa teneur élevée en eau s’avère avantageuse surtout à Ambovombe où l’eau est une ressource très rare, En effet dans cette zone, développer un système d’alimentation utilisant des ressources disponibles localement, abondante et à moindre coût est très importantes.
Effet de la complémentation sur les performances des animaux
Poids vifs et gains de poids La vitesse de croissance des animaux nourris avec les cactus rouges
est largement inférieure à celle des agneaux de 151 à 178g/jour et 251 à 267g/jour nourris respectivement avec du son de blé et de Nopale acochenillifera (cactus sans épine) (Felix et al., 2016), avec du foin de cynodon, de tourteau de soja, de maïs et de Nopalea cochenillifera (Cardosoa et al.,2018).De même, des ovins ont eu un GMQ de 95,6 à 117,8g/jour et de 218 à 236g/jour nourris respectivement avec Opuntia ficus-indica et de maïs (Costa et al., 2012) et avec Opuntia ficus-indicaet de foin de luzerne (Einkamerer et al., 2009). Dans la présente étude, nous notons une augmentation significative du gain de poids corporel lorsque les foins de Brachiaria et Cynodon était complétée avec les cactus rouges jusqu’à 50% d’inclusion. Sur ce, Atti et al. (2006) ont constaté des différences de performances entre des chèvres nourris avec d’Opuntia ficus-indica var. inermis. Cela s’expliquerait par la différence de la teneur en énergie et en fibres des régimes en raison du niveau d’inclusion d’Opuntia. En revanche, Figueiredo Monteiro et al. (2014) ont remarqué que le gain de poids corporel total et le gain quotidien moyen ont diminué linéairement avec le niveau de remplacement du son de blé par de cactus sans épine. D’une part, d’après Einkamerer et al. (2009), la complémentation en Opuntia ficus indica n’a pas eu d’effet sur le gain de poids des ovins. Plusieurs paramètres pourraient expliquer cette divergence tels que les paramètres liées à l’animal (race, âge, sexe, PV…), la composition de la ration (foin, son, tourteau…) mais aussi la variété du cactus.
Indice de consommation
En ce qui concerne l’indice de consommation, celui des agneaux nourris avec du son de blé et de Nopalea cochenillifera (cactus sans épine) a été de 5,8 à 6,1 (Felix et al., 2016). Les ovins, encore mais nourris avec du foin de cynodon, de tourteau de soja, de maïs et de Nopalea cochenillifera ont présenté des IC entre 3,7 à 4,3 (Cardosoa et al.,2018). Bien que les différences n’aient pas été significatives en terme statistiques, l’IC moyen a été faible chez le groupe T25, ce qui signifie en général qu’il est plus performant. Toutefois, les indices de consommation négatifs des animaux du T0, T25 signifient qu’à un moment, les animaux ont perdu du poids. Cela confirme les affirmations précédentes disant que la ration des deux lots était en déséquilibre. C’est pourquoi, leurs performances étaient instables et médiocres. D’une part, les résultats des dernières semaines présentent des IC plus élevées pour les animaux du T75. Cela s’expliquent par le fait que dernièrement ces animaux ont beaucoup consommé mais n’ont gagné que peu de poids. Ces faits appuient les avancements des auteurs suscités disant qu’à proportion élevé dans la ration, le cactus limite les performances des caprins. Pour ce lot encore, nous avons également noté des IC négatifs. Or, 38 sur 48 Effets d’incorporation du cactus rouge (Opuntia stricta) dans l’alimentation des caprins ceux des animaux du T50 variaient entre 1,03 à 13,84. Cela indique que les animaux du T50 n’ont cessé de prendre de poids, légèrement, au cours de l’expérience.
En dépit de tous ceux qui ont été évoqués, les régimes contenant de cladodes d’Opuntia stricta ont donné des résultats comparables en termes de niveau de consommation alimentaire et de production animale. Les animaux ont également maintenu normal leur état de santé, aucune morbidité des animaux n’a été rapportée parmi les lots expérimentaux. Il ressort, à l’issue de ces observations que l’optimum d’apport alimentaire de cette matière premières est de 50% pour les caprins. Ce taux permet de réaliser les meilleures performances d’ingestion, un faible gaspillage et un meilleur gain moyen quotidien. Ainsi, il serait plus judicieux de conseiller cette ration aux éleveurs. Par contre, l’usage du T75 ne doit pas dépasser les douze premières semaines.
Effet de la complémentation sur la digestibilité
La complémentation à base d’Opuntia stricta a amélioré la digestibilité des constituants étudiés des régimes des caprins. Ces résultats ne contredisent pas les observations de Ben Salem et al. (1996) qui ont observé une augmentation de la digestion des régimes à base de paille de blé avec l’incorporation d’Opuntia ficus indica var. inermis chez les ovins. Selon plusieurs travaux, la digestibilité in vivo du MS et d’autres nutriments ont tous augmenté avec l’élévation du niveau de cactus; Comme celui de Costa et al. (2012) dont le régime était à base de maïs chez les ovins ; celui d’Oliveira et al. (2017) dont les cannes à sucres étaient remplacé partiellement par des cactus sans épines chez les ovins encore ; celui deSiqueira et al. (2017) dont le régime était basé de foin de Tifton remplacé par des cactus sans épines chez les bovins. Ceux-ci sont attribués par l’augmentation de l’énergie alimentaire disponible du à l’effet associatif. Dans cet effet associatif, l’ajout de cactus rouge améliore la digestibilité totale du régime alimentaire. Par conséquent, la valeur du cactus rouge en tant que source d’énergie est importante pour améliorer la valeur nutritive des fibres de fourrage grossier. Zeeman (2005) a également signalé une augmentation des coefficients de digestibilité apparente des régimes à base de foin de luzerne et de farine de maïs avec l’incorporation de cladodes d’Opuntia broyé sec chez les ovins. Il a attribuée ceci au fait que les cladodes d’Opuntia contiennent des niveaux élevés de glucides facilement digestible.
D’autre part, Misra et al. (2005) ont comparé la digestibilité des régimes à base de fourrage grossier (Cenchrusciliaris) avec l’incorporation d’Opuntia ficus-indica avec et sans un supplément de source d’azote organique chez les ovins encore. Sur ce, ils ont trouvé 39 sur 48 Effets d’incorporation du cactus rouge (Opuntia stricta) dans l’alimentation des caprins une faible digestibilité des régimes sans supplément azoté. Ces auteurs avisent que les régimes contenant d’Opuntia et de fourrage nécessitent une complémentation de source d’azotée, pour améliorer l’apport en matière sèche, la digestibilité apparente et le plan de nutrition. Ainsi, l’incorporation de l’urée alimentaire dans nos régimes contribuait également à l’amélioration de la digestion des caprins.
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Table des matières
DÉDICACES
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS
LISTE D’ABRÉVIATIONS
LISTE DES FIGURES
LISTE DES PHOTOS
Fintina
Résumé
Abstract
1. Introduction
2. Quelques notions sur Opuntia stricta
1.1. Classification
1.2. Étymologie
1.3. Opuntia stricta dans le monde
1.4. Opuntia stricta à Madagascar
1.5. Caractéristiques des cactus rouges
3. Matériels et méthodes
3.1. Cadre de l’étude
3.2. Zone d’étude
3.2.1. Milieu géographique
3.2.2. Milieu humain
3.3. Matériels animaux
3.4. Matériels végétaux
3.4.1. Caractéristiques des fourrages exploités
3.4.2. Caractéristiques des rations
3.5. Déroulement de l’essai
3.5.1. Installations
3.5.2. Collecte des fourrages
3.5.3. Traitement et stockage des fourrages
3.5.4. Activités quotidiennes
3.6. Collecte de données
3.6.1. Refus alimentaire et eau
3.6.2. Poids des animaux
3.6.3. Dispositif de l’étude la digestibilité
3.7. Paramètres calculés
3.8. Analyse bromatologique
3.8.1. Détermination de la matière sèche (MS)
3.8.2. Teneur en cendres (MM) et de la teneur en matière organique (MO)
3.8.3. Teneur en azote (N) et en protéine brute (PB)
3.8.4. Teneur en cellulose brute (CB)
3.9. Traitement de données
4. Résultats
4.1. Effet de la complémentation sur la consommation
4.1.1. Effet de la complémentation sur la consommation alimentaire
4.1.2. Effet de la complémentation sur la consommation d’eau
4.1.3. Composition chimique du cactus rouge et des fourrages
4.2. Effet de la complémentation sur les performances des animaux
4.2.1. Poids vifs
4.2.2. Gain moyen quotidien
4.2.3. Indice de consommation
4.3. Digestibilité apparente
5. Discussion
4.1. Effet de la complémentation sur la consommation
4.1.1. Effet de la complémentation sur la consommation alimentaire
4.1.2. Effet de la complémentation sur la consommation d’eau
4.1.3. Composition chimique de la cladode d’Opuntia stricta
4.2. Effet de la complémentation sur les performances des animaux
4.2.1. Poids vifs et gains de poids
4.2.2. Indice de consommation
4.3. Effet de la complémentation sur la digestibilité
6. Conclusion
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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